Coupe ou gobelets, pain azyme ou brioche ?

 

 coupe

par Jean-Pierre Bory

 

Autrefois, c’était plus simple : la cruche était remplie de vin et un demi-pain débordait de la corbeille.

 

 

Puis ici ou là, du vin non fermenté, du jus de raisin, a remplacé le vin : on n’aurait pas voulu qu’une gorgée de vin fît chuter à nouveau un alcoolique encore fragile.

 

Plus récemment, de petits gobelets individuels jetables apparurent : on voulait bien partager la communion avec son frère mais pas sa bronchite. L’arrivée du sida n’arrangea pas les choses. Certains prennent du pain ordinaire, d’autres des galettes sans levain…

Que reste-t-il maintenant du symbolisme de la cène ? Evidemment bien peu, si l’on s’attache à la matérialité des choses ou à la forme du geste1.

 

Il est certain que le symbolisme du geste a son importance : le baptême d’eau, cette « noyade » suivie d’une résurrection ; le lavement des pieds pratiqué dans certaines Eglises, geste d’humilité s’il en fût ; la main d’association (Gal 2.9) que même nos hommes politiques imitent en se la serrant jusqu’à ce que tous les flashes aient fini de crépiter. La coupe unique, le pain entier et rompu sont aussi sources d’un sens, porteurs de mémoire : Faites ceci en mémoire de moi

 

Cependant, contrairement aux institutions de l’Ancienne Alliance, la Nouvelle a tout changé : l’Ancienne déclarait saints des objets matériels : certains lieux géographiques que seul Moïse osait fouler ; des ustensiles dont seul le sacrificateur usait ; le parfum cultuel dont la formule de fabrication ne pouvait être imitée par le peuple ; l’arche de l’alliance que l’on ne touchait qu’au prix de sa vie ; le jour du sabbat à respecter absolument.

 

Depuis la venue de Jésus, nous sommes entrés spirituellement dans tout ce qu’annonçait FAT : le repos (Hb 4.1-11), le temple saint (l’Eglise l’est elle-même, non le bâtiment, mais le Corps de Christ : Ep 2.21), nous sommes le parfum de Christ, (2 Co 2.15), etc.

 

Le geste n’agit pas opus operato, par le simple fait d’être exécuté, comme s’il était une formule magique qui avait en soi un pouvoir, comme si la coupe était sacrée au sens de l’A.T. La cène est un repas symbolique : qu’elle soit prise en coupe ou en gobelets, avec du vin ou du sirop, du pain azyme ou ordinaire, ce qui est important, c’est l’attitude du coeur : ce repas symbolique, rappelant la mort de Christ, seul celui qui est mort et ressuscité avec Christ peut le prendre en vérité.

 

Il s’agit de discerner derrière ces aliments la réalité spirituelle qu’ils rappellent : le sacrifice salvateur de Christ, la présence spirituelle du Seigneur, la communion établie avec lui et avec les autres membres de l’Eglise, quels que soit la nature des espèces et leur contenant.

 

J.-P. B.

 


Note

 

1. : Dans certaines Eglises où le gobelet est en usage, pour conserver l’idée d’unité suggérée par la coupe commune, tous attendent, le petit verre à la main ; et synchronisant leur geste avec celui du pasteur, les fidèles lèvent le gobelet et en boivent le contenu tous ensemble. La première fois, je n’ai pu m’empêcher de m’imaginer chacun jetant derrière lui le gobelet comme en d’autres lieux le verre en cristal…