Le chrétien et la libéralité

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par Claude JEUCH1

 

Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Ac 20.35).

 

 

 

 

Dans notre monde moderne gouverné par l’argent, les richesses et le profit, cette parole de Jésus rapportée par Paul ne trouve guère d’écho. Qu’en est-il dans l’Eglise, pour nous, chrétiens ? Laissons-nous à Dieu un droit de regard sur notre compte en banque et sur notre manière de gérer notre argent ? Nous avons du mal à parler avec simplicité de ce sujet, par souci de pudeur peut-être tout à fait légitime. Mais la Parole de Dieu accorde une place très conséquente à tout ce qui concerne les richesses, l’emploi de l’argent, l’attitude face aux biens matériels et en particulier la libéralité.



 

Que dit la Bible de l’argent et des richesses, en général ?

 

Les richesses sont éphémères

 

Si quelqu’un devait être plus spécialement habilité pour parler des richesses, c’est bien Salomon que Dieu a largement béni sur le plan matériel. Car la richesse ne dure pas toujours, ni une couronne éternellement (Pr 27.24). Il est un mal grave que j’ai vu sous le soleil : des richesses conservées, pour son malheur, par celui qui les possède. Ces richesses se perdent par quelque événement fâcheux… (Ec 5.12-13). Aussi son exhortation est très claire : Ne te tourmente pas pour t’enrichir, n’y applique pas ton intelligence. Veux-tu poursuivre du regard ce qui va disparaître (Pr 23.4-5) ?

 

L’argent peut devenir une tentation pour le chrétien

 

Jésus, dans la parabole du semeur, nous rappelle que celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la Parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette Parole, et la rendent infructueuse (Mt 13.22). Les richesses ne sont pas sans danger pour celui qui les possède. Le chrétien n’est pas à l’abri du piège d’être séduit par les richesses. L’argent n’est pas mauvais en soi, mais c’est bien l’amour de l’argent et l’attachement aux richesses qui éloignent le chrétien de Dieu (1 Tm 6.9-10).

 

Tout ce que nous possédons vient de Dieu

 

David avait compris et intégré cette vérité dans sa vie : C’est de toi que viennent la richesse et la gloire, c’est toi qui domines sur tout, c’est dans ta main que sont la force et la puissance, et c’est ta main qui a le pouvoir d’agrandir et d’affermir toutes choses (1 Ch 29.11-12).

 

Vous vous dites peut-être : « mais l’argent que je gagne à la sueur de mon front, par ma peine et mes efforts déployés chaque jour, c’est bien mon argent à moi. » Salomon vous fera alors perdre vos dernières illusions sur le sujet : si Dieu a donné à un homme des richesses et des biens, s’il l’a rendu maître d’en manger, d’en prendre sa part, et de se réjouir au milieu de son travail, c’est là un don de Dieu (Ec 5.18).

 

Tant l’argent que la capacité de le gagner sont un don de Dieu. Nous ne sommes donc pas les propriétaires de nos biens matériels, mais seulement les dépositaires, les administrateurs, les gérants des biens que Dieu nous a confiés.

 

 

Que dit la Bible de l’offrande ?

 

Dans l’Ancien Testament

 

Dieu donne des recommandations très précises au peuple par l’intermédiaire de Moïse (Lv 20.30-32 ; Dt 14.22-29). Mais déjà bien plus tôt, les patriarches avaient conscience de leur devoir concernant l’offrande à Dieu : …Abram lui donna la dîme de tout (Gnl4.17-20). De même Jacob, lorsque Dieu lui apparaît en songe, fait ce vœu : Si Dieu est avec moi et me garde…, alors l’Eternel sera mon Dieu ; …et je te donnerai la dîme de tout ce que tu me donneras (Gn 28.20-22).

 

Outre la dîme, le juif offrait à Dieu des sacrifices d’actions de grâce, des offrandes volontaires, les prémices de tous ses produits et de son bétail (Dt 12.6). Le juif pieux et consacré à l’Eternel donnait à Dieu couramment un cinquième de ses revenus, voire plus. La dîme et les offrandes n’étaient pas une pratique secondaire dans la vie spirituelle. L’histoire du peuple d’Israël, au retour de la captivité à l’époque de Néhémie, est là pour nous rappeler que le déclin spirituel était en relation directe avec leur négligence à l’égard des dîmes et des offrandes. Et Dieu encourage son peuple à l’honorer et à le mettre ainsi à l’épreuve pour pouvoir le bénir (Mal 3.7-12).

 

Dans le Nouveau Testament

 

Nous ne trouvons pas d’ordre précis sur les offrandes ou la dîme, mais plusieurs exhortations à la libéralité (Rm 12.8 ; 2 Co 9 ; 1 Tm 6.18 ; Hb 13.16). Nous ne vivons plus sous le régime de la loi, mais sous la grâce. L’ensemble du N.T. ne nous laisse cependant pas le moindre doute sur ce que le Seigneur souhaite pour nous : au travers de l’action du Saint-Esprit dans notre vie, nous pouvons servir Dieu dans un esprit nouveau (Rm 7.6). Donner ou redonner une partie de notre argent à Dieu devrait être la conséquence logique d’une vie consacrée (2 Co 8.5).

 

Vous vous interrogez, à juste titre : « mais combien faut-il donner ? » Ne devrions-nous pas plutôt nous poser la question : « de l’argent que Dieu me confie, combien est-ce que je garde pour moi ? »

 

Les recommandations pratiques données par l’apôtre Paul aux Corinthiens (1 Co 16.1-3) nous enseignent quelques vérités simples :

 

  • Que chacun de vous… : la libéralité est le privilège de chaque enfant de Dieu. C’est aussi le vôtre.

 

  • mette à part chez lui… : ne donnez pas à l’aveuglette, mais décidez la part que vous voulez consacrer à Dieu et réservez cet argent à votre église locale et aux œuvres que vous soutenez.

 

  • le premier jour de la semaine…: : l’offrande est régulière et Dieu le premier honoré. N’attendez pas de lui donner ce qui reste à la fin du mois.

 

  • selon sa prospérité… : l’offrande est généreuse. Donnez à la mesure des bénédictions matérielles que Dieu vous accorde.

 

 

Quelle est mon attitude ?

 

Dieu a-t-il besoin de notre argent ?

 

Dieu n’attend pas de moi que je donne par devoir ou par obligation. Il attend un cœur bien disposé et reconnaissant comme l’expression de mon amour pour lui et pour les autres. Dieu aime celui qui donne avec joie (2 Co 9.7).

 

On raconte l’histoire suivante. Un père revient de l’église avec son fils de dix ans. Tout le long du chemin du retour, il ne fait que critiquer le déroulement du culte. La présidence, la prédication, la musique : rien n’était assez bon. Alors son fils l’interrompt et lui dit : « Papa, pour les deux francs que tu as mis dans le tronc, tu ne peux pas en demander davantage. »

 

Luc 6.38 : Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde…

 

DONNER, c’est INVESTIR pour Dieu.

 

Sachez-le, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment (2 Co 9.6).

 

Quelle que soit votre pratique actuelle de l’offrande et de la libéralité, je vous encourage à faire, aujourd’hui, un pas de plus. Que Dieu vous bénisse ! •

 

C.J.

 


NOTE

 

1. : Ancien à l’Eglise de la Bonne Nouvelle de Lingolsheim et professeur.