La Bible, un code secret ?

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par Gilles ROMEROWSKI

 

 

Le livre de Michael Drosnin « La Bible : le code secret » sorti aux Editions Robert Laffont a remporté un certain succès et fait encore l’objet d’un grand battage publicitaire. Il continue d’entretenir une thèse déjà présentée dans nos milieux évangéliques, notamment par le document Expériences n°65 de 1987 paru sous le titre : « La découverte extraordinaire de huit savants israéliens ». J’ai personnellement été amené à lire le livre de Drosnin ces derniers temps puisque j’ai fais partie du comité de préparation d’une exposition biblique à Strasbourg en septembre dernier1.

 

 

De quoi s’agit-il ?

 

Le journaliste, qui se déclare athée, a écrit ce livre parce qu’il est convaincu que le texte du Pentateuque peut être lu d’une manière différente qu’il ne l’a été jusqu’à aujourd’hui. Par l’informatique, il dit avoir accès au livre scellé, des « entrecroisements » ou « proximités » de mots qui contiendraient l’annonce de nombreux événements importants de l’histoire de notre planète. Il affirme avoir lui-même prévu l’assassinat du premier ministre israélien Yitzhak Rabin, plus d’un an avant qu’il ne soit perpétré. Le livre a naturellement remporté un fort succès aussi parce qu’il plonge le lecteur dans une spirale d’annonces prophétiques qui concernent l’imminence de l’Apocalypse.

 

 

Qu’en penser ?

 

Voici une des conclusions de l’auteur (p. 109) : « J’avais la preuve qu’il y avait un code, mais pas la preuve qu’il y avait un Dieu. Si le code de la Bible avait été conçu par un Dieu Tout Puissant, il n’aurait pas besoin de nous prédire le futur. Il pourrait le changer lui-même. Le code semblait en revanche émaner d’un être bon, mais non tout puissant, qui voulait nous avertir d’un terrible danger afin que nous puissions nous-mêmes l’éviter ».

 

En tant que disciples de Christ, il me semble que notre première attitude face à de telles affirmations devrait être celle de la plus grande prudence. L’apôtre Paul, déjà à son époque, avait dû lutter contre des personnes qui essayaient de détourner les croyants de l’essentiel en canalisant leur intérêt sur des généalogies, comme si elles avaient pu apporter une science supérieure : Qu’ils cessent de porter leur intérêt à des récits de pure invention et à des généalogies interminables .? Des préoccupations comme celles-ci font naître des spéculations au lieu de nous aider dans les responsabilités que Dieu nous confie dans l’oeuvre de la foi (1 Tm 1:4).

 

Ne passons pas à côté de l’essentiel ; plutôt que de chercher à découvrir quel prochain événement pourrait changer la carte politique de notre monde, attachons-nous aux Saintes Ecritures qui peuvent donner la vraie sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ (2 Tm 3:15). Nous voulons englober l’ensemble de la Parole dans la conclusion que Jean fait de son évangile : ce qui s’y trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom (Jn 20:31). Les révélations de Michael Drosnin, pour autant qu’elles soient valables et cela demande d’être prouvé, ne conduisent nullement le lecteur à la connaissance du Sauveur.

 

Mais, pourrait-on dire, l’incroyant ne sera-t-il pas remis en question dans son attachement au rationalisme ambiant par cette découverte : une structure numérique du texte de l’Ecriture sainte, qui prouverait son origine surnaturelle ?

 

Le terrain est glissant. Des révélations nouvelles qui devaient confondre les sceptiques du judaïsme comme du christianisme étaient annoncées voilà déjà dix ans par Expériences, mais aujourd’hui encore, la grande majorité des mathématiciens ou des hébraïsants n’a pas été embrasée par le feu d’une conviction qui balaie tout sur son passage. Et si une démarche de foi devait trouver dans cet argument un des éléments de son éclosion, il faudrait y voir une intervention originale de la seule grâce de Dieu dont les voies sont infinies. Paul rappelle que la foi naît du message que l’on entend, et ce message c’est celui qui s’appuie sur la Parole de Christ (Rm 10:17). Jamais preuve scientifique n’amè-nera un homme à la conviction qu’il est pécheur et qu’il a besoin du pardon de Dieu en Jésus-Christ. Alors si certains sont friands de mystérieux, mon souhait est qu’ils recherchent comme nous le faisons tous nous-mêmes, la compréhension du secret de Dieu, […] la pleine connaissance de ce secret, c’est-à-dire du Christ. En lui se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (Col 2.3).

 

 

G.R. (octobre 1997)


Note

 

1. : Lire aussi l’analyse de ce livre que fait Frédéric Baudin dans IDEA de janvier 1998 (D’autres revues ont aussi traité de ce sujet ; L’Avènement de sept. 1997, Your ToMorrow de janvier 1998).