L’expérience d’Opération Mobilisation

 

 interview

 

INTERVIEW DE SIMON BOURN 1

 

 

 

 

dialogue1Comment envisagez-vous la relation entre OM et les différentes familles d’Eglises avec lesquelles vous travaillez ?

 

 

Depuis ses origines, Opération Mobilisation est une oeuvre interdénominationelle.
Cette spécificité se traduit dans le fait de recruter des équipiers et de collaborer avec des Eglises de toutes les familles du milieu évangélique.

 

En France, OM est surtout connu comme oeuvre d’évangélisation et cette orientation de notre ministère a permis de réunir les membres d’OM à travers le monde autour d’une vision commune, dans le respect de la différence.

 

Puisque ces différences sont souvent liées à des domaines théologiques et doctrinaux qui n’ont pas toujours de rapport direct avec l’évangélisation, en général, chacun trouve sa place, travaillant avec les autres sans se poser de questions d’identité ou d’appartenance.

 

Pourtant, aujourd’hui, le ministère d’OM se diversifie énormément, ce qui peut rendre complexe la tâche de communiquer avec les Eglises et d’autres oeuvres. « Que fait OM ? » est une question qu’on peut redouter ! L’humanitaire, l’implantation d’Eglises, la réponse aux crises, le SIDA, la jeunesse…, les besoins sont immenses, et les portes s’ouvrent partout.
Cette diversification nécessite souvent une réflexion théologique approfondie sur la meilleure manière de répondre à ces différentes situations. Des OMeurs sont de plus en plus appelés à s’exprimer sur les différences qui peuvent séparer nos différents courants, afin de déterminer une base solide de coopération.

 

 

En France, OM reste résolument une oeuvre qui cherche à collaborer avec toutes les familles protestantes et évangéliques, tout en respectant le contexte catholique et en cherchant à construire des« ponts » avec des personnes d’autres religions.

 

 

dialogue1Quelles bases de collaboration sont prévues ?

 

Entre le désir de travailler avec tout le monde et la réalité du terrain, il peut y avoir un décalage. Comme d’autres oeuvres missionnaires, on ne cherche pas à s’imposer, mais plutôt à se rendre disponible pour servir, soit là où l’on est invité, soit dans les situations où l’on identifie un besoin auquel personne d’autre ne répond. De plus, nos champs d’activité sont souvent liés aux réseaux de contacts de nos effectifs, ainsi qu’à leurs dons et à leurs centres d’intérêt. Cela peut nous arriver, lors des rencontres pastorales de telle ou telle dénomination, d’entendre des reproches pour le fait qu’OM ne travaille pas avec cette dénomination. Mais le manque de collaboration est le plus souvent dû à un effectif limité, et notre situation géographique; c’est une frustration de ne pas pouvoir être plus présent dans certaines régions, mais nous devons accepter nos limites tout en essayant d’aller plus loin.

Cela dit, on essaie d’étudier chaque invitation, quelle que soit son origine dénominationelle, pour voir si nous sommes en mesure d’y répondre. L’appartenance d’OM à la fois à la FEF et à l’AEF reflète cette volonté.

 

 

dialogue1Comment s’organise le rapport entre une équipe d’OM et l’église locale avec laquelle elle collabore ?

 

Nous espérons que le fondement de notre rapport avec une église locale peut être avant tout un rapport d’amitié. Le corps de Christ est une réalité céleste qui se traduit dans le concret au niveau de nos relations humaines ; si c’est par l’amour que le monde nous reconnaîtra en tant que disciples du Christ, cet amour doit aussi caractériser nos rapports avec les Eglises locales.

En pratique, c’est un grand défi, encore à cause des limites géographiques. Toute action de courte durée, comme une campagne d’évangélisation, commence plusieurs mois en amont avec des visites aux églises qui invitent. On sent qu’il est primordial d’écouter les chrétiens locaux pour comprendre la situation, et essayer de voir ensemble comment la visite d’une équipe OM peut être une aide. On veut rester vigilant et ne pas simplement se parachuter dans un endroit, faire quelques animations de rue, puis repartir en se félicitant d’avoir fait de l’évangélisation.

 

Il faut que ce soit une véritable collaboration entre l’Eglise et OM, ou devrais-je dire, entre une expression locale de l’Eglise, et une expression internationale de l’Eglise, car nous sommes tous « l’Eglise » dans ce sens. La distinction « Eglise/OEuvre » n’est pas toujours utile.

Quand il s’agit d’un partenariat à plus long terme, une préparation de plusieurs mois s’impose où l’on essaie d’établir ensemble avec le pionnier ou l’équipe pastorale une sorte de « protocole d’entente ». Souvent, nous accueillons des équipiers jeunes, qui n’ont pas une longue expérience et qui démarrent une année d’OM avec certaines attentes.

Les Eglises aussi ont certaines exigences et l’objectif de ces mois de préparation est d’articuler un projet qui est clair et réaliste, compte tenu des atouts et des limitations de chacun. Pour ouvrir une parenthèse, la nette diminution du nombre de jeunes cherchant à vivre une expérience missionnaire sur un ou deux ans nous oblige à adapter notre manière de fonctionner.

Un exemple : nos permanents sont souvent invités pour des interventions ponctuelles, que ce soit de formation, de prédication, d’accompagnement dans un projet d’évangélisation, d’encadrement de jeunes, etc. Mais la base d’amitié reste incontournable.

 

 

dialogue1Quelles sont les difficultés les plus courantes dans les relations avec les Eglises ?

 
On ne peut pas être une oeuvre interdénominationelle sans être touchée par les difficultés dans les relations entre Eglises. La volonté de travailler avec une Eglise locale, tout en la voyant comme un élément dans le tissu de l’Église dans une ville ou dans une région, peut créer des tensions.
Il peut arriver à un OMeur d’être appelé à collaborer avec une église où les membres tiennent des propos négatifs concernant sa propre dénomination. Pour servir une Eglise locale, il est important d’être intégré dans une Eglise locale soi-même. Mais quand il s’agit de travailler sur des projets ouverts à toutes les dénominations, il peut s’avérer que notre proximité avec telle ou telle dénomination refroidisse certains à cause des difficultés du passé.
La crise d’identité peut faire partie des risques du métier pour un missionnaire avec OM.À la base, ces difficultés sont le plus souvent liées aux incompréhensions et à un manque de communication, malgré les efforts de chacun. L’écoute, la franchise et le pardon sont de rigueur à tout instant. D’où la nécessité de ce fondement d’amitié et de l’amour« qui couvre tout ».
 
S.B.
 

 
NOTES
 
 
1. Directeur adjoint d’OM France