Prions avec les Psaumes

 

(1°partie)

 bible-bougie

 

par Francis BAILET

 

(1°partie)

 

Les Psaumes sont les prières des croyants de tous les temps. Leurs paroles expriment leurs joies de connaître Dieu et ses œuvres parfaites, leur attente aussi, leurs doutes quelquefois, leurs espoirs toujours. Ce sont des prières qui naissent de la vie de tous les jours, montent du cœur de ceux qui veulent vivre devant Dieu, avec Lui. Nous y trouvons la formulation de « toutes les douleurs, tristesses, perplexités, voire jusqu’aux émotions dont les esprits des hommes sont continuellement agités » (Calvin). Les Psaumes sont autant de « miroirs de nos révoltes et de nos fidélités, de nos agonies et de nos résurrections » (A. Chouraqui).


 

 

Les Psaumes sont bien sûr « Les louanges ». La louange en est la note dominante qui s’entend dès le début du Psaume, mais aussi, bien souvent tout à la fin, quand les cris, les gémissements, les soupirs et les craintes ont été exprimés librement devant Dieu.

 

Les Psaumes font corps avec la vie quotidienne. Ils sont pour ceux qui prennent le temps de se tenir devant Dieu dans le silence, la réflexion, la méditation, mais qui savent aussi le voir dans toutes leurs circonstances.

 

Ainsi les Psaumes sont louanges, consolation et enseignement très concret transmis au travers du vécu des croyants d’autrefois. Partout aussi, avec force, ils proclament l’espérance d’Israël et la nôtre car « le Messie est la pierre angulaire de l’enseignement des Psaumes qui éclaire le Psautier tout entier » (A. Chouraqui).

 

David, « le doux psalmiste d’Israël » (2 S 23.1) est l’auteur le plus connu. Près de la moitié des Psaumes sont de lui. Il ne faut cependant pas ignorer ceux de Moïse, de Salomon, des fils de Qoré, d’Héman, d’Etân, d’Asaph et des quarante-neuf autres psaumes dont les auteurs sont inconnus.

 

 

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Les Psaumes d’Asaph

 

Les Psaumes d’Asaph méritent une attention très particulière.

 

Qui est Asaph ?

 

Asaph est un des chefs de chorale nommé par David. Avec Héman et Etân, il exerçait déjà son service par le chant devant le tabernacle jusqu’à ce que Salomon eût bâti le temple de l’Eternel à Jérusalem, et il exerçait sa fonction d’après la règle qui lui avait été prescrite (1 Ch 6.16,17). Le service de la louange était en effet très réglementé. Les responsables de la musique étaient musiciens et jouaient de divers instruments : luths, lyres, harpes, trompettes… Asaph jouait des cymbales de bronze comme Héman et Etân et probablement de divers autres instruments pour « accompagner le chant pour Dieu » (1 Ch 15,19-16.5,42).

 

Asaph était aussi prophète, comme Etân et Héman (lire 2 Ch 29.30 et 2 Ch 35.15, 1 Ch 25.5). Ils exerçaient donc un ministère spirituel, prophétique afin que les chants soient louange, mais aussi édification pour le peuple de Dieu.

 

 

Les Douze Psaumes d’Asaph

 

Le Psaume 50 dans le deuxième livre.

 

Les Psaumes 73 à 83 dans le troisième livre.

 

Tous n’ont peut-être pas été écrits par Asaph, mais aussi par ses descendants. Plusieurs fils d’Asaph étaient aussi musiciens (2 Ch 35.15).

 

Asaph conduit la louange du peuple de Dieu : « Nous te louons, ô Dieu ! nous te louons ; ton nom est dans nos bouches ; nous publions tes merveilles » (Ps 75.2). Il est en relation avec Dieu. Il chante Sa gloire. Etre toujours près de Dieu, c’est son bonheur (73.28 version Le Semeur). Mais s’il prend plaisir à habiter dans la maison de Dieu et chanter en sa présence, il est aussi dans la rue et sur les places, en relation avec les hommes. Il connaît les réalités de la vie quotidienne et en fait mention dans ses prières.

 

Asaph est l’homme des « Comment ? » des « Pourquoi ? » et des « Jusques à quand ? » Son cœur est rempli de questions : celles de tous les hommes devant les injustices, le bonheur des méchants, celles des croyants dans l’épreuve et l’absence d’intervention de leur Dieu.

 

« Comment Dieu saurait-il ? Comment le Très-Haut connaîtrait-il ? » (73.11)

 

« Pourquoi, ô Dieu ! Rejettes-tu pour toujours ? Pourquoi t’irrites-tu contre le troupeau de ton pâturage ? » (74.1,2).

 

« Jusques à quand, ô Dieu ! l’oppresseur outragera-t-il, l’ennemi méprisera-t-il sans cesse ton nom ? »

 

« Pourquoi retires-tu ta main et ta droite ? » (74.10,11)

 

« La bonté du Seigneur est-elle à jamais épuisée ? Sa parole est-elle anéantie pour l’éternité ? Dieu a-t-il oublié d’avoir compassion ? » (77.8-10)

 

 

Le Psaume 73

 

C’est le plus connu des Psaumes d’Asaph. Il est comme un résumé de sa pensée. Nous y trouvons la grande question que tous les hommes, croyants ou non-croyants, se sont posé tout au long de l’histoire : « Pourquoi le mal ? »

 

Asaph a vu le bonheur des méchants et de tous ceux qui ne se soucient pas de Dieu. Il veut savoir pourquoi « ils n’ont aucune part aux souffrances humaines, pourquoi ils ne sont pas frappés comme le reste des hommes… toujours heureux, ils accroissent leurs richesses » (73.5,12). Ses interrogations, sa réflexion, la tentation de faire comme eux n’a pas apporté de réponse à ce problème.

 

Mais Asaph a osé parler à Dieu et réclamer une réponse. Parler avec Dieu est la meilleure des thérapies. Dieu peut entendre nos questions et nos « pourquoi ? » et nous conduire vers le lieu où nous trouverons la réponse. Ce lieu privilégié, c’est son sanctuaire, c’est-à-dire sa présence. C’est là qu’Asaph comprend tout, est rassuré, consolé, fortifié, renouvelé et rendu capable de dire aux autres que « Dieu est bon pour Israël et pour tous ceux dont le cœur est pur » (73.1). La solution au problème du mal nous est donnée par le témoignage d’Asaph. C’est la clef du Psaume : « J’ai compris, le jour où je suis entré dans le sanctuaire de Dieu » (73.17).

 

 

Le sanctuaire de Dieu

 

Le sanctuaire de Dieu, ce n’est plus, comme autrefois, un lieu précis : tabernacle, tente de la rencontre ou temple. Le sanctuaire de Dieu, c’est le lieu de sa présence. Entrer dans le sanctuaire c’est s’approcher de Dieu pour l’écouter. C’est aussi accepter ses réponses, son silence parfois, sa grâce toujours.

 

Entrons donc dans le sanctuaire. Seul, par la méditation de sa parole et la prière. En communauté aussi, car là où deux ou trois sont rassemblés en son nom, il est présent. Sa maison c’est nous. Nous sommes l’habitation de Dieu en Esprit. Allons là où se rassemble le peuple de Dieu et écoutons. Dans la soumission à l’Esprit qui parle par l’un ou l’autre de nos frères, nous y entendrons la réponse du Seigneur pour nous.

 

 

Le sanctuaire de Dieu c’est le lieu de la révélation

 

Dieu se révèle, se montre et l’on comprend tout. Pas besoin de grande démonstration, ni de savante explication. Son Esprit illumine notre esprit et donne des convictions.

 

Conviction morale pour Jacob qui dira : « je ne te laisserai aller que tu ne m’aies béni ».

 

Conviction doctrinale pour Nathanaël qui s’écriera devant Jésus : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël ».

 

Conviction spirituelle de la Samaritaine qui appelle ses voisins pour leur dire « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ».

 

Conviction d’Asaph qui affirme dans ce psaume : « J’ai compris ».

 

Le sanctuaire de Dieu c’est le lieu du pardon

 

En Sa présence je me vois tel que je suis et m’écrie comme Esaïe : « Malheur à moi, je suis un homme perdu », mais je reçois aussi l’assurance que mon péché m’est enlevé (Es 6). Le regard de Dieu, c’est le regard qui met tout en lumière. C’est aussi le regard qui aime et transforme celui qui se laisse regarder. « Le Seigneur rejettera-t-il pour toujours ? Ne sera-t-il plus favorable ? Sa bonté est-elle à jamais épuisée ? » s’écrie Asaph.

 

Mais, parce qu’il est devant Dieu, l’Esprit Saint lui donne l’assurance que dans sa miséricorde, Dieu pardonne l’iniquité et ne détruit pas (78.38).

 

Asaph a vu le Seigneur assis sur les chérubins, souverain, dominant tout, saint. Il ose cependant prier par trois fois : « ô Dieu, relève-nous ! Fais briller ta face et nous serons sauvés » (80.2,5,8,20). Dans une vision il a vu le Seigneur. Devant Lui est un feu dévorant, autour de Lui une violente tempête. Il crie pour juger les peuples. Mais Asaph ne craint pas, car il sait que « les fidèles ont fait alliance avec Lui par le sacrifice et qu’il verront le salut de Dieu ». (50.3-5,23).

 

Le sanctuaire de Dieu, c’est le lieu de la délivrance et de la victoire

 

Asaph a connu la détresse, mais aussi les délivrances du Seigneur. C’est pour cela qu’il peut dire à tous, de la part de Dieu, cette parole qui a déjà consolé et encouragé des millions d’hommes et de femmes : « Invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai, et tu me glorifieras » (50.15). Par lui encore, le Seigneur proclame la délivrance accordée à chacun de ses enfants : « J’ai déchargé son épaule du fardeau et ses mains ont lâché la corbeille. Tu as crié dans la détresse et je t’ai délivré… je t’ai répondu » (81.7,8).

 

Le sanctuaire de Dieu c’est le lieu de la communion

 

Les doutes, les regrets, les envies d’imiter les insensés ont disparu : « Sur la terre, je ne prends plaisir qu’en toi. Dieu sera toujours le rocher de mon cœur et mon partage. Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien… » (lire 73.21-28).

 

Le sanctuaire de Dieu c’est le lieu de la consécration, de l’appel au service

 

Comme Esaïe, qui après avoir reçu le pardon dit : « Me voici, envoie-moi », Asaph aussi n’a qu’un seul désir : « raconter les œuvres de Dieu » (73.28) et « publier à la génération future les louanges de l’Eternel, sa puissance et ses prodiges » (78.3-7).

 

Le sanctuaire de Dieu c’est enfin le lieu de l’adoration et de la louange

 

« Nous te louons, ô Dieu ! nous te louons. Ton nom est sur nos bouches ; nous publions tes merveilles ! » (75.2)

 

« Nous te célébrerons éternellement. De génération en génération nous publierons tes louanges » (79.13).

 

Asaph nous apprend que louer le Seigneur c’est rappeler ses œuvres, raconter ses hauts faits, dire sa puissance (77.12-21 et tout le Ps 78).

 

Recevons le message d’Asaph musicien, chanteur, poète et prophète. Entrons aussi dans le sanctuaire de Dieu. Nous y avons une libre entrée par le sang de Jésus (Hé 19). Nous y trouverons les réponses de grâce dont nous avons besoin et la force pour mieux le servir. C’est le secret pour tenir ferme dans un monde où le mal triomphe partout.

 

A SUIVRE DANS NUMERO 6

 

F.B.