Evangéliser par la Bible 

 

commentaire Bible 

 

par Jean-Pierre Borgonjon1

 

« On observe aujourd’hui dans les églises des tendances à reléguer à l’arrière-plan l’usage actif de la Bible dans l’évangélisation. Si ces tendances se maintiennent, je crains que l’efficacité de notre évangélisation en soit sérieusement affaiblie ! »

 

 

Cette affirmation est faite par Fergus MacDonald dans le journal World Evangelization.

F. MacDonald est le Secrétaire Général de la Société Biblique Ecossaise et membre du Comité de Lausanne pour l’Evangélisation Mondiale. Il distingue quatre de ces tendances et donne aussi trois raisons pour lesquelles l’usage du texte biblique dans l’évangélisation devrait être revalorisé.

 


 

Il convient dans ce contexte de considérer le mot « Bible » au sens large. Il pourra s’agir du Nouveau Testament, de livres de la Bible comme les évangiles, de dépliants contenant des passages bibliques sur un thème déterminé, de matériel biblique audiovisuel, de la lecture publique de la Bible, etc.

 

Examinons d’abord ces quatre tendances.

 

 

L’argumentation

 

II existe une tendance – surtout dans les milieux académiques – à faire de « l’argumentation chrétienne » l’élément principal de l’évangélisation, au lieu d’ouvrir tout simplement la Parole et de la laisser parler par elle-même.

 

Bien sûr, l’apologétique (la défense de la foi) et la dogmatique (l’exposé des vérités chrétiennes) jouent un rôle. Mais elles ne peuvent pas remplacer la confrontation directe avec la Parole de Dieu. Ce sont plutôt des « ponts ». Elles n’ont pas en elles-mêmes le caractère direct et l’impact du Christ parlant au travers des Ecritures.

 

 

Les témoignages personnels

 

II arrive aussi que le plan du salut de Dieu, tel qu’il est présenté dans la Bible, soit occulté par des témoignages personnels subjectifs. « La Parole de Dieu possède une puissance spéciale divine de conviction que même un chrétien rempli de l’Esprit n’a pas », écrit F MacDonald.

 

« De plus, l’expérience d’une personne n’est pas nécessairement valable pour une autre personne dans ce monde pluraliste. Nous devons d’abord apporter le témoignage unique et souverain de Jésus-Christ tel qu’il est présenté dans la Bible, et ensuite seulement témoigner de la manière dont nous avons découvert qu’il était vrai. »

 

 

Signes et miracles

 

L’insistance exagérée sur les « signes et miracles » que l’on observe dans certaines formes d’évangélisation peut, involontairement mais parfois inévitablement, miner la puissance de la Parole Ecrite, nous dit l’auteur.

 

Le Seigneur lui-même nous met en garde contre un déséquilibre à ce propos. Luc 16.31 : « S’ils n’écoutaient pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseraient pas persuader même si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts ».

 

 

L’action sociale

 

Finalement, F MacDonald trouve que l’utilisation de la Bible comme instrument d’évangélisation est parfois marginalisée à cause de l’accent mis sur l’action sociale chrétienne.

 

Il est vrai que nous avons des responsabilités au niveau social devant le Seigneur. Mais cela ne peut pas nous écarter du ministère de la Parole. Car c’est la Parole qui pousse aux bonnes oeuvres. Si le message de l’Evangile est enraciné en quelqu’un, il en résultera de bonnes oeuvres.

 

Ensuite Fergus MacDonald va plus loin dans son analyse. Il donne trois raisons pour lesquelles la Bible devrait avoir la places centrale dans tout effort d’évangélisation.

 

 

L’épée de l’Esprit

 

Une première raison ressort de passages bibliques, tels qu’Ephésiens 6.17, qui présentent l’Ecriture comme l’épée de l’Esprit. La même pensée se retrouve en Hébreux 4.12-13 : « Car la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’aucune épée à double tranchant ; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle juge des sentiments et des pensées du cour. Il n’y a aucune créature qui soit invisible devant lui : tout est mis à nu et terrassé aux yeux de Celui à qui nous devons rendre compte ».

 

Fergus MacDonald écrit à propos de ce texte : « N’avez-vous jamais été étonnés de remarquer comment l’auteur de cette épître passe presque sans transition de ‘la Parole’ (v. 12 à Dieu lui-même (v. 13) ? Cela montre sans équivoque que c’est par sa Parole que Dieu démasque les faux-fuyants des hommes et leur fait voir le caractère inutile de leurs tentatives d’échapper. »

 

Martin Luther disait que Dieu pour venir comme notre Ami se présentait d’abord comme ennemi ! Cette idée est peut-être rendue en Hébreux 4.13. En effet, le mot grec traduit par « nu et terrassé » était parfois employé pour désigner des lutteurs qui, par une prise soudaine, enserraient leur adversaire de sorte que ce dernier ne pouvait plus bouger.

 

 

Du vécu

 

Un prédicateur qui vit à Surakarta, une ville de l’île de Java, se rend régulièrement à la prison locale où se trouvent 800 détenus. Lors de ses visites, il leur dit toujours ceci :

 

– Je vais lire dans la Bible en javanais ou indonésien moderne et je n’ai pas l’intention de prêcher ou de faire des commentaires. Ecoutez simplement ce que vous dit la Parole de Dieu.

 

Alors, il commence tranquillement sa lecture. De temps à autre, il marque une pause et continue à lire. Il ne fait rien de plus.

 

En cinq mois, 210 parmi les 800 prisonniers sont devenus chrétiens et se sont fait baptiser !

 

Dieu emploie l’Ecriture pour convaincre ceux qui ne reconnaissent pas leur déchéance et leur besoin de salut.

 

C’est pourquoi nous ne devons pas sous-estimer le rôle de la Bible dans l’évangélisation. « L’évangélisation par la Bible peut avoir sur les incroyants un plus grand impact que tous les arguments subtils réunis que nous pourrions avancer ! »

 

 

La semence de l’Eglise

 

Dans la parabole bien connue du semeur, Jésus compare la Parole de Dieu à une semence que l’on répand. Si elle tombe dans la bonne terre, il en résulte une moisson.

 

Faisant référence à 2 Timothée 3.15, l’auteur ajoute : « Quand nous traduisons, diffusons et enseignons la Bible, il en résultera, non pas toujours mais la plupart du temps, que des hommes et des femmes deviendront chrétiens et que les églises grandiront. »

 

De plus, l’auteur cite plusieurs écrivains ayant traité ce sujet : « D’abord une Bible, ensuite un converti et ensuite une église. » C’est ainsi que A.M. Chirgwin résume l’histoire de l’Eglise dans son ouvrage La Bible dans l’évangélisation mondiale. A. Harnack écrit dans La lecture de la Bible dans l’église primitive : « Dans l’église primitive, on était reconnu comme un chrétien convaincu parce qu’on lisait l’Ecriture Sainte. » Stephen Neill dans son Histoire des missions chrétiennes dit : « Depuis le commencement, la Bible et l’évangélisation vont de pair. »

 

Aujourd’hui encore, le secret de la croissance de l’église se trouve dans l’utilisation de la Bible dans l’évangélisation. Ce qui s’est passé à Bombay en Inde est un bon exemple de ce principe. A l’occasion de la fête de l’Indépendance en 1988, 150 volontaires de 8 églises ont distribué 200 000 dépliants bibliques dans des gares. Le résultat fut qu’un grand nombre de personnes écrivirent à la Société Biblique Indienne pour recevoir d’autres publications chrétiennes et en savoir plus sur le plan du salut.

 

 

Le sceptre de Christ

 

Le but de l’évangélisation n’est pas simplement de voir des « décisions » mais bien de « faire des disciples » (Mat. 28.19). Un disciple est d’abord un élève qui suit Jésus-Christ. La Bible sera un instrument indispensable pour sa formation. C’est le manuel par excellence où il pourra trouver les instructions à propos de la «justice» et de « toute bonne-oeuvre » (2 Tm 3.16-17).

 

« Quand nous utilisons la Bible en tant que disciples de Christ, nous devenons conscients de la présence et de l’autorité non pas d’un livre mais d’une personne. Le Seigneur Jésus se révèle à nous, nous parle, nous lance un défi et nous dirige quand nous lisons et écoutons la Bible. Et lorsque nous croyons et obéissons à sa Parole, nous affirmons qu’il est notre Maître et que nous sommes ses disciples.

 

La Bible devient ainsi pour nous « le sceptre de Christ », conclut F McDonald.

 

 

Conclusion

 

En résumé : La Bible joue un rôle absolument vital pour convaincre les gens, les conduire à la conversion et en faire des disciples. C’est pourquoi la Bible doit rester au centre de notre mission d’évangélisation !

 

J.-P.B.

 


 NOTE

 

1. : J.-P Borgonjon est rédacteur à la Société Biblique Belge. Il a rédigé ces lignes à partir d’un article de Fergus MacDonald de la Société Biblique Ecos-saise. Nous le remercions pour l’autorisation de reproduire ce texte paru dans le bulletin de la Société Biblique Belge en 1991.

 

 

 

 

Du vécu

 

Un prédicateur qui vit à Surakarta, une ville de l’île de java, se rend régulièrement à la prison locale où se trouvent 800 détenus. lors de ses visites, il leur dit toujours ceci :

 

– Je vais lire dans la Bible en javanais ou indonésien moderne et je n’ai pas l’intention de prêcher ou de faire des commentaires. Ecoutez simplement ce que vous dit la parole de Dieu.

 

Alors, il commence tranquillement sa lecture. De temps à autre, il marque une pause et continue de lire. Il ne fait rien de plus.

 

En cinq mois, 210 parmi les 800 prisonniers sont devenus chrétiens et se sont fait baptiser !