Saül et la magicienne


1 Samuel 281

 

the-bible

par Pierre Wheeler


 

Que de gens confus et troublés par tout ce qui concerne l’occultisme ! Cela n’est pas étonnant car il s’agit de ce qui est… occulte, c’est-à-dire caché, mystérieux, secret.



Pour comprendre cette réalité, nous croyons qu’il existe une seule voie, elle nous est présentée dans le texte du prophète Esaïe (8.19-20) : « Si l’on vous dit : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l’avenir, qui chuchotent et marmonnent, un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu et s’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? A la loi et au témoignage ! Si l’on ne parle pas ainsi, c’est qu’il n ‘y aura point d’aurore pour le peuple. »



La loi et le témoignage, c’est-à-dire la Parole de Dieu, voilà notre recours. Nous sommes exhortés à comprendre ce qu’est l’occultisme, à suivre le témoignage divin que donne la Bible sur ce sujet. C’est seulement par cette révélation spécifique de la Parole de Dieu que la lumière se fait, et que Satan et ses ruses sont clairement démasqués et dénoncés. Voyons par exemple les données du texte de Samuel.



I. La situation de Saül


Quand Saül devint roi d’Israël, il resta d’abord en contact étroit avec le prophète Samuel qui l’avait choisi et oint. Dans un élan de fidélité, Saül avait alors ôté du pays ceux et celles qui faisaient du spiritisme et qui prédisaient l’avenir (les astrologues et les voyantes de nos jours — 1 S 28.3). Il agissait ainsi selon la Parole de Dieu, « la loi et le témoignage » (voir Lv 19.31 ; 20.6, 27; Dt 18.9-12).


Plus tard, Saül s’éloigna de Dieu, ce qui fit que Samuel et les autres prophètes ne lui adressèrent plus de messages de la part de l’Eternel. Il en fut de même pour les sacrificateurs qui, après le tragique épisode cité en 1 Samuel 21 et 22 2, avaient suivi et pris le parti de David, le nouvel oint de l’Eternel, qui dans le maquis du Néguev attendait le jour où Dieu lui transférerait la royauté de Salle. Ainsi Dieu ne se révélait plus à Saül.


Aux versets 4 et 5 de ce chapitre 28, nous trouvons Saül aux abois. Il est acculé au pied du Mont Guilboa par ses ennemis les Philistins 3. Dans cette situation désespérée, Saül semble prêt à frapper à toutes les portes. Il cherche alors l’Eternel, qui reste silencieux. Aussi décide-t-il de commettre l’interdit en évoquant un mort, le prophète Samuel, décédé déjà depuis quelque temps. Afin de parler à Samuel décédé, Saül le cherche, trouve et consulte un médium. Il s’agit d’une femme demeurant à Eyn-Dor, au-delà du camp des Philistins.


Saül déguisé et accompagné de deux aides de camp va la consulter. Après quelques hésitations, la femme commence ses incantations. Prie-t-elle Satan lui-même ? Invoque-t-elle le démon qui la possède ? Ou pousse-t-elle seulement des « sifflements et soupirs » mentionnés en Esaïe 8.19? Il est impossible de le savoir, mais toujours est-il qu’à sa grande surprise Samuel lui-même apparaît.

 

Une fois que le message de condamnation est donné par Samuel, Saül s’évanouit mais est restauré par la femme. Dès le lendemain, Saül engagea la bataille contre les Philistins. Quelques heures plus tard, il périt misérablement, et se retrouva dans le séjour des morts.



II. Quelques leçons

 

Dans ce récit, « écrit d’avance pour notre instruction », nous sont donnés des enseignements importants.


1. Médium et démon


Le premier point concerne la possession démoniaque du médium. La magicienne prétendait avoir reçu le pouvoir d’évoquer les morts. Du pouvoir, certes, les magiciens en ont : ils mettent en jeu des puissances démoniaques. Mais ont-ils le pouvoir de faire réellement parler et agir sur terre des personnes décédées ? Il ne semble pas que les morts sachent ce qui se passe sur la terre : la Bible dit plutôt le contraire (Ec 9.5 ; Jb 14.21 ). Par conséquent, comment auraient-ils la capacité de communiquer avec les vivants, de leur révéler l’avenir par l’intermédiaire d’un médium ?


En réalité, dans le cas de la magicienne d’Eyn-Dor que consulte Saül, c’était probablement un démon qui, par l’intermédiaire de cette femme médium, se faisait passer pour le mort invoqué. Cela expliquerait tout à fait le bouleversement de la femme, lorsqu’elle vit arriver Samuel en personne. Dieu, dans sa souveraineté, accepta de parler une dernière fois à Saül par la bouche de Samuel. Saül, qui ignorait probablement comment se déroulaient véritablement ces cérémonies occultes, ne fut pas étonné de voir apparaître Samuel. Par contre, la femme spirite le fut et réagit en poussant « un grand cri » (v. 12).


Ainsi se dévoile la tactique du diable dans les pratiques spirites. Parler avec un disparu n’est pas possible, même par le moyen d’un médium. Si cela semble se produire, ne nous laissons pas abuser par l’action du démon qui parfois change la physionomie de celui qui prétend invoquer un mort, le faisant même ressembler dans les traits de son visage à la personne disparue, ou donnant à la voix du médium les intonations et l’accent de la voix du mort. Tout cela est trompeur, les chrétiens doivent le comprendre.


2. Dieu parle aux vivants

 

C’est le second point que souligne le message donné par Samuel à Saül. Saül a bien appris quelques détails au sujet du lendemain, concernant sa propre mort et celles de ses fils, mais il n’a pas appris ce qu’il désirait savoir. Samuel n’a fait que répéter ce qu’il avait déjà dit de son vivant (« L’Eternel te traite comme je te l’avais annoncé de sa part », v. 17). Il n’y eut aucune parole consolatrice, Saül était dans une grande détresse », v. 15), ni de direction spéciale selon le souhait du roi déchu, (Saül dit : « Je t’ai appelé pour que tu me fasses connaître ce que je dois faire », v. 15). Samuel n’a pas tenu compte de ces appels car Dieu avait déjà parlé à Saül, qui n’avait ni écouté, ni entendu. Aussi l’Eternel ne lui annonçait plus rien.


Ainsi la deuxième leçon que le Seigneur veut nous apprendre est que Dieu parle aux vivants et leur dit tout ce qui est nécessaire sur leur avenir.

 

En fait, jamais un message quelconque de « l’au-delà » ne peut comporter une nouvelle révélation et/ou quelque chose de plus que ce que Dieu a déjà annoncé dans sa Parole.


Le Seigneur Jésus le confirme par ce qu’il a dit et qui nous est rapporté dans Luc 16. L’homme riche, dans les tourments, croyait que si quelqu’un ressuscitait des morts et allait avertir ses frères, ceux-ci se laisseraient plus facilement persuader. Mais Abraham de lui rappeler que si un homme n’écoute pas « Moïse et les prophètes », il n’écoutera personne, pas même un ressuscité. Aussi, que la personne en quête d’un message plus complet que celui qui est déjà donné dans la Parole se détrompe : elle ne recevra rien de plus.


3. L’attitude de Dieu

 

II reste une troisième leçon à tirer de ce récit. Saül était devenu l’ennemi de l’Eternel, qui s’était retiré de lui (v. 16). Il n’y avait plus de communication entre eux. L’Eternel gardait le silence vis-àvis de cet homme.


Tout cela a débuté quand Saül a refusé d’obéir à la voix de Dieu (1 S 15). L’épitaphe rédigée après sa mort et décrivant la vie de Saül (1 Ch 10.13-14), nous apprend que le roi déchu a mis le comble à son infidélité quand il « interrogea et consulta ceux qui évoquent les morts ». Ce pluriel est-il employé pour montrer la plénitude du péché de Saül, ou celui-ci avait-il essayé à d’autres moments de connaître son avenir par des médiums (moments non relatés par l’auteur des livres de Samuel) ? La réponse à cette question n’a pas beaucoup d’importance.

 

Celui qui joue avec les démons, volontairement ou par ignorance, se rend coupable à un tel point que Dieu peut devenir silencieux à son égard.


Cependant dans sa bonté, le Seigneur sauve, malgré tout, les personnes qui ont touché à l’occultisme, si elles se repentent de leur péché et se convertissent à Jésus-Christ. On voit ainsi le déploiement extraordinaire de la puissance divine. Ce fait nous encourage à prier pour ces hommes et ces femmes qui ont pu être trompés par Satan et sont tombés dans de tels pièges. Dieu nous donnera peut-être aussi des occasions de leur rendre témoignage : au fond, il n’y a que les enfants de Dieu qui peuvent les aider véritablement.



Conclusion


Ce texte biblique du premier livre de Samuel nous montre les réalités du spiritisme. Il nous révèle nettement que tout ce qui est occulte est mensonge, venant du Malin, le père du mensonge, dont le but est le malheur du genre humain. Les gens crédules pensent recevoir ainsi une consolation. Dans leur confusion ces personnes touchent au royaume des ténèbres et de son prince, le diable. Lui et ses démons sont une terrible réalité. Toutefois, ils ne peuvent rien contre l’enfant de Dieu qui reste en communion avec son Seigneur.

 

L’Eglise, face à cette réalité démoniaque à l’oeuvre dans le monde, a un besoin urgent du don de discernement des esprits. En outre, pour juger de telles choses, les chrétiens ne devraient pas se tourner vers les ouï-dire des uns, et les expériences vécues des autres, mais aller à « la loi et au témoignage », c’est-à-dire à la Parole de Dieu.

 

Des conversions de spirites n’ôtent rien au caractère solennel du message annoncé par le récit de 1 Samuel 28 et par le texte du prophète Esaïe cité en introduction. Dans le sens de ce dernier texte, nous voulons affirmer que notre « aurore » (espérance) personnelle, et celle de notre société, ne poindra à l’horizon que si on observe réellement « la loi et le témoignage ». Puisse cet avertissement de la Bible être pris par tous au sérieux.


P.W.



NOTES

 

 

1. Pour comprendre, et tirer profit de la lecture de cet article, il est nécessaire, avant, de lire le texte de 1 Samuel 28 auquel il est fait référence.

 

2. Et mentionné dans le titre du Psaume 52.

 

3. Ils étaient campés à Sunem à quelques kilomètres au Nord, dans la plaine d’Esdraëlon, appelée aussi Jizréel.