Connaître la Bible

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par Jacques Blandenier

 

On a réagi, et je suis du nombre, contre une connaissance purement livresque de l’Ecriture, du genre de celle des docteurs de la loi du temps de Jésus, capables de réciter la Torah à l’endroit et à l’envers, et incapables de reconnaître en Jésus l’accomplissement des Ecritures, dont le contenu prouve pourtant par lui-même qu’elles ne sont pas faites pour meubler nos mémoires d’un savoir encyclopédique ni pour être un répertoire à citations donnant de l’allure à nos prières !

 

Ce qui compte, c’est de vivre la Bible, non de la réciter. Il semble que nous l’ayons compris… Du moins nous ne récitons plus guère la Bible (ce qui n’est pas encore une preuve que nous la vivions !).

 

Mais pourrions-nous prétendre vivre la Bible sans bien la connaître ? Sans l’avoir dans son coeur, sinon la savoir par coeur ?

 

Or, il faut constater que même les chrétiens zélés ont une connaissance de plus en plus fragmentaire des Ecritures. Des notions très approximatives, ou alors un « digest » su et appris sur le bout du doigt, mais réduisant l’Evangile à quelques vérités schématiques, appauvries, sinon à un choix de quelques slogans utilitaires pour se remonter le moral.

 

Et les responsables d’églises, conscients que leurs salles risquent d’être peu garnies lorsqu’il y aura « étude biblique » au programme, sont soumis à la tentation du nivellement par le bas. Ce que les gens veulent, c’est des denrées à consommer tout de suite. Des prédications « quick-lunch ». Il faut, dit-on, des messages concrets, pratiques, qui donnent aux fidèles un élan pour la semaine qui commence, un coup de pouce pour surmonter le découragement du moment. Bien sûr. Cela fait partie de la responsabilité de l’Eglise d’encourager et de « regonfler » les découragés. Entre autres. Mais pourquoi tant de découragés ?

 

Car tout cela finit par ressembler à un dopage censé suppléer à une carence globale de l’organisme. Et moins on aura développé sa musculature, plus il faudra avoir recours à ce type de doping pour tenir le coup.

 

Connaître la Bible ne doit certes pas être l’accumulation d’un savoir stérile. Mais c’est certainement l’accumulation d’un savoir. Et d’un savoir fertile. Sans lequel on est désarmé, découragé face aux épreuves de la vie. Et fertile parce qu’il s’agit réellement de la Parole vivante de Dieu.

 

Il faut des chrétiens ayant une pensée bibliquement charpentée apte à guider leurs choix et leurs comportements face aux problèmes que les circonstances personnelles ou la société leur imposent. Et cette charpente ne se bricole pas au jour le jour, au gré de nos états d’âme.

 

Oui, je le crois : il faut oser placer les chrétiens devant la nécessité de travailler leur Bible de façon sérieuse, systématique. Mission ingrate peut-être, et qui ne déplace pas les foules, mais qui, à la longue, portera un fruit durable. Il peut paraître inutile, au regard des problèmes que je vais affronter cette semaine, de m’astreindre à suivre une étude sur le sacerdoce lévitique ou sur l’attente messianique des prophètes du temps de l’Exil, ou encore d’analyser les directives de Paul aux Corinthiens à propos de la consommation de viandes sacrifiées aux idoles. Mais si je suis habité par une connaissance biblique aussi cohérente et objective que possible, je serai un autre être pour aborder tant les problèmes de fond que les questions quotidiennes de l’existence. J’apprendrai à penser, à agir, et à réagir bibliquement.

 

Il a été nécessaire de dire : Attention à l’intellectualisme bibliciste. Il faut certainement continuer à le dire. Mais le balancier n’est-il pas en train de basculer à l’autre extrême ? Il est temps de dire aussi que l’Eglise n’est pas un « Mac Donald ». L’étude sérieuse et systématique de la Bible n’est pas une spécialité pour théologiens nageant dans les abstractions, mais un problème de survie pour un authentique courant de conviction et d’action évangéliques. Avec la vie de l’Esprit.

 

J.B.

 

« Il y a un livre qui contient toute la sagesse humaine éclairée par toute la sagesse divine, un livre que la génération du peuple appelle Le Livre, la Bible… Ensemencez les villages d’évangiles. Une Bible par cabane ! »

 

Victor Hugo

 

 

 

 

« Sans la Bible, nous ne pourrions savoir ce qui est ou ce qui n’est pas. Toutes les choses les plus désirables pour le bonheur de l’homme, ici-bas et au-delà, y sont dépeintes. »

 

Abraham Lincoln