Les yeux rivés au but

 Course

 

par Pierre COLEMAN

 

 

L’importance des objectifs dans la vie personnelle et dans la vie de l’Église1

 

Oliver Wendell Holmes, alors Président de la Cour Suprême des États Unis, fut confus un jour de ne pouvoir présenter son billet de train. Le contrôleur le rassura : « Ne vous inquiétez pas pour moi, Monsieur le Juge ! » Et Holmes de répondre : « C’est pour moi que je m’inquiète : sans mon billet je ne sais plus où je veux me rendre ! »

 

Comme Holmes nous sommes chargés de lourdes responsabilités… mais nous ne savons pas toujours où nous allons. Nous n’avons pas d’objectif clair en vue. Aussi nous nous contentons de maintenir le statu quo, et nous nous enlisons dans la routine et la médiocrité.

 

À cet égard « les enfants de ce siècle sont plus avisés (sensés, intelligents) que les enfants de lumière » (Luc 16.8). Nombre de ceux-ci ont des objectifs bien clairs : l’étudiant vise son diplôme, l’athlète sa médaille, l’homme politique son élection, l’homme d’état son traité. Les entreprises modernes les plus performantes doivent leur dynamisme au « management par des objectifs » : la direction détermine les objectifs-clefs pour l’entreprise tout entière, et les cadres déterminent les objectifs correspondant à leur échelon.

 

Le simple bon sens nous dit : si le tireur à l’arc ne vise pas de cible, il n’a guère de chances de l’atteindre.

 

Savons-nous de façon précise quels sont nos objectifs dans chaque domaine de notre vie… et dans le secteur de notre assemblée dont nous avons la responsabilité ?

 

Sans doute des raisons diverses peuvent-elles être à l’origine de notre négligence dans la planification et l’organisation par avance de notre vie et de notre service. Par tempérament nous vivons au jour le jour sans penser à plus loin… Ni notre éducation, ni notre formation ou activité professionnelle ne nous y ont incités… La réflexion exige plus d’effort que l’action… La situation présente nous satisfait assez… Nous ne voyons pas comment nous pourrions la changer…

 

La Bible, pensons-nous peut-être, nous décourage d’établir des plans, surtout à long terme.

 

« Jésus revient bientôt. » Oui, mais selon la parabole des talents, ce sera « longtemps après », laissant assez de temps pour investir pour l’avenir (Matthieu 14.19).

 

« À vous maintenant, qui dites : Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année… Vous ne savez pas ce qui arrivera demain ! » Oui, mais d’après le contexte, Dieu condamne non plus les plans mais la présomption de ceux qui oublient d’ajouter « Si Dieu le veut » (voir Jacques 4.13-16).

 

« Ne vous inquiétez pas du lendemain ; car Je lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. » Oui, mais ne pas s’inquiéter pour le matériel ne signifie pas ne pas réfléchir d’avance à des objectifs spirituels : au contraire, « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice… » (Matthieu 6.33-34).

 

En fait de nombreux enseignements bibliques nous encouragent à viser des objectifs futurs.

 

Dieu nous a créés à son image. Or « Dieu a tout fait pour un but » (Proverbes 16.4). La capacité de concevoir d’avance un but et de le poursuivre consciemment ne fait-il pas partie de cette image ? Dans les Proverbes, Dieu nous exhorte inlassablement à faire preuve de sagesse, d’intelligence et de bon sens. Selon Paul, vivre au jour le jour sans penser à plus loin revient à se conduire comme un insensé (Éphésiens 5.15).

 

Dieu ne défend pas d’établir des projets à condition de les soumettre à sa volonté souveraine, car lui seul connaît l’avenir et en décide (Proverbes 16.3 ; 19.21).

 

La Bible nous présente bien des hommes de Dieu dont la vie fut dominée par la poursuite d’objectifs précis à long terme : Noé, Abraham, Moïse, Josué, David, Esdras, Néhémie, Paul…

 

Alfred Kuen (dans Comment étudier, p. 40) fait remarquer : « Paul a fait de nombreux projets (Actes 15.36 ; 19.21 ; 20.16 ; Romains 1.13 ; 15.24-25; 1 Corinthiens 16.6 ; 2 Corinthiens 13.1 ; 2 Timothée4.21 ; Tite3.12 ; Philémon22). Certains ont été contrecarrés par Dieu (Actes 16.6-8 ; 2 Corinthiens 1.15-16)… D’autres se sont réalisés autrement que prévu (Romains 1.13 ; 2 Corinthiens 1.15-16). »

 

L’apôtre ne perdait jamais de vue les objectifs de son ministère : « … pourvu que j’accomplisse ma course » (Actes 20.24). « Si je cours, ce n’est pas à l’aveuglette, mais… en gardant les yeux rivés au but » (1 Corinthiens 9.26, Parole Vivante). « … Je tends de tout mon être et de toute mon énergie vers ce qui est devant moi. Les yeux rivés au but, je m’élance… » (Philippiens 3.13,15, Parole Vivante). Peu de temps avant sa mort il put écrire : « J’ai achevé la course » (2Timothée4.7).

 

Or l’apôtre nous invite à imiter son exemple (1 Corinthiens 11.1). Il loue Timothée parce que « tu as suivi de près mon enseignement, ma conduite, mes projets (ou résolutions)… » (2 Timothée 3.10).

 

Un prochain article étudiera comment fixer des objectifs pour notre vie et notre ministère en nous fondant sur l’exemple de Paul. Je vous invite à examiner vous-mêmes Romains 1.8-15 et 15.20-32 sous cet angle, puis à demander à Dieu de vous aider à établir des buts dans chaque domaine de votre vie (votre vie spirituelle, familiale, votre témoignage, votre responsabilité dans l’assemblée…).

 

Les objectifs ont une importance particulière pour tous ceux chargés de conduire un groupe (de jeunes, de dames…) et, à plus forte raison, l’assemblée dans son ensemble. Le « don de gouverner » consiste à savoir fixer le cap comme un timonier (1 Corinthiens 12.28). Les responsables doivent fixer des objectifs en s’inspirant de la Parole de Dieu, avant de déterminer quelles activités précises seront à entreprendre.

 

Enfin, nous devons toujours garder présent à l’esprit notre objectif suprême : « Tout faire pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 11.31).

 

P.C.

 


NOTE

 

1. : Lecture recommandée : A. Kuen, Comment étudier (chap. 6).