Un peu de vocabulaire biblique

 

Les mots et les ministères

 etude-bibliqie

 

par Jean-Pierre Bory

 

Les divers aspects du service confié au chrétien dans l’Eglise transparaissent au travers des mots employés dans le Nouveau Testament.

 

 

Le chrétien est premièrement un esclave (doulos). Autrefois esclave d’un maître mauvais (Jn 8.34), il a été racheté par un Maître d’amour (Rm 6.22) pour une vie radicalement différente. Ce Maître commence par « affranchir »1 celui qui lui appartient (1 Co 7.22) et le considère comme réellement libre (1 Pi 2.16) tout en le gardant à son service.

 

Il n’est pas considéré comme un oikétès (serviteur attaché à la maison : 1 Pi 2.18) mais comme oikeios, c’est-à-dire membre de la famille qui habite la maison (Ep 2.19).

 

Il est appelé diakonos (serviteur), celui à qui on attribue des responsabilités de confiance, qui exerce son service dans les chambres privées du maître, qui prend soin de ses objets précieux… (diakonia est souvent traduit par « ministère » dans le Nouveau Testament).

 

rouleauIl est aussi hupupèrétès : ainsi désignait-on le serviteur qui dans un temple, devait s’occuper spécialement des rouleaux et des livres sacrés : les disciples sont ainsi appelés des serviteurs de la Parole (Lc 1.22) et Paul reçoit cette mission (Ac 26.16). L’hupèrétès est aussi huissier (sorte d’officier de justice subalterne, chargé de faire appliquer les décisions de justice) : le croyant n’est-il pas chargé d’appliquer dans l’Eglise et dans sa vie quotidienne les principes de justice divine qui sont enseignés dans l’Ecriture ?

 

Le leitourgos était un serviteur du temple («liturgie» dérive de ce mot grec), un employé chargé des choses du culte, des objets sacrés. Paul se considère comme tel lorsqu’il annonce la Bonne Nouvelle de Dieu aux non-juifs pour que ceux-ci deviennent une offrande agréable à Dieu (Rm 15.16).

 

Une expression a paru trop forte à certains copistes des manuscrits bibliques de sorte qu’ils en ont atténué le texte original : collaborateur de Dieu, ouvrier avec Dieu (sunergos théou, 1 Co 3.9, 1 Th 3.2). Cependant Dieu nous associe concrètement à son oeuvre.

 

L’oilkonomos est l’économe, l’intendant de la maison : Dieu charge ses serviteurs de gérer ses biens, de faire respecter les règles de vie et le fonctionnement de toute sa maisonnée, l’Eglise. Dans les villes antiques, l’oikconomos était aussi trésorier (Rm 16.23). Les anciens doivent devenir les administrateurs de la Parole, les intendants de Dieu, les gestionnaires de ses grâces si diverses (1 Co 4.1 ; Tt 1.73, 1 Pi 4.10).

 

Quel privilège incroyable d’être devenus esclaves de Dieu ! Ce Dieu saint et juste, créateur des cieux et de la terre, que nul homme ne peut voir sans mourir, s’est approché de nous, nous a sauvés de la mort. Il nous confie maintenant des responsabilités dans son oeuvre, nous adopte comme ses enfants4, de sorte que nous pouvons lui parler en toute liberté, en toute intimité, comme un fils peut parler à son père (Ga 4.6).

 

J.-P B.


 

NOTES

 

 

1. L’affranchissement était la première étape dans l’ascension sociale chez les Romains. Cependant l’esclave émancipé n’avait pas encore tous les droits de l’homme libre.

 

2. « chargés du service sacré de l’Evangile »

 

3. 1 Co 4.1 : Ainsi, qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ, et des intendants des mystères de Dieu. Tt 1.7 : qu’il (l’ancien) soit irréprochable comme intendant de Dieu.

 

4. D’autres termes, qui ne sont plus relatifs au service, qualifient encore les chrétiens, montrant à quel point la condition «d’esclave du Seigneur» est un privilège : ils deviennent «amis du Seigneur» (Jn 15.14-15), et d’une façon plus proche encore : enfants (tekna) et héritiers de Dieu (Rm 8.16-17), et même plus précisément fils (Ga 4.7) ; or uios (fils) est le terme généralement réservé à Jésus dans sa relation avec son Père.