Il est venu comme les prophètes l’ont dit

 crèche

par Léo Mützner

 

 

« Dès le commencement, j’annonce l’avenir, et longtemps à l’avance ce qui n’est pas encore. C’est moi qui dis, et mon dessein s’accomplira, oui, j’exécuterai tout ce que je désire. » (Es 46.10)

 

 

Un aspect du ministère des prophètes est l’annonce d’événements qui dépassent leur époque. Ainsi nous trouvons une véritable concentration prophétique autour de la venue de Jésus-Christ. Nous nous limiterons ici à trois textes écrits par le prophète Esaïe. Ces passages se trouvent dans ce qu’on appelle « Le livre d’Emmanuel »: Esaïe chapitres 7-12. Chacun de ces textes annonce la venue de Christ en soulignant des aspects différents. Nous invitons le lecteur à lire et méditer ces trois passages à l’aide du petit commentaire ci-dessous.

 

 

La jeune fille sera enceinte et elle enfantera un fils… (Es 7.10-17)

 

Pour mieux connaître la vie et l’époque du roi Achaz, nous recommandons la lecture de 2 Rois 16 et 2 Chroniques 28.

 

Le roi Achaz et tout le pays de Juda sont en crise. Une coalition régionale composée de plusieurs pays s’est formée pour se protéger contre la menace assyrienne. Elle force Achaz à la rejoindre. Mais celui-ci refuse. Il veut chercher secours auprès de l’empire assyrien lui-même. Cette décision plongera toute la région dans le chaos. Esaïe va à sa rencontre. Après l’avoir réconforté, il l’autorise à demander un signe à l’Eternel.

 

En lui faisant cette proposition, Dieu l’invite à revenir à lui. Mais Achaz cache sa rébellion dans une formule pieuse. « Je ne tenterai pas l’Eternel ». Pourtant son refus d’accepter la main tendue de Dieu est un affront. Alors Dieu lui impose un signe qui, cependant, ne se produira pas du vivant du roi. Ce sera un jugement contre lui. La promesse faite à David de maintenir la dynastie royale va désormais se porter sur un fils qui viendra dans un avenir lointain. Une jeune femme, vierge et non mariée deviendra enceinte et l’enfantera.

 

Huit siècles plus tard, les évangiles nous racontent la venue de Jésus-Christ. L’évangile de Matthieu précise les circonstances entourant la naissance de Jésus-Christ. Marie s’était fiancée à Joseph. C’était une jeune femme non mariée et vierge. Elle s’est trouvée enceinte par l’action du Saint-Esprit. Matthieu relie clairement cet événement à la prophétie d’Esaïe (Mt 1.23).

 

Comment une jeune fille vierge peut-elle tomber enceinte par l’action du Saint-Esprit ? Cet événement suscite des réactions multiples et contradictoires. Comment comprendre pour croire ? Ecoutons plutôt la sage parole d’Augustin qui nous dit : « II nous faut croire pour comprendre ». L’Ecriture nous présente ce miracle de Dieu devenu Homme, sans explication. Nous pouvons certes l’ignorer, le refuser ou même le combattre, mais nous ne pouvons pas le détruire. Le fait historique est là. Au lieu de douter, croyons-le. Réjouissons-nous comme Siméon qui louait Dieu en disant : « Mes yeux ont vu le Sauveur qui vient de toi, et que tu as suscité en faveur de tous les peuples » (Lc 2.30-31).

 

 

Car un enfant nous est né, un fils nous est donné… (Es 8.23-9.6)

 

Le royaume du Nord est plongé dans les ténèbres et les angoisses. Il a subi de plein fouet les conséquences de la décision d’Achaz d’appeler l’Assyrie au secours. En 722, le pays est dévasté. Mais le prophète Esaïe annonce la lumière, la joie et la victoire sur ce pays. L’ennemi sera vaincu. Le peuple sortira dans la rue faire la fête, danser, chanter et se réjouir.

 

La guerre sera terminée, les ténèbres dissipées et les larmes séchées. Mais par quelle armée cette libération sera-t-elle opérée ? Comment le combat pour la liberté se déroulera-t-il ? Y aura-t-il un général à féliciter ? La seule explication donnée réside dans cette phrase : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné ». Pas de bataille, pas d’armée, pas de général, mais un enfant.

 

Dans le Nouveau Testament, c’est encore une fois Matthieu qui cite ce passage. Il établit un lien évident entre cette annonce prophétique et Jésus-Christ. Il cite ce passage au moment où Jésus commence son ministère en Galilée, autrefois le royaume du nord (Mt 4.15-16). C’est d’ailleurs dans cette région qu’il s’installera et exercera une grande partie de son ministère.

 

Jésus a exercé son ministère dans la région ayant le plus souffert de la rébellion d’Achaz et des conséquences de la méchanceté humaine. Ce fait est porteur de tout un message. Jésus est venu au coeur même des ténèbres, des angoisses et des souffrances humaines. Il est venu pour apporter sa lumière, sa paix et sa joie.

 

Réfléchissons sur notre vie. Quelles sont les ténèbres qui nous envahissent ? Quelles peurs nous hantent en ce moment ? Qu’est-ce qui nous opprime ou nous pèse ? Jésus est venu éclairer nos ténèbres, nous offrir sa paix dans nos angoisses et nous donner de la joie au lieu de la tristesse.

 

 

Un rejeton naîtra de ses racines, et portera du fruit… (Es 11)

 

Dans le symbolisme biblique, l’arbre représente la royauté. Notre texte est précédé d’une scène où Dieu abat avec violence les plus hauts arbres de la terre. Tout s’effondre. Puis subitement, le chapitre 11 fait mention d’un rejeton qui naîtra sur le tronc d’Isaï. Ce petit rejeton naîtra, grandira et portera même des fruits. L’Esprit de Dieu sera sur lui et Esaïe souligne cette particularité avec trois doubles expressions. Tout d’abord il cite « l’esprit de discernement et de sagesse ».

 

Ce premier couple évoque ses compétences. Il sera un roi sage, plus sage encore que Salomon. Tout ce qu’il dira sera empreint de la sagesse de Dieu. Sa parole sera Parole de Dieu. Ensuite Esaïe parle de « l’esprit de conseil et de force ». Ce deuxième couple évoque son efficacité. Il ne sera pas seulement plein de bonne volonté et de bonnes intentions. Il aura la capacité d’exécuter ce qu’il désire. Personne ne pourra s’opposer à sa volonté. Il sera le Seigneur des Seigneurs.

 

En dernier lieu, Esaïe mentionne « l’esprit de la connaissance et de la crainte du Seigneur ». Ce troisième couple évoque sa spiritualité. Il vivra sa vie et son ministère dans la soumission, la foi et le service de Dieu. Cet enfant à naître sera donc un roi selon le coeur de Dieu. Il sera parfait. Il dépassera tous les rois en sagesse, compétence et spiritualité. Il établira un règne éternel de justice, de paix et de crainte de l’Eternel.

 

Parmi les nombreux textes du Nouveau Testament, regardons à nouveau l’évangile de Matthieu. Les mages venus de l’Orient lui rendent des hommages royaux (Mt 2.1-12). L’évangéliste souligne ses compétences et son efficacité. En effet le peuple s’étonne : « D’où tient-il cette sagesse et le pouvoir d’accomplir ces miracles ? » (Mt 13.54). Sa spiritualité est soulignée à de nombreuses reprises. A titre d’exemple nous pouvons mentionner sa prière dans le jardin de Gethsémané où il affirme désirer accomplir la volonté de Dieu (Mt 26.42). Dans le sermon sur la montagne il présente en tant que roi les valeurs de son royaume (Mt 5-7).

 

Reconnaissons-nous en Jésus-Christ ce roi compétent, efficace et spirituel ? Croyons-nous en sa parole, sa souveraineté, son oeuvre et son royaume ? Jésus est-il mon roi ? Comment cela se manifeste-t-il dans notre vie quotidienne ? Que veut dire pour moi rechercher premièrement son royaume et sa justice ?

 

Que nous puissions méditer ces passages prophétiques et nous réjouir de la venue de notre Sauveur. Il n’est pas le fruit d’un hasard quelconque, mais le fruit du projet de Dieu pour l’humanité. Jésus-Christ est le signe imposé à l’humanité par Dieu. C’est un signe suffisant pour croire. Soyons réconfortés dans notre foi, notre fidélité et notre engagement envers le Seigneur. Il est venu comme les prophètes l’ont dit et il reviendra comme les prophètes l’ont dit. A nous de nous attacher fidèlement à lui et de le suivre.

 

 

L.M.