La peine de mort

 

Etapes dans l’histoire

 

 focus

 

Le débat est clos en France depuis 1981. La peine de mort est abolie. Cependant on en parle. La position personnelle du nouveau président des Etats-Unis a récemment ému les médias, et peut-être nos consciences. Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour vous aider à faire le point, les deux articles (p.8 et p. 14) vous proposent deux lectures différentes des textes bibliques sur ce sujet.


 

La peine de mort est depuis l’antiquité le châtiment suprême

 

La loi du talion exigeait une peine correspondant à la gravité de la faute. Les codes babyloniens en faisaient déjà mention 1800 avant J.-C. La loi de Moïse le dit aussi : vie pour vie (Ex 21.23). La loi romaine légitimait la peine de mort et le pouvoir en usa largement.

 

L’Eglise primitive reconnaissait au pouvoir civil le droit d’appliquer ce châtiment, mais de façon très limitée. St Augustin écrivait que, bien que tuer volontairement soit un assassinat, « il existe des cas où la peine de mort peut être donnée sans péché, comme lorsqu’un soldat tue son ennemi », et que lorsque le magistrat ordonne « de tuer les scélérats incorrigibles, celui-là est ministre de Dieu »1.

 

Au moyen âge, l’Eglise catholique a trop souvent fait appliquer la peine de mort à ceux qu’elle accusait d’hérésie. Aujourd’hui, dans son « Catéchisme » publié en 1992 (et dans sa dernière version de 1998), elle autorise encore «dans des cas d’extrême gravité la peine de mort» ainsi que le droit à la guerre2. Cependant le pape Jean-Paul II a personnellement plusieurs fois appelé les pays qui l’appliquent encore à l’abolir.

 

Le Coran donne le droit de « tuer pour une juste raison. Lorsqu’un homme est tué injustement, nous donnons à son proche parent le pouvoir de le venger. » Et la Sunnah (tradition) ajoute que Mahomet aurait dit : « celui qui change sa religion, tuez-le ».

 

 

Contestations

 

C’est au 13e siècle, en redécouvrant la Bible, que le mouvement chrétien des Vaudois remet le premier en cause le principe de la peine de mort : Dieu ne veut pas la mort du pécheur ; Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs (1 Tm 1.15) et souhaite au contraire leur repentance (2 Tm 2.25).

 

Au 17e siècle, les Quakers en Angleterre prennent position contre la peine de mort. César Beccaria, un juriste italien, en 1764, ou l’abbé Lenoir en France, en 1875, font de même 3.

 

Plusieurs erreurs judiciaires célèbres ont secoué l’opinion publique : l’affaire du Courrier de Lyon, l’affaire Dreyfus (condamné au bagne), Christian Ranucci (exécuté en 1977), etc. En France, la loi abolit la peine de mort en matière politique en 1848, et en matière de droit commun le 9 octobre 1981.

 

D’après un sondage de la SOFRES, 59% des Français étaient favorables au rétablissement de la peine de mort en 1991. Les chrétiens évangéliques ont aujourd’hui des avis partagés sur son application.

 


 

NOTES

 

1. Stéphane Murcier, « Les chrétiens et la peine de mort », Bulletin de l’ACAT, sept.-oct. 2000, p.21.

 

2. Catéchisme de l’Eglise catholique, 1992, § 2266.

 

3. Stéphane Murcier, « Les chrétiens et la peine de mort », Bulletin de l’ACAT, sept.-oct. 2000, p. 23.