Et les autres religions ?

 Jesus-disciples


par Reynald KOZYCKI

 

 

L’une des affirmations bibliques les plus « intolérantes » pour le monde qui nous entoure est résumée par cette déclaration de Jésus : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi ». Comment un chrétien attaché à la Parole de Dieu doit-il envisager son rapport avec les autres religions ? Cet article apporte quelques modestes éléments de réponse1.

 

 

Non à l’intolérance !

 

La sagesse qui vient d’en haut est en premier lieu pure ; de plus, elle aime la paix, elle est modérée et conciliante, pleine de bonté ; elle produit beaucoup de bons fruits, elle est sans parti pris et sans hypocrisie (Jc 4.17).

 

Avant d’aborder les déclarations formelles de la Bible sur l’unicité de Jésus-Christ, nous devons dénoncer l’arrogance parfois outrancière qu’a manifestée une partie du Christianisme à travers les siècles. Pensons à tous les efforts honteux d’imposer la foi avec violence sous prétexte que Jésus est la Vérité, pour ne citer que les croisades, l’inquisition ou même l’intolérance orgueilleuse de plusieurs dénominations chrétiennes prêtes à condamner sans réfléchir tous ceux qui ne pensent pas exactement comme elles. Cette attitude est plus le fruit de la sagesse d’en-bas, charnelle, terrestre et diabolique que de celle d’En-haut.

 

 

Vérité dans les autres religions ?

 

En se penchant de plus près sur les textes bibliques, nous découvrons qu’ils ne condamnent pas de manière radicale et absolue les autres religions.

 

Lorsque Paul prêche à Lystre, il encourage bien sûr la foule à se détourner de ces vanités et se convertir au Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve. Néanmoins il ajoute que Dieu, dans les générations passées, n’a cessé de rendre témoignage de ce qu’il est par ses bienfaits, en vous donnant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous comblant de nourriture et de bonheur dans le coeur (Ac 14.15-17). De même, dans son discours aux Athéniens, il dit que le Seigneur invite les hommes à le chercher, et à le trouver, peut-être, comme à tâtons, lui qui n’est pas loin de chacun de nous, en effet, c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être (Ac 17.27-28).

 

Dans l’Ancien Testament, nous sommes surpris de constater qu’un « chaman » comme Balaam, malgré sa fourberie, obtint de véritables révélations de Dieu (Nb 22-24). Peut-être que d’autres chamans dans des religions anciennes ont eu des sortes de révélations de Dieu, malgré le côté plutôt ténébreux de ces « médiums » ?

 

Les Rékabites, sans être du peuple d’Israël, sont donnés en exemple par Dieu à Jérémie à propos du sérieux de leur obéissance à leur ancêtre (Jr 35).

 

Paul ose dire ceci : si l’incirconcis observe les ordonnances de la loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas comptée comme circoncision ? l’incirconcis de nature, qui accomplit la loi, ne te condamnera-t-il pas, toi qui la transgresses, tout en ayant la lettre (de la loi) et la circoncision ? (Rm 2.26-27).

 

Nous pourrions dire, sur cette question de la vérité dans les autres religions, que tout mensonge ou erreur comporte presque toujours des éléments de vérité. Derrière tous les systèmes religieux ou politiques nous n’avons au mieux que l’ombre et l’image des choses à venir et de la Vérité qui est en Christ (comme c’était le cas pour l’ancienne alliance : lire Hb 8.5 et Col 2.17). Les éléments de vérité que nous découvrons dans les croyances ambiantes peuvent servir de tremplin pour présenter Celui devant qui, tôt ou tard, tout genou fléchira dans les cieux, sur la terre et sous la terre (Phil 2.10).

 

 

Le seul chemin

 

En effet, malgré les nuances que nous avons énoncées, nous ne devons pas oublier les autres déclarations radicales, affirmant que le salut ne se trouve en aucun autre (que Christ) ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Ac 4.12). L’Ancien Testament affirmait déjà que la Révélation avait été donnée à Israël, comme à aucun autre peuple : C’est lui (Dieu) qui communique sa parole à Jacob et ses commandements, ses lois d’Israël. Il ne l’a jamais fait pour aucun autre peuple, aussi ses lois leur restent inconnues (Ps 147.19-20).

 

On peut légitimement se demander s’il existe d’autres voies de salut que celle annoncée dans l’Evangile. Cependant nous pensons que la voie normale du salut n’est qu’en Christ et son enseignement, néanmoins Dieu reste souverain et peut, dans sa miséricorde, accorder par Christ le salut à telle personne. A la suite d’un nombre non négligeable de penseurs évangéliques, nous pouvons supposer que Dieu jugera chaque être humain avec une justice parfaite et que chacun sera jugé avec la lumière qu’il aura reçue : « II nous est donc permis de croire que, partout, dans les lieux où des religions non-chrétiennes étaient établies, des individus ont été sauvés par une foi authentique, malgré l’ignorance, en Jésus-Christ2 »

 

 

Etre témoin

 

Pourtant la mission de chaque chrétien est on ne peut plus claire : Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde. L’enfant de Dieu n’a peut-être pas lui-même la Vérité dans sa globalité, mais il sait par l’attestation de l’Ecriture et par la confirmation intérieure que lui donne l’Esprit de Dieu, que la Vérité n’est qu’en Jésus. Il est Lui, le chemin, la vérité et la vie (Jn 14.6).

 

Notre rôle est donc d’être des ambassadeurs de l’Evangile. Paul écrit : Nous faisons fonction d’ambassadeurs au nom du Christ, comme si Dieu adressait par nous cette invitation aux hommes : C’est au nom du Christ que nous vous en supplions, soyez réconciliés avec Dieu ; Celui qui était innocent de tout péché, Dieu l’a condamné comme un pécheur à notre place pour que, dans l’union avec le Christ, nous soyons justes aux yeux de Dieu (2 Co 5.20-21).

 

Qu’avec humilité et fermeté, dans une société qui tolère de moins en moins l’exclusivisme de la foi biblique, nous accomplissions notre mission de témoin.

 

R.K.


 

NOTES

 

1. Pour ceux qui cherchent une étude plus érudite, nous recommandons l’ouvrage publié sous la direction de Louis Schweitzer, Conviction et dialogue, Editions Excelsis, 2000. Voir la brève présentation qui en est donnée page 11 de cette revue.

 

2. Henri Blocher, « Le christianisme face aux religions : une seule voie de salut ? », in Conviction et dialogue, p. 165 (Voir présentation page 11 ci-dessus).