« Je construirai mon Eglise »

 

Mt 16.18

 

Jesus-disciples-2 

 

par John BAIGENT

 


Pouvons-nous être certains du succès de tout notre travail d’évangélisation, d’implantation d’églises et de discipulat ?

 

 

La réponse du Seigneur Jésus-Christ à la confession de Pierre à Césarée de Philippe, contient tous les éléments nécessaires pour nous préserver du pessimisme et du découragement. La signification de sa déclaration peut paraître plus qu’évidente, mais il nous sera bénéfique de réfléchir aux implications de ces quatre mots si simples : « Je construirai mon Eglise. »

 

 

1. « Mon église… »

 

Quelle signification le Seigneur donnait-Il à ce terme ? Il est évident qu’il n’exprimait pas l’intention de construire un édifice, telle l’Abbaye de Westminster à Londres ou l’église de Saint-Pierre à Rome ! Le mot « église » dans le Nouveau Testament (ekklesia en grec) ne s’applique jamais à un bâtiment : si dans notre langage courant nous l’utilisons ainsi, en faisant référence aux édifices qui nous servent de lieux de rencontre, nous devons nous souvenir avec soin que dans la Bible le mot « église » s’applique toujours à des personnes, qu’elles soient dans leur maison, dans la rue, au travail ou au repos.

 

Voici comment nous pouvons transcrire la déclaration de Jésus : « Sur le fondement de 12 hommes qui, comme Pierre, ont confessé leur foi en ma personne, je vais construire une communauté internationale, le nouveau peuple de Dieu avec lequel II a conclu une alliance éternelle », voir Ep 2.20. « L’Eglise » est donc l’ensemble de tous ceux qui ont cru et qui croiront en Jésus. L’autre référence de Jésus à l’Eglise en Mt 18.17, s’applique à un groupe de ses fidèles résidant en une localité donnée, se réunissant en un lieu particulier, probablement la maison de l’un d’entre eux.

 

Jésus ne dit pas « je vais construire votre église… » Il n’y a aucune garantie de croissance pour une église locale quelconque. Certaines églises auxquelles s’est adressé le Seigneur ressuscité, dans le livre de l’Apocalypse, couraient le risque d’être « ôtées » de leur lieu. Il y a en fait un réel danger pour nous si nous parlons de nos églises comme étant notre possession. Le Seigneur devra peut-être nous dire « ce n’est pas votre église, c’est à MOI qu’elle appartient, rendez-la moi ». S’il en est ainsi des églises locales, cela est d’autant plus vrai des regroupements d’églises et des « dénominations », pour lesquels il n’y a aucun précédent biblique ! Nous ne pouvons supposer que le Seigneur s’engage à bénir et à construire nos « ‘assemblées de frères » sans tenir compte de leur condition spirituelle.

 

 

2. « Je construirai… »

 

Quelle signification Jésus a-t-Il attachée à cette expression ? En tout premier lieu il a certainement annoncé une croissance graduelle avec l’insertion de « pierres vivantes ». Cela a commencé le jour de la Pentecôte lorsque 3000 personnes répondant à la prédication de Pierre, devinrent disciples de Jésus et furent baptisées. Luc décrit ensuite la manière dont Jésus continua de construire son église « en ajoutant chaque jour ceux qui étaient sauvés ».

 

Le récit des Actes des Apôtres comporte des indications quant à cette croissance numérique : ch. 4.4, 6.1 et 7, 9.31, 11.21 et 24, l6.5, 21.20. Le tableau final est donné dans l’Apocalypse : « …des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation… une grande foule, que personne ne pouvait compter… »

 

Cette promesse de construction de son église fait référence à l’église dans son ensemble. C’est aussi normalement sa volonté pour les églises locales. Mais il peut y avoir des endroits ou des circonstances où cette promesse semble ne pas être suivie d’effet : son peuple est parfois infidèle, ou bien le Seigneur permet une persécution de la part de Satan.

 

En second lieu, bien que la croissance quantitative ait prédominé dans la pensée du Seigneur, il ne semble pas faux de suggérer qu’il s’agissait aussi pour Lui d’une croissance qualitative, par l’approfondissement et la maturation de la vie spirituelle de son peuple. Le souci principal de Paul était que ses convertis soient édifiés et affermis dans leur foi, leur espérance, leur amour, et qu’ils soient ainsi prêts pour le retour de leur Seigneur (Ac 20.32, 1 Th 3.12, Col 1.28,Ph 1.9-11).

 

Le Seigneur n’a pas dit à ses disciples : « Vous construirez mon église… » Il prend avec insistance l’initiative. Le projet de construction de l’église LUI appartient ; c’est LUI qui posera le fondement, LUI qui érigera la superstructure, et LUI qui l’achèvera.

 

Cela ne signifie toutefois pas que ses disciples n’ont rien à faire sinon s’asseoir pour le regarder construire son église. Leur coopération est sollicitée, mais leur travail doit être accompli sous sa direction et avec la force qu’il donne.

 

Les principes de cette activité sont mis en évidence par le prophète Zacharie dans les versets 6 à 10 de son chapitre 4. Zorobabel et ses hommes doivent travailler à la reconstruction du temple post-exilique : mais ils doivent travailler sous la dépendance de l’Esprit de Dieu :


« Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais c’est par mon esprit, dit l’Eternel des armées ». Le psalmiste exprime la même vérité : « Si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain ». Cependant ils doivent travailler ; Dieu ne le fera pas pour eux.

 

De même dans son épître aux Corinthiens, Paul décrit l’église locale comme étant « l’édifice de Dieu » et il se présente comme un « sage architecte » posant le fondement pour qu’ensuite un autre bâtisse dessus. Tous deux sont « co-ouvriers » ; à chacun le Seigneur a assigné une tâche particulière.

 

Il nous faut être attentifs à la façon de procéder du Seigneur : Jésus ne dit pas « vous construirez et je vous aiderai… », mais «  JE construirai et vous m’aiderez ». Paul a bien compris la priorité du projet de Dieu lorsqu’il écrit : « …j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Co 15.10).

 

Puissent les mots de Jésus « Je construirai mon église » retentir constamment à nos oreilles, alors que nous cherchons à obéir au grand commandement du Seigneur transmis par Matthieu en conclusion de son évangile.

 

 

Conclusion

 

Dans nos tâches diverses, lorsque nous annonçons l’Evangile, lorsque nous implantons des églises, lorsque nous faisons des disciples, n’oublions jamais la priorité de l’oeuvre de construction de l’église que poursuit le Seigneur Jésus-Christ. Il s’est engagé à la construction de son église universelle, dans l’expectative du jour où la toute dernière pierre sera ajoutée à l’édifice pour le compléter – jour où la Ville Sainte, la Nouvelle Jérusalem, descendra du ciel d’auprès de Dieu – préparée comme une épouse pour son mari.

 

Ce sera un grand encouragement dans la poursuite de notre service, accompli dans la puissance de l’Esprit.

 

J.B.