L’autorité dans l’Eglise 1

(2ème partie)

 adulte-enfant


 

par Francis BAILET

 

 

Dans une première étude, nous avons considéré dans quel temps nous sommes. Dans la société en général, dans la famille, le couple, l’autorité est aujourd’hui contestée, sans cesse remise en cause. L’individu est prioritaire et refuse toute contrainte. Cette attitude est prônée comme la voie de la liberté. Qu’en est-il dans l’Eglise ?

 

 

Version complète

 

 

 

 

La situation dans les Eglises

 

L’Eglise catholique romaine a une constitution hiérarchique. L’autorité est exercée par le collège épiscopal et son chef, le Pape. « Le pontife romain a sur l’Eglise, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Eglise, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer. »2

 

Ce pouvoir est aussi contesté. Les diverses manifestations de soutien à Mgr Gaillot après sa révocation par Rome en sont la plus récente démonstration.

 

Dans les Eglises protestantes traditionnelles, on a privilégié les ministères, celui de pasteur essentiellement, au détriment du collège d’anciens (les conseillers presbytéraux) dont la tâche est avant tout d’ordre matériel, la responsabilité spirituelle étant réservée au pasteur, qui exerce alternativement la plupart des ministères cités dans le Nouveau Testament. Il faut cependant reconnaître que la situation est très diverse et en train d’évoluer vers une plus grande collégialité et un travail d’équipe et de partage.

 

Dans les assemblées évangéliques de France, nous enseignons que l’autorité, c’est celle du Seigneur, du Saint-Esprit, exercée par un collège d’anciens. Mais comment la vivons-nous ? Il nous faut reconnaître nos défaillances et nos lacunes. Trop souvent nous avons craint qu’un homme prenne trop de place et nous n’avons pas toujours su discerner les ministères que le Seigneur a donnés pour l’édification de son Eglise.

 

 

L’autorité de Dieu

dans la Création, dans les lieux célestes, dans le monde.

 

L’autorité appartient à Dieu

 

« II est le bienheureux et seul Souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. »3 Cependant, Dieu délègue son autorité à ceux qu’il choisit et établit pour qu’ils accomplissent Sa volonté.

 

1. Son autorité s’exerce dans la Création. Mais dès le commencement, Dieu a donné une structure à l’Univers, déléguant sa puissance en établissant des lois. Ainsi, il a posé des limites aux eaux d’en haut et à celles d’en bas, à la terre et à la mer. Dans le ciel il a placé des luminaires pour « marquer les temps, les jours, les années ». Le soleil est placé pour « dominer sur le jour », et la lune pour « dominer sur la nuit ». A l’homme et à la femme est confiée la domination sur tout ce qui vit.

 

2. Dans les lieux célestes « le Seigneur est assis sur un trône élevé ». Mais des autorités établies par lui s’y exercent aussi, en particulier celles des anges et des archanges.4

 

3. Dans le monde il y a des « autorités supérieures », rois, magistrats, auxquels nous avons à être soumis et pour lesquels nous devons prier. Ces autorités viennent de Dieu et ont été « instituées par Lui ». « Celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi. »5

 

 

L’autorité dans l’Eglise

 

Jésus-Christ est l’autorité

 

En tout il est Le premier.

 

« Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »


Jésus-Christ est le chef suprême, la tête du corps de l’Eglise, le Souverain Berger des brebis. Il est le fondement de l’Eglise et en même temps le constructeur. De Lui, le corps tout entier bien ordonné et cohérent, tire son accroissement et s’édifie dans l’amour.

 

L’autorité du Christ s’exprime aujourd’hui par sa Parole et par le Saint-Esprit. Les deux sont d’accord pour exprimer Ses pensées et Sa volonté. Cette autorité ne peut être ni affaiblie, ni partagée, ni remplacée.6

 

Jésus-Christ a déclaré : « Je bâtirai mon Eglise ». Cette parole s’accomplit pleinement.

 

 

Jésus-Christ a voulu déléguer son autorité

 

Comme dans la création, les lieux célestes et le monde Dieu a établi dans l’Eglise diverses autorités.

 

1. Tous les croyants ont reçu une certaine autorité : L’Eglise est un peuple de prêtres et tous exercent un ministère ou sacerdoce. Pour l’harmonie de ce service nous devons être soumis les uns aux autres.

 

L’Eglise est un corps. Les membres sont différents, mais à chacun est attribuée une fonction. A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit pour l’utilité de tous. Nous avons tous besoin les uns des autres. Il ne peut pas y avoir de division dans le corps.7

 

2. Dieu a accordé une plus grande autorité à certains membres du corps :

 

II a d’abord établi des apôtres, des prophètes, des pasteurs et docteurs, puis une très grande diversité de ministères. Le Saint-Esprit a également établi des anciens pour paître l’Eglise du Seigneur.8

 

 

L’autorité selon Dieu

 

Elle s’exerce sous la direction du Saint-Esprit. Elle n’est pas recherchée pour paraître, mais reçue de Dieu comme une grâce, comme un appel au service des autres.

 

C’est l’autorité de l’Amour. Elle est toujours pour le bien de l’autre, pour son épanouissement, sa croissance spirituelle. Dieu est Berger, Père, Epoux. Le Berger donne sa vie pour ses brebis. Le Père aime, protège, nourrit ses enfants. Jésus-Christ, Maître et Seigneur a lavé les pieds de ses disciples. L’autorité que Dieu donne est pour édifier, jamais pour démolir. La véritable autorité n’est pas imposée, mais discernée, reconnue, acceptée : les brebis connaissent la voix du berger, l’écoutent et le suivent.

 

Les anciens de l’Eglise sont exhortés par l’apôtre Pierre, ancien comme eux, à ne jamais exercer un pouvoir dominateur sur ceux qui ont été confiés à leurs soins, mais à être les modèles du troupeau.

 

 

Autorité et soumission

 

L’esprit du monde influence aujourd’hui l’Eglise et la soumission à l’autorité est plus difficilement acceptée. L’individualisme est prioritaire. On considère bien peu les intérêts des autres, mais d’abord les siens. Nous avons besoin de nous laisser reprendre et de prier l’Esprit de mettre en nous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ.9

 

Les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et docteurs, et tous les autres serviteurs qui exercent, à des degrés divers, une certaine autorité dans l’Eglise, sont des dons de Christ. Ils sont accordés pour notre perfectionnement et notre marche en avant vers la maturité.

 

Une soumission joyeuse dans une relation d’amour sera toujours source de bénédiction. Il en sera ainsi des enfants soumis à leurs parents, des jeunes aux anciens, de l’épouse à son mari. Cela est ai dans la mesure où ceux qui exercent autorité sont eux-mêmes soumis au seul Seigneur.

 

Si la soumission à une autorité établie nous fait problème, rappelons nous que le Fils lui-même sera un jour soumis au Père avec lequel il est pourtant UN. La soumission ne nous fait pas inférieurs à l’autre et ne nous ôte en rien notre valeur personnelle.10

 

 

Autorité et pouvoir

 

L’attrait du pouvoir caractérise l’humain. C’est un piège dans lequel l’ennemi voudrait nous faire tomber, lui qui a voulu être égal à Dieu.

 

Quand j’exerce un pouvoir, au lieu de l’autorité que Dieu m’a déléguée, je suis moi-même soumis à un autre pouvoir.

 

Pour rester dans l’humilité, cultivons une communion toujours plus grande avec le Seigneur, en nous soumettant à sa Parole, toute sa Parole et en obéissant aux directives de l’Esprit Saint.

 

N’oublions pas que nous sommes de toute manière soumis à une autre autorité qui permet un contrôle de nos actes et de notre ambition :

 

– Les anciens forment un collège et recherchent ensemble la pensée de Christ pour l’Eglise locale.

 

– Les prophètes sont soumis aux prophètes.

 

– Les maris sont exhortés à aimer leur femme comme Christ a aimé l’Eglise en se donnant pour elle.

 

– Les pères ne doivent pas irriter leurs enfants.

 

– Tous et chacun nous devons nous soumettre les uns aux autres dans la crainte du Christ, quelle que soit l’autorité qui nous a été confiée.11

 

 

Autorité sur les puissances du mal

 

« Nous n’avons pas à lutter contre des hommes, mais contre les puissances, contre les autorités, contre les Pouvoirs de ce monde des ténèbres, et contre les esprits du mal dans les lieux célestes. »12

 

Pour ce combat spirituel que nous avons à mener, il nous faut l’autorité de Christ. En son nom nous faisons nôtre sa victoire à la croix sur Satan, sur le péché, sur la mort. En son nom nous résistons au diable, nous disons « NON » au péché et dans la vallée de l’ombre de la mort, nous ne craignons rien, car le Prince de la vie est avec nous.

 

 

Conclusion

 

En guise de conclusion nous vous laissons les paroles de Celui qui est au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir et qui a été donné comme chef suprême à l’Eglise. « Vous savez, a-t-il dit à ses disciples, que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les dominent. Il n’en est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous qu’il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. »13

 

F.B.

 

 

Pour une réflexion personnelle et constructive, essayez de répondre à ces questions :

 

Quelles sont les autorités que j’ai reconnues et acceptées ?

 

Qu’est-ce qui m’empêche de me soumettre joyeusement à… la loi ? mon mari ? un des anciens de l’Eglise ?

 

Est-ce que je connais quelqu’un avec qui j’ai la liberté de confesser une faute ? partager un fardeau très personnel ?

 

L’exercice de l’autorité que Dieu m’a confiée est-il pleinement accepté ? Si non, pourquoi ?

 


 

NOTES

 

1. Voir article précédent dans Servir n° 1/95 de janvier-février.

 

2. Catéchisme de l’Eglise catholique (Marne, Pion), p. 193.

 

3. 1 Timothée6.15.

 

4. Lire Esaïe 6.1-4 ; Job 1.6 ; Zacharie 3.1-5.

 

5. Romains 13.1-7; 1 Timothée2.2 ; Tite3.1.

 

6. Voir article précédent dans Servir n° 1/95 de janvier-février.

 

7. Lire Ephésiens 5.21 et 1 Corinthiens 12.7-11.

 

8. Lire 1 Corinthiens 12.27-31 et Actes 20.28.

 

9. Relire Philippiens 2.1 -11.

 

10. Lire 1 Corinthiens 15.24-28.

 

11. Lire 1 Corinthiens 14.32 ; Ephésiens 5.21, 25 ; 6.4.

 

12. Ephésiens 6.12.

 

13. Lire Jean 13.1-17 ; Ephésiens 2.20-23 ; Marc 10.42-45.