Histoire des Assemblées espagnoles

 couleurs-chaudes

 

par Pablo Wickham

 

 

Un peu d’histoire

 

Une porte grande ouverte

 

 

Les années 80 ont apporté de grands changements à ce pays. D’un pays sous-développé qu’évitaient les pays occidentaux (à cause de l’identification de Franco avec les puissances de l’Axe), avec une économie majoritairement agricole, un système éducatif défectueux et un niveau élevé de fanatisme religieux, l’Espagne est devenue aujourd’hui une nation puissante, avec une économie en plein développement, une monarchie stable et respectée et une liberté religieuse aussi importante que dans n’importe quel autre pays européen.

 

Le miracle

Le changement est, en quelque sorte, un miracle !

 

Beaucoup de choses auraient pu se passer autrement et beaucoup de personnes ont eu peur d’un coup de force militaire, ou d’une guerre civile. En tout cas, quand nous voyons les grands changements dans le statut et dans la liberté dont jouit la petite minorité évangélique, alors que pendant tant de siècles l’église catholique avait bénéficié du monopole absolu, le mot « miracle » semble le seul qui convienne !

 

Dans sa providence et malgré la faiblesse et les limitations de son peuple, Dieu a fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment ; et aujourd’hui l’Espagne, sans aucune restriction, est ouverte à l’Evangile. Restent à trouver les ressources humaines et matérielles qui permettront d’atteindre toute la population avec l’Evangile.

 

L’Espagne est au carrefour !

 

Tout n’est pas parfait pour autant. Les changements, avec l’arrivée de la démocratie, ont amené d’autres phénomènes, ont ravivé d’anciennes blessures et rivalités entre le gouvernement central et les autonomies régionales. En effet, l’Espagne est pratiquement un Etat fédéral. Des relations harmonieuses sont devenues difficiles. Le terrorisme pratiqué par une minorité de Basques et de Catalans n’apporte pas de solution mais fatigue les autorités, et rend furieuse la population.

 

Le déclin des valeurs morales

 

Dans un autre domaine aussi les résultats du développement de l’Espagne sont inquiétants. Le matérialisme général, le déclin des valeurs morales, l’augmentation de la délinquance, des divorces, de la drogue, des avortements et de la pornographie nous montre, en Espagne comme ailleurs, une société qui refuse les valeurs chrétiennes. C’est dans ce sens que l’Espagne est devenue véritablement européenne.

 

Il faut ajouter à tout cela le fait que l’influence de l’Eglise Catholique diminue – seulement un tiers des trente-neuf millions de la population sont pratiquants. Il y a aussi l’influence toute-puissante de la télévision et de la vidéo. Si Dieu n’intervient pas, l’Espagne se précipite dans une sorte de vide religieux, un vide qui, sans l’aide de Dieu, risque d’être rempli par d’autres croyances – l’Islam, l’occultisme, les sectes de toutes sortes. Ces croyances prolifèrent de plus en plus, avec leur offre illusoire de bienfaits supérieurs à ceux d’un christianisme décadent, sans puissance spirituelle.

 

L’Espagne sous les socialistes (depuis 1982)

 

Que se passe-t-il en Espagne de façon générale, et dans nos assemblées en particulier, depuis 1982 ?

Il n’y a pas de doute, au moment où les socialistes ont pris le pouvoir (avec une majorité absolue dans les deux Parlements) presque chaque domaine de la vie du pays avait besoin de réformes. L’administration nationale, régionale et municipale, la justice, la direction des impôts, la police, l’armée, l’industrie, l’agriculture, l’éducation, la santé, la sécurité sociale – tout avait besoin d’être revu !

Pour nos églises évangéliques, il était important de revoir toute la question de la liberté religieuse qui avait été accordée sous la Constitution de 1977 ; elle avait besoin d’être révisée et ajustée pour être pleinement efficace.

 

Un progrès réalisé

 

Depuis 1982 beaucoup de progrès ont été réalisés, même si les problèmes de l’emploi, de la Sécurité sociale, de l’Education et toutes les questions de drogue, de criminalité et de terrorisme laissent encore bien des points d’interrogation.

 

 

Les assemblées aujourd’hui

 

En ce qui concerne les assemblées, le développement a peut-être été plus lent que dans d’autres milieux évangéliques, mais le nombre de membres s’est accru, et les auditoires ont augmenté d’un tiers.

 

Aujourd’hui il y a plus de 135 assemblées qui sont propriétaires de leurs lieux de réunion, et environ 20 autres qui existent sans posséder leur propre local. Elles sont servies par plus de 70 ouvriers espagnols à plein temps. Parmi ceux-ci, beaucoup figurent sur la liste du « Fonds d’Evangélisation » (Fondevan) géré par un Conseil de frères comportant une majorité d’Espagnols, représentant les différentes régions ou travaillent nos églises. Il y a une quarantaine de missionnaires de Grande-bretagne, de Nouvelle Zélande, des etats-unis, du Canada et d’Australie. Le nombre de ces serviteurs étrangers augmente – plus vite peut-être que le nombre de serviteurs autochtones.

 

Une moisson abondante, peu d’ouvriers

 

Les années 82-89 ont aussi été marquées par une avancée considérable dans certains domaines de l’évangélisation, et dans la formation biblique pour un service chrétien. L’organisme chrétien Evangélisation en Action fondé et dirigé par Juan Gili (précédemment directeur de Jeunesse en Mission à Barcelone et membre du Comité de Lausanne) est au service des églises de frères pour leurs activités d’évangélisation. Il participe à l’implantation de nouvelles églises, surtout dans le nord de l’Espagne où l’on trouve maintenant plusieurs assemblées nouvelles, ou en formation, en plusieurs lieux stratégiques.

 

Dans la région de Barcelone, il y avait sept églises en 1964. Aujourd’hui, il y en a quarante, et vingt-quatre d’entre elles sont dans Barcelone « intra muros ». A Madrid le nombre des assemblées augmente de façon régulière sinon spectaculaire. Les trois églises de 1970 sont devenues neuf aujourd’hui – malgré une division dans l’église la plus ancienne qui a sérieusement affecté la communion entre les assemblées, et a freiné la collaboration en vue de nouvelles implantations et autres activités communes.

 

Des bénédictions

 

Un exemple du succès exceptionnel et rapide est celui de la nouvelle église à La Elipa à l’est de Madrid.

 

L’équipe pionnière a été constituée grâce à l’action conjointe des assemblées de Duque de Sesto et de Vallecas. Des membres de ces deux églises ont apporté leur soutien au couple missionnaire, Dick et Connie Clark (U.S.A.) et à deux équipes successives d’International Teams. Ensuite, avec la coopération dynamique de Frédérico et Monta Aparisi (autrefois chefs d’équipe d’Opération Mobilisation) le petit groupe de maison qui avait pris naissance en 1983 est devenu maintenant une église de soixante-dix membres – qui continue à grandir.

 

Elle a son propre programme de formation : « Programme 2000 » ; les étudiants sont partiellement soutenus par l’église. Une partie de leur temps est consacré aux études, une autre partie à l’évangélisation. Les méthodes utilisées sont traditionnelles : « porte-à-porte », « plein-air », travail parmi les enfants, littérature, cours bibliques, etc. Un service téléphonique, annoncé dans la presse locale, a enregistré 6000 appels pendant les neuf premiers mois. Des douzaines de personnes contactées sont maintenant en train de suivre des cours par correspondance – ou accueillent chez elles des études bibliques.

 

Des centres d’activités

 

Cette même équipe a installé un centre d’activité dans une cité à 12 km du centre de Madrid. Plusieurs personnes s’y sont converties à Jésus-Christ, et un travail florissant a été commencé parmi les enfants. Plusieurs autres églises ont apporté leur collaboration en différents domaines. Leur vision : la création de dix autres églises avant l’an 2000…

 

On peut signaler encore la naissance d’une église à La Gaguada au nord-ouest de Madrid – et un groupe de maison dans la ville satellite de Getafe au sud de la capitale. Avec une population de 200 000 âmes, cette ville doit accueillir la cinquième faculté de Madrid. Ce groupe dépend de l’église de Vallecas.

 

Nouvelles églises du nord au sud…

 

Une croissance planifiée, accompagnée d’une évangélisation intensive et d’un bon programme de formation, sous le signe « Programme Timothée », a eu pour résultat la formation de plusieurs nouvelles églises dans la province catalane de Gerona – dans le nord du pays.

 

En d’autres régions aussi des programmes d’implantation d’églises produisent des résultats encourageants : de nouvelles églises se forment grâce à « Evangélisaciôn Andalusia », à « Evangélisaciôn Galicia » et à la venue d’une équipe d’évangélisation néo-zélandaise (Gospel Literature Outreach) à Villagarcia de Arosa.

 

« Pour mieux servir »

 

Depuis quelques années l’on assiste à une multiplication de cours bibliques du soir et de sessions de formation de courte durée. Il en résulte une évangélisation plus efficace, un meilleur enseignement, et de meilleurs soins pastoraux dans les églises.

 

A Madrid même, de tels cours ont été commencés en 1947 par Ernest Trenchard et ont débouché en 1983 sur la création d’un Centre de Formation biblique. D’autres écoles ont vu le jour à Vigo, à Barcelone et à Séville. Certains jeunes recherchent une formation plus approfondie, celle-ci est possible à l’Institut Biblique de Castelldepels près de Barcelone, sous l’égide de la « Greater European Crusade ». L’Alliance Evangélique organise aussi des cours du soir sur une base inter-confessionnelle.

 

Autres oeuvres

 

Les Centres de Vacances se multiplient et répondent à de multiples besoins auprès des jeunes et des familles.

 

Deux maisons du 3e âge accueillent une soixantaine de personnes âgées malgré des difficultés de personnel.

 

Un travail important s’accomplit auprès des aveugles sur une base interconfessionnelle. Le fonds des salles vient en aide aux assemblées qui acquièrent ou aménagent leurs locaux, mais les prix exorbitants de l’immobilier sont décourageants.

 

L’avenir

 

Malgré les encouragements actuels, et la croissance numérique des assemblées, malgré les nouveaux ouvriers à plein-temps mieux soutenus qu’autrefois, malgré les programmes pionniers bien réfléchis, l’Espagne présente un immense défi. Toutes églises confondues, il n’y a que soixante mille chrétiens évangéliques répartis entre sept cent communautés, pour une population totale de trente-neuf millions. Prions pour un engagement encore plus conséquent, prions pour le réveil. Sans intervention spéciale de Dieu, l’on ne peut espérer que l’Espagne soit évangélisée en notre génération.

 

T.W. Traduit et arrangé par E.B.