Un temps pour perdre

 mal

 

par Alfred Kuen

 

 

 

Les pertes font partie des expériences douloureuses de notre vie. On en sort chaque fois blessé, frustré, amoindri.


Antoine de St-Exupéry, parlant de la disparition de camarades aviateurs, écrit : « Rien jamais, en effet, ne remplacera le compagnon perdu. On ne se crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de souvenirs communs, de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements du coeur. On ne reconstruit pas ces amitiés-là. Il est vain, si l’on plante un chêne, d’espérer s’abriter bientôt sous son feuillage.1 »

 

Notre cheminement ici-bas est jalonné de pertes de toutes sortes. Chacun se trouve, à un moment ou un autre, confronté à un deuil : parents, frère ou soeur, ami, conjoint, enfant… ou devra faire son deuil de biens auxquels il tenait (par cambriolage, cataclysme ou accident – ou simplement par perte), d’un lieu de séjour auquel il s’était attaché – et de toutes les relations qui y étaient liées (nouveau poste, déménagement). Il peut être licencié d’une occupation qui lui convenait et lui permettait de vivre à l’aise (la mise à la retraite peut être une forme de deuil). Notre santé se dégrade peu à peu, nos facultés physiques et intellectuelles diminuent.

 

Tous les hommes – pas seulement les chrétiens – ont à faire face à de telles pertes. Comment réagissons-nous en tant que chrétiens à ces différentes pertes ? Comment pouvons-nous les assumer et les surmonter ?

 

Tout deuil, toute perte entraîne une souffrance : un lien avait été créé avec une personne, un animal, un objet, un concept. Ce lien a été rompu : ce déchirement ne s’est pas fait sans souffrance.

 

 

Fausses pistes

 

Mais l’homme n’aime pas la souffrance. Il a donc cherché des moyens d’éviter les souffrances liées à la perte, par différentes voies, dont un certain nombre de fausses pistes :

 

Détachement

 

II y a la voie orientale : celle du détachement. Pour éviter de souffrir de la rupture d’un attachement, on refuse de s’attacher aux personnes, aux choses de la vie, à la vie elle-même. On essaie de vivre « en dehors », de ne pas se laisser affecter par ce qui arrive. C’était aussi la voie du stoïcisme : devenir indifférent à tout, aux sentiments surtout. L’idéal, dans cette perspective, c’est l’ataraxie où plus rien ne vous touche. Ce n’est certainement pas là un idéal d’humanité correspondant à la volonté de Dieu.

 

Dévaluation

 

Le détachement peut se manifester aussi lors d’une perte ou d’un deuil par un essai de dévaluation de l’objet perdu ou de la personne disparue : on fait comme s’ils n’avaient guère de valeur ; donc cela ne vaut pas la peine d’en être affecté. Une telle attitude, fondée sur un mensonge, est, de plus, une flagrante ingratitude, surtout s’il s’agit de personnes.

 

L’attitude chrétienne est une attitude vraie, elle reconnaît la valeur du don que Dieu nous a fait en nous permettant de jouir pendant un certain temps de la relation avec une personne ou un objet. Elle préfère accepter de rentrer dans la souffrance causée par la perte que de se réfugier dans le mensonge.

 

Fuite

 

Une autre tentative d’éviter la souffrance liée à la perte est la fuite. Certains fuient dans le travail en s’y jetant à corps perdu pour éviter de réfléchir, de se trouver face à face avec la réalité – donc avec la souffrance. Les anglophones ont forgé pour cette dépendance le mot de workaholism : on se soûle de travail. D’autres fuient dans la boisson, dans la drogue ou dans les plaisirs pour s’étourdir et oublier. Ou dans la recherche du pouvoir, de l’argent, de conquêtes féminines (ou masculines) pour essayer de surcompenser la perte.

 

Mais ces fuites ne cicatrisent pas la plaie née de cette perte. En évitant le processus de deuil – et la souffrance qui s’y rattache – ces faux chemins (détachement, fuites) empêchent la création de nouvelles relations positives et enferment donc l’individu dans sa solitude.

 

 

Etapes vers un véritable processus de deuil

 

Refus

 

La première réaction est souvent un refus. « Ce n’est pas possible. » La réalité est trop dure pour être vue en face.

 

Un deuil brutal suscite cette réaction : « Pourtant, on l’a encore vue il y a une semaine en parfaite santé. » « Je n’arrive pas à croire que je ne la reverrai plus. » II faut du temps pour accepter la réalité de l’inéluctable, que la perte est réelle et définitive. A la suite d’un vol, on pense toujours qu’on retrouvera ce qui a été volé. Quand on entre dans la maladie, qu’on retrouvera sa santé comme avant.

 

Plus la perte est importante, plus cette phase peut se prolonger. Une veuve me disait l’autre jour: « Après cinq ans, la nostalgie est encore plus vive qu’au début. » C’est une phase à respecter. « Le temps n’épargne pas ce qu’on a fait sans lui » disait Fayolles.

 

Protestation

 

Une autre réaction, une fois la réalité de la perte admise, c’est la protestation ou la colère. « Me faire cela, à moi ! Au moment où j’en avais le plus besoin ! Ce n’est pas juste. Cela ne peut pas venir de Dieu. »

 

Une jeune femme qui venait de perdre son mari m’a rapporté que Francis Schaeffer lui disait qu’on a le droit de se mettre en colère devant la mort. Devant la tombe de Lazare, Jésus « frémit en lui-même » (Jn 11.38). Cette expression peut aussi être rendue par « fut profondément attristé », « bouleversé », ou « indigné ». Il se mit en colère, pas contre Dieu, mais contre le mal dans le monde qui a entraîné la mort, contre cette situation dans laquelle nous vivons, solidaires avec toute l’humanité. « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort » (Rm 5.12).

 

Orientée ainsi, la colère peut être un facteur positif dans la guérison des cicatrices d’une perte, car comme toute colère, elle est une force dynamique, elle libère l’adrénaline pour surmonter les poussées dépressives, réductrices de la personnalité. Pourtant, ces poussées font aussi partie des réactions normales à une perte importante : elles se traduisent par des accès de tristesse, par des peurs, par la dépression. C’est la douleur du coeur blessé, qui peut aller jusqu’à la perte du goût de vivre, du sens de la vie ; surtout si la personne ou l’objet ou le concept perdu incarnait la raison de vivre.

 

Quand, dans un couple, l’un peut dire à l’autre : « C’est pour toi que je vis », c’est beau, mais combien dangereux. Si l’autre disparaît, quelle raison de vivre reste-t-il au survivant ? Il y a des parents qui ne vivent que pour leur enfant, leur fils unique. Et s’il meurt ?

 

Tristesse

 

La tristesse est liée à la nature humaine. Jésus a partagé notre nature. Devant la réalité de la mort de Lazare, « Jésus pleura » – le verset le plus court de la Bible, mais qui en dit long sur sa ressemblance à nous « en toutes choses » (Hé 2.17).

 

Devant une perte comme celle d’un être cher, nous avons le droit de pleurer, de répandre notre tristesse devant Dieu.

 

Rester impassible est du stoïcisme, mais pas du christianisme. Cependant, nous ne sommes pas obligés de nous abandonner à la tristesse comme « ceux qui n’ont pas d’espérance » (1 Th 4.13), ni de faire de la dépression comme ceux qui ne voient plus de raison de vivre. « Nul ne vit pour lui-même… car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur » (Rm 14.7-8).

 

Marchandage

 

Les psychologues signalent comme autre réaction à une grande perte le marchandage, pour changer le cours de la réalité : « Si je guéris, alors je promets de… » – « Si je retrouve ce qui a été perdu, volé, alors je donnerai… » – « Si je retrouve du travail… ».

 

Mais le chrétien sait que Dieu ne se laisse pas acheter. Tout est grâce de sa part. Le chrétien accepte la part de souffrance liée à sa condition humaine. Il ne cherche pas à esquiver la tristesse, peut-être même pas la colère et le refus consécutifs à la perte qu’il a subie. Mais il a d’autres armes pour lutter contre la saturation des sentiments négatifs.

 

Comme le chante un Negro Spiritual : « II y a un baume en Galaad pour guérir mes blessures » (cf. Jr 8.22), c’est-à-dire pour cicatriser les plaies causées par une perte. « Quand mes pensées s’agitent en foule au-dedans de moi, tes consolations réjouissent mon âme » (Ps 94.19).

 

 

Consolations

 

La certitude que rien ne nous arrive en dehors du plan de Dieu

 

Si nous adoptons l’interprétation des traductions à correspondance dynamique d’Ecclésiaste 3, tout ce qui nous arrive sur la terre survient au temps décidé par Dieu… C’est lui qui détermine le temps de chercher et le temps de perdre. Jésus a exprimé cette vérité par une image qui se grave d’emblée dans la mémoire : « Même les cheveux de votre tête sont comptés… Il ne s’en perdra aucun (Mt 10.30 ; Lc 21.18) sans la volonté de Dieu… »«  Elle a du prix aux yeux de l’Eternel, la mort de ceux qui l’aiment » (Ps 116.15).

 

Si Dieu accepte ce coût, c’est en vue de quelque chose qui a encore plus de prix ; et c’est notre bien spirituel, celui auquel « toutes choses concourent » (Rm8.28). Pour le chrétien la mort d’un être cher, la perte d’un travail, de son bien, n’est pas un accident dû à la négligence d’une précaution ou à la malveillance de quelqu’un. Elle fait partie du plan de Dieu pour notre bien.

 

Dieu est bon

 

C’est l’une des affirmations constantes de la Bible : « Louez l’Eternel, car il est bon, car son amour dure à toujours ». Il a été bon pour nous dans le passé. Il l’est aujourd’hui et II le sera demain. C’est pourquoi ne manquons pas de le louer pour sa bonté et d’être reconnaissants pour toutes les bontés dont nous avons bénéficié.

 

Nous sommes aujourd’hui privés de la communion avec une personne qui nous était chère, mais n’oublions pas de remercier Dieu de nous avoir permis de jouir de cette communion pendant tant d’années. Nous avons perdu un objet, un travail, un lieu, une amitié ? « Merci Seigneur, de me l’avoir accordé pendant si longtemps ! »

 

Pensons à tous ceux qui n’ont jamais eu ce privilège. Ne le considérons pas comme un dû – donc comme une injustice que nous ne puissions plus en profiter. Dieu a été bon envers nous. Il nous a comblés pendant un temps… ne soyons pas ingrats. Disons-lui merci pour tout ce que nous avons reçu. Dieu reste bon dans le présent, et II le sera encore dans l’avenir.

 

La souffrance est notre amie

 

Ne la dévalorisons pas. Elle n’est pas une ennemie, que nous devrions fuir comme la peste, mais une amie qui nous veut du bien, une éducatrice attentionnée et efficace. « Jésus, bien qu’il fût le Fils de Dieu, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes… » « II fut élevé à la perfection par la souffrance » (Hé 2.10 ; 5.8). La souffrance n’a été épargnée à aucun homme de Dieu : pensons à Joseph, Moïse, Elie, Jérémie, Daniel, etc.

 

Déjà sur le plan physique, la souffrance est une amie qui nous avertit du mauvais fonctionnement d’un de nos organes et nous appelle à y remédier. Si l’on n’avait pas mal aux dents, peu de gens se les feraient soigner.

 

Sur le plan de la vie intérieure, la souffrance nous apprend à réorienter nos affections vers l’essentiel. Elle valorise ce que nous avons perdu – ce n’est pas une bagatelle dont la perte ne nous fait ni chaud ni froid – et elle nous oblige à reconsidérer notre vie sous l’angle de l’obéissance à Dieu (apprendre l’obéissance par les choses qu’on a souffertes), de la pensée de Dieu. Nous aussi, comme Jésus, nous apprenons l’obéissance par les choses que nous avons souffertes.

 

Les pensées de Dieu sont supérieures à nos pensées

 

« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Eternel » (Es 55.8-9). Or, ce sont les pensées de Dieu qui sont justes – et non celles que le monde ambiant nous inculque. Lorsqu’une personne est décédée, on nous dit : « Elle aurait encore pu jouir de tant d’années de la vie ; quel dommage qu’elle n’ait pas pu voir ceci ou cela… combien elle aurait du plaisir… »

 

Mais Jésus a dit au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23.43). Etre avec Jésus dans le paradis, n’est-ce pas meilleur que tout ce que le monde peut offrir ?

 

Pour la plupart des gens « l’essentiel c’est la santé » – mais par la maladie. Dieu peut nous apprendre des vérités encore plus précieuses. « Abondance de bien ne nuit jamais » – mais la Bible nous dit : « Si nous avons la nourriture et le vêtement cela nous suffira » (1 Tm 6.8). Au moment d’une perte imprégnons-nous des pensées de Dieu par une lecture intensive de Sa Parole, afin de contrecarrer l’effet délétère des conceptions du monde.

 

L’essentiel nous reste

 

L’essentiel c’est ce qui demeure, ce qu’aucune perte ne peut affecter. L’essentiel c’est l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur « dont ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur ni aucune autre créature ne pourra nous séparer » (Rm 8.38-39).

 

L’essentiel c’est notre communion avec Dieu par Jésus-Christ notre Médiateur. L’épreuve peut – et veut – nous amener à resserrer cette communion que la vie heureuse fait apparaître comme moins impérieuse.

 

L’essentiel c’est notre vocation céleste en Jésus-Christ, et notre vocation terrestre en lui, c’est-à-dire la tâche qu’il nous a confiée ici-bas, dans l’Esprit, pour l’avancement de Son Règne et pour Sa gloire. C’est de « s’inquiéter des moyens de plaire au Seigneur » (1 Co 7.32), d’accomplir sa volonté, jour par jour. Comment aujourd’hui, dans ma situation d’aujourd’hui puis-je plaire au Seigneur ?

 

Peut-être que l’épreuve nous permet de mieux accomplir notre vocation. Les épreuves que nous subissons nous rendent plus sensibles à celles des autres et, ayant fait l’expérience des consolations que Dieu nous donne dans ces circonstances, nous sommes plus à même d’orienter ceux qui souffrent vers ces mêmes consolations (2 Co 1.3-7).

 

Le meilleur est devant nous

 

Une perte peut se traduire par une involution ou une évolution. L’involution est le développement inverse de l’évolution. En médecine, on désigne par l’involution une modification régressive d’un organe ou de l’organisme. Celui qui a subi une perte est tenté de s’accrocher au passé, de ressasser les souvenirs du temps où « tout était si bien », d’idéaliser ce passé et de continuer à y vivre par la pensée et les sentiments.

 

L’apôtre Paul dit : « Oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours ». Si notre passé était conforme à la volonté de Dieu nous n’avons pas besoin de l’oublier. Nous en rendons grâce à Dieu et le mettons à sa place ; or sa place c’est le passé ! Pour aujourd’hui et pour demain, Dieu a autre chose en vue pour nous et II nous aide, par son Esprit, à tourner la page, à nous détacher des bénédictions passées et à nous porter « vers ce qui est en avant ».

 

Car la vie, la vraie vie, est devant nous – et la mort – comme toutes les pertes qui nous y préparent – est le moyen d’y accéder.

 

La mort est la porte de la vie

 

Ce vieil adage latin (mors janua vita) exprime un principe important de tout développement spirituel. C’est toujours par des pertes, des frustrations, c’est-à-dire des morts, que nous accédons à des degrés supérieurs de vie. Si nous réfléchissons à la manière dont nous sommes devenus adultes, nous constatons que c’est au travers de frustrations, de pertes successives que nous avons été rendus capables d’assumer notre rôle dans la société.

 

Nous avons subi notre première frustration le jour de notre naissance, lorsque nous avons dû sortir du milieu protégé dans lequel nous nous étions développés pour affronter un monde très différent. Quelques mois plus tard, nous avons dû assumer la frustration du sevrage.

 

Plus tard, il a fallu quitter le foyer maternel pour aller à l’école, puis changer de classe, de maître, perdre ses camarades, se défaire, comme le dit l’apôtre Paul, de ce qui caractérise l’enfance – quitter sa ville pour le service militaire, quitter père et mère pour s’attacher à sa femme. « L’homme quittera… et s’attachera » : cette condition première de la réussite d’un mariage est aussi valable dans bien d’autres domaines.

 

La croissance se fait par des morts successives à des attachements sécurisants pour permettre de nouveaux attachements. Chaque mort à un attachement engendre une souffrance. Mais refuser de quitter, c’est refuser de croître.

Le grand choix de la vie, la conversion, obéit à la même règle : quitter – se détacher, mourir à un certain genre de vie, au monde, pour s’attacher à Christ, prendre sa croix, renoncer à soi-même. C’est bien ce que représente le baptême : une mort avant la résurrection avec Christ, la mort est la condition préalable de la vie nouvelle.

 

grainesCette loi se vérifie dans la nature : « Si le grain de blé ne meurt, il reste seul » (Jn 12.24) : pas de vie nouvelle, « mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». La loi se vérifie aussi sur le plan spirituel : pas de vie nouvelle sans mort au péché avec Christ. Elle est encore vraie pour l’entrée dans la vie éternelle : à moins que le Seigneur revienne auparavant, il nous faudra tous passer par la porte de la mort pour accéder à la Vie.

 

Jésus avait déjà illustré cette loi par l’image du vigneron taillant sa vigne : « Tout sarment qui porte du fruit, mon Père l’émonde, afin qu’il porte encore plus de fruit » (Jn 15.2). L’émondage est une opération douloureuse pour la vigne.

 

Quelle que soit la perte que nous avons subie, ces certitudes que nous apporte la Parole de Dieu nous aideront à l’accepter, à la surmonter. Et si, demain, vous êtes confronté à l’une de ces tempêtes qui bouleversent une existence, elles vous aideront à la traverser sans sombrer « comme ceux qui n’ont pas d’espérance ». Il suffit de changer une lettre dans le mot perte pour en faire… une porte. J’en ai fait l’expérience.

 

A.K.


Note

 

1. : Terre des hommes, Gallimard, Paris (pp. 43-44).