Nouvelle identité de la personne en Christ

 

 

Par Pierre BARITEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les chosesanciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. »(2 Co 1.17)

 

 

 

Qu’est-ce qui fait notre identité ?

La réponse à cette question varie avec le temps et en fonction de la culture dans laquelle nous vivons.

 

Nos parents ou arrière-grands-parents avaient l’habitude, surtout dans les campagnes, de se présenter comme étant « le fils ou la fille de ». Ce type de présentation n’est plus à la mode, et même dans les cas où les parents sont célèbres, il n’est pas toujours bien perçu. Soit les enfants veulent être connus pour ce qu’ils sont, eux, soit la filiation mise en avant est utilisée comme un passe-droit.

 

Comment répondons-nous à cette question toute simple : « Qui es-tu ? »

 

Est-ce que ma nationalité, mon statut marital, mon métier, mes études, mon sexe, ma race et je ne sais quoi encore sont une réponse satisfaisante ? Physiquement, en supposant que cela soit possible, à partir de quel moment ne serais-je plus « moi » si l’on ôtait un à un les membres ou les organes de mon corps ?

 

Le contexte immédiat de 2 Co 5.17 est bien la perception que nous avons de nous-mêmes ou de ceux qui nous entourent. « Nous ne connaissons personne selon la chair » ou « nous ne percevons plus personne de manière humaine ».

 

Paul introduit ici un changement, une manière de nous « connaître » qui a changé avec la nouvelle naissance. Il est clair qu’en tant qu’enfant de Dieu, c’est cette nouvelle création qui nous donne notre identité réelle. Évidemment, il faudra faire attention au contexte dans lequel nous nous trouvons lorsque nous nous présenterons selon notre identité spirituelle : « Fils de Dieu en Jésus- Christ, délivrés de la puissance des ténèbres et transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé ! »

 

En fait, la question de notre identité et la manière dont nous nous présentons ont un rapport direct avec notre valeur. Dans notre société, cette valeur est associée aux diplômes obtenus, au nombre d’années d’études après le baccalauréat, à la carrière poursuivie, et même à la beauté ! On parle en effet, dans des études très sérieuses, de discrimination liée à l’aspect physique. Il n’y a qu’à voir le succès du « relooking » et des émissions du genre « Nouveau look pour une nouvelle vie ». Jean-François AMADIEU1dit que cela commence dès la maternelle et que le physique d’un élève explique entre 20 et 40 % de la variance de ses résultats scolaires. C’est tout le contraire de la connaissance de l’autre selon 2 Co 5.16, et, même si dans notre discours nous affirmons que ces valeurs sont sans importance, elles influencent néanmoins la manière dont nous nous percevons.

 

Ultimement, si nous assimilons notre valeur à une identité liée à une réussite sociale, une fonction ou une apparence, nous courons un grand risque : celui de ne plus avoir de raison d’être lorsque les circonstances changent. Cette question n’est pas infondée dans nos milieux : il est souvent difficile pour « la femme du pasteur » d’exister en dehors de la relation à son mari. L’un ou l’autre ancien désespère lorsqu’il n’est pas reconduit dans sa fonction.

 

D’où la nécessité de bâtir notre identité sur ce qui est immuable, qui ne dépend pas de nous ou des circonstances, notre identification avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection.

 

Qu’est-ce qui a changé ?

Des années d’enseignement de ses vérités, dans le cadre du CFB (Cours de Formation Biblique, mini école biblique durant l’été destinée aux jeunes de 17 à 25 ans) ou de préparation au baptême, m’ont montré que parce qu’il n’y a pas eu de changements spectaculaires dans leur vie lors de leur conversion, les enfants nés dans des familles chrétiennes ne saisissent pas toujours la rupture radicale qui s’est opérée lorsqu’ils « ont donné leur vie au Seigneur ».

 

De même, une éducation stricte, sévère, sans encouragements ni compliments, pourra tout autant priver une personne de la découverte des implications de la nouvelle naissance, car l’image très négative qu’elle a d’elle-même ne lui permet pas d’imaginer pouvoir changer ou avoir la moindre valeur.

 

Ainsi, pour des raisons très différentes, certains chrétiens ne réalisent pas ce qui s’est passé lorsque Christ est devenu leur vie (Ga 2.20) et vivent leur vie chrétienne en pensant que rien n’a changé ! Quelle tragédie !

 

Nous avons changé de nature, nous sommes passés de la mort à la vie ! Et nous ne devons pas nous tromper de combat, car nous ne sommes pas appelés à essayer de transformer notre ancienne nature pour qu’elle ressemble à Christ, mais nous devons laisser notre nouvelle nature se développer et porter du fruit. Il est important de noter que Jean 15 n’est pas une exhortation à porter plus de fruits, mais à demeurer en Christ, car sans lui nous ne pouvons rien faire ! Nous ne pourrons jamais, avec nos meilleures résolutions, produire le fruit de l’Esprit dans nos vies, à moins d’apprendre à vivre avec les nouvelles ressources que Dieu nous a données en Jésus-Christ. Comme le dit Neil Anderson, « nous devons arrêter de ramer et sortir les voiles ! »

 

Le Seigneur m’a révélé un aspect de cette vérité au travers d’un accident de la circulation. Suite à un banal accrochage qui avait endommagé tout l’avant de ma vieille voiture, j’ai proposé au garagiste de « profiter » de cette occasion pour faire du neuf, de changer les ailes, car elles étaient perforées par la rouille. Mais le verdict du garagiste a été sans appel et m’a transpercé le coeur : « inutile de changer les ailes, car les supports d’ailes sont en aussi mauvais état ». Il a fallu mettre la voiture à la casse !

 

Combien il peut être difficile de s’accorder avec le verdict de Dieu sur notre ancienne nature, car nous avons fait tant d’efforts pour essayer de la dompter, de la rendre acceptable ! Et pourtant, les choses nouvelles qui sont en Jésus-Christ ne cohabitent pas avec les choses anciennes. Et c’est une bonne nouvelle, car l’Évangile ce n’est pas seulement Christ mort pour nos péchés, mais aussi Christ ressuscité. De même que nous sommes morts avec Christ, nous sommes aussi ressuscités avec lui, afin que nous vivions en nouveauté de vie (Rm 6.4).

 

Le combat pour la vérité

Le treizième amendement à la Constitution des États-Unis a pris effet le 18 décembre 1865. « Ni esclavage, ni aucune forme de servitude involontaire ne pourront exister aux États-Unis, ni en aucun lieu soumis à leur juridiction », énonce-t-il. Quelques mois plus tard, un 14e amendement assure aux Noirs le droit de vote et l’égalité avec les Blancs devant la loi.

 

Dans les faits, il faudra près d’un siècle avant que les droits civiques des descendants d’esclaves soient partout reconnus. En effet, les Blancs, opposés à cette loi, ont utilisé la naïveté et l’ignorance des esclaves pour continuer à les exploiter.

 

Il en est de même dans le domaine spirituel. L’ignorance de la vérité a le même effet que croire un mensonge. Dans ce contexte, la parole de Jésus dans Jean 8.32, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres, prend tout son sens. Dans son livre « Une nouvelle identité pour une nouvelle vie »2, Neil ANDERSON donne toute une liste de versets qui définissent qui nous sommes. Ce sont ces versets qui sont notre véritable code génétique, notre identité issue de notre filiation céleste. De cette vérité objective découlent l’amour, l’assurance, la sécurité, l’appartenance qui font partie des besoins qui doivent être satisfaits dans notre vie. Je conseille souvent d’accrocher cette liste dans un lieu visible, afin que notre esprit soit constamment renouvelé et que ce qui est vrai, honorable, juste, pur… soit l’objet de nos pensées.

 

Cette appropriation de la vérité – qui ne doit d’ailleurs pas être limitée au seul domaine de notre identité – n’a rien à voir avec la méthode Coué ! Il ne s’agit pas d’imaginer, mais bel et bien de croire ce que la Bible déclare vrai, à être transformés par le renouvellement de l’intelligence (Rm 12.2).

 

À l’encontre de tous les messages que nous percevons dans notre société, nous devons cesser de croire que c’est ce que nous faisons qui détermine qui nous sommes. Toutes choses sont devenues nouvelles, cette transformation radicale est la source de notre identité en Jésus- Christ, et c’est sur la base de qui nous sommes que Christ nous appelle à l’obéissance.

 

P.B.

 

 

« Car si autrefois vous étiez ténèbres, maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Conduisez-vous comme des enfants de lumière ! » (Ép 5.8)

 

 

 


NOTES

 

1. « Mieux vaut être beau pour réussir dans l’entreprise », article mis en ligne le 5 juin 2007 par l’Entreprise.com
 

2. Une nouvelle identité pour une nouvelle vie, Neil ANDERSON, Editions BLF Europe, p. 41-42