C.E.I.E. : Évangéliser aujourd’hui

 

Rubrique de la Commission d’Évangélisation et d’Implantation d’Eglises (C.E.I.E.) des C.A.E.F.

 

 

 

 

Accueillir et intégrer

les personnes nouvelles

 

 

Atelier animé par Jean-Luc TABAILLOUX lors du congrès CAEF 2009
 

Résumé fait par Robert SOUZA

 

 

On peut comparer l’église locale à une maison avec trois pièces accessibles : un hall d’entrée, un salon et une cuisine. Ce sont trois environnements avec des fonctions bien identifiées, qui servent à des choses différentes, à des populations de personnes différentes. Que représenteraient ces trois environnements dans votre église locale ?

 

 

Le hall d’entrée, c’est fait pour les visiteurs. On ne peut pas dire que le hall d’entrée soit un lieu ultra-relationnel ou intime. Pas du tout. Il est pour le facteur, le « témoin de Jéhovah » si on veut discuter quelques instants avec lui ou le voisin qui vient vous emprunter une rallonge. C’est un lieu où le relationnel est plutôt formel et conventionnel. Le but du hall d’entrée, c’est de changer la vision de nos visiteurs à propos de l’église, à propos de l’Évangile, changer l’idée qu’ils s’en font. Ils sont remontés contre l’église, ils ont des tas d’idées fausses : « C’est une secte ! » « Quand on y va, on ne comprend rien, ils parlent de choses qui les intéressent, mais qui ne nous concernent pas ! » « Il faut un traducteur pour comprendre ce qui se dit… » Etc. On veut casser ces idées. On aimerait qu’ils disent : « C’était sympa aujourd’hui, je n’ai rien compris de ce que vous avez dit, mais la musique, géniale, je reviendrai. » Le hall est un lieu ouvert à tous, un lieu qui est relax, accueillant, où on se comprend : « Ce que vous avez dit m’a aidé dans ma vie. » Donc ce lieu pour les visiteurs est un lieu d’accueil ouvert à tous et là, finalement, peu importe la taille du groupe, que vous soyez 50, 100, 200 ou dix mille.

 

On a la prétention de grandir, mais il faut réfléchir à la lisibilité de nos groupes. Trop souvent, on veut garder l’esprit fusionnel du petit groupe. Ça pose problème pour celui qui arrive et qui entend : « Priez pour mon ami, il est en train de divorcer » ou « Mon voisin est en train de partir avec l’autre voisine, qu’il se repente ! » Celui qui arrive ne comprend pas, on déballe la vie privée des gens ! On n’a pas fait de nos lieux de culte des lieux lisibles. On dit que leculte est un lieu d’accueil, mais un Français moyen qui débarque dans une atmosphère comme ça va vite partir en courant – ou il va porter plainte pour divulgation de sa vie privée sur la place publique ! On n’organise pas une église de cinquante ou de cent membres comme un groupe de vingt. Le problème, c’est qu’on mélange les genres. Il faut un lieu d’accueil, lisible, ouvert à tous, et le message qu’on veut faire passer ici, c’est « Revenez ! »

 

Par exemple, à Grenoble, pour que nos cultes soient lisibles, le premier culte du mois est un culte d’évangélisation, ouvert, et les chrétiens savent qu’on fait un effort pour les amis non chrétiens, on traite des questions qui les intéressent en particulier, même si on ne veut pas oublier les chrétiens. On veut que ce soit informatif pour tout le monde. On peut avoir plusieurs halls d’entrée : les cultes d’évangélisation, les cultes de baptême, les présentations d’enfants, les repas concert, les fêtes comme Noël, la Saint-Patrick, la fête de l’Évangile avec les enfants, les jeunes et les parents, des événements pour des publics ciblés.

 

Ensuite, le salon… Le niveau relationnel du salon et l’objectif du salon font que c’est surtout pour les amis, des groupes de taille plus réduite, une douzaine de personnes. Il favorise des relations informelles qui mènent à des relations plus profondes. Le but : mieux faire connaissance avec nos invités, leur faire goûter à la vie communautaire. Le salon est un lieu de rencontre pour les groupes plus spécifiques et le message qu’on veut faire passer dans ce genre de rencontre est : « J’ai envie de rejoindre un groupe de maison ». Les groupes découverte, les parcours « Elle et Lui », le parcours Alpha, les week-ends fraternels, tout événement catalyseur d’amitiés nouvelles et de conversations. La chose la plus dure et la plus payante, c’est le groupe découverte. On est dans l’individuel, on est face à la Parole, on est dans le processus. Il faut qu’on arrête avec l’idée de l’évangélisation coup-depoing ! C’est un processus, du moins direct au plus direct.

 

Troisième environnement : la cuisine, le plus intime des trois, c’est pour la famille. Ce sont les groupes de quartier, pour les chrétiens, pour faire des disciples dont la vie continue à être transformée. C’est un lieu fermé, en général. (Mais il ne faut pas que cela devienne une clique, qui se ferme complètement, tellement ses membres sont heureux d’être ensemble.) On a besoin de nouveaux groupes de quartier pour accueillir les nouveaux qui arrivent. Dans le groupe de quartier, je vais grandir dans ma foi. On se réunit pour vivre des relations authentiques, acquérir le sens de la « redevabilité », le sens de l’appartenance, l’entraide, le fait de prendre soin les uns des autres. Grandir sur le plan spirituel, dans l’intimité avec Dieu, dans l’intimité des frères et soeurs, dans un amour contagieux pour les perdus. On prie pour cela.

 

Alors, quel parcours souhaiter à nos visiteurs à partir du moment où ils passent la porte d’entrée ? On veut les amener à travers le salon pour les introduire dans la cuisine. Il y a un sens dans le parcours, chaque environnement précède l’autre. Il y a une stratégie : l’idée de penser en terme d’environnements plutôt que d’activités. On veut faciliter le passage d’une personne d’un environnement au suivant. Cela évite qu’on disperse nos énergies, notre argent, nos ressources. On sait où on va.