La Géologie et la Bible

 

 

Par Thierry Grand

Géologue

 

 

Dès l’Antiquité, l’Homme s’est interrogé sur l’origine de sa planète et de la vie. Pour répondre à ces grands mystères, les différentes religions, la philosophie et la science ont tour à tour essayé d’apporter leur point de vue. Nous n’aborderons ici que ce qu’affirme la Bible et ce qu’elle ne dit pas, avec ce que la géologie en tant que science a découvert et ce qu’elle peut affirmer aujourd’hui.

 

 

Comment approcher la Bible

 

Nous croyons qu’il est utile avant d’aller plus loin et pour rassurer les chrétiens qui peuvent avoir différentes opinions, de bien insister sur ce fait indéniable pour le croyant : Dieu créa les cieux et la Terre ! Quelles que soient les interprétations que l’on voudra donner à la genèse de notre planète et de la vie, les chrétiens et les scientifiques chrétiens ne peuvent que tomber d’accord sur cette affirmation. Mais alors, que pouvons-nous comprendre dans la notion de création ? Il est évident qu’à l’époque où le livre de la Genèse a été écrit, le discours de son texte ne pouvait être une approche scientifique telle qu’on l’entend aujourd’hui. Les termes employés dans l’original hébreu sont parfois traduits assez maladroitement dans nos différentes versions françaises, ce qui laisse envisager qu’une lecture littérale du texte reste la plus riche.

 

Il est bon de redire que la Bible nous révèle le plan de Dieu à notre égard et veut surtout, dans les premiers chapitres de la Genèse, nous présenter le pourquoi de la création. Dieu nous présente un environnement choisi par lui pour y mettre l’Homme et accomplir son plan. Il ne nous donne que peu d’indications sur la manière dont il fit les choses : Dieu dit… et la chose se fît ! Il est évident que dans ces affirmations le chrétien doit retenir essentiellement que toute chose a été voulue par Dieu, rien n’est le fruit du hasard dans ce qui nous entoure. Vues ainsi, les choses prennent un autre aspect. Dieu a tout voulu de ce qui nous entoure, mais comment a-t-il fait toutes ces choses ?

 

Dieu n’est-il pas souverain pour choisir sa manière ? En quoi sa puissance est-elle remise en question s’il a utilisé les lois de la physique, de la chimie, de la biologie, qu’il a lui-même créées pour obtenir les choses ?

 

Si donc on admet que le texte de la Genèse n’est pas un écrit scientifique, alors il n’y a plus aucune contradiction entre Bible et science, ni entre les notions de création et d’évolution ! Dieu étant de toute manière à l’origine des choses !

 

 

Sur l’âge de la terre

 

Nous voudrions maintenant développer rapidement trois aspects de la géologie qui contribuent à faire admettre que notre planète est vieille. Le premier est d’ordre paléontologique. L’un des grands principes fondamentaux de la géologie est celui « de superposition ». Les roches se sont déposées les unes sur les autres au cours du temps de telle sorte que les plus anciennes se retrouvent sous les plus jeunes. Dans le cas du bassin parisien par exemple, on trouvera les plus vieilles strates apparaissant en bordure du Seuil du Morvan et, en se dirigeant vers Paris, les couches deviennent de plus en plus jeunes. On remarquera aussi qu’il n’y a pas la succession logique de sédiments de mer peu profonde qui s’approfondirait pour ensuite à nouveau devenir de moins en moins profonde comme cela devrait l’être dans le cas de strates déposées en une année par le Déluge. La succession est plus complexe et on passe plusieurs fois de mers peu profondes à des mers plus profondes.

 

Or les géologues ont pu constater (et ce constat est indéniable) que les couches inférieures de notre planète contiennent des fossiles différents de ceux trouvés dans les couches supérieures. On doit donc admettre la noncontemporanéité des fossiles. Les fossiles n’étant donc pas contemporains, on peut les utiliser, après les avoir répertoriés, comme base de datation relative. Aujourd’hui les datations basées sur la radioactivité (radio chronologie) confirment cette succession et apportent des valeurs absolues à ces âges.

 

Depuis une cinquantaine d’années seulement, les géophysiciens peuvent dater de façon précise et fiable les différentes strates de notre planète.

 

Le deuxième argument est celui de la tectonique des plaques dont les mécanismes sont connus depuis 1970 environ.

 

Quelques décennies auparavant, Alfred WEGNER avait déjà proposé que, si les continents avaient des formes qui pouvaient s’emboîter, c’est qu’ils n’en formaient qu’un à une époque. Les mesures actuelles, très précises grâce au GPS et aux satellites, permettent de connaître les vitesses de déplacement des plaques. Si l’on prend l’exemple de l’océan Atlantique sud qui s’agrandit chaque année de 2 centimètres, on arrive à considérer qu’à cette vitesse l’Amérique du Sud et l’Afrique étaient accolées l’une à l’autre il y a 80 millions d’années. Ce que confirme par ailleurs et la paléontologie et la radiochronologie ! Ces trois méthodes confirment cet âge alors qu’elles sont basées chacune sur des mécanismes et des lois qui sont indépendants les uns des autres. Ce n’est pas le hasard qui permet cela.

Enfin, si l’on considère les déformations de l’écorce terrestre et notamment les plissements des strates calcaires, il est évident que ceux-ci ont nécessité de longues durées pour pouvoir se faire sans qu’il y ait fracturation. À grande profondeur, avec les températures élevées qui y règnent, des roches rigides en surface peuvent devenir plastiques. Mais pour les strates de surface (calcaires Urgoniens des falaises du Vercors, par exemple), il est impossible de les plisser rapidement. Il faudra plusieurs centaines de millénaires voire des millions d’années pour y arriver. (On ne plisse pas instantanément du rotin pour en faire un meuble, il faut y aller doucement et progressivement !)

 

Voilà donc quelques arguments en faveur d’une Terre vieille, sans toutefois remettre en question le texte biblique et encore moins la grandeur et la souveraineté de notre Dieu qui de toute manière reste l’architecte et l’ouvrier de sa création. Dieu ne peut mentir ni donner dans sa création d’observations qui le contrediraient. Bien au contraire, la nature et son étude sont là pour nous rappeler que Dieu existe (Romains 1). Ainsi, quelle que soit notre façon de voir les choses, la conclusion est que Dieu est grand et qu’il est le créateur de toute chose.

 

T.G.

 

FOSSILE, ARCHAEOPTERYX