Enseigner la Création à l’école du dimanche

 

 

Par Françoise Lombet

 

 

 

La Bible commence par une affirmation forte : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». Le premier livre de la Bible, la Genèse révèle qui est Dieu, puis qui est l’homme et répond à des questions fondamentales : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Pourquoi mourons- nous ? Quelle est notre espérance ?…

 

La foi en un Dieu créateur signifie que Dieu est à l’origine de toute chose. Cela implique que le monde ne dépend pas de lui-même, mais qu’il est dépendant de Dieu.

Les découvertes scientifiques nous font mieux connaître les oeuvres de Dieu. Mais notre compréhension est très limitée aussi bien dans les sciences que par rapport à l’interprétation des Écritures. C’est Dieu qui a établi les lois que le scientifique cherche à connaître.

 

Dans l’ouvrage de référence d’Henri Blocher, Révélation des origines, celui-ci distingue plusieurs lectures du premier chapitre de la Genèse1. Ces différentes approches entraînent différentes façons de comprendre la relation entre la Bible et la Science :

 

1. Littérale : position des créationnistes (au sens étroit du terme) ; leur désir de placer l’autorité de la Bible au-dessus de la science leur donne une position stricte.

 

2. Fidéiste : séparation totale entre Bible et science ; la vérité révélée de la foi ne concerne pas le champ des sciences.

 

3. Concordiste : correspondances chronologiques entre Bible et science, mais certaines sont difficiles à réaliser.

 

4. Littéraire (appelée aussi théorie du cadre) : prise en compte du contexte du Proche-Orient ancien, du style hébraïque, de la structure du texte.

 

Chacun pourra se positionner et choisir l’une de ces lectures pour la faire sienne.

 

À l’Église, on peut enseigner cette lecture littéraire de la création aux enfants à l’aide de schémas simples qui montrent comment Dieu déploie son plan dans le temps, progressivement. On se reportera au schéma de la théorie du cadre2 repris ci-dessous :

 

Tout d’abord, on constate que Dieu crée par sa parole. Puis on peut réaliser 6 carrés disposés en 2 triades parallèles :

 

1ère case : le jour 1 est partagé en 2 par un trait vertical : Dieu sépare la lumière appelée « jour », des ténèbres nommées « nuit ».

 

2e case : le jour 2 est coupé par un trait horizontal, en haut le ciel, en bas la mer.

 

3e case : le jour 3 la mer est séparée de la terre où poussent les plantes. En parallèle :

 

4e case : à côté du jour 1, le jour 4 avec les astres du jour et de la nuit. 5e case : à côté du jour 2, le jour 5 avec les oiseaux du ciel et les animaux marins. 6e case : à côté du jour 3, le jour 6 la terre se couvre d’animaux et d’êtres humains.

 

 

Que peut-on comprendre et connaître de Dieu à travers ce récit de la création ?

Les 3 premiers jours, Dieu sépare. Il délimite des espaces. Dieu est un Dieu d’ordre, il organise, il a un plan. Dans la 2e triade, les jours 4 à 6, Dieu remplit. Il peuple les espaces avec des astres, puis des créatures. Notons que la végétation fait partie de la 1ère triade, annonçant le peuplement de la terre. Dans cette disposition, ce n’est plus une contradiction que les végétaux (jour 3) apparaissent avant le soleil (jour 4). Nous ne sommes pas dans une explication biologique, mais dans la découverte de Dieu. Dieu est le créateur qui règle les jours, les saisons…

 

Puis Dieu, satisfait de sa création qu’il juge bonne, se repose le 7e jour. Ce nombre de 7 jours évoque la semaine qui est un modèle compréhensible par tous. On découvre par le texte que ce jour n’est pas terminé comme les 6 précédents par « il y eut un soir, puis un matin ». Ce 7e jour est aussi le seul que Dieu bénit et il en fit un jour qui lui est réservé. Il annonce ainsi le Sabbat, jour réservé à l’adoration du Dieu créateur.

 

Ainsi le récit de la création nous fait connaître différents attributs de Dieu et aussi son plan pour la création et ses créatures, en particulier l’être humain. On peut détailler les rôles confiés à l’homme qui fut le premier biologiste, le premier écologiste, qui doit nommer les animaux et gérer la création.

 

Selon l’âge des enfants, on pourra parler de sexualité avec l’explication de « il les créa homme et femme » et avec l’ordre d’être féconds et de se multiplier. On trouvera aussi les thèmes de l’homme créé à l’image de Dieu et, dans Genèse 2, celui de la relation entre l’homme et Dieu qui lui insuffle le souffle de vie et communique alors directement avec lui. Dans ce récit de la création, ce ne sont pas les êtres, ni les périodes géologiques qui sont importants. L’homme regarde l’oeuvre achevée, son sens et il réfléchit à sa relation avec Dieu. Le texte est artistique, la symétrie est logique plutôt que chronologique. Nous ne nous identifions pas à notre ouvrage, à notre travail. Le repos permet l’Histoire dans laquelle nous entrons. Notre humanité et notre identité trouvent un sens dans la communion et la relation avec Dieu.

 

F.L.


NOTES

 

1. Révélation des origines : le début de la Genèse, Lausanne, Presses Bibliques Universitaires, 2001, ch. 2.

 

2. Jean HUMBERT, Création Évolution : Faut-il trancher ? (Opinions/Ed. Sator) 1989, p. 134. Pages Servir 3-2010 29/10/10 20:20 Page28