Se préparer

 

au grand jour1

 

Par Florent VARAK

(Extraits mis en forme par
Robert Souza)

varak

On remarque que dans la Bible notre rencontre avec Christ se prépare en fonction de deux possibilités, soit qu’on meure, soit que Jésus revienne alors qu’on est encore vivant. Mais dans les deux cas, c’est rencontrer Christ. Le retour du Seigneur nous prendra par surprise. Jésus revient et, en une fraction de seconde, notre destinée sera radicalement, éternellement changée – alléluia ! Je vais appuyer mes remarques sur

2 Corinthiens 5.1-10.

 

 

 

 

Ne pas prendre racine

 

L’apôtre Paul nous dit : Nous savons, en effet, que si notre demeure terrestre, qui n’est qu’une tente, est détruite, nous avons dans les cieux un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite par la main des hommes. Notre demeure terrestre, c’est évidemment notre corps, et l’apôtre Paul le compare à une tente, une habitation temporaire. C’est assez terrible, la comparaison. Au départ, faire du camping, c’est toujours exaltant. On prépare des choses, on achète de l’équipement, cela va être génial. On arrive au camping – et ce n’est pas génial du tout. Une tente peut vite se transformer en cerf-volant et… on n’arrive pas à bien dormir avec un cerf-volant ! Paul en savait quelque chose, car il était fabricant de tentes et il dit que notre corps est comme une tente avec toute sa fragilité. Un de mes chers amis en République centrafricaine disait toujours, en parlant de ses projets, « Dieu voulant… ». Puis il a dit : « Je ne dis pas ça à la légère, chez nous la vie est fragile. Un virus, une bactérie, des rebelles, et on est mort. » Cela m’a saisi parce que ce n’est pas vraiment la manière dont je conçois la vie au quotidien. Tout notre environnement est instable – une guerre, une crise économique, une épidémie, un accident, une infection, un cancer, pire, un meurtre –, on n’est vraiment que des locataires temporaires de notre habitation. Elle n’est qu’une tente. Ce premier verset nous dit : « Mes bien-aimés, une des manières de nous préparer au retour est de ne pas prendre racine, car il n’y a rien que nous allons emporter de cette vie. » Le meilleur est à venir…

 

 

Ne pas rester tout nu

 

Aussi nous gémissons dans cette tente, désireux de revêtir notre domicile céleste par-dessus l’autre, si du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus.

 

La première chose : nous gémissons – ce verbe évoque quelqu’un qui soupire, de chagrin ou de frustration, qui se plaint. Ailleurs, Paul écrit : nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps2. C’est comme s’il y avait un caillou dans la chaussure, comme si la vie n’était jamais à la hauteur de nos attentes et de notre espérance, que tout est futile et temporaire, qu’aucune relation humaine n’est pleinement satisfaisante, que notre corps ne fonctionne pas toujours comme il faut : frustration des déceptions, des limites, des péchés, des chutes. Nous gémissons et nous désirons revêtir notre domicile céleste. Et la forme du verbe reflète une ardeur qui a souvent une connotation négative dans l’Écriture. Nous devons convoiter ce domicile céleste et éternel. Le chrétien doit être animé d’une passion et d’un désir pour le ciel – non pas d’une négation de l’existence terrestre, mais il faut reconnaître qu’il y a comme un caillou dans la chaussure et, franchement, quand il sera parti, ce sera bien.

 

Notre texte pose une condition assez précise. On gémitsi du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus. Frédéric Godet donne l’interprétation la plus habituelle de cette section. Il écrit : « Or, ce que c’est qu’être revêtu et de quoi nous devons l’être, c’est ce qu’une foule de déclarations de l’Écriture nous disent clairement. C’est le manteau de justice du Sauveur, l’habit de noces, la sainteté, Christ lui-même, le nouvel homme dont il est dit “Christ en nous l’espérance de la gloire”. Sans ce vêtement de justice, de sainteté, qui est la vie et la gloire même, qu’aurions-nous à espérer de la résurrection et de l’immortalité ? »

 

Nous sommes pécheurs et séparés de Dieu et ce que Dieu a fait nous est relaté en 2 Co 5.21 : Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. Se préparer au retour de Christ, c’est s’assurer que ses péchés ont été pardonnés par Christ, c’est comprendre que Dieu nous invite à une transaction incroyable. Je viens à Jésus, je dépose ma crasse et il me donne sa justice.

 

L’apôtre Paul continue et nous invite, alors que nous gémissons, accablés, dans cette tente, à désirer non pas nous dévêtir (il ne s’agit pas d’avoir une préoccupation morbide), mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie. C’est curieux, la plupart des gens qui gémissent sur cette terre gémissent parce que leur vie va s’arrêter. Mais quelle grâce pour celui qui connaît Jésus, qui sait qu’il va de ce monde-ci dans la maison du Père, que la vie ne s’arrête jamais, qu’il n’y a pas besoin de se battre pour tenir une semaine de plus, qu’on va directement dans la présence de Dieu !

 

Dieu… nous a donné les arrhes de l’Esprit. Mais lorsque nous serons absorbés par une vie avec Jésus, absorbés dans la résurrection, absorbés dans son retour, nous aurons la plénitude de l’Esprit saint à jamais. C’est pourquoi l’apôtre répète : nous sommes donc toujours pleins de courage. J’espère que cette perspective du retour de Christ vous donne du courage. Il n’y a aucune opportunité ratée d’aujourd’hui qui ne sera pas compensée au-delà de tout ce que l’on peut imaginer, penser, ou croire. Une plénitude de vie nous attend, une vie avec Dieu, avec les rachetés, c’est une vie absorbée dans la personne, dans la contemplation de Christ et dans l’activité que nous pouvons imaginer tout à fait concrète sur une nouvelle terre. C’est pourquoi nous sommes pleins de courage…

 
 
 

Rechercher le plaisir de Dieu

 

On se prépare en recherchant le plaisir de Dieu. C’est pour cela que nous mettons notre point d’honneur à lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions. La vie chrétienne est toute simple : Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton coeur et ton prochain comme toi-même. Et l’expression « mettre notre point d’honneur » peut se traduire : nous avons comme ambition… de lui faire plaisir.

 

Se préparer au retour de Christ, c’est réaliser de nouveau combien on aime Jésus, imparfaitement, mais on l’aime, on veut lui plaire. La motivation est l’amour envers Jésus qui en plus nous rassasie. À une femme qui avait raté sa vie conjugale parce qu’elle avait eu cinq maris et qu’elle vivait avec un autre homme, Christ a dit : Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif et l’eau que je lui donnerai deviendra une source qui jaillira jusque dans la vie éternelle. Dieu est celui qui veut rassasier, satisfaire même dans nos déserts et dans nos difficultés. Un catéchisme protestant nous dit : « La fin principale de l’homme est de connaître Dieu et d’en jouir éternellement. » Se préparer au retour de Christ, c’est apprendre à jouir de Dieu, parce que finalement il sera le centre de tout.

 

 

Rechercher les récompenses

 

Comment se préparer pour le retour de Christ ? Recherchez les récompenses. Cela fait peut-être un peu étrange d’en parler ainsi, c’est presque égoïste… Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ, afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien, soit en mal.

 

Il faut bien comprendre que la Bible parle de nombreux jugements. Il y a le jugement des nations et, pour ce qui nous préoccupe, il y a un jugement qui fait qu’un homme va au paradis ou en enfer. Soit on est en Christ et nos péchés sont pardonnés, soit on ne l’est pas et nos péchés ne sont pas pardonnés et nous sommes tout nus devant Dieu et nous serons jugés en cette situation. Enfer et paradis ne sont pas des récompenses, ce sont des destinations. On mérite tous l’enfer… le salut, c’est un sauvetage.

 

Mais ce dont il est question ici n’est pas un jugement qui va engendrer une issue vers l’enfer ou le paradis. Cela a été réglé à la croix. Cependant les disciples de Christ seront jugés. Paul nous dit : Car il nous faut tous– lui aussi, les pasteurs, les anciens, les enfants, tous les disciples de Jésus-Christ… Nous serons un jour face à face avec Jésus pour une petite discussion. Qu’est-ce que ce sera ?

 

D’abord, la Bible dit qu’il nous faut comparaître et le verbe a le sens de rendre manifeste. C’est un peu effrayant quand on y pense. Rendre manifeste veut dire que Dieu va dévoiler ce qu’il en est de nos vies. 1 Co 4.5 : Ne jugez de rien avant les temps jusqu’à ce que vienne le Seigneur qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres.

 

Deuxième, Christ va évaluer l’attitude générale de nos vies. Colossiens 3.23 : Tout ce que vous faites, faites-le de bon coeur, comme pour le Seigneur, et non pour des hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage en récompense. Servez Christ le Seigneur. Car celui qui agit injustement récoltera selon son injustice, et il n’y a pas de considération de personnes.

 

De quelle attitude témoigne notre vie ? Christ va la révéler.

 

Troisièmement, Jésus va trancher dans les conflits des hommes. L’expression « le tribunal de Christ » se trouve dans le contexte de conflits humains3. On sera en parfaite harmonie au ciel – Christ va régler tous les conflits avant. On ne voudrait pas que son temps au tribunal de Christ dure trop longtemps. Alors, si vous êtes en colère contre un frère, réconciliez-vous, pardonnez, aimez.

 

Quatrièmement, Christ va mesurer l’origine du ministère de chacun. On est tous au service, avec des capacités diverses, des dons divers, des disponibilités diverses, mais on est tous au service et la Bible parle en 1 Co 3 des matériaux qui sont utilisés. Certains vont brûler vite, d’autres sont assez solides, ils vont tenir à l’épreuve du feu, mais certains vont être sauvés presque tout nus, juste sortis du feu.

 

Cinquièmement, Christ va récompenser la piété fidèle et discrète. La Bible dit en Mt 6.4, 6 et 18 qu’il faut agir discrètement. Si vous sonnez de la trompette en disant : « Regardez, moi, je fais un don à l’église », c’est super, mais tu as déjà eu ta récompense. C’est pareil pour la prière. Dieu veut voir ta prière quand personne ne le sait – là, tu auras ta récompense. La même chose à propos du jeûne. Dieu va récompenser la fidélité discrète.

 

 

Pour conclure…

 

Premièrement, êtes-vous revêtus de la justice de Christ, votre péché est-il couvert par l’amour et la bonté de Christ qui a tout payé à la croix ?

 

Ensuite : est-ce que j’ambitionne que le ciel percute mon quotidien ? Ce n’est pas pour qu’on n’aime pas notre vie terrestre, mais pour qu’on soit absorbé par la vie et que cette perspective fasse que je regarde ma vie différemment. Cela relativise un peu mes bobos, cela me rend attentif à certaines chutes, même si je n’en suis pas indemne. Cela me donne du courage et cela transforme les petits gestes quotidiens comme étant peut-être les derniers : moments avec quelqu’un qu’on aime dans l’église, moments d’encouragement, de service, moments où on n’a pas envie de rester sur un conflit…

 

J’espère qu’autour de vous il y a des gens pour lesquels vous priez en disant : « Seigneur, un jour tu vas nous prendre et je voudrais vraiment qu’ils soient avec nous ! » Cela ne vous appartient pas, cela appartient à Dieu, mais vous pouvez être de ceux qui prient, qui aiment et qui proposent aux autres de découvrir Jésus.

 

F.V.


NOTES

 

1. Cet article résume la conférence donnée par l’auteur dans le cadre de la Convention de Palaiseau (2010)

 

2. Rm 8.23

 

3. Rm 14.10-13