Lire la Bible :

 

un devoir ou une grâce ?

 

 

 

Par NANTENAINA ANDRIAMANAMPISOA

Reproduit avec l’autorisation de l’auteur (www.auderset.com)

NANTENAINA

bdbibleEst-il pertinent d’écrire sur l’importance de lire la Bible dans une revue évangélique ? En effet, dès ses premiers pas dans la marche chrétienne, le chrétien a appris combien il était nécessaire de lire la Bible de manière régulière. Mais il nous faut constater humblement qu’il y a un décalage entre cette compréhension intellectuelle et la réalité de la pratique quotidienne.

 

 

 

Malgré toute notre bonne volonté, nous devons sans cesse renouveler nos motivations pour la lecture. Une fois que nous avons pris une bonne habitude, souvent celle-ci ne tient pas dans la durée ; et il faut en reprendre une nouvelle. Cela n’est pas sans produire une culpabilité mêlée de honte.

 

Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer la difficulté à conserver cette habitude de la lecture régulière de la Bible.

 

 

Manque de temps

 

L’une des raisons les plus communément citées est le manque de temps ; c’est l’explication qu’on donne aux autres, mais qu’on se donne surtout à soi-même. C’est peut-être l’explication qu’on attribue en général à tout ce qui empêche le chrétien de s’engager davantage, que ce soit dans la lecture biblique, dans le service, ou dans la communion avec ses frères et soeurs. Nous trouvons du temps pour ce que nous croyons être nécessaire et pour ce que nous aimons. La vie est rarement trop occupée pour aller sur Internet, regarder la télé ou faire du sport. Nos priorités révèlent ce qui a de la valeur à nos yeux. Il nous faut donc reconnaître humblement que cette excuse n’est pas valable, et qu’elle couvre des raisons certainement plus profondes qu’il est important de mettre en lumière.

 

 

Une lecture égocentrique

 

Une autre explication à cette difficulté de la lecture biblique est le mauvais rapport à la Bible ou une mauvaise compréhension de ce qu’elle est. La Bible est parfois considérée uniquement comme un manuel pratique de la vie chrétienne, censé nous aider à avoir un bon comportement, une conduite juste, ou nous encourager et nous consoler dans notre quotidien. Pourtant, en lisant les généalogies, les longues instructions sur les sacrifices, des récits détaillés de guerre, ou certaines visions, prophéties difficiles, le lecteur trouve peu d’applications pratiques pour sa journée. Même dans le Nouveau Testament qui à priori est plus abordable, il y a de longs textes narratifs comme dans les Actes, où, encore une fois, il y a peu d’instructions directes pour nos vies. Cela peut donc vite devenir frustrant, décourageant dans les moments où nous recherchons particulièrement quelques principes moraux ou des pépites de sagesse que nous aimerions emporter avec nous pour affronter les difficultés de la journée. Peu à peu le zèle de la lecture va s’étioler jusqu’à disparaître.

 

Cette attitude révèle les motivations égocentriques dans notre lecture, marquée par la recherche de résultats tangibles et immédiats.

 

Il est donc important de comprendre avant tout que la Bible nous révèle Jésus- Christ. La solution consiste donc à détacher nos regards de nous-mêmes et commencer à les tourner vers Jésus. La Bible n’est pas un distributeur de leçons de morale, c’est le moyen donné par grâce pour parvenir à la connaissance et à la compréhension de qui est Jésus-Christ. Ainsi, l’objectif que l’apôtre Jean a donné à son évangile peut être aussi attribué à l’ensemble des Écritures : Mais ceci est écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.1 C’est aussi ce que dit Paul en s’adressant à Timothée : Depuis ton enfance, tu connais les Écrits sacrés ; ils peuvent te donner la sagesse en vue du salut par la foi en Christ-Jésus.2

 

« … que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître ; qu’il illumine les yeux de votre coeur, afin que vous sachiez quelle est l’espérance qui s’attache à son appel, quelle est la glorieuse richesse de son héritage au milieu des saints, et quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l’action souveraine de sa force. » (Ep 1.17 à 19)

 

En lisant la Bible, nous sommes frappés par la perfection du plan de salut de Dieu en Jésus- Christ et nous l’adorons en retour. Dieu dans sa miséricorde, vient au secours de notre rébellion. Ce plan initié avant la fondation du monde est révélé progressivement depuis le livre de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. De même, la Bible révèle la dureté de notre coeur, et met en relief notre besoin de Jésus-Christ. Que ce soit pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, la Bible veut nous conduire au pied de la croix ; et c’est seulement là, dans une totale dépendance à Christ, que nous pourrons pratiquer les oeuvres bonnes.

 

Les chasseurs de trésors n’ont jamais ambitionné au début de leur quête de connaître tous les secrets du maniement de la pelle. C’est avec la soif de découvrir les trésors enfouis qu’ils ont peu à peu appris comment bien l’utiliser. Lire la Bible n’est donc pas une fin en soi. C’est la gloire de Dieu manifestée en Jésus-Christ que nous devons rechercher pour la célébrer. 3 4

 

 

Une lecture légaliste

 

Parmi les mauvaises compréhensions qui empêchent souvent le chrétien d’avoir une saine habitude de la lecture biblique, il y a celle qui considère que lire la Bible ferait de nous de bons chrétiens aux yeux de Dieu, et attirerait ses faveurs à notre égard. Cette mauvaise motivation ne s’exprime pas de manière aussi triviale, mais est souvent plus subtile, et peut parfois paraître spirituelle et centrée sur Dieu.

 

Ce faisant, nous nous plaçons dans la recherche d’une performance spirituelle et cessons de nous appuyer sur la grâce de Dieu pour nous soutenir. Nous développons une confiance en nos propres forces. Nous nous glorifions lorsque nous parvenons à maintenir notre discipline, et nous nous culpabilisons lorsque nous y échouons. Ce temps à part consacré à la lecture et à la prière devient une oeuvre humaine. Lorsque nous commençons la journée par la lecture, nous supposons (consciemment ou inconsciemment) que, de ce fait, la bénédiction de Dieu reposera sur nous. Et inversement, lorsque nous avons omis notre lecture quotidienne, nous nous sentons comme indignes, hypocrites pendant toute la journée.

 

Cette manière de voir la Bible est beaucoup plus grave que nous le pensons si nous lisons ce que Jésus dit aux pharisiens : Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi.3

 

Nous pouvons être critiquables en négligeant la Parole, mais nous pouvons l’être aussi dans notre motivation pour la lire.

 

Pour beaucoup de chrétiens, la vie chrétienne commence avec la grâce, mais continue avec les oeuvres humaines. Cette mauvaise conception est un véritable poison qui maintient de nombreux chrétiens dans la dépendance, la culpabilité, la honte et le désespoir. Il n’est nullement question ici de détourner le chrétien de la nécessité de lire la Bible, mais plutôt de lui donner la soif du véritable message de l’Évangile pour trouver la liberté joyeuse en Christ.

 

Nous devons chaque jour apprendre non seulement à reconnaître, mais aussi à vivre la grâce de Dieu. Nous sommes de toute éternité aimés et acceptés par Dieu le Père en Jésus. Omettre sa lecture du jour ne pourra jamais changer la grâce de Dieu en notre faveur.

 

 

Conclusion : La Bible, une grâce !

 

La Bible nous est donnée par grâce, comme un cadeau pour nous réjouir, et non comme un projet qu’il nous faut absolument réaliser avant l’avènement glorieux de notre Sauveur. Elle nous permet de mieux connaître Christ pour mieux l’aimer. Notre Père généreux et aimant veut communiquer avec nous ; l’Esprit a inspiré ces Écritures pour qu’elles nous procurent la vie, la joie et la plénitude dans notre marche chrétienne : quelle grâce !

 

Sachant tout cela, nous pouvons à nouveau nous replonger dans la lecture de ce livre qui nous révèle l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Que ces temps soient pour nous l’occasion de grandir dans la grâce et que nous puissions prier avec Jean-Baptiste : Il faut qu’il croisse et que je diminue.4

 

N.A.


 NOTES

 

1. Jn 20.31

 

2. 2 Tm 3.15

 

3. Jn 5.39

 

4. Jn 3.30