Le don de guérison

 

malade 

Par Pierre coleman

Pierre-Coleman

 

 

« Le don des guérisons » (1 Co 12.9, 28, 30) est abondamment attesté dans les évangiles et les Actes, mais il ne figure de façon explicite nulle part ailleurs dans les épîtres, même s’il y est question de signes, de prodiges et de miracles (Rm 15.19 ; 2 Co 12.12 ; Hé 2.4). Ceci explique pourquoi des interprètes également attachés à la Parole de Dieu ont des avis différents à son sujet…

 

 

 

 

En quoi consiste ce don ?

 

« Les dons de guérisons » (v. 9, 28) pourrait certes signifier « des cadeaux [litt. grâces] de guérisons », mais, par analogie avec les autres ministères mentionnés dans 1 Co 12, l’expression semble signifier l’activité, voire l’aptitude, à opérer des guérisons plutôt que le privilège d’en bénéficier. À mon avis, également, compte tenu de la proximité dans le contexte du don des miracles et des nombreux récits, surtout dans le NT, de guérisons miraculeuses, le double pluriel (« dons de guérisons », v. 28) se rapporte aux nombreuses guérisons opérées par une même personne plutôt qu’à la diversité ou la gravité des maladies guéries par des personnes aux dons différents.

 

 

Ce don était-il présent dans toutes les Églises ?

 

Il n’est mentionné dans aucune autre épître. Jacques 5.14s invite le croyant malade à solliciter la prière des anciens de l’Église – dont rien n’indique qu’ils aient reçu un don de guérison. Alors que Jacques s’adresse à des croyants en divers lieux (Jc 1.1), il ne souffle pas un mot de ce don. Ce fait peut suggérer que ce don n’était pas accordé à toutes les Églises. Il prouve aussi que l’action de Dieu dans le domaine de la maladie ne se limite nullement à l’exercice de ce don. En effet, tout au long de l’histoire de l’Église, et encore aujourd’hui, on a enregistré ici et là des guérisons miraculeuses en réponse à la prière, sans qu’il y soit question de l’exercice d’un don.

 

 

Le don de guérison était-il destiné à perdurer au-delà de la période apostolique ?

 

Selon l’interprétation « cessationniste », le don d’opérer des miracles et le don des guérisons fonctionnaient certes comme une expression de la compassion divine (Mt 14.14), mais surtout à des périodes précises comme une attestation par Dieu de l’authenticité de ses porte-paroles attitrés, Moïse (Ex 4.1-9) et les prophètes (1 R 17.25), puis le Messie (Jn 20.30s) et les apôtres (Ac 5.12 ; 2 Co 12.12 ; Hé 2.3s), témoins officiels de sa résurrection (Ac 1.21s). Même exercés par d’autres membres de l’Église (comme le suggère 1 Co 12), ces dons attestaient l’unique rôle des apôtres, car ils leur avaient été transmis par imposition des mains des apôtres (Ac 19.6 ; Rm 1.11 ; 1 Tm 4.14 ; 2 Tm 1.6). L’absence d’instructions ou de promesses dans les épîtres à propos de l’exercice du don des guérisons indiquerait qu’il était destiné à cesser à la fin de la période apostolique.

 

Selon l’interprétation « continuationniste », aucun passage n’annonce la cessation de ce don. De plus, les dons miraculeux (dont le don des guérisons) signalaient l’inauguration du règne de Dieu promis par les prophètes de l’AT (Es 35.5s ; Mt 11.2-5), prémices de la guérison totale et définitive acquise par l’oeuvre expiatoire de Christ qui deviendra effective lors de la résurrection accompagnant son retour (1 Co 15.22s, 42). Par conséquent, même si le besoin d’attester les apôtres n’existe plus, Dieu peut manifester son règne, exprimer sa compassion et accréditer l’annonce de l’Évangile en continuant à accorder des miracles, et – pourquoi pas ? – même le don de les accomplir.

 

 

Le témoignage de l’histoire de l’Église et de l’expérience actuelle

 

Selon certains, l’exercice d’un don de guérison a été, et est encore, associé à des individus ou à des groupes à l’orthodoxie biblique suspecte et possédant le don… d’exploiter pour leurs propres gloire et enrichissement la crédulité des foules. Il leur est reproché d’annoncer un Évangile non biblique (où les miracles priment le message de la croix) ; de répandre une doctrine non biblique à propos de la maladie (toujours due au péché du malade) et de la guérison (toujours offerte à celui qui croit) ; d’employer des méthodes non bibliques (conditionnement psychologique des foules) ; d’obtenir des résultats non bibliques (guérisons uniquement fonctionnelles, plutôt qu’organiques, caractérisées par la disparition souvent temporaire de symptômes plutôt que par des rétablissements durables) ; de citer des témoignages non confirmés par la profession médicale, même chrétienne, dont on refuse le regard ; et même de causer indirectement la mort de malades qu’une intervention médicale aurait pu sauver.

 

D’autres relèvent le témoignage de Pères de l’Église comme Justin, Irénée, Tertullien et Origène selon lesquels Dieu a continué au-delà de la période apostolique à accorder des dons miraculeux, dont le don des guérisons. Certains estiment aussi que l’on a vu et voit encore, ici ou là, un ministère de guérison exercé humblement et à la gloire de Dieu et qui ne mérite aucun des reproches mentionnés ci-dessus. Dans ce cas, quelle bénédiction pour les malades, surtout dans les pays où la médecine moderne est inexistante ou trop chère pour les pauvres ! Et quelle démonstration de la puissance de celui qui peut faire… infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons (Ép 3.20) !

 

 

Que conclure ?

 

Qu’une incertitude à propos de la permanence de ce don dans l’Église ou une fausse doctrine ou pratique regrettable observée dans ce domaine ne nous empêchent jamais de prier avec foi, et avec instance, pour que Dieu guérisse des malades, avec ou sans la médecine, selon sa volonté souveraine, et pour sa seule gloire !

 

P.C.