Situations concrètes : dialogues et actions

 

 

Un chrétien évangélique, va se trouver tout au long de sa vie en contact avec d’autres personnes, donc en situation de dialogue !

 

 
Il a un voisin luthérien, réformé, catholique,… des amitiés se créent, on parle, on s’invite. Le temps passant, des liens se tissent et voilà qu’un jour arrive une invitation : Serais-tu d’accord d’être parrain de notre petite fille ? «Nous aimerions que tu interviennes dans le mariage de notre garçon. Veux-tu te joindre à notre groupe de prière ? Je te sais lecteur de la Bible, pourrais-tu venir animer une étude sur l’Evangile de Marc que nous venons de commencer ? Participeras-tu à la semaine de prière universelle ? Dans le cadre de notre pastorale, nous aimerions procéder à des échanges de chaire. Etc.
 
Autant de situations concrètes auxquelles il faut donner une réponse avant d’agir. Ces démarches diverses dépassent le dialogue proprement dit et mais l’impliquent toujours préalablement.
 
Rappelons que le dialogue peut viser la paix mais pas la soumission de l’autre, la compréhension mais pas le consensus, l’écoute des croyances de l’interlocuteur sans l’abandon de sa propre foi. Il s’en suivra que la réponse à l’invitation pourra être positive ou négative selon les éclairages apportés dans le dialogue préliminaire. Prenons quelques exemples :

 

Invitation à devenir parrain du bébé de son voisin catholique

Passé le premier instant de surprise, on peut refuser tout net en mettant en opposition le salut gratuit biblique au geste sacramentel romain, au risque de briser une amitié qui aurait permis peutêtre de parler plus tard de Jésus-Christ. Ou alors on accepte avec enthousiasme, ce qui entretient une confusion dommageable sur le sens de cet engagement.
 

Il faut plutôt, dans un dialogue avec les parents, définir d’abord de part et d’autre ce que signifie le «baptême chrétien » : les parents catholiques devraient se référer au Catéchisme de l’Eglise Catholique1 qui explique bien les effets du baptême catholique : il «donne la grâce du Christ en effaçant le péché originel», fait du bébé une «créature nouvelle», «l’incorpore à l’Eglise» ; le sacrement du baptême agit par-luimême (indépendamment de la conscience de la personne, simplement par le fait qu’il est administré), «la foi doit croître après le baptême» ; la formule trinitaire, l’eau baptismale et le saint chrême pour l’onction sont nécessaires. Peut-être les parents catholiques ne sont-ils même pas conscients de tout cela : le baptême ne représente peut-être pour eux qu’un geste traditionnel bénéfique pour l’enfant… Il faudra expliquer en retour ce que la Bible dit du baptême d’eau.

 
L’antinomie des deux conceptions ne permet pas à un chrétien évangélique de jouer le rôle de «parrain», de celui qui devrait ensuite veiller à ce que le bébé qu’il aurait porté sur les fonts baptismaux soit ancré dans la foi catholique.
 
Avec tact et dans un vrai dialogue, cette invitation peut devenir une occasion de dire ce que l’Ecriture enseigne sur le baptême biblique et le salut par la foi en Christ.
 
Toutefois, si on désire s’engager dans une responsabilité vis-à-vis de cet enfant on peut décider d’accueillir cet enfant et de l’élever dans le respect de Dieu si ses parents venaient à décéder : engagement sur papier libre avec les parents ou démarche devant un notaire.

 

Participation à une cérémonie de mariage

 
Quel est le sens et le but de la cérémonie ? Est-ce une demande de bénédiction de Dieu ? Ceux qui la demandent ont-ils choisi une vie que Dieu approuve ? Sont-ils eux-mêmes en communion avec Christ ?
 
C’est dans un dialogue ouvert, sincère, respectueux, avec les fiancés d’une part et avec les parents d’autre part, qu’il sera possible d’évaluer la possibilité ou non de participer. Les fiancés pourront exprimer la qualité de leur relation mutuelle, leur compréhension de l’engagement qu’ils prennent, le point où ils en sont dans leur relation avec Dieu.
 
Dans certains cas, en toute clarté, on peut envisager d’intervenir2, par amour et par intérêt pour ceux qui le demandent. Toutefois, si cette participation suggère l’approbation ou la tolérance d’une situation que l’Ecriture condamne, ou si elle laisse penser que l’on est en accord avec un enseignement erroné, on ne peut que s’abstenir.
 

Participation à un groupe de prière catholique ou oecuménique

 
Un dialogue préliminaire avec les responsables permettra à chacun d’exprimer ses convictions. Les situations peuvent être très diverses. Mais là où demeure la confusion, on ne peut que s’abstenir. Comment pourrait-on participer à un groupe de prière avec des amis catholiques qui croient en l’intervention et l’intercession efficaces de Marie et des saints même s’ils ne s’adressent par directement à Marie au cours de la soirée ? Le fait d’être avec eux, de témoigner d’une union avec eux dans la prière implique une reconnaissance tacite de l’adresse de leur adoration ou de leurs supplications.
 
Ou comment pourrait-on s’unir dans la prière avec des amis libéraux qui nient la divinité ou la résurrection de Jésus- Christ ? Comment dire «amen» à leur prière s’ils ont exprimé leur refus de croire à la nécessité de la repentance et de la nouvelle naissance telles que les enseignent Jésus et les apôtres ?

 

Participation à une séance « Découverte de la Bible »

 
Le cas est très différent du précédent : pourquoi un chrétien évangélique refuserait- il de participer à une telle rencontre s’il a reçu l’assurance qu’il pourra librement exprimer la façon dont il comprend l’Ecriture ? Dans une telle rencontre, la Parole de Dieu lue et écoutée, ne restera pas sans effet. N’est-ce pas ce que nous croyons ?
 
Des précautions cependant demeurent nécessaires : le chrétien qui s’engage dans une telle aventure doit être lui-même un bon connaisseur de la Bible et au clair sur les fondements de la foi. Et il faut veiller à ce que ceux qui organisent la rencontre respectent et fassent respecter le cadre qui a été défini en commun, de façon à éviter des dérives ou de se retrouver dans des situations de compromission ingérables.
 

Participation aux expositions de la Bible

 
L’objectif d’une collaboration interconfessionnelle pour une expo-Bible est une plus grande audience dans la ville. Encore faut-il définir avec soin les détails de la manifestation : qui sera responsable de la forme de présentation et du contenu de l’exposition ? Qu’est-ce qui sera présenté sur les panneaux, dans les vitrines ou proposé à la vente ? Qu’estce qui en sera exclu ? Comment s’organiseront les visites3 ? Sans oublier les aspects financiers…
 

La collaboration dans des actions sociales

 
La participation avec la paroisse catholique ou protestante à un vestiaire, à la banque alimentaire, permettront certes de bons dialogues. Ils n’auront pas pour objectif de faire du prosélytisme chez les autres confessions ! Il s’agit cependant d’évaluer au final si le temps et l’énergie consacrés à ces efforts ont permis un meilleur témoignage de l’Evangile.

 

Les échanges de chaire

 
Leur objectif n’est pas un échange de vue théologique pour les membres de l’Eglise ! Dans le cadre d’une Alliance Evangélique ou d’une Pastorale évangélique régionale, l’échange de prédicateurs peut être un enrichissement pour chaque Eglise si chacun adhère aux vérités essentielles de la foi évangélique et parle dans le respect des points seconds et des règlements intérieurs des Eglises invitantes. Cependant ces échanges ne peuvent se faire qu’après un dialogue préliminaire entre prédicateurs.

 

La participation aux semaines universelles de prière

 
L’Alliance Evangélique Mondiale (créée en 1847) organise une Semaine Universelle de Prière chaque année4. Les bases théologiques de l’Alliance Evangélique sont claires et on ne peut qu’encourager les membres de nos assemblées à rejoindre les autres Eglises évangéliques dans cet effort.
 
Il n’en est pas de même de La Semaine Universelle de Prière pour l’unité des chrétiens 5, initiée par l’Eglise catholique en 1935. Depuis 1966, elle est organisée conjointement par la Commission Foi et Constitution du Conseil OEcuménique des Eglises (COE) et le Conseil pontifical. Cette semaine est clairement placée dans le cadre d’un large oecuménisme qui inclut toutes les confessions chrétiennes et se situe dans la ligne théologique du COE dont les positions sont très loin des nôtres6. Une participation à cette semaine de prière ne paraît pas envisageable.

 

Colloques et rencontres diverses entre responsables de confessions différentes

 
Ils concernent les présidents d’unions d’Eglises, les théologiens, des spécialistes en divers domaines (islamologie, missiologie…).
 
Ils sont utiles, car ils permettent une meilleure connaissance mutuelle des confessions représentées : les informations données le sont par des personnes qualifiées pour cela, ils sont à la source !
 
Mais le résultat final n’est pas toujours aussi positif que ce que l’on en attendait.
Des colloques ont été à plusieurs reprises organisés lors du Centre Evangélique d’Information et d’Action qui a lieu chaque année à Lognes ou à la faculté de Vaux-sur-Seine.
 
Ces colloques, ces dialogues de niveau théologique, menés par des théologiens évangéliques n’ont pas pour objectif d’aboutir à un consensus, à une unité de vue, mais simplement à une meilleure connaissance mutuelle, afin d’éviter, par ignorance, des critiques ou des craintes non fondées de la part des uns ou des autres.
 
 
Commission Théologique des CAEF
 
 

NOTES
 
 
1. Catéchisme de l’Eglise Catholique (Edit. Mame Plon, 1992), § 1213 à 1284.
 
 
2. Voir le livret Mariage-divorce-remariage, rédigé par la commission théologique des CAEF, Edition Excelsis, 2004
 
 
3. Visites libres ou guidées ? Il faut un grand engagement, une forte permanence de chrétiens évangéliques ! Si la majorité des «guides» sont catholiques ou libéraux, quelle image de la Bible les visiteurs emporteront- ils ?
 
 
4. En principe c’est la première semaine entière de janvier.
 
 
5. Elle se situe généralement dans la 3ème semaine de janvier.
 
 
6. Voir les accords avec l’Eglise catholique définis dans le document «B.E.M.» qui exprime une reconnaissance mutuelle entre ces confessions de la valeur du Baptême, de l’Eucharistie et des Ministères qu’elles pratiquent ; et la Déclaration Luthéro-catholique sur la justification par la grâce. Or sur ces sujets fondamentaux et bien d’autres, nos Eglises ne peuvent approuver la position du COE.