volonte-de-Dieu

 

…et si les autres m’aidaient

à la chercher ?

 

 

Par Marie-Christine Fave

M.C.Fave

La vie… une succession de choix

 

Des détails de notre quotidien jusqu’aux engagements qui portent à conséquence, nous vivons choix sur choix. Si nous en apprécions l’aspect liberté, nous appréhendons souvent l’autre aspect : celui de la responsabilité. Cependant, liberté et responsabilité vont de pair dans un choix. Alors, prendre une décision… cela peut devenir stressant parfois, voire pesant.

 

 

We all need somebody to lean on1 » affirme le chant « Lean on me ». Échanger avec un ami, une personne de confiance pendant ce temps délicat de prise de décisions et de recherche de ce que Dieu voudrait dans une situation… ce n’est pas du luxe ! « Les projets s’affermissent par des conseils », assure Proverbes 20.18. Vous avez dit conseils ? Je ne suis pas sûr de toujours en vouloir ! direz-vous. En fait, distinguons deux situations : les conseils que nous cherchons et ceux que nous recevons sans aucune sollicitation de notre part.

 

 

Les conseils cherchés

 

« Les projets échouent, faute de délibérations, mais ils réussissent quand il y a de nombreux conseillers. » (Pr 15.22). Besoin de délibérations parce que :

 

  • Ma perspective est limitée et que les autres vont la compléter et lui apporter une objectivité et un recul par rapport à la situation, s’ils sont extérieurs à celle-ci.

 

  • Expliquer mes projets m’amène à les formuler avec plus de concret et de précision, à réfléchir à haute voix sur les avantages et les inconvénients, les conséquences et les risques.

 

Parfois, on y voit plus clair après ce genre d’échanges, même si l’interlocuteur n’a pas donné de « réponse ».

 

 

Avec qui parler ?

 

•Avec des amis

 

Le dialogue est naturel, informel et probablement chaleureux. On est à l’aise et celui (celle) qui nous écoute, nous connaît bien avec nos points forts et nos faiblesses, notre vécu. Il (elle) pourra soulever une réflexion pertinente et éventuellement nous remettre en question. Il est important de s’adresser à des personnes qui ont la liberté et la capacité de nous dire ce qu’ils pensent, même si cela ne correspond pas à ce que nous aurions souhaité entendre à priori. Nous touchons ici aux raisons qui nous poussent à aller discuter avec quelqu’un : attention à ne pas simplement chercher une approbation.

 

•Avec des personnes que j’estime pour leur maturité

 

Nous nous tournons naturellement vers les amis pendant ces temps de décisions. Ne nous privons pas non plus des personnes peut-être plus expérimentées et que nous respectons pour leur maturité et leur foi.

 

Quand Roboam devient roi en Israël, il doit réagir à une requête de Jéroboam et de l’assemblée d’Israël (1 R 12). Il se donne trois jours pour répondre et cela est sage de sa part. Nous aussi, ne précipitons pas une décision même si parfois nos interlocuteurs voudraient que tout aille vite. Roboam prend conseil auprès des anciens, d’une part, et de ceux qui avaient grandi avec lui, d’autre part. « Le roi répondit durement au peuple. Il ne tint pas compte du conseil que lui avaient donné les anciens » (v.13). Roboam suit l’opinion de ses pairs et on connaît la suite : schisme des royaumes de Juda et d’Israël. Les avis ne divergent pas toujours de façon aussi flagrante et l’âge n’est pas toujours la garantie de la sagesse.

 

volonte-de-Dieu-et-les-autrS’adresser à un responsable d’église, de groupe de jeunes, à un orateur… peut effectivement nous rendre attentifs à certains points, nous encourager et nous permettre de prier ensemble par rapport à une décision. Néanmoins, le choix demeure notre responsabilité. Et la personne, même si elle est en position de responsable, peut se tromper ou ne pas voir tous les éléments de la question. On se rappelle du dialogue de David et Nathan (2 S 7) à propos de l’arche de Dieu qui habitait sous la toile de tente. L’intention de David semble bonne, généreuse et son raisonnement cohérent. « Nathan répondit au roi : Va, fais tout ce que tu as dans le coeur, car l’Éternel est avec toi. Or, cette nuit-là, la parole de l’Éternel fut adressée à Nathan… » (voir vv.3 et 4) Dieu intervient. Le prophète Nathan a réagi en toute logique humaine mais ce n’était pas le « plan » de Dieu, ni sa façon de penser (voir vv. 6 et 7). Nous ne pouvons pas nous retrancher derrière l’avis du pasteur. Nous avons la responsabilité de réfléchir, de prier et de décider. Celui qui donne un conseil a aussi sa part et doit veiller à ne pas choisir pour l’autre.

 

 

Les conseils reçus spontanément

 

Nous sommes parfois abordés par l’un ou l’autre dans notre manière d’agir alors que nous n’avons rien demandé. Comment réagissons-nous ? Pas toujours facile de se laisser interpeller, y compris par des proches.

 

« Que fais-tu là pour ce peuple ? »

 

Suite à cette question de son beaupère Jéthro, Moïse s’explique et entend ensuite : « Ce que tu fais n’est pas bien. … Maintenant, écoute ma voix ; je vais te donner un conseil, et que Dieu soit avec toi ! » (Ex 18.17 et 19) Jéthro avait écouté Moïse et vu comment il s’organisait. Sa position lui permettait probablement un langage direct. Son avis est très pertinent et Moïse aura la sagesse et l’humilité de suivre son conseil. Avons-nous toujours l’humilité de reconnaître le bien-fondé de certaines suggestions de entourage ? Ou sommes-nous tout de suite sur la défensive avec des « Oui, mais… », « Tu ne comprends pas… », « Ce n’est pas si simple… ». Même si notre interlocuteur ne mesure pas toute la complexité de notre situation et même si sa proposition ne s’applique pas nécessairement telle quelle, ce peut être l’occasion de réfléchir ensemble à une meilleure solution.

 

« On m’a dit… »

 

« On m’a dit alors de te tuer… » confie David à Saül alors qu’il l’épargne dans une caverne (1 S 24). En effet, ses hommes lui avaient même dit : « Voici le jour où l’Éternel te dit : C’est moi qui livre ton ennemi entre tes mains … ». C’est plus qu’un conseil, c’est une sollicitation et une interprétation de la volonté de Dieu. David ne se laisse pas mettre la pression : ses valeurs sont suffisamment claires pour lui permettre de résister. « Je ne porterai pas la main sur mon seigneur, car il est le messie de l’Éternel. » (v.11) La crainte de Dieu ainsi que la connaissance que David a de Dieu l’aident à analyser la situation. Il reconnaît comme ses hommes que Dieu lui avait livré Saül entre ses mains, mais sa conclusion est différente. Autant nous avons besoin d’être sensibles aux propositions de notre entourage, autant nous devons conserver le discernement par rapport à elles.

 

Paradoxe

 

David cite le « vieux proverbe : c’est des méchants que vient la méchanceté » (1 S 24.14) et il se garde de la violence par rapport à Saül. Et pourtant, au chapitre suivant, il réagit impulsivement à l’affront de Nabal. Il s’apprête à le tuer ainsi que ses serviteurs. Heureusement, Abigaïl, « femme de bon sens » (1 S 25.3) saura l’arrêter par ses paroles et son attitude. Cet évènement relève l’humilité de David, prêt à se remettre en question, y compris devant ses hommes face aux conseils d’Abigaïl. Mais on constate aussi que même si David avait saisi un principe au chapitre 24, il avait besoin de l’intervention de quelqu’un pour le lui rappeler. Nous aussi, nous entendons parfois certaines recommandations ou valeurs que nous connaissons bien. « Je sais cela ! » pensons-nous. Mais ce conseil arrive peut-être comme une interpellation ou une mise en garde alors que nous nous laissons prendre par nos émotions ou une réaction rapide.

 

 

Écouter pour mieux décider

 

La vie est une succession de choix que les autres ne peuvent pas prendre à notre place. Il serait cependant dommage de nous priver de leur soutien, leur réflexion, leur apport. Remercions plutôt Dieu pour ceux qu’il met sur notre route pour nous accompagner.


M-C.F.

 


NOTES

 

1. Nous avons tous besoin de quelqu’un sur qui nous appuyer.