Je lis l’Ancien Testament…

 

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Je lis l’Ancien Testament :

 

Un peu ?

Régulièrement ?

Moins souvent que le Nouveau Testament ?

En entier ?

Surtout les Psaumes et les récits ?

 

Comment lisez-vous l’Ancien Testament (A.T.) ? Avez-vous vos livres favoris ? Est-ce facile de lire l’A.T. en entier ? Votre lecture a-t-elle évolué au fil des ans ? … Des interrogations pour tout un chacun, avec, probablement, une variété de réponses.

 

Par Marie-Christine Fave

M.C.Fave

 

 

Cet article aborde ces questions (et d’autres) avec la participation d’Aurélie TROTIN, de Romaric et Damaris LACROIX. Aurélie étudie tout en travaillant à côté. Elle fréquente l’Église Chrétienne Évangélique, rue Casimir Périer à Grenoble. Romar ic et Damar i s sont membres du CEP à Marseille. Romaric est chercheur-enseignant et Damaris sage-femme.

 

 

 

 

L’Ancien Testament (A.T.) moins lu que le Nouveau Testament (N.T.) ?

 

« Je lis plus le N.T. que l’A.T., m’expliquait récemment quelqu’un. L’A.T. est riche, mais ce n’est pas facile à lire : j’ai du mal à me concentrer, à voir un fil conducteur et à retirer quelque chose pour moi. » Cette personne n’est probablement pas la seule à réagir ainsi. Damaris constate aussi : « Je lis peu l’A.T., beaucoup moins que le N.T. J’ai plus de difficultés à trouver de la nourriture pour tous les jours et à voir une application dans certains passages de l’A.T. Alors, j’ai tendance à passer à autre chose. Ce n’est pas facile d’aller jusqu’au bout d’un livre pour en voir la globalité, d’autant plus que je ne me sens pas toujours capable de faire le lien avec le N.T. » Quant à Aurélie, elle lit deux fois plus le N.T. que l’A.T. Tout simplement parce qu’elle suit une grille de lecture préparée ainsi. Pour Romaric, lire l’A.T. : « ce n’est pas si difficile. Certains textes demandent un effort pour pouvoir les apprécier, reconnaît-il. La Bible : plus on l’étudie, plus on découvre des richesses. Et après l’avoir parcourue plusieurs fois, on arrive à se situer. »

 

 

Leurs livres favoris

 

« Les récits me parlent davantage », confie Damaris. Aurélie se sent elle aussi plus à l’aise avec les livres historiques : « On peut en extraire beaucoup d’enseignements. Ils nous montrent ce qu’est un homme de Dieu et ses réactions dans l’épreuve. Mais le Lévitique par exemple, il faut s’accrocher… ! Par ailleurs, j’aime beaucoup les Psaumes. C’est encourageant. C’est un autre style. Certains psaumes me permettent de me remettre en question. Ils posent également les bases de qui est Dieu, sa grandeur notamment. » En ce qui concerne les Psaumes, Romaric leur attribue une place à part parmi les livres bibliques : « Ils regroupent un tel panel de situations qu’on va pouvoir s’identifier au psalmiste et trouver des mots pour parler à Dieu. »

 

 

Des aides ?

 

« J’ai utilisé des guides de lecture il y a quelques années, souligne Damaris. J’ai ainsi découvert des livres bibliques que j’ai lus avec plaisir ». « Certains livres (style commentaires) m’ont aidé parce qu’ils apportaient une explication, ajoute Aurélie. En effet, quand on lit un texte sans le comprendre, on se lasse. Une fois qu’on en saisit le sens, on a envie d’aller plus loin. J’ai également suivi des formations bibliques qui ont eu le même impact : une meilleure compréhension, d’où un encouragement à la lecture. Cela m’a pris longtemps pour me lancer dans certains livres, mais j’étais motivée suite à la formation. »

 

Pour les passages qui lui semblent plus compliqués, comme les prophètes, Romaric adopte parfois une méthode pratique : il les lit à l’oral, il les déclame. « Cela permet de se rendre compte de la force du texte », assure-t-il.

 

 

Des pistes ?

 

« Avoir des pistes de lecture, savoir ce que peuvent m’apporter certains passages de l’A.T., cela facilite la lecture et nous amène à nous rendre curieux vis-à-vis du texte, affirme Romaric. Aller chercher Christ dans l’A.T. (par exemple les versets qui annoncent Christ dans Ésaïe), c’est fondamental. L’A.T. est richissime d’illustrations pour les réalités spirituelles décrites dans le N.T. Avec le N.T., on se rend compte du rôle de la Loi. Les textes de l’A.T. font partie de cette révélation progressive de Dieu : c’est plus difficile de trouver des applications pour notre quotidien, mais ils nous aident à découvrir le plan de Dieu. Dans la compréhension de ce plan, on ne peut pas s’affranchir de la lecture de l’A.T. On ne peut pas commencer aux évangiles. L’A.T. pourrait s’appeler : introduction au N.T. »

 

 

Une évolution ?

 

« J’arrive maintenant à mieux comprendre l’A.T., confie Aurélie. À force de parcourir les livres de l’A.T., notre cerveau devient aiguisé par rapport au contenu. On rentre plus aisément dans les passages, on saisit mieux le processus. »

 

Quant à Romaric, il se rappelle sa première Bible… en bandes dessinées. « Cette lecture m’a permis d’imprimer une chronologie de l’A.T. », explique-t-il. Il se souvient aussi de sa découverte du prophète Ésaïe : « J’étais avec un copain. On avait 14 ans. Ce n’était pas facile, mais on l’a lu à l’oral à deux. » Et le Romaric d’aujourd’hui, comment perçoitil l’évolution de son rapport à la Bible ? « Pendant longtemps, reconnaît-il, j’ai eu une lecture très intellectuelle de la Bible : je cherchais de la connaissance. Je creusais dès que je ne comprenais pas. Je me suis ensuite aperçu que c’est richissime d’avoir un moment de relation avec Dieu que ce soit dans l’A.T. ou le N.T. Laisser Dieu parler, l’écouter, passer un temps avec lui. Dieu me dit quelque chose pour maintenant, et ce n’est pas forcément intellectuel. »

 

À chacun son cheminement… Certains recherchent spontanément une application pour aujourd’hui, que l’A.T. ne fournit pas toujours ou pas nécessairement dans l’immédiateté. Avec le temps, leur approche devient plus fouillée. Ils apprennent à creuser un passage, à le situer dans un contexte et dans le plan général de la Révélation de Dieu, à confronter ce texte avec d’autres qui abordent le même sujet… Et ils sont finalement un peu plus à l’aise avec l’A.T. D’autres, avec un profil peut-être plus analytique, mêlent aisément étude et lecture de la Bible. Ils saisissent, à un moment ou un autre, l’importance de ce coeur à coeur avec Dieu dans ces temps de culte personnel. La connaissance seule ne pourra pas étancher leur soif de Dieu. Leur temps avec Dieu va alors regrouper naturellement étude, lecture et écoute de Dieu.

 

 

Conseils

 

Quels conseils donneraient-ils pour approcher l’A.T. ?

 

Aurélie : « Relire plusieurs fois l’A.T. »

 

Damaris : « Avoir une frise chronologique pour situer les personnages. Quel prophète est contemporain de tel personnage ou événement ? »

 

Romaric : « Avoir un petit plan de chaque livre biblique, avec le contexte et le ou les thèmes principaux abordés. Savoir aussi à quel niveau de la révélation biblique se trouve le livre. Cela donne des repères et permet de se situer. »

 

 

Richesse de l’A.T.

 

Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice. 1 Ainsi, l’A.T. sert notamment à notre édification en nous fournissant des exemples à imiter ou pas. En effet, en mentionnant certains épisodes de l’histoire d’Israël, l’apôtre Paul précise que cela « fut écrit pour nous avertir »2. Les applications de certains passages (récits, psaumes…) sont assez directes dans nos vies. Et la lecture s’en trouve facilité.

 

Cependant, l’A.T. dans son ensemble prépare le N.T. Il est d’ailleurs bien présent dans celui-ci. René PACHE souligne qu’on « a compté dans le N.T. au moins 295 citations ou références directes à l’A.T. de sorte qu’un verset sur 22 en provient »3. Quand le N.T. fait allusion à un événement, un personnage, une loi, aller chercher le ou les textes correspondant dans l’A.T. et les parcourir : cela donne un éclairage important, mais aussi nous amène à lire l’A.T. de manière toute rafraîchissante. L’envie de mieux comprendre nous pousse alors à lire des passages qui ne nous auraient peut-être pas interpelés dans un premier temps. Et comme le signalait précédemment Romaric : « La Bible : plus on l’étudie, plus on découvre ses richesses. » Et nous avons toute une vie pour cela. Alors, ne nous décourageons pas si nous ne saisissons pas d’emblée la portée d’un texte, mais prions.

 

M.C.F.

 

L’Ancien Testament a préparé ce que le Nouveau Testament a accompli. C’était la graine et la plante dont le Nouveau Testament fut le fruit glorieux. Gleason L. ARCHER, dans « Introduction à l’Ancien Testament »

 


 

NOTES

 

1. 2 Tm 3.16

 

2. 1 Co 10.11

 

3. Citation du livre de René Pache : L’inspiration et l’autorité de la Bible.