La schizophrénie chrétienne1
par Robert Somerville
Je n’emploie pas le mot schizophrénie dans le sens médical. Je ne veux en tout cas pas dire que les chrétiens sont des schizophrènes, des malades mentaux, atteints d’une grave psychose, caractérisée, nous dit le Petit Larousse par « la rupture de contact avec le monde extérieur ». L’incapacité de s’adapter au réel est un aspect de la schizophrénie. Mais il y a un autre aspect, celui d’une discordance, d’une désagrégation du psychisme conduisant à un comportement désordonné, à des pensées et des sentiments incohérents, sinon contradictoires. C’est cela qu’évoqué le terme de schizophrénie – du grec schizein, fendre, diviser et de phrèn, la pensée, l’esprit.
C’est à ce sens étymologique que je me réfère en parlant de schizophrénie chrétienne. Sans soupçonner le moins du monde une psychose chez les chrétiens, je crois pouvoir dire, d’après mon expérience personnelle, le regard que je porte sur moi-même et les autres, mais aussi d’après l’Ecriture Sainte, que les chrétiens en général, quoique à des degrés divers, connaissent une tension, parfois même un déchirement dans leurs sentiments et leurs pensées.
Editorial du n°3 Mai-juin 1991
Compassion
Par Jean-Pierre BORY
Nous vivons une ère de progrès dans tous les domaines : les femmes stériles enfantent, de son satellite l’homme embrasse la terre d’un coup d’oeil et en fait le tour en quelques heures, un PDG de son bureau de Londres, en cinq minutes vend à New York l’entreprise qu’il vient d’acheter à Tokyo.
Nous vivons aussi l’ère des plus grandes et insoutenables souffrances de l’histoire humaine. On a parié de la Roumanie, de l’Arménie et de la famine au Sahel (René Léonian et Georges Ertz nous disent l’aide rendue possible par votre générosité).