Grain à moudreI

 

Le péché contre le Saint-Esprit

 

 

par Eric WAECHTER

 Waechter

« C’est pourquoi je vous avertis : tout péché, tout blasphème sera pardonné aux hommes mais pas le blasphème contre le Saint-Esprit » (Mt 12.31, la Bible du Semeur).

 

 

Selon certains, le croyant peut commettre ce péché et ne plus recevoir le pardon de Dieu « ni dans la vie présente, ni dans le monde à venir. » (v.32) La Bible le dit ; c’est écrit ! En est-il vraiment ainsi ? Pris hors de son contexte, ce verset a de quoi inquiéter, mais à la lecture des versets qui précèdent, les paroles de Jésus ont une autre visée, bien éloignée de notre préambule. C’est à partir du texte de l’Evangile de Matthieu que nous allons mener notre réflexion.

 

Un premier indice devrait retenir notre attention. Les paroles de Jésus sont introduites par l’expression « c’est pourquoi », ce qui signifie que notre verset clôt un développement commencé bien plus haut dans le texte. De quoi Jésus parlait-il ? Pour répondre à la question, il nous faut au moins considérer l’ensemble des versets 22 à 32 du chapitre 12.

 

On amène à Jésus un homme aveugle et muet parce qu’il est sous l’emprise d’un démon. Jésus délivre l’homme de son mal. La foule est émerveillée par le miracle et reconnaît Jésus comme le fils de David. Arrivent les pharisiens. Pour la quatrième fois1. depuis le début de l’Evangile de Matthieu, ils cherchent à « coincer » Jésus et ses disciples. Pour la seconde fois, ils affirment que c’est par le pouvoir du diable que Jésus chasse les démons2.

 

Après avoir démontré l’illogisme de leurs propos3, Jésus répond que c’est par l’Esprit de Dieu qu’il délivre le possédé de son démon, et cette délivrance est un signe sensible de la venue du royaume de Dieu. Le Saint-Esprit déploie sa puissance (les miracles et les exorcismes) pour convaincre les hommes que Jésus est le Roi (v .23 et 28).

 

Le problème des pharisiens, c’est qu’ils refusent obstinément, malgré la démonstration éclatante de la délivrance de cet homme, de voir en Jésus le Roi divin. Pire encore, ils attribuent au diable l’oeuvre que Dieu réalise en Jésus par le Saint-Esprit. Cette insulte contre l’honneur de Dieu a un nom : blasphème.

 

De nos jours, celui qui refuse obstinément de se laisser convaincre par le Saint-Esprit de l’impérieuse nécessité de la repentance et de la conversion, court le risque de commettre le péché contre le Saint-Esprit. Celui qui, jusqu’à son dernier souffle, refuse le salut offert par Jésus, commet ce péché qui ne peut être pardonné puisqu’il est en lui-même le refus de la grâce.

 

E.W.


NOTES

 

1.  Mt 9.1ss, 32ss, 12.2ss et 12.10ss.

 

2.  La première accusation se trouve en Mt 9.34ss.

 

3.  v. 25 : Comment un royaume peut-il subsister si son maître, Satan, se met à chasser Satan ? Et que dire du pouvoir par lequel les disciples des pharisiens chassaient les démons ? Les pharisiens se condamnent eux-mêmes par leurs propos.