Comment favoriser les relations fraternelles dans l’Eglise ?

 

 poignee-main

 

par Marcel REUTENAUER

 Reutenauer

 

 

« Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. » (Ac 2.42)

 

 

 

En introduction à cet article il est important de noter que la « communion fraternelle » dont parle la Bible est une unité spirituelle profonde entre les enfants de Dieu qui, en même temps, se traduit par la solidarité pratique sur les plans affectifs et matériels. C’est le Saint-Esprit qui l’établit. .. mais il faut y persévérer. Il est donc légitime que l’on veille à la favoriser dans les divers aspects de la vie de l’Eglise.

 

Se connaître les uns les autres est fondamental pour concrétiser l’amour mutuel que Dieu a établi entre nous… sans ignorer que, même là où nous sommes de sensibilités différentes, la règle d’amour et d’accueil s’impose à nous au nom de Jésus-Christ notre Sauveur qui nous a aimés le premier. En effet, l’amour dépasse l’amitié ! Nous avons voulu recenser, par un « sondage express »1, les actions par lesquelles nos Assemblées cherchent à favoriser le développement d’une communion plus profonde entre les chrétiens2, membres ou non, qui fréquentent l’Eglise3. Et ceci, lors des cultes bien sûr, mais aussi durant le reste de la semaine.

 

 

Le culte : lieu central de la communion fraternelle

 

La réunion des croyants, le premier jour de la semaine, pour rendre ensemble le culte à Dieu, est le moment privilégié de l’unité du corps de Christ. Cette rencontre s’articule d’ailleurs d’une manière évidente autour des quatre piliers de la vie chrétienne que sont l’annonce de la Parole, la cène, la prière, sous-tendus par la communion fraternelle (Ac 2.42).

 

Dans ce cadre, le moment de prière libre, les cantiques proposés par l’assemblée, un témoignage ou une exhortation donnés – lorsque c’est possible – en rapport avec la prédication, etc. sont des occasions de renforcer l’unité spirituelle.

 

D’une manière générale, un mot d’accueil ouvre le culte et les visiteurs sont plus particulièrement accueillis au nom du Seigneur. Plusieurs Eglises, où le nombre de personnes est important, prennent quelquefois un moment où les uns et les autres se saluent mutuellement parce que cela ne peut pas toujours se faire avant le culte.

 

La plupart des assemblées ont aussi un temps de « partage » où chacun peut librement témoigner d’un vécu particulier, faire part de nouvelles ou présenter une requête de prière. De même, on intercède pour les malades et les personnes empêchées de participer au culte. Parfois on mentionne aussi les anniversaires de la semaine.

 

Ici ou là, le fait que ce sont des groupes de maison qui préparent le culte contribue à une implication plus effective de chacun.

 

La disposition de la salle est réfléchie par certains pour matérialiser encore mieux le fait d’être ensemble.

 

Tout le monde sait aussi qu’avant le culte, au fur et à mesure de l’arrivée des uns et des autres, il s’exprime beaucoup de joie dans les retrouvailles et l’on échange mainte nouvelle ! Certaines assemblées ont une réunion de prière, d’autres ont mis en place un groupe « Accueil » ou organisent même un petit-déjeuner de temps en temps !

 

A la fin du culte, les échanges fraternels se continuent spontanément et l’on a envie de rester encore ensemble. Beaucoup d’Eglises organisent des agapes4 ou un « verre de l’amitié » lors d’occasions spéciales (anniversaires, baptême, départ, etc.) … tous les pré­textes sont bons !

 

Ici ou là, on reste ensemble tout l’après-midi pour chanter, se promener, faire du sport…

 

Parce qu’elles réunissent toute l’Eglise, nous évoquerons également ici, les Assemblées Générales statutaires et les réunions de membres non statutaires qui sont indispensables à la vie d’Eglise. Elles sont très concrètement le lieu où la « koinonia » se vit dans son sens d’implication pratique les uns envers les autres. En effet on y parle projets, budget, services, etc., et l’engagement de chacun, selon ses dons pratiques et spirituels, est indispensable.

 

 

La semaine : garder le contact

 

C’est un florilège d’activités qui s’offrent aux chrétiens durant la semaine et qui sont autant de moments où la communion fraternelle peut s’approfondir encore. Aviez-vous conscience que même le nettoyage de la salle ou des travaux d’entretien des locaux permettent la communion fraternelle sous le regard du Seigneur et à son service ?

 

Bien sûr, l’étude biblique et la réunion de prière, qui se tiennent à l’église ou dans les groupes de maison, restent les grands classiques. Mais de nombreux groupes d’activités diverses, de la cho­rale au groupe de jeunes, ou du groupe de femmes à l’équipe d’évangélisation en passant par la rencontre des mamans et celle des personnes âgées, constituent des occasions de parler de la Bible, de partager de sa vie de piété, de prier…

 

Il est à noter que téléphone, courrier électronique et… sms contribuent aussi au lien mutuel si l’on n’est pas en mesure de se rencontrer. Cela permet de s’informer de la santé d’un malade, de partager et même de prier !

 

Enfin, on peut s’inviter mutuellement pour partager un repas ! Pour ne pas en rester à leur cercle d’amis rapprochés, certains pratiquent le « 3 par 3 »5 ou le « 4 par 4 » !

 

 

Encore et toujours : cultiver l’unité

 

Si les fêtes sont le ciment du peuple6 il est tout indiqué de profiter des opportunités multiples pour vivre aussi des moments plus exceptionnels en Eglise.

 

Plusieurs Eglises ont l’habitude d’organiser un week-end « de rentrée » à l’automne. Occasion de s’unir sur les projets d’Eglise, d’organiser, d’harmoniser. .. pour se préparer à agir ensemble dans l’unité.

 

Noël, Nouvel An et autres fêtes traditionnelles peuvent aussi trouver un sens nouveau en les vivant ensemble avec les frères et sœurs dans le Seigneur.

 

Le temps d’été ou les autres périodes de vacances offrent la possibilité d’organiser une balade, une excursion… ou même un camp d’Eglise !

 

M.R.

 

 

« Personnellement, c’est la communion fraternelle authentique qui m’a aidé à m’intégrer dans la société française. Arrivé en France sans parler la langue et sans connaître la culture, il m’était très difficile de commencer ma nouvelle vie dans un pays inconnu. Heureusement, dans une toute petite Eglise, quelques membres m’ont appris le français, m’ont aidé à faire toutes les démarches pour trouver du travail, un logement, etc. Cette communion fraternelle, pratique et spirituelle en même temps, m’a beaucoup marqué et je ne l’oublierai jamais ! »

 

Vanh KHEUANSESOMBATH

 

 


NOTES

 

1.  39 responsables d’Eglises ont répondu à ce « sondage-express » sur la question des relations fraternelles. Que chacun soit ici remercié pour sa collaboration.

 

2.  On ne peut évidemment parler de « communion » qu’entre des chrétiens ! Bien que l’accueil et la convivialité aient aussi leur importance pour le témoignage envers les non-croyants, le propos de cet article ne l’abordera pas.

 

3.  II faudrait bien sûr parler aussi de la communion et des relations inter-Eglises. La place manque pour l’aborder ici.

 

4.  Le rythme en est variable, de 4 fois par an à une fréquence mensuelle. Quelquefois c’est à l’occasion de la visite d’un missionnaire ou d’un prédicateur extérieur.

 

5.  II s’agit d’une formule où les convives inscrits sont regroupés aléatoirement par 3 ou 4 couples et où chacun apporte une partie du repas. Chaque trimestre les regroupements sont différents.

 

6.  Voir l’article « Les fêtes de l’Ancien Testament : un ciment du peuple » en page 28.