Nouvelles d’ailleurs : Visite en Martinique

 

fleurs

 

par Jean-Pierre et Hélène BORY

 

 

 

A peine étions-nous entrés dans une petite chapelle où étaient réunis une bonne cinquantaine de chrétiens de tous âges, que tous se levèrent en chantant et en battant des mains en cadence : « Nous t’accueillons frère, Soyez les bienvenus… Souriez ! Sourions-nous tous les uns aux autres ». « C’est ainsi que nous avons l’habitude d’accueillir les visiteurs dans notre Eglise ! » ajouta la sœur qui avait conduit le chant. Et dans chacune des Eglises que nous avons eu le privilège de visiter dans la deuxième quinzaine de janvier, Hélène et moi, c’est la chaleur de l’accueil qui nous a frappés tout d’abord. Rien d’exalté ni d’artificiel, mais la simple joie de recevoir un frère et une sœur d’ailleurs.

 

Une grande famille

 

29 assemblées, réunies en une seule association cultuelle qui a pour nom la « Mission Chrétienne Evangélique de la Martinique », la MCEM. Son conseil d’administration connaît toutes les Eglises, leurs besoins, leurs projets : c’est bien naturel, car ses membres sont tous « 1er anciens » (ou « pasteurs ») d’une assemblée de l’île.

 

 

Une Eglise bien organisée et majeure

 

Chaque Assemblée de la MCEM a son « 1er ancien », plus un autre ancien (ou deux, selon la taille de l’Eglise), et très souvent un ancien « assistant » et un ancien « stagiaire ». Sans compter les comptable et secrétaire, souvent des sœurs. Les assemblées sont réparties en 4 secteurs : sur chacun d’eux veille un « 1er ancien » de l’une des Eglises. La MCEM ne reçoit aucune assistance de métropole ou d’ailleurs, ni financière, ni en personnel missionnaire. Le président actuel, Emmanuel VILDEUIL, les membres du conseil ainsi que les anciens ont des mandats limités dans le temps.

 

 

Une Eglise qui accueille

 

C’est un des secrets de la croissance des assemblées de la Martinique. Un ancien m’a dit : « Quand une personne entre pour la première fois dans une Eglise, ce sont les 5 premières minutes qui comptent. Qu’elle soit chrétienne (une dame qui emménage dans la localité par exemple) ou non chrétienne, si elle se sent bien accueillie, bienvenue, bien introduite dans le groupe, elle reviendra. Dans le cas contraire, on ne la reverra pas ».

 

Nous avons largement bénéficié de cet accueil. Lorsque je n’avais pas d’intervention dans une Eglise le matin ou l’après-midi, on prenait soin de nous. Des frères se sont relayés pour nous faire visiter la Martinique, d’une rive à l’autre : ses routes pittoresques dans les montagnes aux flancs couverts de forêt tropicale, ses vallons verdoyants de plantations, une maison de planteur, et partout des fleurs, des orchidées, des couleurs…

 

 

Une Eglise qui forme ses responsables

 

La formation de ceux qui veulent s’impliquer dans l’Eglise est une priorité. Les responsables font ce qu’il faut pour cela. Une Ecole de Formation Biblique fonctionne au Lamentin, dans la banlieue sud de Fort-de-France, la « capitale » de l’île : un programme de 5 ans à raison d’un soir par semaine, pour parcourir la Bible, les méthodes d’enseignement, l’histoire de l’Eglise, la doctrine… Une pépinière de futurs anciens, responsables d’école du dimanche, de groupes de jeunes… Ce sont en fait les futures «colonnes» de l’Eglise. L’Ecole forme une quarantaine d’étudiants cette année (plus d’un par Eglise !).

 

 

Une vision de foi et une stratégie réfléchie

 

En ce moment, le conseil de la MCEM mène de front la construction de trois chapelles de diverses tailles : à Vert-Pré, un groupe de 35 personnes se réunit depuis quelques temps ; une chapelle de 150 places est presque achevée : « Nous pensons que dans 3 ans elle sera pleine ». Au Gros-Morne, le groupe est un peu plus nombreux et la population plus dense : une chapelle de 300 places est déjà sous toit… Des campagnes d’évangélisation sont au programme. L’Evangile est annoncé 24h/24 par une radio évangélique locale.

 

 

Une Eglise qui prie

 

Le premier dimanche de notre séjour, l’Eglise avait prévu une journée de prière et de jeûne. D’abord le culte le matin : 15 minutes de louange animée par un groupe avec guitares, pianos, flûtes, batterie. Puis un moment de louange et de prières libres : les prières fusent de tous côtés, courtes, très personnelles, des jeunes, des dames âgées… Le président doit en limiter le nombre. Les chants s’entendent certainement au loin car les 350 voix dominent largement les instruments de musique ! Après les annonces, la cène, le message (un culte très classique !).

 

Une courte pause permet de joyeuses salutations mutuelles. Ceux qui ont des obligations de famille se retirent. Il reste une bonne centaine de personnes pour l’après-midi : on prie pour des sujets de prière précis. Là encore, le président doit limiter les prières pour chaque sujet ! Et il n’y a pas d’attente ! On a l’impression que c’est un privilège de pouvoir intercéder et non un devoir. C’était aussi la journée où, dans chaque Eglise, les candidats au baptême rendaient témoignage. A Moutte, ils étaient 7.

 

Chacun raconta comment il avait trouvé le Seigneur ou ses difficultés pour prendre la décision de se faire baptiser. Une personne de l’assemblée donnait un mot personnel d’encouragement ou d’exhortation pour le candidat. Une autre proposait un chant choisi spécialement pour lui et nous chantions tous ensemble pour le candidat. Enfin 3 personnes priaient pour lui. Un bon quart d’heure pour chaque candidat… Mais nous n’avons pas vu passer la journée.

 

 

Une Eglise qui témoigne

 

Le dimanche suivant, des membres de presque toutes les Eglises étaient à Anse Figuier, au bord de la mer. Il faisait chaud derrière la cravate et le veston de rigueur sous le chapiteau édifié pour la circonstance ! La toile n’abritait qu’une petite partie de l’assistance, les 60 candidats au baptême et la dizaine de musiciens. Mais une bonne sono à l’ombre de grands arbres permettait aux centaines de chrétiens de participer à toute la cérémonie. Nous avons vu plusieurs touristes écouter du début à la fin avec attention, et observer les baptêmes depuis la plage.

 

 

Une Eglise solidaire

 

4-mainsChaque Eglise verse son offrande dominicale sur le compte de la MCEM (moins 15% pour ses besoins locaux). Le conseil de la MCEM gère ces fonds pour l’ensemble des Eglises selon leurs besoins. Il finance les constructions des chapelles. Il salarie une comptable et une secrétaire pour l’association cultuelle ainsi que 4 des « 1ers anciens ». Les autres exercent leur ministère à côté d’un travail séculier ou sont des retraités.

 

 

 

 

 

Une foi en action

 

Lors de notre passage à la chapelle du François, toutes les salles étaient occupées, nous n’avons pas pu les visiter (c’était un samedi après-midi). Dans la grande salle (250 places), deux séances de groupes de jeunes se succédaient dans l’après-midi. Toutes les autres salles annexes étaient prises par des groupes d’enfants, de préados et ados.

 

A l’extérieur, sur l’un des escaliers, accoudés à la barrière, deux hommes attendaient, une Bible et des cahiers sous le bras. C’était deux Anciens de l’Eglise. Je croyais qu’ils allaient prendre un groupe en charge : « Non, nous sommes là, disponibles au cas où un ou deux jeunes se convertiraient ! pour les accueillir et les conseiller ». Nous avons reçu et appris de nos frères martiniquais bien davantage que ce que nous avons pu leur apporter.

 

J-P.B.