La Pâque chrétienne

 

La justification acquise à la croix

 

 

Par Leo MUTZER

 

 

Qui est ce Sauveur qui meurt comme un brigand sur une croix ? Cette mort atroce de Jésus-Christ n’est-elle pas un aveu d’impuissance et d’échec ?


Comment croire en un Sauveur du monde, en se le représentant humilié et mourant sur une croix ? Comment affirmer l’acquisition d’une justification par la croix ?

 

 

 

En introduisant le célèbre passage d’Esaïe 53, le prophète parle du bras de l’Eternel, symbole de puissance, de force et de règne. Mais ce bras puissant se révèle à travers le Serviteur humble, souffrant et persévérant. En effet, sur la croix, Jésus a triomphé dans la faiblesse. Il a remporté la plus grande victoire à travers la plus grande défaite.

 

Sur cette croix, exposé à la pire des humiliations, Jésus-Christ nous a ouvert le chemin de la justification. Méditons quelques instants sur le triomphe de la croix, berceau et fondement de notre justification.

 

 

Souffrant, Jésus porte le péché du monde entier

 

La souffrance est une expression de faiblesse. Dans la souffrance nous sommes exposés au mal sans pouvoir le vaincre, ni le faire disparaître, ni l’ôter. Nous le subissons. Jésus a souffert et agonisé sur la croix. Ses souffrances physiques étaient atroces. Il a été livré aux hommes qui l’ont maltraité, conspué et cloué sur cette croix. Mais au-delà de ses souffrances physiques, Jésus a souffert d’un mal encore plus douloureux. Lui qui n’a jamais connu le péché, a pris sur lui le péché du monde entier. Jésus-Christ, le Fils de Dieu, celui qui est pur et saint, a accepté d’être considéré par Dieu comme pécheur, et il a subi la condamnation de Dieu. Jésus, le Fils unique de Dieu, s’est chargé de nos fautes.

 

Cependant, la souffrance de Jésus n’a été ni vaine ni inutile. Il a triomphé en endossant le péché. Ce qu’aucun homme dans l’histoire ne pouvait faire, Jésus l’a fait. En devenant lui-même victime expiatoire, il a vaincu le mal sous toutes ses formes. Ainsi Jésus offre le salut par procuration ; Dieu n’était pas devenu aveugle, mais il a montré son amour et sa vérité.

 

Sur cette croix, Jésus a pris mon péché sur lui afin que je n’aie plus à le porter, à le traîner et à en subir les conséquences éternelles. Il m’a libéré de ma réelle culpabilité et de la condamnation. Suis-je conscient de ce que Jésus a fait pour moi ?

 

 

Condamné, Jésus ouvre la voie de la grâce

 

La condamnation est l’expression d’une punition pour un mal commis. Jésus a été considéré comme un criminel. Sur la croix, il a subi la condamnation la plus sévère. Pourtant Jésus n’a jamais fait de mal. Aucune pensée injuste n’a dominé son cœur. Aucune parole malveillante n’est sortie de sa bouche. Aucun geste mauvais n’a été accompli par sa main. Jésus s’est trouvé sur cette croix injustement. Toute grâce lui a été refusée. Pourtant, ce n’est pas au nom de la grâce, mais au nom de la justice qu’il aurait dû être libéré.

 

eauMais tandis que la justice et la grâce lui étaient refusées par les hommes et par Dieu lui-même, il a ouvert la voie de la grâce pour les autres. Volontairement et librement, il a subi injustement notre juste sort. A nouveau, Jésus a triomphé dans la faiblesse. Parce que Dieu ne lui a point fait grâce, il peut maintenant faire grâce aux hommes à travers l’œuvre qu’il a accomplie. Cette grâce, c’est la réconciliation avec Dieu et la paix qui en découle. Cette réconciliation nous permet une nouvelle relation avec Dieu. Nous pouvons l’appeler désormais notre Père et vivre dans la foi et la confiance en Lui.

 

A la croix Jésus m’ouvre la voie de la grâce. Suis-je conscient de ce que Jésus a fait pour moi ?

 

 

Abandonné, Jésus rachète un peuple nouveau

 

La solitude est l’expression d’un certain rejet. Jésus est mort dans la plus grande solitude. Certes, une foule assistait à son agonie. Mais au milieu d’elle, Jésus était seul et livré à lui-même. Les gens qui auparavant [‘écoutaient avec attention et qui bénéficiaient même de son ministère, avaient réclamé sa mort, ses disciples l’avaient tous abandonné, Pierre l’avait même renié. Comme Esaïe l’annonçait, il a été méprisé et abandonné par les hommes.

 

Mais au-delà des hommes, Dieu lui-même l’a également abandonné. Dans sa douleur il a crié : Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? On dit que Luther, après avoir médité cette phrase pendant quatre heures, se leva de sa chaise et dit : « Dieu abandonné par Dieu, qui peut comprendre cela ? » Quel mystère d’amour et de grâce !

 

Cependant, abandonné et rejeté de tous, Jésus a triomphé d’une humanité perdue pour constituer un peuple nouveau. Ce peuple nouveau est composé de tous ceux qui s’approchent de lui dans la foi et la repentance. Il s’agit de ceux qui discernent son œuvre accomplie sur la croix et en bénéficient. Dans ce sombre moment, un homme, un brigand lui aussi crucifié, s’est tourné vers lui dans cette attitude de repentir.

 

Nous le citons souvent comme l’exemple de la conversion de la dernière heure, mais il représente plutôt la conversion de la première heure, comme le disait Spurgeon dans une prédication. En effet, il est le premier à avoir vraiment compris l’œuvre de Jésus-Christ et à avoir cru en Lui. Il est le premier membre du peuple de Dieu.

 

Grâce à cette croix, je peux venir à Dieu pour devenir un enfant de Dieu. Jésus m’introduit dans sa famille. Il me permet de devenir à mon tour un membre de ce nouveau peuple de Dieu.

 

Suis-je conscient de ce que Jésus a fait pour moi ?

 

 

Mourant, Il opère la libération

 

Notre péché ne pouvait avoir pour aboutissement que la mort. Elle est la plus grande humiliation des hommes. Le livre de la Genèse nous enseigne que nous sommes devenus des êtres mortels à cause du péché. La mort est donc l’ultime manifestation de notre dépendance, de notre esclavage du péché. Jésus, qui a opéré tant de miracles, qui a même ramené des morts à la vie, a connu l’expérience tragique de la mort. Jésus a accepté de mourir. Il est allé jusqu’au bout dans son amour pour les hommes.

 

En mourant en tant que Fils de Dieu, il a remporté la victoire définitive sur le mal. En subissant le mal, Jésus a vaincu le mal. Il a remporté la victoire sur Satan, le péché et la mort. Désormais tout homme qui s’approche de Jésus par la foi peut bénéficier du sacrifice libérateur de Jésus et faire l’expérience de cette délivrance qui s’étend jusqu’à la vie éternelle.

 

En mourant sur cette croix, Jésus se présente à moi comme mon Libérateur. Il m’invite à marcher sur le chemin de la liberté qu’il a tracé. Il m’invite à devenir son disciple et à devenir libre comme lui.

 

Suis-je conscient de ce que Jésus a fait pour moi ?

 

A la croix, en perdant tout, Jésus triomphe de tout. Dans la défaite, il remporte la plus grande des victoires. Dans l’humiliation la plus extrême se révèle l’élévation la plus grande. Pâques est le fondement de notre salut et de notre espérance. Jésus n’est pas mort en idéaliste mais en réaliste. Sur la croix, en souffrant l’agonie et la défaite, Jésus a ouvert le chemin vers Dieu.

 

Réjouissons-nous de ce que Jésus a accompli sur la croix. Méditons et réfléchissons sur sa victoire dans sa défaite. Cherchons également à comprendre ce que cela signifie pour nous. Comprenons-nous vraiment ce que Jésus-Christ a subi et réalisé sur la croix ? Jouissons-nous pleinement de la justification qu’il nous a acquise, et vivons-nous en tant que disciples et membres de son peuple ?

 

L. M.