20 ans et l’Eglise

 dialogue1

par Marie-Christine FAVE

 

 

A 20 ans environ 4 jeunes sur 10 en France poursuivent des études. Et pour certains, cela implique une « double vie » : la semaine dans la ville d’études, et un retour chez les parents le week-end. Les années passent, l’étudiant commence souvent à rester le week-end dans la ville d’études, et donc oscille entre deux églises.

 

 

Les copains ça compte

 

dialogue1– Mickaël, comment vis-tu le fait d’être à cheval sur deux Eglises ?

 

– Au début, je l’ai mal vécu parce que les deux Eglises avaient des positions différentes (l’une est une Assemblée de Dieu, l’autre une C.A.E.F.). Ça m’a permis de m’accrocher à la Bible plus qu’à ce que disent les gens.

 

dialogue1– Et maintenant ?

 

– Je commence à choisir une Eglise. Au niveau des amis, ni les uns, ni les autres, on ne les voit assez. Il ne faut pas être sans Eglise fixe.

 

– C’est dur de s’intégrer s’il n’y a pas d’autres jeunes, soulève Stéphanie, et à l’adolescence, tu as besoin d’exemples de ta génération. De son côté, Pauline précise qu’au culte dans son Eglise (et peut-être dans bien d’autres …), il y a le coin jeunes, on se met au même endroit, on veut être en groupe. Et Pauline de se rappeler son adolescence avant de se tourner vers le Seigneur : Je venais pour mes copines, mais j’avais quand même envie d’écouter.

 

 

L’Eglise, une famille élargie

  

groupe– Je me sens bien parce que les gens de l’Eglise, je les connais, je les vois en dehors, précise Esther. On se sent plus intégrée dans l’Eglise quand on connaît et qu’on est connu et aussi quand on fait quelque chose.

 

– J’aime profiter des deux Eglises à la fois, (explique Béranger qui se partage également pour des raisons d’études entre deux Eglises (l’une rattachée à France Mission, l’autre aux C.A.E.F.). Mais je reconnais que c’est mieux de se décider pour une Eglise. Je me sens un peu mal à l’aise dans cette situation. On ne peut s’investir à fond ni dans l’une, ni dans l’autre.

 

– Dans la semaine, remarque Jessica, tu vois tes amis. Au culte, tu vois la famille au sens large. Ça permet défaire un lien entre les générations.

 

Béranger, quant à lui, constate un fossé entre les jeunes et les moins jeunes. Il observe cette distance davantage dans l’une des deux Eglises qu’il fréquente. Question de taille d’Eglise ?

 

– Non, pense-t-il : ça dépend plutôt des participants. Quand dans l’Eglise il y a moins déjeunes, j’ai plus de contacts avec des personnes vers lesquelles je n’irais pas spontanément.

 

J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de jeunes qui font le tour des Eglises. Ça leur permet de trouver une Eglise qui n’est pas forcément celle des parents. Mais c’est la leur… même si c’est la même que celle de leurs parents !

 

 

L’Eglise, pas toujours facile à vivre…

 

De son côté, Jessica soulève la question du « conflit de générations »:

 

– C’est un conflit normal, qu’on a aussi dans la société. Ici, le conflit a surtout été au niveau de la musique. Mais on est arrivé à une entente. On a fabriqué un recueil avec un conseil multi-générations.

  

 

dialogue1– Et comment as-tu vécu ces moments ?

  

– Pas évident. On se plaint souvent de ne pas avoir les chants qu’on veut. Je me suis mise à la place d’une personne qui a passé des années là. Je suis plus tolérante maintenant. Ça m’a fait réaliser la communion tous âges confondus.

 

Avec l’engagement par rapport au Seigneur, viennent aussi des priorités :

 

 

L’Eglise, pour rencontrer Dieu

 

– Ça m’arrive d’aller au culte pour rencontrer des amis, explique cet étudiant, mais en général je vais au culte pour rencontrer Dieu plus particulièrement. C’est un moment vraiment spécial : c’est plus facile de s’approcher de Dieu que lorsque l’on est tout seul.

  

– Le culte, souligne Bélinda, c’est un encouragement pour la semaine, un soutien dans la prière, même si on n’ose pas prier au culte. Ça fait peur parce qu’on entend de belles paroles dans les prières des personnes plus âgées, et on a l’impression que si on dit les choses simplement, ça ne fait pas sérieux.

 

 

L’Eglise, un point de repère

 

– Le culte, ajoute Bélinda, est un point de repère pour tout le monde.

 

– Dans une Eglise, on s’édifie les uns les autres, on s’enrichit les uns par les autres. Un ado a besoin de voir des modèles. Il a besoin d’encouragements, rappelle David, jeune responsable du groupe d’adolescents de son Eglise. Un ado a des hauts et des bas. Faisons avec. Un jour, il est tout feu, tout flamme, et le lendemain… Apprenons à le connaître ; c’est mon prochain.

 

C’est important d’avoir une responsabilité (sono, musique, rétroprojecteur…), explique Bélinda.

 

– C’est vraiment bien, confirme Julie. Ça pousse à faire une étude soi-même. Et du fait d’un certain stress, on va davantage écouter ce que disent les autres. J’ai plus d’attention.

 

Ces remarques, tirées de quelques entretiens, n’ont pas la prétention d’être nécessairement représentatives de tout ce que pensent les « 20 ans ». Je me demande seulement si je sais être une amie, une confidente, un modèle, un encouragement pour les plus jeunes que moi…

 

M.-C. F.

 

 

Une idée

 

 

Je voudrais à titre de simple partage, mentionner les cultes animés par les jeunes (à majorité étudiants) qui ont lieu environ 3 fois par an à l’Eglise rue Germain à Grenoble.

 

 

Un thème est développé tout au long du culte sous diverses formes : chants, témoignages, exhortations, citations, éventuellement mises en scène… Les participants (une bonne quinzaine) présentent tour à tour un aspect du thème en quelques minutes. On coordonne le tout de sorte à éviter les redites et à veiller à une bonne continuité. L’assemblée a sous les yeux le déroulement du culte.

  

Ces cultes et leurs préparations ont permis de réfléchir, d’étudier la Parole, éventuellement de se remettre en question sur un point, et parfois de vivre ensemble un temps fort. C’est aussi pour certains l’occasion, pour la première fois, de prendre la parole à l’Eglise, de présenter la Sainte Cène, de présider un culte, et certains dons en herbe peuvent se voir…

  

– Ça change, c’est une bouffée d’air frais, assure un ancien. C’est une bonne occasion pour les jeunes de s’approprier le culte. C’est aussi un bon moment pour inviter des amis non chrétiens parce que c’est très accessible par la fraîcheur qui s’en dégage.

 

 M.-C. F.