Relations Eglises / Missions Interdénominationelles

 

 

Aujourd’hui au sein de nos Eglises, nous pouvons dire qu’en gros 3 types d’organisations missionnaires sont représentées :

 

 

 

1. Les Missions qui sont rattachées à une union d’Eglises (ASMAF rattachée aux CAEF, Action Missionnaire rattachée aux ADD, MEB rattaché à la FEEB, …) et chacune a un système de fonctionnement qui lui est propre.

 

2. Les Missions dites Missions interdénominationelles (SIM, WEC, AIM, …). Ces Missions entretiennent des relations et travaillent avec des Eglises d’origines différentes ayant une vision et une confession de foi compatible avec la leur. Ces Missions ne sont rattachées à aucune dénomination particulière.

 

3. Les Missions qui ne se déclarent pas comme agences missionnaires mais qui le sont néanmoins. Le plus souvent ces «Missions » ou «Associations» ont vu le jour sous l’impulsion d’une personne ou d’un petit groupe de personnes ayant une vision, des contacts avec «quelqu’un quelque part dans le monde» ou le désir de répondre à certains besoins spécifiques. Le plus souvent ces actions naissent en marge de l’Eglise locale ou d’union d’Eglises. Elles peuvent néanmoins être soutenues par telle ou telle Eglise en fonction des relations qui existent entre un membre de l’association et l’Eglise.

 

     L’articulation Eglise/Mission a malheureusement été conflictuelle, pendant de nombreuses années, et surtout avec les missions interdénominationelles.

     Aujourd’hui ces relations qui peuvent prendre des formes très différentes dépendent de plusieurs facteurs :

La vision missionnaire de l’Eglise:

Un bon nombre de nos Eglises ont malheureusement une vision restreinte de leur vocation au point de dire cette phrase : «qu’allez-vous faire en Afrique alors qu’il y a tellement de travail en France !» Mais il y a aussi des Eglises qui sont très axées «Mission» et qui mettent tout en oeuvre pour encourager et développer les vocations missionnaires de leurs membres allant même jusqu’à créer leur propres organisations.

 

 

Le concept missionnaire de l’Eglise:

Les concepts missionnaires développés dans nos églises sont également à prendre en compte. En effet, certaines Eglises, en particulier celles qui sont rattachées à une dénomination, ont du mal à concevoir que leurs membres puissent partir avec une autre mission que la leur. Le responsable d’une dénomination est allé jusqu’à dire que toute personne de leur union d’Eglises qui s’engagerait avec une autre mission ne pouvait être bénie !

     C’est probablement et je l’espère, un cas extrême mais cela existe ! Vous comprenez aisément qu’entre les Eglises qui ont une telle conception missionnaire et les Missions interdénominationelles les relations sont, au mieux distantes, pas les bienvenues, et même au pire inexistantes !

 

 

L’histoire de l’Eglise:

      L’histoire de chaque Eglise a également un rôle non négligeable dans les orientations missionnaires qui sont prises. En effet, nous savons qu’un certain nombre d’Eglises a été implanté par des Missions souvent d’origine étrangère. Plusieurs attitudes découlent de ce fait : soit l’Eglise décide de se rattacher à la Mission mère, soit elle s’en détache complètement, pour se rattacher à une ou plusieurs autres missions interdénominationelles, changer de dénomination afin de ne plus avoir de relation avec la «Mission mère». Cela peut malheureusement aller jusqu’à une certaine résistance à la «Mission» ou pire, à un certain déni de la ‘’Mission en général’’.

 

 

L’attitude des Missions:

     Les Missions ayant souvent joué un rôle de «para-Eglises», des conflits sont nés. Elles ont souvent été taxées de «voleuses de membres, de compétences et de finances» et parfois des conflits d’intérêts sont nés de cette situation. Les choses sont en train de changer certes, mais ces vieux réflexes demeurent et sont encore bien vivaces. L’équilibre reste donc fragile et les raisons à cela sont malheureusement nombreuses. Il est regrettable en effet, de constater que certaines Missions se substituent encore parfois à l’Eglise, mais n’hésitent pas à venir chercher en leur sein ce dont elles ont besoin.

 

Cependant il faut aussi relever que, tout en désirant être davantage impliquées dans l’envoi des missionnaires, bon nombre de nos Eglises considèrent encore que c’est aux missions de s’occuper des missionnaires ! Pour d’autres, par contre, l’Eglise est tout et elle a le droit de court-circuiter les Missions, allant jusqu’à intervenir sur le terrain en prodiguant des conseils qui peuvent s’avérer inadaptés au contexte local. On pourrait encore relever bien d’autres raisons, comme la lenteur des Missions à répondre aux questions ou demande de conseil formulées par les Eglises ou encore l’attitude irresponsable de certaines organisations quant au suivi et à l’accompagnement des missionnaires (assurances sociales, retraites, …)

 

 

L’attitude des missionnaires:

L’attitude de certains missionnaires a parfois été aussi à l’origine des difficultés des relations Eglise/Mission. En effet, certains missionnaires ont pensé que «parce qu’ils étaient missionnaires, tout leur était dû» ou «je peux faire ce que je veux sans avoir à rendre des comptes» ! De telles attitudes ne peuvent qu’engendrer des interrogations et décourager les chrétiens de nos Eglises qui préfèrent alors s’investir dans d’autres types d’organisations.

 

 

Le manque de communication:

Le proverbe qui dit «loin des yeux, loin du coeur» est aussi vrai dans le cadre de la Mission. Il est important et même primordial d’entretenir, de maintenir les relations en donnant régulièrement des nouvelles (remarque : cela est valable dans le sens Mission-Eglise et dans le sens Eglise- Mission). Malheureusement un certain nombre de missionnaires, une fois sur le terrain, se laissent déborder par leur «travail » et ils «oublient» de donner des nouvelles, d’entretenir les relations avec ceux et celles qui à l’arrière prient pour eux, pour leur ministère, les financent, s’investissent pour qu’ils puissent travailler ! Certaines Missions essayent bien de faire le relais mais souvent, elles-mêmes ne sont pas mieux loties que les Eglises. Cette situation a poussé de nombreuses personnes ou Eglises à créer des organisations indépendantes sur lesquelles ils pouvaient avoir un certain regard, voir même un certain contrôle.

 

 

Quel type de mission pour nos églises ?

 

Nécessité ou non de relation Eglises/Missions interdénominationelles dans nos assemblées ?

     Tous les types d’organisations missionnaires ont leur importance et leur place dans nos Eglises, que ce soit les Missions rattachées à une dénomination ou les Missions interdénominationelles. Nous ne devrions pas les mettre en opposition mais plutôt les mettre en synergie et travailler ensemble.
     Le danger du protectionnisme, du monopole nous guette tous, que ce soit au niveau des Eglises ou unions d’Eglises ou que ce soit au niveau des Missions.

 

Mais en quoi une telle attitude est-elle biblique ?

 

Le Seigneur n’a-t-il pas lui-même montré l’importance de la diversité, dans le choix de ses disciples par exemple ?

 

Paul n’a-til pas travaillé avec des Eglises d’origines différentes et des collaborateurs venant de milieux différents ?

 

Même la vie nous enseigne la diversité, l’hétérogénéité. Estce que, parce que mon père travaille dans le textile dans les Vosges, je dois impérativement travailler moi aussi dans le textile et dans les Vosges ? Non, pratiquement personne aujourd’hui ne conçoit la vie ainsi ! Si nous voulons enseigner et transmettre une bonne vision missionnaire et encourager les vocations au sein de nos assemblées, osons «élargir nos tentes» et travailler en symbiose avec chaque type de Mission.

 

Ce qui fait la force de l’Eglise, c’est son universalité. Vivre et mourir dans son milieu a un avantage certes, celui de connaître le milieu et d’agir en toute sécurité ! Mais nous savons aussi que sortir de son milieu peut être source de développement personnel. Travailler avec des Missions interdénominationelles a, dans ce domaine, un certain nombre d’avantages : multiplication des diversités et des compétences, partage des mêmes valeurs, relation avec des Eglises d’origines différentes, confrontation des convictions, des points de vues, etc. Chaque type de Mission a ses spécificités et donc permet à tout croyant de trouver une place qui lui est propre. Mais surtout rappelons-nous que c’est le Seigneur qui appelle, c’est le Seigneur qui convainc d’aller dans tel ou tel service, vers telle ou telle Mission !

 

Que personne ne soit donc pour l’un de ses frères une occasion de chute, même dans ce domaine de la Mission ! Maintenant qu’un constat rapide est fait, la question suivante est : quelle attitude, qu’elle décision allons nous prendre ? Allons nous nous contenter de ce constat et continuer tout simplement à fonctionner comme nous l’avons toujours fait ou allons-nous essayer de faire bouger les choses ? Oserons- nous ‘’élargir nos tentes’’ et profiter de tous ces dons et de toute cette diversité que le Seigneur met à la disposition de Son Eglise sans regarder à notre dénomination, à notre organisation, à nos a priori ?

 


A.S.