Comment Spurgeon parlait de la prédication à ses étudiants 

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par Alain KITT

 

 

Charles Spurgeon, pasteur baptiste en Angleterre pendant la deuxième moitié du 19ème siècle, a énormément influencé son époque par sa prédication de l’évangile. Il est peut-être moins connu comme fondateur d’une école biblique destinée surtout à des hommes qui n’avaient pas la possibilité de suivre une formation théologique classique, mais qui manifestaient un don évident pour la prédication et voulaient se former pour ce ministère.

 

 

Spurgeon s’intéressait de très près à la formation de ses étudiants, et pendant de nombreuses années a maintenu l’habitude de passer du temps avec eux chaque vendredi après-midi. Là, dans une ambiance plus détendue que lors des cours qu’ils avaient suivis toute la semaine, il leur livrait quelques-unes de ses réflexions sur le ministère pastoral et sur la prédication. Douze de ces « causeries » sont réunies dans un livre intitulé Je vous ferai pêcheurs d’hommes1. Ses conseils, fruit de sa riche expérience, pleins de bon sens et émaillés souvent de son humour (britannique, bien sûr !) gardent encore leur actualité et restent utiles pour tous ceux qui sont appelés à annoncer la parole de Dieu.

 

Se lamentant sur le manque de convictions qui caractérisait beaucoup d’hommes à son époque, il disait : « Le principe aujourd’hui semble être : autant d’hommes, autant d’opinions. Noir devient blanc et vice-versa, selon l’angle sous lequel on les considère, et seul le bigot aurait l’impolitesse de qualifier le contraire de la vérité de mensonge. » N’avez-vous pas entendu des propos semblables à notre époque ?

 

 

Pas de pasteur de pacotille !

 

Pour Spurgeon, prêcher la parole de Dieu représentait la vocation la plus élevée à laquelle on puisse aspirer. Nous ne sommes donc pas étonnés d’apprendre qu’il considérait que c’est une activité qui engage la vie de l’homme tout entière. Celle-ci doit s’accorder à tous points de vue avec le message. Une grande vigilance personnelle est donc nécessaire afin de ne pas être ce que Spurgeon appelait des « pasteurs de pacotille ». Au-delà de la conversion, celui qui désire annoncer l’évangile doit avoir une piété personnelle vigoureuse. Il ne doit pas se contenter d’être vertueux, mais rechercher la sainteté.

 

Il ne s’agit pas d’une « sainteté » empruntée qui le distancera des autres hommes, mais bien au contraire d’une affection filiale qui attirera d’autres dans la bergerie de Christ. Qu’il ne se leurre pas ! Loin de favoriser la piété, l’engagement dans le service pastoral et l’enseignement exposent à de fortes tentations : tentation de rechercher l’approbation des hommes ou de s’y complaire, par exemple ; sans oublier l’acharnement de Satan contre les responsables chrétiens.

 

 

Le sermon se prépare toute la semaine

 

Parler aux hommes de la part de Dieu exige une préparation sérieuse. Spurgeon était convaincu de la direction du Saint-Esprit dans la prédication, mais il n’en faisait jamais une excuse pour un manque de travail. Tout en restant sensible à la direction de l’Esprit au moment de la prédication (ce qui a conduit Spurgeon plus d’une fois à donner un message autre que celui qu’il avait préparé), on doit toujours bien se préparer. Pouvoir prêcher sans être forcément prévenu à l’avance exige une grande discipline personnelle et une communion de tous les jours avec le Seigneur par sa Parole : autrement qu’aurons-nous à dire ?

 

La spontanéité dans la prédication, si chère à Spurgeon, nécessite une connaissance intime de la Bible et une sensibilité à la direction de l’Esprit ; sinon ce sont les pensées humaines qui prendront le dessus. La préparation du message du dimanche matin n’est pas l’affaire de quelques heures le samedi soir : on doit être constamment à l’affût de sujets, de passages bibliques, d’illustrations dans la vie de tous les jours. Nourrir le troupeau que Dieu nous confie mérite une préparation laborieuse.

 

 

Toute la Bible

 

Ceux qui enseignent régulièrement dans l’église doivent absolument veiller à l’équilibre de leurs messages. Nous avons tous nos sujets préférés où nous nous sentons à l’aise, et d’autres que nous aimons mieux éviter ! Spurgeon exhorte ses étudiants à suivre l’exemple de l’apôtre Paul en annonçant tout le conseil de Dieu. Prêcher sans cesse la grâce de Dieu sans rappeler que cette même grâce nous amène à vivre de manière sainte pourrait encourager les chrétiens à négliger leur piété personnelle ; parler uniquement de notre responsabilité d’obéir aux commandements divins, sans référence à la grâce, produira peut-être des chrétiens craintifs, manquant d’assurance. Spurgeon nous encourage vivement à réfléchir sérieusement au choix d’un texte ou du thème d’un message : qu’est-ce que le Seigneur met sur notre cœur ? quelle est la condition spirituelle de nos auditeurs ? quels sont leurs besoins ? quels thèmes ont été traités récemment ?

 

 

Le Saint-Esprit, guide de la vie et de la préparation

 

Le Saint-Esprit joue un rôle essentiel en tout ce qui concerne la prédication. Tout d’abord il doit être une réalité dans la vie du prédicateur. Pour annoncer la Parole de Dieu, nous avons absolument besoin de lui, car c’est lui qui l’a inspirée ! Si nous voulons enseigner des vérités spirituelles, nous devons au préalable nous laisser enseigner par l’Esprit ; autrement dit : étudier, réfléchir, méditer ce que dit l’Esprit dans la Parole. Nous voulons communier avec lui chaque jour, veiller à ne pas l’attrister par notre vie, entretenir le zèle qu’il nous communique. Nous compterons sur lui pour convaincre nos auditeurs. Nos paroles ne le feront pas, mais l’Evangile, dans un cœur préparé par le Saint-Esprit accomplira ce pour quoi Dieu l’a destiné : le salut.

 

Ce livre, qui n’est pas difficile à lire, pourra trouver une place dans la bibliothèque de nos églises, et être lu avec profit par tous ceux qui prêchent régulièrement ou de façon occasionnelle. L’Evangile qui a enflammé le cœur de Spurgeon et qu’il a annoncé avec tant de succès, est le même aujourd’hui !

 

A.K.

 


 NOTE

 

 

1. : Je vous ferai pêcheurs d’hommes, Editions Europresse, 1991. 164p.