in-memoriam

 

Marcel Tabailloux (1926-2000)

 

 Quelques souvenirs

 

 

Marcel TABAILLOUX a été rappelé par son Maître vers la patrie céleste le lundi 9 octobre 2000.

 

 

Il était né le 13 Septembre 1926 à Alger. Ses parents, Michel et Simone, de condition modeste, vont se tourner vers le Christ à l’âge adulte. Marcel fait donc son premier apprentissage de la foi dans le contexte de l’Eglise Réformée. Dès sa jeunesse, il va démontrer ses qualités de leader, que ce soit au sein du scoutisme d’obédience réformée ou son nom de totem était Kazan, ou bien au sein d’associations sportives et culturelles telles que l’E.U.H.D. (Equipe Unioniste d’Hussein-Dey). Quelque temps auparavant, il avait été tenté par l’activisme politique. Il va donc militer avec passion pour des idéaux qui le séduisent, que ce soient ceux des Libres Penseurs, de l’Anarchie ou des Citoyens du Monde.

 

Grâce à Dieu il va réaliser rapidement combien ces idéaux ne pouvaient que le mener sur de fausses pistes, de déception en déception. Malgré leurs bonnes intentions, la corruption du cœur humain, du sien ou de ceux qui s’érigeaient en exemple dans ces mouvements, l’amènent à la conclusion qu’il faut quelque chose ou quelqu’un de beaucoup plus puissant, pour changer aussi bien le cœur des hommes que la société. Sa rencontre avec un missionnaire du nom de Ralph Shallis, qui le met face à face avec le Christ, va tout changer. Jusque-là sa foi se résumait à l’observation de quelques rites religieux, et d’une morale certes bonne mais où la réalité d’une relation personnelle et vivante avec le Christ ressuscité faisait cruellement défaut.

 

Après avoir lu le Nouveau Testament plusieurs fois, il va être bouleversé par les affirmations de Jésus, que ce soit sur la vie éternelle, le pardon des péchés, ou même sur la possibilité de devenir un disciple vivant en communion avec son Maître. Ce Jésus va répondre à l’homme en quête d’absolu et d’idéal qui bouillonnait en lui. Sa vie avait enfin un sens et une direction : aimer, connaître Dieu et le faire connaître, aimer comme le Christ les hommes faits à son image. Voilà enfin une tâche qui était suffisamment grande et digne pour qu’il y consacre sa vie. Le dernier commandement de Jésus-Christ en particulier, va réveiller le don d’évangéliste que Dieu lui avait accordé. « Allez, faites de toutes les nations des disciples, enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit ! » (Evangile de Matthieu). Voilà ce qui va passionner et marquer tout le reste de sa vie.

 

Très vite sa passion pour Jésus fait des émules, et bien d’autres, beaucoup d’autres, vont lui emboîter le pas à la suite du Christ. En 1957, il quitte son métier de modeleur dans les ateliers de l’aéronautique de l’Armée de l’Air pour suivre une formation théologique rapide à L’Institut Biblique de Nogent. Début 1959, il se marie avec Suzanne, une amie d’enfance, sans laquelle rien n’aurait été possible et ainsi commence leur ministère à la rue des Gobelins, à Paris. Leur maison, leur table en particulier, ne va plus désemplir désormais. Les clochards, les éclopés de la vie, les jeunes et moins jeunes en perte de repères familiaux, des hommes et femmes en quête d’absolu, vont trouver un accueil chaleureux au sein de leur foyer, qui va les aider à rencontrer le Seigneur.

 

En 1960, la famille Tabailloux déménage à Fontaine, puis Seyssinet et enfin à Grenoble. Jusqu’en 1967, invité par un nombre croissant d’églises qui font appel à ses services, il va se consacrer à un ministère d’évangéliste itinérant dans tout le pays, en Belgique francophone ainsi qu’en Suisse. C’est à cette époque dans la foulée de la campagne d’évangélisation internationale des jeux olympiques de 1968, que naît un embryon d’église connu à l’époque sous le nom de Foyer Chrétien, aujourd’hui connu sous le nom d’Eglise Protestante Evangélique de Grenoble. Il édita également dans les années 70 le journal DEFI qui sera tiré à des millions d’exemplaires distribués gratuitement dans toute la francophonie. Une grande entreprise de foi vue la faiblesse des moyens de l’époque. Objectif : mettre à la portée du français moyen et irréligieux, le message de l’Evangile libérateur, dans un langage accessible au plus grand nombre.

 

C’est dans les années 70 que lui et d’autres ouvriers de la première heure, vont créer la Fédération Evangélique de France et le premier annuaire Evangélique, en réaction au libéralisme théologique dévastateur de l’époque. Cette fédération n’a cessé de grandir depuis lors et rassemble aujourd’hui des centaines d’églises d’unions d’églises, sans parler des associations culturelles. C’est dans ces mêmes années qu’il va ouvrir avec la collaboration d’autres professeurs, une école de théologie pratique pour la formation de laïques et responsables d’églises du nom de C.l.F.E.M. (Centre d’Information et de Formation à l’Evangélisation et la Mission) qui existe encore aujourd’hui. Il va aussi lancer les Colloques de Valence rassemblant des centaines de pasteurs et évangélistes.

 

Il est aussi à l’origine avec d’autres, de la création de R.E.P.I.T, un rassemblement d’évangélistes et de pionniers ayant à cœur le pays. Il va s’engager dans toutes les grandes campagnes d’évangélisation, dont il est souvent l’un des instigateurs au niveau national. Il va motiver et inspirer sans relâche les églises en leur donnant une vision pour les masses spirituellement perdues et sans espoir de notre pays. Son amour pour ses semblables va se traduire par d’abondantes conversions d’incrédules et athées.

 

Tous ces nouveaux croyants vont se rassembler, de nouvelles églises être fondées, en prenant rapidement leur indépendance avec la vision de se multiplier en obéissant à l’ordre du Christ. Je dis bien prendre leur indépendance, car Marcel n’était pas un gourou qui se nourrissait du besoin de dépendance de ses adeptes. Au contraire il n’avait qu’une hâte, voir ces nouveaux disciples s’épanouir et arriver à une maturité spirituelle et à une autonomie qui leur permettraient de voler de leur propres ailes avec l’aide du Seigneur. Malgré toutes les épreuves de sa vie, ses gros problèmes cardiaques et hospitalisations à répétition, la mort de son fils Frédéric à l’âge de 18 ans et un accident de la route en 1986 aux conséquences très invalidantes, il va demeurer d’un optimisme et d’une ressource intérieure étonnants enracinés dans le Seigneur.

 

Aujourd’hui, malgré un ministère de courte durée, grâce à son esprit de travail en équipe, et à sa vision, il y a derrière lui une relève assurée. Les hommes et les femmes qu’il a formés et influencés, dans lesquels il a investi sa vie, en leur redonnant tout ce qu’il avait reçu du Seigneur, continuent la tâche commencée. Marcel n’était pas parfait et avait ses travers, comme chacun de nous, mais il avait aussi l’humilité de les reconnaître en sachant demander pardon à ceux qu’il avait offensés que ce soit dans sa famille ou dans son ministère. Aujourd’hui, sa famille, André et Danielle, sa femme Suzanne et ses enfants, Jean-Luc et Christine rendent grâce à Dieu pour le bel héritage spirituel qu’il leur a légué et qu’ils transmettront à leur tour à leurs bien-aimés.

 

Jean-Luc Tabailloux