trinite-2serv3L’autorité dans l’Eglise locale

 

(2°partie)

 

 

 

LA PRATIQUE DE L’AUTORITE 1

 

 

 

 

Dieu a délégué son autorité aux hommes pour qu’ils puissent gérer les situations de ce monde dans tous les domaines de l’existence. L’autorité reçue de Dieu permet le fonctionnement de la société en général. Le principe est bon en soi, mais la chute en a perverti catéchisme, le groupe de l’exercice. Pour que le principe soit bon et le reste, la pratique doit être animée par le sens des responsabilités et le souci de servir les autres.

 

Version complète en 3 parties

 

 

 

 

 

 

L’esprit qui doit régler la pratique de l’autorité dans l’Eglise, est celui qui anime Jésus : le Fils de l’homme est venu, non pour être servi , mais pour servir… Que celui qui veut être grand parmi vous, soit votre serviteur (Mc 10.42-45).

 

 

A. UNE AUTORITE ASSUMEE

 

Nous sommes des responsables: pasteurs, anciens, diacres, animateurs, éducateurs à tous les niveaux d’âge et dans tous les secteurs d’activité, que ce soit pour l’école du dimanche, le catéchisme, le groupe de jeunes, les cellules de maison, la mission, l’évangélisation, la soirée de jeunes couples, la rencontre des aînés, etc. Comment suffire à tant de tâches diverses ? Le Seigneur s’en occupe, c’est son affaire, pas la nôtre. Mais comment reconnaître un vrai serviteur ? L’Ecriture donne des critères : l’appel, les qualifications, l’amour.

 

 

1. L’appel de Dieu

 

Un appel reçu personnellement

 

Toi, suis-moi. Auquel il faut répondre : Me voici, Seigneur, pour faire ta volonté.

 

Les formes de l’appel sont diverses, il n’y a pas de processus type. Nous avons à respecter la liberté souveraine du Seigneur. C’est lui qui choisit la manière de venir à nous. Mais le fond reste le même: une rencontre personnelle, vivante et décisive avec le Seigneur.

 

Un appel reconnu par l’Eglise locale

 

C’est l’étape suivante. Car nous ne sommes pas appelés en solitaire pour faire une œuvre solitaire. Notre engagement s’inscrit toujours dans l’oeuvre générale du Seigneur. Et l’Eglise doit reconnaître cet appel, en commençant par ses responsables.

 

Prenons le cas de Saul de Tarse. Son appel dramatique mais authentique ne suffit pas à l’Eglise. Il faudra l’accueil d’Ananias, puis l’intervention de Barnabas. Et Paul attachera beaucoup d’importance à la main d’association des apôtres (Ga 2.7ss). L’autorité dans son ministère en dépendra. Etre seul à dire: le Seigneur m’a appelé ne suffit pas. Il faut des preuves: l’engagement, la persévérance, le bon témoignage donné. Autant de signes qui doivent être reconnus par les autres.

 

 

2. Les aptitudes

 

Elles sont de trois ordres… et tout vient de Dieu. Il nous prépare et nous équipe en vue du ministère.

 

  • Des qualifications naturelles reçues par la naissance, l’éducation, l’exemple. Timothée a vu la foi chez sa mère Eunice et sa grand-mère Loïs et a appris d’elles les Ecrits sacrés… (2 Tm 1.5; 3.15).

 

  • Des qualifications acquises par l’étude. Paul arrêté à Jérusalem explique comment il a été instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de ses pères (Ac 22.3). A Timothée, il recommande d’apporter les livres, surtout les parchemins laissés à Troas (2 Tm 4.13).

 

  • Des qualifications « charismatiques », non pas au sens commun du terme en cette fin de XXe siècle, mais au sens du vocabulaire biblique : comment pourrions-nous exercer notre ministère avec des obstacles tellement grands, si l’Esprit ne nous accordait pas des aptitudes spirituelles ? des dons (en grec : charismata) ? Les charismes nous sont indispensables. Dieu le sait et il nous les donne selon sa sagesse.

 

 

3. L’amour

 

Sans lui, il n’y a pas de ministère durable et béni. Résumons ce que Paul démontre en 1 Co 13 : Langue des hommes et des anges, […] prophétie, […] science de tous les mystères, […] […] connaissance étendue, […] foi transportant les montagnes, […] engagement social et humanitaire total, […] fidélité jusqu’au martyre ! Sans l’agapé je ne suis rien, cela ne me sert de rien . Tout au plus serai-je un airain qui résonne, une cymbale qui retentit.

 

Ces diverses qualifications, à elles seules ne suffisent pas dans l’oeuvre du Seigneur. En tout cas pas si nous désirons que Dieu soit glorifié. Il y faut l’amour de Dieu.

 

Pierre a renié. Jésus le retrouve et lui pose trois fois la question: M’aimes-tu ? (Jn 21.15-17). Et Pierre répond: Seigneur, tu sais toutes choses (que je suis capable de te renier) … mais tu sais que je t’aime . Et pour Jésus cela suffit.

 

Paul explique ainsi le moteur de son ministère : l’amour de Christ nous presse (2 Co 5.14).

 

Notre ministère s’inscrit dans le prolongement des paroles de Jésus: Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour (Jn 15.9-11).

 

 

4. Une priorité

 

L’ouvrier est plus que l’oeuvre. Prenez garde à vous-mêmes (Ac 20.28). Veille sur toi-même et sur ton enseignement. Persévère dans ces choses car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même (1 Tm 4.16).

 

Ces affirmations ne sont pas une invitation au nombrilisme. Il s’agit simplement d’être cohérent. On ne peut apporter aux autres que ce que l’on a reçu soi-même, et parler avec autorité aux autres de ce que le Seigneur demande, que si on le vit soi-même

 

 

5. Un exercice collégial

 

Le mot ancien est presque toujours au pluriel.

 

  • Dans l’Ancien Testament : le terme désigne les responsables de la vie sociale. En Israël, à l’intérieur des familles, des clans, des tribus, même à l’armée, on retrouve une autorité collégiale. A côté de cette réalité, on trouve des fonctions d’autorité exercées en solitaire : les patriarches se succèdent, Moïse en tant que libérateur et législateur, le souverain sacrificateur au sommet de la pyramide cultuelle, le juge, le prophète, le roi.

 

  • Dans le Nouveau Testament. Le principe collégial est présenté pratiquement comme une norme. Jésus commence son ministère en rassemblant douze apôtres. Il envoie les 70 disciples deux à deux. A Jérusalem, lors de la conférence rapportée dans Actes 15, ils sont tous là: Jacques, les apôtres, les anciens et l’Eglise entière.

 

Après le débat, ils rédigent une lettre à destination des païens convertis annoncée ainsi : Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens ainsi qu’à l’Eglise entière…(v. 22). Et la fin du message leur associe le Saint-Esprit (v. 28). La question touchait au salut en Jésus-Christ; elle était essentielle: l’oeuvre de Christ était-elle toute suffisante ou fallait-il y ajouter encore des règles comme la circoncision ? Dieu veillait. Et l’Eglise unie en une collégialité soudée ne s’est pas trompée d’itinéraire. Quant à l’apôtre Paul dans l’exercice de son ministère, il travaillera toujours en équipe. Dans l’Eglise locale, des anciens sont nommés. Ils partagent les responsabilités. Ils doivent se respecter, s’épauler, s’aimer, lutter ensemble. Il peut y avoir des avis divergents même sur des questions importantes, mais ils doivent apprendre à vivre et travailler ensemble.

 

  • La collégialité n’est pas sans risque. Parfois dans un groupe organisé se joue une mystérieuse mise en place de relations réciproques. Jeu subtil des personnalités. S’il n’y a pas de réelle spiritualité, de vie sanctifiée, d’amour profond de chacun pour chacun, il s’installe alors un rapport de force, ouvert ou caché, dans lequel une personnalité forte cherchera à imposer sa volonté.

 

Il faut rester lucide et vigilant. Les apparences peuvent être trompeuses. Sous le couvert d’une fraternité euphorique, une hiérarchie peut se mettre en place, contre laquelle il est bien difficile de lutter. Les plus faibles s’en accommodent et parfois même se valorisent en rejoignant les forts. Ce dérapage se produit aussi à l’extérieur des Eglises locales, dans des commissions, des pastorales, un bureau central, d’où partent directives et instructions.

 

Et l’on voit ainsi se prendre des décisions importantes qui changent beaucoup de choses et entraînent des Eglises dans une orientation nouvelle, par des rapprochements qui peuvent être dangereux. Au départ, quelques individus brillants et décidés !

 

La véritable autorité spirituelle ne se prouve pas par le succès et la réussite. Elle dépend de l’humilité, de l’écoute de chacun, de l’honnêteté, de l’amour pour le Seigneur, pour sa Parole, pour son Eglise.

 

 

 

B. LES GRANDS AXES

 

Avant d’aborder des textes de Paul pour traiter de quelques cas concrets, voici les axes principaux qui requièrent une réelle autorité spirituelle.

 

 

1. La prédication-enseignement

 

predicateurLa fonction première de l’Eglise est de faire entendre avec autorité la Parole de Dieu. La foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Christ (Rm 10.17). Elle sauve, engendre, fait croître, sanctifie et prépare le chrétien à rencontrer son Dieu. Elle doit demeurer au cœur de la vie de l’Eglise locale. Dans les siècles passés, la construction des Eglises de la Réforme plaçait la chaire au centre, signifiant la priorité donnée à la Parole de Dieu.

 

Aujourd’hui le temps de la prédication, au soulagement parfois de ceux qui doivent parler, et plus encore écouter, se rétrécit comme peau de chagrin. Il n’y a parfois plus guère d’études bibliques régulières et systématiques en semaine. Les aînés n’aiment pas sortir le soir. Les gens actifs n’ont plus le temps. Et les jeunes ne s’y intéressent pas.

 

  • Un culte raisonnable (Rm 12.1). Aujourd’hui, bien souvent la vie de l’Eglise est plutôt orientée vers les activités relationnelles et festives: témoignages, partages, thèmes sociaux pour une meilleure présence au monde. La musique a de plus en plus de place. La louange est devenue un peu l’enzyme glouton de nos cultes. Chacun de ces éléments a sa place dans la vie de l’Eglise. Aucun ne doit être écarté. Tout est affaire d’équilibre. Mais sait-on toujours rendre clair, vivant, pratique, actuel, le texte des Ecritures ? Trop d’exhortations moralisantes, lénifiantes, culpabilisantes… trop peu de vrai enseignement. Dans les Evangiles, combien de fois est-il dit que Jésus enseignait ? Et dans les Actes à propos des apôtres ?

 

  • La prédication : elle conditionne la vie de l’Eglise. Faillir sur ce point, c’est obligatoirement trébucher tôt ou tard dans les autres domaines. A la Pentecôte, la première caractéristique de la jeune Eglise est la persévérance dans l’enseignement des apôtres (Ac 2.42). Ce n’est pas la seule caractéristique, mais c’est la première mentionnée.

 

  • La cène : en est le prolongement comme annonce et proclamation de la mort du Seigneur et de sa résurrection. Les responsables auront-ils assez d’autorité pour n’en pas confier trop vite la présidence et la participation active à n’importe qui, se présentant n’importe comment, pour dire n’importe quoi ? Il faut veiller à l’ordre, à la bienséance et au respect. Sans formalisme ni laxisme.

 

  • L’herméneutique (l’interprétation, la juste compréhension de l’Ecriture) est capitale. Car si c’est pour apporter un autre évangile à quoi bon la prédication ? A quoi bon un enseignement qui minimise le péché, qui parle d’un Dieu d’amour sans justice et sans sainteté ? qui présente un évangile humaniste…? La puissance de l’Evangile est et restera toujours Christ crucifié pour un homme indigne et perdu, sans espoir (1 Co 1.17-25).

 

 

2. La direction

 

C’est une tâche importante des responsables. Ils doivent garder le cap, connaître les besoins de chacun et y répondre, être avertis des dangers qui menacent l’Eglise locale. Ils sont au four et au moulin. Ils travaillent heureusement en collégialité. Ceux qui par nécessité se retrouvent seuls :

 

  • par exemple dans une œuvre pionnière

 

  • n’ont pas la tâche facile.

 

Quelques pistes de réflexion :

 

  • Au dedans : L’accompagnement de chacun s’impose. Il y a les nouveaux venus qui sont parfois des nouveau-nés dans la foi. Il y a les personnes âgées, les plus jeunes. Ceux de tous âges ont un droit à l’écoute attentive et à l’amour. C’est ce qui distingue l’Eglise du monde.

 

Les bergers se doivent de bien connaître les brebis du troupeau. Il faut donc qu’ils vivent avec elles. Aujourd’hui la tendance est de plus en plus à la dispersion, aux rencontres extraordinaires, aux pastorales de toutes sortes, aux comités. Parfois une plainte monte du milieu du troupeau: Où sont nos bergers ?

 

  • Au dehors. Car l’Eglise ne vit pas en vase clos. Quantité d’informations, de sollicitations viennent de l’extérieur. Les présentoirs et panneaux d’affichages des églises sont couverts d’invitations à toutes sortes de rencontres, de manifestations hors de l’église. Une sélection s’impose pour retenir l’utile. Qui la fera ? N’est-ce pas le rôle de l’autorité collégiale des anciens de le faire, d’expliquer, d’avertir, de donner des raisons qui soient sages et justes ?

 

  • Un vocabulaire piégé, une communication à risque. Chaque époque, chaque culture a sa manière propre de s’exprimer. Les mots, en principe, révèlent la pensée et les intentions. Parfois certains d’entre eux sont piégés ou codés. Il y a ceux qui sont dans le vent, il y a ceux qui passent mal. La victoire, la joie, l’amour, la louange, la tolérance, le dialogue ont la cote. La perdition du pécheur, la repentance, le renoncement et l’effort pour être disciple beaucoup moins. L’évangélisation tombe sous l’accusation de prosélytisme. Certains textes et thèmes bibliques sont abondamment commentés, d’autres ne le sont pratiquement plus.

 

Notre confiance en Dieu et notre attachement à sa Parole doivent nous permettre de résister fermement à tous les courants qui traversent le monde aujourd’hui. Ne sacrifions pas à l’esprit du temps présent, fut-il chrétien. Paul avait fait son choix : Est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ (Ga 1.10).

 

Ceci étant compris, soyons fraternels et chaleureux avec tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus d’un amour sincère, et sont attachés à sa Parole. Ils sont nos frères et sœurs, nos compagnons d’armes, quelle que soit leur étiquette ecclésiastique. Et soyons ouverts et accueillants avec tous ceux que Dieu place sur notre chemin, qui sont encore au dehors et qui ont besoin de Jésus-Christ.

 

 

3. La discipline

 

Elle évoque l’autorité des anciens. Pour certains membres d’Eglise, c’est déjà trop et ils se mettent sur la défensive. Il ne faut pas confondre autorité et discipline. L’autorité déborde largement l’acte disciplinaire. La bonne discipline est d’abord éducative.

 

Mais lorsqu’il faut se résoudre à appliquer la discipline avec autorité, la situation devient tendue. C’est la crainte et la souffrance de beaucoup de serviteurs de Dieu… Voici deux exemples trop fréquents :

 

  • Dans le domaine relationnel : L’Eglise locale est une famille dont les membres sont unis par l’Esprit. Et parfois par les liens du sang ! Cette situation est souvent une force dans un premier temps, une source d’engagement en chaîne, puis de tension. Et lorsque doit intervenir une décision disciplinaire, on est soudain étonné, affligé de voir comment joue le réflexe du clan familial. On prend le parti des siens, même contre la vérité et la justice. Une grand-mère, qui se voulait pieuse, affirmait aussi: « En tout cas, mes petits enfants n’auront jamais tort ».

 

Une telle situation révèle la fragilité de la foi. On voit des croyants attachés au Seigneur et engagés depuis longtemps dans l’Eglise, ne pas hésiter à la quitter. On a osé toucher aux membres de leur famille !

 

  • Dans le domaine éthique : L’Eglise vit dans le monde. Dieu le veut pour le témoignage. La question est de savoir qui influence qui. L’Eglise pour sauver ? ou le monde pour perdre ? Dans le domaine des mœurs, l’amour libre, le concubinage, l’homosexualité deviennent-ils des variantes de «l’amour» ? Qui aura l’autorité pour résister, en expliquant la Parole de Dieu, en annonçant le Christ ? Il sera vite taxé de légaliste. Mais est-ce être légaliste que d’enseigner à garder les commandements du Seigneur (1 Jn 2.3-6)?

 

Qu’en sera-t-il lorsque les couples homosexuels auront obtenu un statut légal, lorsqu’ils viendront dans nos Eglises, solliciter le baptême, l’accueil à la cène, la participation aux activités de la communauté ?

 

Serons-nous clairs, courageux et fermes au risque d’être accusés devant les tribunaux de ne pas respecter la loi ? L’exercice de l’autorité peut mener loin ! Il faudra bien alors que la Parole de Dieu continue à primer sur celles des hommes avec leurs lois et leurs jugements dont les applications sont parfois iniques.

 

 

 

C. LA PRATIQUE DES APOTRES

 

Comment les apôtres exercent-ils cette autorité qu’ils ont reçue du Seigneur, et qu’ils enseignent maintenant aux responsables des nouvelles Eglises ? Quelques exemples tirés de la vie de l’apôtre Paul nous éclaireront là dessus.

 

Il est bien entendu que les apôtres sont revêtus d’une autorité exceptionnelle. Ils posent les fondements de l’Eglise:

 

Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle (Ep 2.20). Certains parmi eux sont devenus des instruments choisis par Dieu pour transmettre les Ecrits divinement inspirés. Il n’en est pas ainsi de nous.

 

Toutefois, ils sont pour nous des exemples à suivre dans leur vie personnelle (Paul nous invite plusieurs fois à l’imiter), et à plusieurs reprises, ils délèguent à de plus jeunes collaborateurs leur autorité, des responsabilités importantes (à Tite, à Timothée, à Apollos, etc.).

 

Il serait utile de lire in extenso les textes cités ci-dessous.

 

  • Gal 1.6-10 : Le fondement menacé

 

Avec un étonnement douloureux -comme un cri du cœur – Paul avertit les Galates. Avec force et tendresse tout à la fois, il affirme qu’il n’y a pas d’autre évangile que l’Evangile du Christ. Il dénonce ceux qui veulent le pervertir et troublent les chrétiens. A deux reprises il va jusqu’à jeter l’anathème sur ces enseignants trompeurs.

 

Il s’étonne de l’oreille complaisante des Galates pour cet enseignement erroné. Pourquoi cette « ouverture » ? Pourquoi cette tolérance envers une « nouveauté » par rapport à l’Evangile de Christ ? La mise en garde est sévère.

 

  • Gal 2.11-14 : Un choc au sommet

Cela se passe à Antioche. Pourquoi parler de cet épisode aux Galates ? Parce qu’il s’inscrit dans la ligne du problème des Galates. Paul utilise l’histoire et les souvenirs pour instruire et avertir.

 

Entre Paul et Céphas, il n’y a aucun problème relationnel. Mais l’attitude de Pierre peut suggérer que l’oeuvre de Christ est utilement complétée par le respect de certaines prescriptions judaïques en vue de plaire à Dieu.

 

La situation est délicate pour Paul. Paul se doit d’avoir du respect et de l’affection pour Pierre, un serviteur ancien et éminent.

 

Précisément, cette position de premier plan rend Pierre d’autant plus responsable. Plusieurs frères sont entraînés dans cette attitude ambiguë, même Barnabas, le compagnon de Paul ! La responsabilité de ceux qui ont un rôle en vue dans l’Eglise est grande (Jacques confirme que les enseignants seront jugés plus sévèrement que les autres membres de l’Eglise: Ja 3.1). Paul doit reprendre Pierre et lui résister en face, publiquement. Un arrangement à huis clos, en cachette, n’est pas suffisant dans ce cas. Le langage est clair et cinglant.

 

Quand le Christ, l’Evangile et le salut des âmes sont en cause, Paul ne transige pas. Il n’a peur de rien ni de personne, sauf de déplaire au Seigneur et à la cause de l’Evangile. Aurions-nous eu ce courage, cette détermination ?

 

  • Rm 13.8-14 : Un besoin de réveil

 

Paul n’a pas encore été à Rome. Dans sa lettre, il pose donc systématiquement les fondements de la doctrine chrétienne (ch. 1 à 11), puis passe à des exhortations et des avertissements.

 

  • Aimez-vous les uns les autres (v.8-10). Une relation horizontale conforme aux paroles de Jésus.

 

  • Réveillez-vous (v. 11). Réfléchissez en vue d’une prise de conscience éclairée et nouvelle.

 

  • Dépouillez-vous (v.12-13). Renoncez aux attitudes mondaines.

 

  • Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ (v.14). Le secret du Réveil. Un appel à la sanctification.

 

Aucun choix n’est laissé. Des ordres sont donnés, car la voie est unique. Sommes-nous prêts à enseigner avec cette rigueur et à donner l’exemple de cette autodiscipline, de cette vigilance de tous les instants ?

 

  • 1 Corinthiens: Un horizon bouché

 

C’est l’épître qui contient le plus de rappels à l’ordre. Il y a tant de problèmes à régler que l’apôtre pourrait être découragé. Il n’en est rien. Il empoigne les problèmes les uns après les autres. L’ordre dans lequel il les traite est intéressant.

 

D’abord les divisions (ch. 1 à 4) : les clans, l’esprit de jugement, l’orgueil ruinent l’Eglise plus sûrement que tout autre désordre. Paul use tour à tour de l’humour (4.8), de la sévérité (4.21), mais toujours avec amour (4.14).

 

Puis le désordre moral (ch.5): Paul n’hésite pas à exclure de l’Eglise (v.5), à demander peut-être un jugement immédiat. La grâce et le pardon ne se trouvent que sur le chemin de la repentance et de l’obéissance. La discipline s’impose à l’égard des membres de l’Eglise, «ceux du dedans» (v.12).

 

Amour et vraie liberté (ch.8-10) : Paul invite ceux qui sont (ou se croient) forts, à ne pas être une pierre d’achoppement pour les faibles. Il distingue nettement entre le faible qu’il faut ménager (8.9-13) et l’impur qu’il faut sanctionner (5.13).

 

Le repas du Seigneur (ch.11): là aussi le langage est précis, sans ménagement : vous devenez pires, […] vous méprisez, […] vous couvrez de confusion, […] je ne vous loue pas. Examinez-vous vous-mêmes !

 

Les dons spirituels (ch.12-14): une approche pédagogique :

 

  • D’abord une instruction générale (ch.12), illustrée de la parabole du corps (condamnation de l’individualisme au profit de la solidarité, reconnaissance de la seigneurie et de la souveraineté du Seigneur dans ce domaine).

 

  • Puis le paramètre indispensable sans lequel aucun don n’est utile (ch.13).

 

  • Et enfin une remise dans le bon ordre de deux de ces dons que prisaient fort les Corinthiens: la prophétie et les langues.

 

Et sur ce dernier point, l’apôtre est clair et ses critères très concrets. Celui qui prophétise […] parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console (v.3) : l’exercice de ce don sert directement l’ensemble de l’Eglise (v.4-6), il l’enseigne, apporte la connaissance (v.6-13), fait appel à l’intelligence (v.14-19), amène à la maturité (v.20-25), à l’instruction et à l’ordre (v.26-40).

 

Paul veut une parole claire qui révèle les secrets du cœur et fait tomber les non croyants sur leur face pour adorer Dieu dont ils constatent la présence (v.25).

 

 

Conclusion

 

En homme spirituel et courageux, l’apôtre ne laisse pas, sans réagir, déraper des situations troubles dont il a connaissance. Sa manière de faire n’est pas uniforme. Parfois il attaque de front, se fait sévère dans son langage. Spécialement quand les événements sont graves, lorsque le Seigneur est méprisé (cène), lorsque l’Evangile est menacé, lorsque l’impureté s’installe dans l’Eglise.

 

Dans chaque cas, il accompagne la discipline d’un enseignement adéquat. C’est alors l’occasion pour les Eglises de faire un pas de plus dans la connaissance du Seigneur. Paul cherche toujours à édifier les Eglises sur le fondement éternel. Il ne travaille jamais contre elles, mais avec elles. Il n’abuse jamais de son autorité.

 

L’apôtre ne se préoccupe pas de ce que les autres pensent de lui. La seule recommandation qui compte pour lui, c’est celle du Seigneur. Et là où il semble défendre sa propre personne, en réalité c’est la Parole de Dieu qu’il défend. Car il sait qu’une des aises de l’ennemi est d’attaquer la crédibilité du messager pour détruire celle du message.

 

Nous voilà avertis. Puisque notre réflexion générale est centrée sur l’autorité, et plus particulièrement ici sur sa pratique, demandons au Seigneur sa sagesse, son discernement et le courage nécessaire pour être et rester des sentinelles fidèles. Quel qu’en soit le prix. Pour la gloire de son nom.

 


NOTES

 

1. Ce texte est paru dans 3 numéros de SERVIR : 1° partie dans Servir n°2 Mars-avril 1998, 2° partie dns le numéro n°3 de Mai-juin 1998 et la dernière partie dans le n°4 de Juillet-août 1998.