En marche vers la maturite

 colombe

 

par Francis BAILET

 

 

Trois secrets pour une vie chrétienne victorieuse

 

 

Les églises évangéliques ont insisté, avec raison, sur l’importance de la nouvelle naissance. Naissance d’en haut, naissance de l’Esprit, indispensable pour voir le royaume de Dieu et y entrer.

 

 

Cependant, n’ont-elles pas négligé, quelquefois, d’enseigner aussi la nécessité de la croissance spirituelle ? Beaucoup de chrétiens n’ont pas grandi. Ils sont restés des enfants. Ils ont encore besoin qu’on leur rappelle les premiers éléments du message de Dieu. Leur expérience chrétienne est pauvre, limitée, sans envergure. Ils ne supportent pas la nourriture solide, ils ont toujours besoin de lait. Leur priorité n’est pas Dieu et Sa volonté, mais la solution de leurs problèmes, le soulagement de leurs maux, une vie plus facile.

 


 

Ils sont toujours en recherche d’une plus grande bénédiction pour eux-mêmes. Ils veulent recevoir, toujours plus, mais n’ont pas appris à donner, à se donner. Ils n’ont pas de discernement et se laissent facilement entraîner vers des doctrines et des expériences qui ne sont pas en accord avec les saines paroles du Seigneur.

 

L’église a besoin de croissance. En nombre bien sûr, car nos communautés sont peu nombreuses et de taille très moyenne, mais croissance spirituelle aussi et en priorité. C’était la préoccupation première des apôtres et leurs exhortations sans cesse répétées dans leurs lettres. Croissance en Christ, le chef de l’Eglise. Croissance dans la grâce du Seigneur. Croissance pour le salut. (Ep 4.15 ; 2 P 3.18 ; Col 1.10 ; 1 Pi 2.2)

 

Des chrétiens adultes capables, par l’Esprit Saint, de gérer leur vie et de servir les autres, voilà le grand besoin d’aujourd’hui. Des hommes et des femmes capables de gérer leurs échecs et leurs succès, de prendre des responsabilités dans le service, de transmettre le message et d’engendrer la vie de Dieu. Il nous faut prendre conscience de cette nécessité et nous mettre en marche pour devenir des hommes faits, des adultes dans le Christ.

 

En effet, la maturité chrétienne n’est pas un état d’achèvement ; la perfection, c’est une marche en avant.

 

 

Trois secrets

 

La découverte de Dieu comme Père est le point de départ de notre marche vers la maturité. « Je vous écris, petits-enfants, parce que vous avez connu le Père » écrit l’apôtre Jean (1 Jn 2.13). Notre Père, c’est celui qui a pardonné nos péchés, et du même coup nous a engendrés à une vie nouvelle. Notre Père protège, nourrit, console, rassure, apporte la sécurité, donne paix et joie. C’est aussi celui qui fait notre éducation, nous aide à grandir pour que nous soyons adultes et à notre tour capables d’engendrer.

 

C’est dans l’intimité de sa communion que Dieu révèle à ses enfants les secrets de la vie abondante : secret de la foi et de l’amour, secret de la force, secret de la victoire sur le péché, la souffrance et la mort. Le choix du mot « secret » est intentionnel. « Mystère », utilisé à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament, serait cependant plus biblique. Un mystère, selon les écrits de Paul, c’est ce qui était caché « de tout temps en Dieu » et qui nous est « révélé maintenant ». « Secret » évoque une relation de confiance et d’amour.

 

Le choix de ce mot exprime notre volonté de transmettre un enseignement pratique, personnel, d’expérience, à la portée de tous ceux qui veulent progresser dans leur vie avec Dieu. Ce que nous partageons est à la fois enseignement et expérience pour que notre connaissance soit théologique et pratique.

 

Notre enseignement est enseignement de la Parole écrite et enseignement de l’Esprit. Il est doctrine et vie. Il nous apprend à dire « Je le sais » non seulement par connaissance doctrinale, théologique, mais aussi par le vécu de l’Esprit. C’est le caractère de la nouvelle alliance qu’annonçait le prophète Jérémie. « Voici l’alliance que je ferai, dit l’Eternel : je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur » (Jr 31.33). Ainsi, l’enseignement de Dieu est Parole dans le livre et parole dans le cœur.

 

La découverte des secrets de la vie abondante se fait par l’étude de la Parole et l’oeuvre de l’Esprit Saint dans notre vie. Répétons-le : c’est dans la communion avec le Seigneur que ses secrets nous sont révélés. Le psalmiste disait déjà : « Le secret de l’Eternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance » (Ps 25.14 à lire dans les versions Darby et Français courant).

 

Voici trois secrets, trois révélations que le Seigneur veut nous faire connaître pour une vie chrétienne victorieuse.

 

 

1er SECRET : la découverte de ce que je suis.

 

Qu’est-ce que l’homme ? Qui suis-je ? Pour Albert Camus, l’homme est « l’inconcevable et scandaleux mariage de la beauté et du mal, du soleil et de la boue, de la vie et de la mort ». Pascal interrogeait aussi : « Quelle chimère est-ce donc que l’homme ? Quelle nouveauté, quel monde, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre ; dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut de l’univers » (Pensées).

 

La Parole de Dieu révèle le cœur de l’homme, elle le sonde, profondément, et le met à nu. Elle est plus sévère dans son diagnostic. « Il n’y a pas de juste, pas même un seul. Le cœur même de l’homme est tortueux et méchant. Nous sommes tous pécheurs, impies, privés de la gloire de Dieu. » Dans les premiers chapitres de l’épître aux Romains, l’apôtre Paul en fait la démonstration magistrale, fondée à la fois sur sa connaissance des hommes, Juifs ou Grecs, et sur les Ecritures.

 

Il nous conduit cependant plus loin en nous apportant un témoignage très personnel : « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi. J’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. » Témoignage ponctué de ce cri de détresse : « Misérable que je suis. Qui me délivrera de ce corps de mort ? »

 

Voilà la découverte de l’apôtre Paul. Une découverte sans cesse renouvelée. Est-elle aussi la nôtre ? Pouvons-nous dire avec la conviction que donne l’Esprit Saint : « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi » ? Je le sais par la Parole, je le sais par l’expérience. A la lumière de sa Parole qui éclaire tous mes pas, le Seigneur m’a révélé qui j’étais. Avec amour il m’a accompagné dans mon jardin secret, et aussi dans ma cave obscure. Je ne me fais plus d’illusion sur moi-même. Je suis charnel, vendu au péché. Ma chair, ma nature profonde ne se soumet pas à Dieu. Elle en est incapable.

 

Notons cependant que cette affirmation ne diminue en rien la valeur des dons naturels que le Seigneur a pu faire à chacun de nous. Mais la beauté, l’intelligence, la force morale et toute autre qualité sont marquées par le péché et ne peuvent servir à la gloire de Dieu si elles ne sont pas sanctifiées par son Esprit.

 

 

UN 2ème SECRET : la connaissance de Jésus-Christ,

Jésus-Christ et le mystère de Dieu (Col 2.2-3).

 

Le premier secret concernait l’homme, le deuxième secret concerne Jésus-Christ. J’apprends à Le connaître. Il est le Christ, le Fils du Dieu vivant, Celui qui devait venir dans le monde, le seul nom donné aux hommes pour être sauvés. J’apprends que j’ai TOUT pleinement en Lui. Il est pour moi sagesse, justice, sanctification et rédemption. Après avoir dit avec l’apôtre : « Misérable que je suis ! » je proclame, le cœur rassuré, paisible, heureux : « II n’y a MAINTENANT, AUCUNE CONDAMNATION pour ceux qui sont en Jésus-ChrisT »

 

Quand je découvre les perfections de Jésus-Christ, « ses richesses incompréhensibles », « les trésors de la sagesse et de la science cachés dans le mystère de Dieu » (Ep 3.8 et Col 2.2-3), tout le reste est terne et sans valeur. Avec les mots de l’apôtre, mais par la puissance du Saint-Esprit qui m’anime, je suis rendu capable de dire aussi : « Je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur… je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ… afin de connaître Christ et la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances. »

 

Qu’est-ce qui fait courir les chrétiens aujourd’hui ?

 

Il faut bien reconnaître que le spectaculaire les attire. Beaucoup sont en recherche d’expériences, d’émotions nouvelles. Ils réclament, d’abord pour eux-mêmes, bénédictions, délivrance, prospérité, vie comblée. Ils oublient la parole de Jésus : « Cherchez premièrement le Royaume et la justice de Dieu ». Pourtant la voie nous a été tracée. Il nous faut courir pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu qui est en Jésus-Christ. Nos yeux doivent se porter sur Jésus et non sur nous-mêmes, sur la gloire qui est à venir et non sur nos difficultés, nos souffrances.

 

Assis avec Christ dans les lieux célestes, nous savons que nous sommes bénis de toutes sortes de bénédictions. Christ vainqueur, déjà couronné de gloire et d’honneur, est notre paix, notre victoire. Ce secret nous est redit sans cesse par l’Esprit qui habite en nous.

 

 

UN 3ème SECRET : le mystère de l’habitation de Dieu en moi (Col 1.25-28).

« Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. »

 

Christ est notre vie. Nous sommes en Lui, présents devant le Père et pleinement acceptés. En Lui, nous sommes déjà arrivés et assis, c’est-à-dire vainqueurs. Cette certitude n’est pas évasion, rêve spirituel. Nous sommes conscients d’être encore sur terre où les infirmités, les faiblesses sont notre part à tous. Nous avons à combattre pour résister, tenir ferme. Mais la victoire est possible parce que nous ne sommes pas seuls. Jésus-Christ est avec nous, tous les jours. Plus encore, il habite en nous par son Esprit. C’est sa présence qui rend possible une marche victorieuse. Mais sans Lui nous ne pouvons rien faire.

 

C’est dans la contemplation du Christ ressuscité qui me montre ses mains, ses pieds, son côté percés que je découvre le grand secret. Jésus n’est pas seulement mort pour moi, il m’a entraîné dans sa mort. Par sa résurrection il m’a aussi ressuscité avec Lui. C’est encore le témoignage de l’apôtre Paul qui nous révèle le chemin d’une pleine victoire : « Je suis crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2.20).

 

Paul le « misérable » sait maintenant, et il nous l’enseigne avec autorité, que « la loi de l’esprit de vie qui est en Jésus-Christ affranchit de la loi du péché et de la mort » (Rm 8.2). C’est pour cela qu’il peut proclamer aussi : « Je puis tout par Celui qui me fortifie » (Ph 4.13). Notre vie est cachée avec Christ en Dieu. C’est l’enseignement de Paul. C’est aussi son témoignage personnel. Il faut aussi que ce soit le nôtre.

 

La marche vers la maturité est une marche selon l’Esprit. La plénitude du Saint-Esprit c’est la présence de Christ en nous. Elle n’est pas réservée à une élite, mais la part de chaque chrétien. C’est la vie chrétienne normale. Elle ne peut se réduire à une expérience du passé. Elle doit, au contraire, être expérience quotidienne. Il en est ainsi quand nous nous laissons constamment convaincre, reprendre, conduire, animer, consoler, fortifier, remplir par l’Esprit.

 

Dieu veut illuminer les yeux de notre cœur, nous donner intelligence et sagesse spirituelles. Il veut nous fortifier dans notre être intérieur pour que nous puissions comprendre la révélation de ses pensées et être rendus capables d’accomplir sa volonté.

 

Dans notre marche vers la maturité, les difficultés sont nombreuses. Les tribulations, les détresses, les souffrances ne nous sont pas épargnées. Elles nous rappellent notre faiblesse et sont l’occasion pour le Seigneur de manifester sa grâce. Etre adulte c’est laisser Dieu construire notre vie. Si la marche paraît difficile, restons près de Lui pour L’entendre nous dire, comme en secret : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (2 Co 12.9).

 

F.B.