Relation d’aide: le rapport Eglises-oeuvres

 

 

 

Indiquons en préambule que les rapports des Eglises avec « Famille Je t’Aime » ( FJA), en tant qu’oeuvre de relation d’aide (RA), ne sauraient être représentatifs de ceux qu’entretiennent toutes les autres oeuvres de même type.
Dans le paysage évangélique français, nous sommes nombreux à travailler sur ce créneau et nous avons le privilège de vivre le respect et la reconnaissance mutuelle grâce à l’action del’ACC1.

Pour autant nous avons nos spécificités.

 

Dès sa création il y a 20 ans, FJA a pris le parti d’être une « Association de service, partenaire des Eglises pour oeuvrer auprès de familles ». Les termes ont leur importance et assoient un cadre de travail.
Être une association de service nous place dans la sphère interdénominationnelle.

 

L’intervention sur les problématiques des individus, des couples et des familles, laisse les Eglises garantes des options théologiques qui leurs sont propres. Le fondement de notre travail est profondément scripturaire, mais ne touche pas aux grandes doctrines qui font les particularismes de nos diverses assemblées. Nous vivons en tant qu’équipe sur la base doctrinale de la déclaration de foi de l’AEF3 et avons une unité de vision sur les questions des familles d’aujourd’hui.

 

 

Ceci nous permet de venir de milieux très différents et donc de servir toutes les dénominations. Être en partenariat avec les Eglises nous oblige à une réflexion sur les interactions entre l’Eglise et l’aide aux personnes en souffrance. Le Dr Dejardin4 exprime bien notre position à ce sujet : « On attend une autre réponse de l’Eglise qu’une proposition de traitement : elle proclame le salut en Jésus-Christ. Elle ne soigne pas les souvenirs, elle appelle à la repentance.(…) Quand la voix de l’Eglise se fait psychologisante, son message s’affadit, sa voix devient confuse parce qu’elle ne répond plus à sa mission. »

 

 

Nous partons donc du principe que les problèmes des chrétiens ne se résolvent pas dans l’église sur le mode psychothérapeutique. Pourtant nous croyons que l’église a quelque chose à dire sur beaucoup de difficultés individuelles et familiales. La spécificité de FJA est de se positionner volontairement hors du champ de la psychothérapie en visant une cohérence problème/solutions. Ainsi nous recherchons des solutions bibliques, non pas à des problèmes que définirait la psychologie, mais à des problèmes définis en termes bibliques. Inversement nous n’enseignons pas des méthodes et des concepts psychothérapeutiques pour traiter des problèmes spirituels et ce, même si nous travaillons beaucoup la méthodologie de l’accompagnement. Comme le souligne D. Dejardin5 « la vision de l’homme “psychologique” n’est pas celle qui ressort de l’enseignement biblique. La Bible ne se place pas sur ce terrain. »

 

De ce fait nous faisons soigneusement le tri entre les symptômes dont nous pouvons traiter l’origine, et ceux qui ne relèvent pas de notre compétence. Notre postulat est que les difficultés rencontrées par les chrétiens proviennent souvent d’une mauvaise compréhension de leur identité en Christ et d’un défaut dans l’appropriation de celle-ci pour vivre une vie conforme au projet divin.

 

De la même manière que nous ne nous sommes pas convertis sur des bases psychologiques, nous croyons que nous pouvons vivre et accompagner sur des bases bibliques. Dès lors notre travail avec les Eglises prend tout son sens. Nous adoptons la définition de la RA de J. De Vries6 : Accompagnement dont «le but est d’être conforme à l’image de Jésus-Christ, de parvenir à la maturité spirituelle ». Nous croyons que le bénéfice secondaire d’une vie de plus en plus conforme à l’image de Christ (sanctification) est une vie libérée de la plupart des problèmes (symptômes) que nous rencontrons. Définie ainsi la RA dans l’église reste christocentrique et ne bascule pas dans l’anthropocentrisme. La RA pastorale est un ministère spirituel qui nécessite formation et technique. Cette vision nous permet de rester dans notre vocation : équiper les pasteurs et les membres de l’Eglise reconnus par elle, à effectuer un accompagnement pastoral en profondeur.

 

Isabelle MILLEMANN2


 

NOTES

 

 

1. Association des Conseillers Chrétiens

 

2. Directrice de Famille je t’Aime
 

3. Alliance Evangélique Française
 

4. D. DEJARDIN – Les pouvoirs illimités de la psychologie – Fac Réflexion n° 37, 1996/4 – Vaux sur Seine p 26
 

5. ibid
 

6. J. de VRIES & W. BARRET – La Bible au centre de la relation d’aide – Ed. ELB – Braine-l’Alleud – 1995 – p 60