Histoire des C.A.E.F.


 

 vieille ville

 

Histoire des C.A.E.F. (4)

 

par Jean-Pierre Bory

 

 

QUELQUES CARACTERISTIQUES DES PREMIERES ASSEMBLEES BRITANNIQUES

 

Les premiers « frères »ont remis en lumière la nécessité d’une réelle conversion à Dieu, incluant une repentance et une foi personnelles. Le baptême par immersion est le témoignage public de cette expérience spirituelle intérieure.

 

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Ils ont aussi redécouvert l’unité des membres du corps de Christ par delà les barrières dénominationnelles ou confessionnelles, une unité existant par la vie de l’Esprit unique de Dieu dans tout croyant né de nouveau (1 Co 12.13 ; 1.2).

 

En remettant en pratique le principe du sacerdoce universel des croyants, ils ont retrouvé aussi une grande liberté en Christ, en particulier celle d’enseigner la Parole et de partager la Cène sans l’intervention indispensable d’un ministre ordonné, la liberté pour chaque membre de l’assemblée d’exprimer sa louange à Dieu lors des cultes et des réunions publiques.

 

Les premières assemblées se caractérisent aussi par un système congrégationaliste : les églises se développent de façon autonome sous la responsabilité de leurs fondateurs, puis d’anciens reconnus (par exemple à Bristol dès 1838). Darby est très réticent sur ce dernier point, en affirmant que la seconde venue de Jésus étant si proche, il n’est pas nécessaire d’établir des structures dans l’église comme si elle devait durer encore longtemps1.

 

D’autres points nous semblent moins positifs dans l’enseignement des « frères » : Le développement d’un système d’interprétation qui se veut rigoureusement littéraliste (certes en opposition au libéralisme ambiant), et paradoxalement un emploi abusif de la typologie, conduisent à un enseignement de plus en plus étroit et restrictif dans les domaines de l’ecclésiologie et de l’eschatologie.

 

Un attachement très fort à l’autonomie locale qui incline vers l’individualisme. Howley cite ces paroles d’un certain Dr Whale : « L’esprit d’indépendance qui oublie la dimension universelle de la vérité, l’individualisme qui mène au désordre, l’isolement qui devient facilement de l’orgueil spirituel et aboutit au schisme » sont trois tendances qui caractérisent trop souvent les assemblées parce qu’elles « mettent l’accent sur l’Eglise locale », un accent trop fort, qui leur fait oublier ce qui a été leur grande redécouverte initiale, « l’unité du Corps universel de Christ2 ». Les assemblées veulent vivre des cultes essentiellement spirituels de sorte qu’elles y proscrivent l’usage des instruments de musique…

 

Ces positions critiquables se comprennent (même si on ne les approuve pas !) quand on se souvient que les premiers « frères » sortaient d’églises ou le spirituel était étouffé par le rationalisme, où un cléricalisme autoritaire imposait sa loi et persécutait ceux qui redécouvraient la grâce libératrice. Mais parfois la réaction dépasse ce qui est juste.

 

 

EVOLUTION ET RUPTURE

A partir de 1828, J.N. Darby écrit successivement plusieurs brochures où il affirme et affine ses convictions. Dès 1829, il récuse les thèses d’Edward Irving (qui insiste sur la pratique des dons spirituels) et s’étend sur la seconde venue de Jésus-Christ : déjà, selon Rowdon, la pensée de Darby se focalise sur les questions eschatologiques.

 

En janvier 1834, The Christian Wïtness publie une nouvelle édition corrigée de son article sur l’unité de l’Eglise. Mais, cette fois, Darby insiste sur la pureté de l’Eglise et la nécessaire séparation de l’apostasie.

 

Darby devient de plus en plus autoritaire, ce que Groves déplore ; en 1836, au moment de repartir pour un nouveau séjour en Inde, il lui écrit : « Je me rends compte que vous n’avez plus que quelques pas à faire pour que tout le mal des systèmes, desquels nous professons être séparés, se reproduise dans votre milieu… Votre union devient de plus en plus une affaire de doctrine et d’opinion, plutôt que de vie et d’amour3 ». Cette triste constatation de Groves se trouve, hélas, confirmée quelques années plus tard par les divisions et les exclusions qui se produisent d’abord en Suisse, puis en Angleterre, dans les jeunes assemblées.

 

Dès 1837, Groves se désolidarise clairement des enseignements de Darby4, tandis que ce dernier, au fil des ans, continue de préciser sa doctrine, en particulier dans une série de brochures publiées pendant ses séjours en Suisse, puis en Angleterre (1837-1841) :

 

  • L’église terrestre a « apostasie », elle est « en ruine » : elle n’existe plus qu’invisible, et sur la terre ne subsistent que de petits « corps », formés de quelques fidèles qui doivent se séparer de toute communion avec le reste de la chrétienté5. Ceux qui prennent la cène dans d’autres groupes chrétiens sont exclus de l’assemblée, d’où le surnom de « frères exclusifs » donné aux membres des assemblées qui adoptent les vues et la discipline de Darby.

 

  • Darby développe aussi une eschatologie très précise (le dispensationalisme6).

 

  • Il continue de pratiquer le baptême des enfants comme dans l’église anglicane7.

 

 

LA SCISSION DES ASSEMBLÉES

 

De 1837 à 1845, J.N. DARBY vient à plusieurs reprises d’Angleterre en Suisse et y exerce un ministère dans les Assemblées dissidentes. Dans ces petites communautés, fragilisées par l’opposition de l’Eglise nationale et l’exil de la plupart de leurs pasteurs, Darby, avec sa forte personnalité, sa grande culture, sa profonde connaissance de la Bible et sa piété remarquable, a de suite une grande influence sur les jeunes convertis.

 

Et malheureusement, son enseignement radical et anticléricaliste trouve un terrain favorable dans les assemblées dissidentes souvent contestataires à l’égard de leurs pasteurs et jalouses de leur autonomie.

 

Les assemblées de l’« ancienne dissidence » (ainsi appelle-t-on désormais les premières assemblées nées entre 1817 et 1835) disparaissent presque complètement : beaucoup suivent Darby, d’autres rejoignent des groupes méthodistes ou contribuent à la création d’Eglises Libres en 18458.

 

Darby visite la France à plusieurs reprises et préside, en 1850, un Congrès à Annonay qui fonde officiellement les Assemblées de Frères en France (les assemblées exclusives9). Darby voyage aussi dans d’autres pays, Allemagne, Hollande, Belgique, Italie, mais aussi Canada, USA, Nouvelle-Zélande.

 

Séparation en Angleterre

 

II semble que les deux personnalités les plus marquantes dans les Assemblées des premières décennies, aient été Darby pour celles d’Irlande et Benjamin Wills Newton pour celles d’Angleterre. Mais leurs convictions évoluèrent de façon différente.

 

Newton avait publié une brochure sur les souffrances de Jésus dans laquelle il décrivait la nature humaine de Jésus de façon peu scripturaire10. Darby ne manqua pas de relever cette doctrine erronée et d’en condamner l’auteur. En 1845, lors d’une séance à laquelle assistaient une quinzaine d’autres frères, Newton est mis en accusation. Il reconnaît son erreur mais est obligé de se retirer définitivement de Plymouth et de s’abstenir de prêcher. Le ministère de cet homme de valeur est ainsi stoppé dans les assemblées. Il partira à Londres où il continuera un ministère de prédicateur, tout en restant en butte à une hostilité malveillante qu’il supportera avec une patience admirable.

 

Darby et Harris quittent Plymouth. Mais il se fonde à Plymouth même, à côté de l’assemblée existante, une nouvelle communauté qui adhère à l’enseignement de Darby et grandit rapidement.

 

En 1848, Darby prend une décision lourde de conséquence : il excommunie l’assemblée de Béthesda à Bristol, accusée de n’avoir pas rejeté l’enseignement de Newton taxé d’hérétique11. Il demande à toutes les communautés qui le suivent de faire de même. C’est ainsi que non seulement en Angleterre, mais en Suisse et sur d’autres continents où des assemblées se sont alors créées, on condamne et on excommunie les membres des communautés qui suivent les prétendues fausses doctrines professées par Newton, de même que ceux qui prennent la cène avec des croyants d’autres dénominations.

 

Le mouvement des Frères est gravement et définitivement divisé12 : d’un côté les assemblées dites « exclusives13 », de l’autre celles qui reçoivent à la communion des chrétiens d’autres dénominations ; par contraste, on surnomme alors ces dernières « Frères larges » ou « Frères ouverts »; elles-mêmes s’appellent parfois « Frères chrétiens » ou « Assemblées chrétiennes », ou tout simplement les « frères », en anglais « The brethren ». Et bien que les « frères » n’y mettent pas de « B » majuscule, ce groupe d’assemblées constitue bien aujourd’hui un mouvement d’églises quand on le considère de l’extérieur !

 

Dans la seconde partie du XIXe siècle, les assemblées exclusives souffrent successivement de plusieurs scissions pour des raisons doctrinales14. L’une des plus importantes, et qui touche la France, est celle de 1890 où de nombreuses assemblées suivent F.E. RAVEN qui, tout en restant fidèle à la pensée et à la discipline de Darby, présente de façon non orthodoxe l’origine de l’humanité de Christ15.

 

 

LA VIE DES PREMIERES ASSEMBLEES

 

A.N. Groves est très peiné par toutes ces divisions. Il suit de loin les événements et, dans plusieurs lettres, définit ses propres convictions, qui restent celles des premières assemblées :

 

  • « Nous devrions aimer toutes les personnes qui aiment Christ.

 

  • Nous devrions normalement célébrer le culte avec les congrégations les plus proches de l’Ecriture.

 

  • Nous pouvons célébrer le culte avec toutes les congrégations sous le ciel où Christ se manifeste pour bénir et sauver ».

 

Lorsque Groves s’était fait baptiser en tant qu’adulte converti, sa femme lui avait dit : « Maintenant tu es un Baptiste ! » Mais Groves avait répondu : « Non ! Je désire les suivre dans tous les domaines où ils suivent Christ, mais je ne veux pas rejoindre un parti qui me coupe de tous les autres16 ».

 

H.A. Ironside exprimera plus tard cette même détermination en disant : « J’ai souvent dit moi-même et le répète ici : je suis seulement l’un « des frères », aussi longtemps qu’on ne met pas de majuscule au mot frère17 ».

 

En cela, il est en pleine communion avec Muller et Craik à Bristol et avec Chapman à Barnstaple. Ces derniers font tout ce qu’ils peuvent pour minimiser les différences qui les séparent d’autres groupements évangéliques et relever ce qui les unit. Cette position est certainement plus difficile à définir et à tenir que celle de Darby. Elle peut être taxée de compromis ; mais elle permet aux assemblées de rester réellement ouvertes pour les croyants d’autres églises, et d’accueillir ceux qui sont sans église. C’est ainsi que les frères de ce temps-là comprennent le vrai œcuménisme.

 

Il n’est pas possible d’entrer dans le détail de l’évolution des convictions doctrinales des fondateurs des premières assemblées en Grande-Bretagne. On peut toutefois relever les points sur lesquels ils insistent :

 

  • Leur première et fondamentale préoccupation est l’unité de l’Eglise.

 

  • Newton adopte une ligne calviniste modérée (se distinguant en cela des positions méthodistes), mais est convaincu que le baptême doit être administré aux adultes convertis.

 

  • Aucune ordination n’est nécessaire pour la prédication de l’Evangile18.

 

La crainte de voir se constituer un nouveau « clergé » dans les assemblées est une des raisons pour lesquelles on ne crée pas de système de soutien régulier pour les serviteurs. Les fondateurs des assemblées ne voulaient pas susciter ainsi une caste, ce qui aurait été contraire à leur conception du ministère. Alors que la plupart des fondateurs des assemblées sont des théologiens, les frères en viennent à refuser toute formation théologique en faculté ou en institut, toujours pour la même raison.

 

Leur attitude à l’égard du monde est radicale : le monde est mauvais et le chrétien n’a rien à en recevoir. Les frères ne se retiraient pas du monde, mais souhaitaient n’en user que pour leur besoins essentiels sans se laisser asservir ou endormir par lui dans le matérialisme. Groves estime que le chrétien doit considérer que tous ses biens appartiennent à Christ, entièrement et sans réserve. Ainsi Muller renvoie à un donateur une montre en or qu’on lui avait offerte gravée à son propre nom.

 

A Plymouth, les chrétiens vendent tout objet non indispensable dans leur maison : tapis, tableaux, bijoux, meubles luxueux… Lord Congleton cède tous ses biens et loue une maison très simple pour une somme dérisoire ; il ne garde pour lui qu’un simple lit en fer.

 

Les membres des assemblées s’efforcent d’abaisser toutes les différences sociales dans leurs rapports avec les autres. Dans le domaine politique, ils restent en retrait, estimant ne pas devoir se compromettre avec le monde corrompu. Ensuite, ils rejettent le service armé. Toutefois Lord Congleton pense devoir continuer de siéger à la Chambre des Lords, estimant être placé là pour le service de Dieu. Et d’autre part, il y avait de très riches commerçants dans les assemblées19

 

 

LE SECOND ESSOR DES ASSEMBLEES

 

Après 1848, de nouvelles assemblées « larges » s’ouvrent à nouveau en Suisse20 et sont rejointes dans le dernier quart du XIXème siècle et jusqu’à récemment, par un certain nombre d’assemblées qui quittent successivement le darbysme.

 

Cela explique en partie la diversité de conception de la vie d’église et des ministères que l’on constate aujourd’hui encore dans nos assemblées suisses et françaises. Certaines conservent une position très réservée quant à la reconnaissance de ministères de direction dans l’église, à la position de la femme, d’autres sont plus ouvertes sur ces points.

 

Dans de nombreux autres pays qu’il n’est pas possible de citer dans les limites de cet article, des assemblées se créent depuis plus d’un siècle. Nommons toutefois ceux qui nous sont les plus proches :

 

Espagne

 

C’est en 1838 déjà que R.C. CHAPMAN s’y rend avec deux autres frères. Plusieurs Anglais (H. Payne, A. Fenn, C.E. Faithfull) s’y établissent après 1868, dans la région de Barcelone en particulier, à Madrid et dans le nord-ouest du pays. H. Payne collabore à la révision de la Bible en espagnol21. Les assemblées espagnoles sont nombreuses aujourd’hui dans ce pays : environ 150 (51 dans la seule région de Barcelone).

 

Elles ont des rencontres générales annuelles dans 3 régions, et environ 70 frères espagnols travaillent aujourd’hui à plein temps ! La liberté est grande de nos jours : émissions radio et TV dans chaque région, évangélisation par téléphone, édition de littérature évangélique, centres de vacances, maisons pour personnes âgées, etc. De nouvelles assemblées s’ouvrent chaque année.

 

Belgique

 

La première assemblée est créée en 1854 par un évangéliste français, C.M. GAUDIBERT. Ce dernier travaille au service d’une société missionnaire, mais sa prédication évangélique déplaît et il se retire pour entreprendre un ministère indépendant qui contribuera à la naissance de plusieurs assemblées en Belgique. Elles sont aujourd’hui une bonne vingtaine en Belgique francophone, en contact étroit avec les assemblées françaises du Nord.

 

Il faut souligner leur intérêt fidèle pour la mission, au Zaïre en particulier, mais aussi dans d’autres pays. Les missionnaires envoyés par les assemblées de France au Tchad se souviennent encore avec reconnaissance des colis de vivres qui leur parvenaient régulièrement de la part du « Colis Missionnaire Belge » animé par la famille Bastin. Et les assemblées de France ont bénéficié aussi du ministère de frères belges qualifiés comme Joël Rousseau et plus tard Fernand Legrand.

 

Italie

 

Le comte GUICCIARDINI, d’une ancienne famille catholique florentine, se convertit à la foi évangélique en lisant une Bible que lui avait prêtée son cordonnier. En 1846, il réunit secrètement quelques croyants pour prendre la cène et, profitant de la révolution de 1848 (Risorgimento), il organise des réunions publiques. Mais il est bientôt arrêté ainsi que beaucoup d’autres frères, dépouillé de ses biens et exilé.

 

Le comte Guicciardini rencontre Anthony Norris Groves à Teignmouth et y tient des réunions. Mais il repart bientôt clandestinement en Italie et se met à prêcher avec un autre frère italien. On raconte qu’ils s’étaient fabriqué tout deux des vêtements rembourrés pour atténuer l’impact des pierres qu’on leur lançait ! Mais les assemblées se multiplient aussi dans ce pays22.

 

Dans la deuxième partie du XXe siècle, des assemblées s’ouvrent dans de nombreux autres pays, en particulier aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, puis dans le nord de l’Europe, au Danemark, en Suède, en Norvège et à travers toute la Russie jusqu’en Sibérie (ministère de Baedeker et Radstock, dont Tolstoï parle avec très peu de sympathie23). D’autres missionnaires évangélisent diverses régions d’Amérique du sud.

 

Des assemblées se créent dans les Balkans au début du XXème siècle, en Roumanie en particulier où des frères suisses exercent leur ministère.

 

Tchad

 

Un Anglais, John R. OLLEY, émigré en Nouvelle Zélande, s’y convertit en 1917. Il apprend le français tout seul et en 1919, part comme missionnaire en Afrique du Nord à Tunis afin d’y apprendre l’arabe. En 1925, il gagne Kano en Nigeria où il s’installe et engage un serviteur d’origine tchadienne. Ce dernier lui parle de son pays et J. R. Olley y entre en 1926. Il évangélise le Tchad pendant 30 années, y fondant plusieurs assemblées.

 

Il a à coeur d’évangéliser le nord du pays où vivent des populations musulmanes, mais les autorités françaises l’en empêchent. Il fera même de la prison pour avoir fait, malgré l’interdiction, des tournées dans le Nord. Ce n’est qu’en 1956 qu’il décide de prendre un congé mais, sur le chemin du retour, il meurt à Sydney pendant une réunion de prière.

 

D’autres missionnaires américains (les premiers étaient la famille Rodgers) étaient arrivés peu avant lui dans le sud du Tchad suivis de plusieurs Anglais et Australiens.

 

Ce n’est qu’en 1951 que partent les premiers missionnaires issus d’assemblées françaises (Jean et Huguette METZ) pour y ouvrir de nouvelles assemblées dans le centre du pays, dans la région islamisée du Guéra. Il y a aujourd’hui un peu plus de 700 Assemblées Chrétiennes au Tchad. Des assemblées sont créées dans plusieurs autres pays d’Afrique dès la fin du XIXè siècle.

 

France

 

On se souvient qu’un premier mouvement de réveil est signalé en France vers 1818, encouragé par des pasteurs exilés de Suisse quelques années plus tard. En 1849, il en naîtra l’Union des Eglises Libres.

 

Dès 1837, Darby fait une visite dans la région de Lyon et par la suite, lui-même et plusieurs de ses disciples vont témoigner en France, de sorte que rapidement des groupes se forment en divers lieux. Darby exerce un remarquable ministère de fondateur d’églises en France. Dans une lettre datant de 1843, Darby en signale dans le Gard, à St Hippolyte, dans la Drôme, à Montmeyran, en Ardèche, et même jusqu’à Nice24. En 1855 déjà, les assemblées sont nombreuses « de Baie aux Pyrénées ».

 

C’est surtout la moitié sud de la France qui est touchée : la vallée du Rhône, la Haute-Loire et le Sud-Ouest. (Dans le même temps, quelques assemblées s’ouvrent en Allemagne, dans la vallée du Rhin, dans la Ruhr et en Hollande). Mais ce sont toutes des assemblées exclusives. Aujourd’hui encore ces assemblées sont nombreuses et vivantes dans plusieurs régions de France.

 

Les assemblées de « frères larges » (devenues aujourd’hui les C.A.E.F.) ne naîtront que beaucoup plus tard, vers la fin du siècle. Nous en évoquerons les débuts dans le prochain numéro de SERVIR.

 

(à suivre)

J.-P. B.

 


 

NOTES

 

1. F.Roy Coad, A History of the Brethren Movement, p. 56.

 

2. G.C.D. Howley, dans les Assemblées devant le Nouveau testament, p. 25 et suivantes.

 

3. G. Nicole et R. Cuendet, op.cit., p. 22-23. Marc Luthi, op.cit., p. 120-125 ; F.Roy Coad, A History of the Brethren Movement, p. 34-35 et p. 116-118.

 

4. F.Roy Coad, A History of the Brethren Movement, p. 122.

 

5. Darby distingue le Corps de Christ (Eglise universelle céleste rassemblant les rachetés de tous les temps) des églises terrestres locales, qu’il appelle « maisons terrestres », et qui, confiées aux hommes, sont devenues « infidèles ».

 

6. Selon certaines sources, il semble qu’il aurait même proposé la date de 1842 pour la seconde venue de Christ (d’autres parmi ses disciples suggérèrent 1844 ou 1847) : A. Christopher Smith : « J.N. Darby in Switzerland ; At the crossroads of brethren history and european evangelicalism », note 69, in Christian Brethren Review (Edit. Harold H. Rowdon ; Journal. 34, nov. 1983), p. 90-91.

 

7. Pour un exposé plus large de l’enseignement de Darby, voir Marc Luthi, op.cit., p. 137 à 153).

 

8. F.Roy Coad, op.cit., p. 19ss. En 1845, 153 pasteurs démissionnent de l’Eglise nationale et créent une Eglise libre de tout lien avec l’Etat.

 

9. G. Dagon, Petites églises et grandes sectes, p. 49.

 

10. Lors de sa naissance, Jésus aurait hérité de Marie une nature, humaine jusqu’au point de s’identifier à la nature humaine pécheresse, ce qui aurait motivé plus tard l’abandon de Dieu à Golgotha. Les épreuves, les souffrances et les peines non consécutives à un péché personnel, mais que tout homme traverse, auraient été nécessaires pour accroître les perfections du Christ (cf. H.H.Rowdon, op.cit., p. 258).

 

11. On accusait Newton d’hérésie à propos de son enseignement sur la nature de Jésus et sur le déroulement de certains événements eschatologiques.

 

12. F.Roy Coad, op.cit., p. 164.

 

13. Les assemblées qui suivirent Darby sont souvent surnommées « darbystes » ou « exclusives ». Mais elles-mêmes continuent de se désigner comme « assemblées de frères ».

 

14. William B. Neatby, A History of the Plymouth Brethren, p. 255 à 325.

 

15. William B. Neatby, op.cit. p. 316-317. Gérard Dagon, op.cit., « les Assemblées de Frères (darbystes) : 3ème fascicule, 1969, p.22-32 ; « les Assemblées ravinistes » ; 5ème fascicule, 1973, p. 45-50.

 

16. H.H. Rowdon, op.cit., p. 292.

 

17. H.A. Ironside, op.cit., p. 10.

 

18. H.H. Rowdon, op.cit., p. 40.

 

19. H.H. Rowdon, op.cit., p. 304-306.

 

20. Les Assemblées Evangéliques de Suisse Romande (AESR) regroupent aujourd’hui une quarantaine d’assemblées et plusieurs essaimages sont en cours.

 

21. The Principles of the open Brethren , Glasgow, édité par Pickering & Inglis, sd, p. 95.

 

22. P. Perret, op.cit., p. 28ss ; F.Roy Coad, A History of the Brethren Movement, p. 189ss. Relire aussi la présentation des assemblées italiennes paru dans SERVIR n°1 de janvier 1994.

 

23. Dans son ouvrage Résurrection. F.Roy Coad, A History of the Brethren Movement, p. 194.

 

24. F.Roy Coad, A History of the Brethren Movement, p. 86.