Temoignage

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Un pionnier dans l’Allier

 

 

Paul Howland interviewé par Esther Buckenham

 

 

 

 

Paul, nous ne nous connaissons bien que depuis deux ans, mais déjà je trouve que nous avons un tas d’intérêts en commun …

 

dialogue1E. B. : Quand est-ce que vous êtes venus en France pour la première fois… et pourquoi ?

 

P. H. : D’abord, Esther, je tiens à te remercier pour l’occasion de parler de ce que le Seigneur a fait dans notre vie… et je parle pour ma femme Lorraine et moi-même. Nous sommes venus en France en 1973 pour servir le Seigneur à Paris… et précisément dans le cadre des « faiseurs de tentes » fréquentant l’assemblée des Gobelins!

 


dialogue1E. B. : Le monde est certainement petit ! Mais, qu’est-ce que tu entends par « faiseurs de tentes » ? Vous n’êtes pas venus avec le soutien d’une mission ?

 

P. H. : Non, nous avions décidé de déménager et travailler en France après nos études de théologie. J’avais senti l’appel du Seigneur pour l’évangélisation en France quand j’étais encore au lycée. La vision que le Seigneur m’avait donnée était de vivre comme les Français, avec les mêmes soucis d’embauché, horaires de travail, et constante lutte pour la mise à part de temps pour faire face aux choses les plus importantes : une vie privée en règle avec Dieu, une famille et l’évangélisation. J’ai trouvé un travail dans mon métier de dessinateur architectural, et nous nous sommes engagés dans la vie de l’assemblée.

 

 

 

dialogue1E. B. : Après cette première « visite », vous êtes retournés en Amérique, mais ce n’est pas la fin de l’histoire !

 

P. H. : Oui, nous avons été obligés de repartir, faute d’avis favorable à la demande de mon patron pour notre résidence permanente en France. C’était en plein milieu de la crise pétrolière et du scandale de « Watergate » ! Le Seigneur s’est servi de cette première expérience pour nous vider de toute dépendance envers nos propres moyens. Toutes nos économies dépensées, nous sommes rentrés aux Etats-Unis sans un sou, sans travail, sans droits au chômage, sans logement et très déçus. C’était très difficile, mais tout cela faisait partie de notre formation pour un ministère plus tard. Je ne rentre pas dans les détails des 7 ans de formation dans « l’école de l’expérience » avant de revenir en France au moment voulu par le Seigneur, sauf pour dire qu’il n’y a rien de mieux!

 

(Je recommande que chaque jeune qui veut servir le Seigneur se forme pour un métier et y travaille avant de « conseiller aux autres comment vivre »… c’est biblique ! Les hommes et les femmes de nos jours ont besoin de voir que l’évangile est pratique ; applicable à la vie actuelle. C’est aussi une sauvegarde contre la division de l’église locale entre un clergé « professionnel »et les laïques. Tous sont membres du « corps » ou « équipe » et sont au même niveau comme des frères et soeurs « à plein temps pour le Seigneur ». Nous avons besoin du don de chaque membre, pas seulement des « professionnels » qui n’ont jamais travaillé dans un monde antichrétien. Mais, tout cela vient de la vision que le Seigneur nous a donnée. Excuse-moi, Esther, si je me suis emballé avec un sujet qui me passionne !)

 

dialogue1E. B. : Ah, non ! au contraire, cela nous montre la mission que tu as. Tu as fait des séjours à Albertville, à Aix-les-Bains et à Grenoble… Pourquoi ?

 

P.H.: Nous sommes revenus en France en 1981 pour faire des études de langue à Albertville. Deux assemblées de frères aux Etats-Unis nous ont recommandés à l’oeuvre d’évangélisation en France et j’ai fermé mon entreprise de construction aux U.S.A. Cette fois le Seigneur nous a fait passer par l’école de la prière. Nous n’avions pas de soutien promis soit par une église soit par une mission… juste la prière pour nos besoins. (C’était un choc à mon esprit d’entrepreneur ! J’avais l’habitude de calculer soigneusement le coût d’un contrat et puis de faire signer le client en double. Mais le Seigneur exauce cette prière « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » !).

Nous avons passé une année à Aix-les-Bains où nous avons aidé à l’évangélisation avec l’assemblée. Après cela, nous avons suivi des « contacts » à l’assemblée de Grenoble, rue Casimir Périer, par des études d’évangélisation pendant quelques mois.

 

 

 

dialogue1E. B. : En 1983 tu as eu la vision de commencer une oeuvre pour le Seigneur à Moulins. Peux-tu nous donner quelques précisions ?

 

P.H.: Oui ! C’est par Trifon et Priscilla Kalioudjoglou que nous avons appris les besoins dans cette région. J’avais déjà acheté une carte de la France et marqué les villes où il y avait une église ou une oeuvre évangélique : la ville de Moulins, la préfecture de l’Allier, était sans témoignage. Notre appel, basé sur Romains 15.17-21, était confirmé par le soutien spirituel de l’assemblée de Vichy. Nous faisions partie de l’assemblée, tout en habitant et travaillant sur Moulins. En 1988, nous avons commencé un culte à Moulins avec quelques personnes que le Seigneur avait sauvées. Depuis cette date nous ne faisons plus les 55 km chaque dimanche jusqu’à Vichy !

 

dialogue1E. B. : Pendant nos échanges l’impression m’a été donnée que tu es très attaché à nos principes d’église. Est-ce que tu es « un enfant des assemblées de frères » ?

 

P. H. : Non, je suis né et baptisé catholique. Le Seigneur m’a sauvé à travers des messages radiophoniques quand je n’avais que 9 ans. Avec ma mère et ma soeur, qui se sont données au Seigneur par la suite, nous avons essayé toute sorte d’église, pour trouver une famille spirituelle. Cela m’a fait du bien, me donnant une vision plus large de la famille de Dieu. Je dois avouer que les assemblées de frères m’ont impressionné par leur culte chaque dimanche et leur connaissance de la Parole de Dieu.

 

 

 

dialogue1E. B. : Tu es marié, tu es père de deux grands enfants ; est-ce que tu peux nous présenter ta famille ?

 

P.H.: Avec plaisir ! Ma femme, Lorraine, est du New Jersey. Elle s’est donnée au Seigneur à l’âge de 14 ans dans une petite église indépendante. Nous nous sommes rencontrés dans la même classe à la faculté biblique de Philadelphie. Cette année nous célébrons nos 20 ans de mariage ! Notre fils, Timothée, a 19 ans et poursuit ses études au Texas dans l’université LeTourneau. Notre fille, Sara, a 16 ans et fait ses études au lycée de Moulins. Ils sont, tous les deux, une joie pour nous par leur témoignage pour leur Seigneur.

 

dialogue1E. B. : Avec l’aide de ta femme, comment as-tu commencé l’oeuvre à Moulins en 1983 ?

 

P.H.: Nous avons créé la Bibliothèque Bonne Nouvelle comme un outil de partage de l’évangile sur les trois villes de Moulins, Yzeure et Avermes. C’est un service de prêt gratuit de livres chrétiens. Nous avons aménagé une camionnette pour le service mobile dans les quartiers des HLM et une boutique en ville pour une permanence. Nous sommes maintenant dans notre troisième local, toujours en train de grandir. Bientôt, notre catalogue de livres sera informatisé.

 

Suite à des contacts de la Bibliothèque et de notre stand biblique au marché, nous avons commencé des études bibliques personnelles. Je travaille avec les hommes et les couples et Lorraine avec les femmes. Nous avons maintenant l’église locale, des réunions d’hommes, des réunions de dames, plus l’école du dimanche et les messages à préparer. Entre les visites hebdomadaires aux personnes âgées à l’hôpital et une petite imprimerie, nos journées sont toujours pleines !

 

dialogue1E. B. : Quelle est ta vision de l’avenir pour l’assemblée chrétienne de Moulins ?

 

P.H.: L’assemblée a déjà écrit une plaquette qui montre notre but et nous sommes en train de faire une étude de formation de responsables dans l’église. La prochaine étape sera celle de nommer des diacres et des anciens. Je dois le faire bientôt et puis penser à la prochaine ville ! Je ne vais pas me nommer comme un des responsables, mais nous attendons de l’assemblée le même soutien que nous avons reçu de Vichy pour commencer dans une autre ville… probablement Digoin en Saône-et-Loire.

 

dialogue1E. B. : 1973 à 1992… c’est une tranche assez importante dans la vie d’un homme ! En quelques mots, pourrais-tu résumer les leçons les plus importantes que tu as apprises dans ton travail de pionnier ?

 

P.H. : Ce que j’apprends est parfois peu par rapport à ce que le Seigneur essaie de m’apprendre ! Mais, j’ai appris au moins qu’il est fidèle à ses promesses, entre autres celle de pourvoir pour ceux qui travaillent pour lui. Il bénit quand nous suivons sa Parole à la lettre… J’ai vu que le plus grand besoin en France est une mobilisation de chaque chrétien par un enseignement biblique riche dans les principes de l’église du Nouveau Testament. Le travail est trop grand pour le peu de « spécialistes » que nous avons. Nous n’avons pas besoin d’embaucher plus, ni de plus d’argent, mais que chacun s’engage où il est, comme évangéliste, enseignant, responsable, serviteur prêt à faire tout pour le Maître. Beaucoup le font déjà, mais il faudrait que tous soient enseignés dans ce principe primordial de l’église primitive du Nouveau Testament, puis formés pour se servir de leur don spirituel pour l’église locale. (Et tu vois… je me suis emballé encore sur mon sujet préféré !).

 

dialogue1E. B. : Merci, Paul, d’avoir bien voulu partager ta vie avec nous aujourd’hui. Nous attendons la suite avec toi dans la prière. Que Dieu te bénisse !

 

E.B.