Le chrétien face à l’homosexualité

 meme sexe

par le Dr Montagu Barker1

 

 

La Bible ne fait pas de distinction nette entre ceux qui ont une inclination pour l’homosexualité et ceux qui la pratiquent. Je définirai donc l’homosexualité comme le fait pour une personne d’avoir une préférence marquée pour les relations sexuelles avec une personne de son propre sexe. Certaines de ces personnes peuvent éprouver des sentiments qui ne se traduisent jamais dans les faits par un comportement homosexuel. D’autres, en revanche, pratiquent l’homosexualité.


 

Il est impossible de connaître exactement leur importance numérique. Il y a des adolescents pour qui c’est quelquefois une étape dans la découverte de leur propre sexualité. Il y a également des adultes qui commencent des pratiques homosexuelles en temps de guerre, ou en prison. C’est sous l’effet d’une très forte tension émotive que certaines personnes s’engagent pour la première fois dans une pratique homosexuelle. Pour d’autres, cela peut arriver, à leur propre étonnement, sous l’effet de l’alcool, ou à la suite d’une dépression. Les gens se comportent de manière différente, dans des situations différentes. L’aspect, la manière de s’habiller, ne peuvent en aucun cas être des critères pour décider si une personne est homosexuelle ou non.

 

Des études ont été faites sur l’homosexualité féminine. Elles sont moins nombreuses : d’une part, les femmes hésitent à évoquer ces problèmes dans les cliniques psychiatriques, d’autre part, la société les tolère davantage. On ne trouve pas dans l’homosexualité féminine autant de violence ; et les femmes qui ont une inclination homosexuelle ont moins de dépressions, moins de tension nerveuse que les hommes. Les femmes semblent également prêtes à accepter beaucoup plus facilement une amitié non érotique.

 

 

LE PASSÉ

 

Dans la Grèce antique, on accordait à l’homosexualité une très grande valeur et la considérant comme une forme supérieure de l’amour. Nous n’en connaissons pas l’étendue. Nous ne savons pas à quel point elle était acceptée par la société en général. Nous savons que, chez les Grecs, la structure familiale fut déprécie. Démosthène a écrit : « Nous entretenons des prostituées pour notre plaisir, des maîtresses pour les besoins de nos corps et des épouses pour être les mères de nos enfants et les gardiennes de nos foyers. » Dans la Grèce antique, les relations avant et en dehors du mariage étaient chose courante.

 

Pour Platon, homme cultivé, l’amour signifiait aimer un garçon – et l’amour ordinaire pour une femme était quelque chose de bas et de peu honorable.

 

De même, dans la Rome antique qui a été profondément influencée par la Grèce, sur les quinze premiers empereurs romains quatorze étaient des homosexuels pratiquants. Ils pratiquaient également l’hétérosexualité. Et, chez les Romains, on a vu des attitudes semblables à celles des Grecs concernant l’homosexualité. Le mariage était amoindri. L’impératrice Messaline, l’épouse de l’empereur Claude, se comportait comme une vulgaire prostituée pendant que son mari dormait. Jérôme nous rapporte l’histoire d’une femme mariée à son vingt-troisième mari, étant elle-même sa vingt-et-unième femme ! Il y avait là une situation d’homosexualité dans la promiscuité et une hétérosexualité dans la promiscuité. La vie familiale était foulée au pied.

 

L’attitude des Juifs était tout autre. Ils étaient fortement opposés à l’homosexualité dont les pratiques étaient condamnables à mort, tout autant que des relations avec une bête. On accordait à l’hétérosexualité une importance très grande à cause de sa fonction dans la famille. La stabilité, la continuité dans la famille étaient des principes fondamentaux.

 

Il est important de se rendre compte qu’à l’époque où a été rédigé le Nouveau Testament, l’enseignement qui était donné concernant l’homosexualité s’inscrivait dans le contexte que nous venons d’évoquer. Dans les sociétés orientales, à certaines époques, l’homosexualité a été acceptée, à d’autres, elle a été sérieusement condamnée.

 

La société de nos jours, en particulier dans des pays comme les pays Scandinaves, les Pays-Bas et le Japon, est plus « tolérante ». En Russie et en Amérique Latine, on rencontre une forte désapprobation. Il semble que l’homosexualité soit d’autant plus répandue qu’on la valorise et que l’on dévalorise la fidélité et les liens du mariage.

 

 

AUJOURD’HUI

 

Le droit au plaisir ?

 

Voyons maintenant ce que l’on réclame aujourd’hui. « Eh bien, écoutez, je suis une variante d’un comportement normal. » Certains vont jusqu’à affirmer que l’homosexualité est préférable à un comportement hétérosexuel. Un auteur a dit que l’hétérosexualité présentait de très grands inconvénients et encourageait l’homosexualité. Il dit par exemple que l’homosexuel n’est pas lié à une seule personne, qu’il est capable de pratiquer la relation sexuelle pour elle-même. Pour avoir une relation sexuelle, il n’est pas obligé de faire semblant et de dire : « Je t’aime. » Certains disent : « Nous sommes libres de choisir notre orientation. » Derrière toutes ces affirmations et derrière toutes ces recherches, il y a cette pensée : la satisfaction, le plaisir sexuel m’appartiennent, sont ma prérogative. C’est là que se trouve l’une des grandes difficultés pour le chrétien.

 

Je voudrais remettre en question cette idée que chacun a le droit à la satisfaction sexuelle, et l’idée que l’hétérosexualité et l’homosexualité puissent être équivalentes. Malheureusement, l’attitude chrétienne envers l’homosexualité n’a pas été bonne. On a considéré l’homosexualité comme le péché de Sodome, comme la cause de la destruction de Sodome. C’était donc le péché le plus horrible qui soit. Et ceci (mélangé au faux ascétisme des Pères de l’Eglise et encouragé par l’attitude de l’Eglise médiévale qui considérait le célibat comme étant plus élevé que toute forme de sexualité) a mis sur pied un ensemble de répressions très fortes.

 

Même les relations les meilleures et les plus tendres que nous pouvons avoir sont affectées par la chute. Il ne me semble pas qu’il faille être plus sévère envers l’homosexualité qu’envers n’importe quel autre aspect de cette création qui a connu la chute. Nous partageons tous quelque chose de cette chute où se trouve le monde, que notre inclination soit homosexuelle ou hétérosexuelle.

 

Il n’y a aucune raison d’idéaliser l’homosexualité ou de faire l’équation entre homosexualité et les relations hétérosexuelles, ni d’accepter des relations homosexuelles entre chrétiens. D’ailleurs, l’égalité n’existe pas dans ce monde. Le droit pour chacun d’avoir des relations sexuelles n’existe pas, pas plus que le droit de procréer ; dans l’optique chrétienne, ces deux choses sont des dons de Dieu. Le mariage ne peut pas être pour tous, il y a des célibataires, il y aura parfois des estropiés, des handicapés, et ils peuvent ne pas connaître le mariage ; et même ceux qui sont mariés peuvent très bien ne pas avoir la descendance qu’ils avaient raisonnablement espérée. La Bible nous invite à nous abstenir de relations sexuelles en dehors du mariage.

 

 

DANS L’ÉGLISE

 

Dieu est un Dieu qui pardonne

 

Comment donc allons-nous régler ce problème d’une manière pratique dans l’Eglise ? En tant que responsable d’église, je devrais dire que nous devons faire bien comprendre aux personnes homosexuelles que Christ est mort pour elles tout comme pour les autres personnes. Il y a cependant des problèmes spécifiques. Dans une période de trouble, elles peuvent ne pas retrouver les structures de la vie familiale et de la tradition. Il se peut qu’elles connaissent la solitude et le désespoir, mais cette solitude n’est pas nécessairement plus grande que celle d’autres personnes qui aimeraient beaucoup se marier et qui, pour une raison ou pour une autre, ne le peuvent pas ; à cela s’ajoute toujours la crainte de l’ostracisme, la peur d’être découvert.

 

Beaucoup de ceux qui ont des problèmes homosexuels n’osent pas se confier à d’autres parce qu’ils ont le sentiment que cet aspect de leur personnalité sera traité d’une façon beaucoup plus sévère que les autres aspects de leur personnalité et cela peut mener pour finir à du cynisme et à de la tromperie. Nous ne devrions jamais permettre qu’une personne, que la personnalité d’une personne, soit diffamée. Une personne qui a une tendance homosexuelle ne peut pas s’en empêcher ; il ne faudrait pas qu’elle se dévalue elle-même en tant que personne, et nous, nous ne devons rien faire qui puisse la dévaluer en tant que personne. C’est un individu particulier devant Dieu.

 

Venir en aide à son prochain

 

main-tendueMais tout comme d’autres personnes qui sont seules, elle ne peut pas vivre l’intensité d’une relation « un à un » comme celle que donne le mariage. On devrait donc l’encourager à accumuler de nombreuses relations sociales et amicales. D’une façon plus large, on peut encourager ces personnes à rechercher activement la communion avec d’autres. L’hospitalité est un don chrétien. Nous pouvons leur donner un sentiment d’appartenir à quelque chose – par exemple, à des groupes de maison. Ce n’est pas un problème spécifique aux homosexuels, c ‘est un problème qui se pose à tous ceux qui, involontairement, se trouvent seuls et c’est un problème que l’Eglise n’a pas suffisamment considéré jusqu’à présent.

 

Et pour terminer, nous pouvons essayer de promouvoir une attitude véritablement chrétienne envers le sexe et la famille.

 

Une juste estimation du péché

 

Examinons l’enseignement biblique. Genèse 19 est l’un des chapitres clés pour nous ici. Ce passage et Lévitique 18 ont soulevé l’idée que l’homosexualité entraînait un rejet hors du peuple et que le passage concernant Sodome était un passage clé ; c’est de ce passage que dérive le terme de sodomie. On a probablement commis là une grande erreur parce que, à mesure que l’Eglise commençait à expliquer ces textes, elle s’est concentrée surtout sur l’homosexualité et a oublié un peu les autres aspects de la vie à Sodome.

 

Ezéchiel chapitre 16 versets 49 et 50 indique la raison réelle de la destruction de Sodome : « Voici quel a été le crime de Sodome, ta soeur ; elle avait de l’orgueil, elle vivait dans l’abondance et dans une insouciante sécurité, elle et ses filles, et ne soutenait pas la main du malheureux et de l’indigent. Elles sont devenues hautaines et ont commis des abominations devant moi ; je les ai fait disparaître quand j’ai vu cela. »

 

C’était là la culpabilité de Sodome : l’orgueil, l’abondance de la nourriture, la prospérité, le refus d’aider le pauvre et d’autres choses abominables. Il est clair que la pratique homosexuelle était considérée comme un péché contre la loi, c’est une perversion de l’acte sexuel qui avait été conçu en vue du mariage et de la famille ; mais il est tout à fait évident ici que, dans le cas de Sodome, l’homosexualité n’était qu’un péché qui figurait en même temps que l’orgueil, le désir de s’enrichir.

 

On retrouve la même importance donnée à ces choses dans le Nouveau Testament, dans 1 Corinthiens 6, versets 9 et 10 : « Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas le Royaume de Dieu. Ne vous y trompez pas, ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs n’hériteront le Royaume de Dieu. » Dans ce passage, il est clairement affirmé que l’homosexualité pratiquée au même titre que l’ivrognerie ou que la cupidité, l’adultère, l’idolâtrie, était une forme de désobéissance et menait à l’exclusion du Royaume.

 

Toutes étaient une perversion de l’ordre donné aux hommes ; pas un seul de ces péchés n’a été mis en épingle comme spécialement horrible. Romains chapitre 1, verset 26 parle de l‘homosexualité comme étant contre nature, contraire à notre anatomie, à notre biologie. Mais, dans ce passage aussi, l’homosexualité n’est pas mentionnée pour elle-même, mais dans tout un contexte avec d’autres choses, elle fait partie des désobéissances contre l’ordre de la création en même temps qu’un grand nombre d’autres désobéissances.

 

Parmi tous les autres péchés, elle est citée comme une marque fondamentale de perversion de l’homme. L’homme avait mis la création à l’envers et ce qu’il faut souligner c’est que la relation verticale entre Dieu et l’homme a été brisée et cette rupture amène une rupture dans la relation horizontale entre les hommes. L’homosexualité est un symptôme de la chute de l’homme, c’est le symptôme du péché originel si vous préférez.

 

La pensée, le comportement homosexuels sont contraires à la volonté de Dieu dans sa création de même que la douleur, la souffrance, de même que les difficultés qu’on éprouve dans les relations, en même temps que les désordres de la personnalité.

 

Une image nouvelle du foyer chrétien

 

Sur ces sujets, combien peu nombreuses sont les prédications honnêtes et directes. On a écrit ceci : « II se peut qu’un homme soit avide et égoïste, il se peut qu’il soit violent, brutal, il se peut qu’il soit accapareur, dénué de scrupules, menteur, têtu et arrogant, il se peut qu’il soit stupide, morose, que tout instinct noble soit mort en lui, et cependant, s’il pratique tous ces péchés dans les liens du mariage, certains chrétiens ne penseront pas de lui qu’il soit immoral. »

 

coupleCeux d’entre nous qui effectivement se marient et qui ont des foyers devraient manifester les qualités d’un mariage chrétien et des relations mûres donnant ainsi bien moins de prise aux difficultés qui entraînent l’homosexualité. Une aide sera apportée par notre attitude envers le sexe. La manière dont nous nous sentons liés, engagés par notre mariage, la responsabilité mutuelle qu’un couple s’engage à prendre chacun pour l’autre est cette relation à 100 % et cet engagement dont parle Paul dans sa lettre aux Ephésiens.

 

Il ne consiste pas à effacer la différence qui existe entre les deux sexes. Mais en donnant encore plus d’importance au rôle spécifique de cet engagement à l’intérieur de la famille, il nous appartient de chercher de nouveaux modèles de vie familiale. Je pense que, de nos jours, le chrétien doit donner une nouvelle image de ce que peut être la vie familiale. C’est par là que nous devrions commencer.

 

Dr M. B.


 NOTE

 

1. : Montagu Barker est psychiatre, chef de service, et professeur de Faculté à Bristol. Cette étude (un peu abrégée ici) a été donnée aux Eglises Libres de Strasbourg en 1981.