Réjouissez-vous Philippiens !

 

jeune-aine

par Jean-Pierre BORY1

 

 

 

La lettre de Paul écrite à l’Église qui se trouvait dans la ville de Philippes, en Macédoine, est toute imprégnée de l’idée de joie.2  Qui n’a jamais mémorisé ce verset : Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! je le répète : réjouissez-vous ! (Phil 4.4) ?

 

Et cet ordre, car ce n’est pas ici une simple exhortation, est déjà donné au chapitre 2 (v. 18) et au chapitre 3 (v. 1).

 

Et s’il n’y avait que cela… Mais à tout propos, Paul mentionne la joie : joie qu’il vit lui-même, joie qu’il souhaite voir éprouver par les Philippiens. Quand se réjouir ? Pourquoi se réjouir ? Est-il réellement possible d’être toujours joyeux ? Comment se manifeste cette joie dont parle Paul du fond de sa prison ?


 

 

1. Un ordre permanent

 

Réjouissez-vous toujours !

 

Il y a là un élément grammatical intéressant et déterminant pour notre compréhension du texte :

 

Lorsqu’il est question d’un ordre ponctuel, le grec du N. T. emploie le plus souvent un temps verbal bien précis ; par exemple lorsque Jésus demande au paralytique de Bethesda s’il veut « être guéri », qu’il lui ordonne de « prendre » son lit, que l’homme « est guéri » et « emporte » son grabat (Jn 5.6ss), tous ces verbes sont dans l’original à un temps particulier appelé aoriste3 ;  ce temps indique que ce sont toutes là des actions qui se produisent une fois et à un moment déterminé.

 

Mais lorsque Paul ordonne aux Philippiens : Réjouissez-vous !, il emploie pour cet impératif le temps présent ; ce qui pour ses lecteurs est très significatif : il s’agit là d’un ordre général, valable en permanence.

 

Ce qui revient à dire : soyez en tout temps en état de vous réjouir, soyez toujours joyeux.

 

Et à la troisième mention de cet ordre, il insiste même : je le répète4 ;  et c’est « toujours » qu’il s’agit de se réjouir.

 

La joie est une attitude qui doit caractériser le chrétien.

 

Paul lui-même en donne très naturellement l’exemple ; rien que dans ces quatre chapitres, il mentionne 16 fois la joie ou le fait de se réjouir : 8 fois en ce qui le concerne personnellement, et 8 fois au sujet des chrétiens de Philippes.

 

 

2. Les motifs de la joie

 

a) L’engagement spirituel, la consécration des Philippiens sont la première cause de la joie de Paul quand il pense à ses frères de Macédoine (1.5) ; cette raison de se réjouir est particulièrement bien fondée, car la croissance spirituelle des Philippiens a des racines plantées au bon endroit puisque sa source est dans la grâce (v. 7) active (v. 6) de Dieu lui-même.

 

Remarquons que Paul laisse de côté les points faibles des Philippiens et ne dit pas : « Attendons donc de voir si ce n’est pas qu’un feu de paille… » II se réjouit : connaissant la toute-puissance et les desseins de Dieu, Paul peut être « persuadé » que ce progrès se poursuivra grâce à l’action divine jusqu’au jour du Christ, à son avènement glorieux (v. 6b). C’est dire si sa joie est justifiée !

 

 

b) L’annonce de l’Évangile aussi  (1.18) réjouit Paul ; mais bien entendu, pas celle de n’importe quel évangile. Paul refuse l’annonce d’un salut basé sur le respect d’un enseignement légaliste (fut-il celui des Pères), il condamne la prédication d’un salut justifié par le zèle pour la justice, même s’il est sincère (la sincérité, l’ignorance ne sont pas une excuse : Act 3.17 et 19) ; comme il condamne aussi la proclamation d’un salut basé sur une bonne conduite d’honnête homme (Phil 3.5,6).

 

Ce qui le réjouit c’est l’annonce de Christ. Même si Christ est proclamé par des frères qui veulent rivaliser avec Paul, éventuellement détourner de lui des gens déjà contactés par lui, Christ est annoncé. La source réelle, unique, efficace de salut est déclarée. Des hommes pourront être sauvés par ce moyen ; Paul s’en réjouit.

 

Il pourrait arriver que des frères en Christ, qui ne sont pas de « notre chapelle », organisent un effort d’évangélisation dans la ville. Et qu’ils chantent l’Évangile avec un peu trop de décibels, qu’ils emploient des « méthodes américaines », ou encore qu’ils parlent de guérison ; serions-nous agacés, critiques ou réjouis ? Lorsque c’est réellement Christ qui est prêché, Paul, lui, se réjouit.

 

c) Mais ce qui mettra « le comble à la joie » de Paul (2.2), ce sera que les Philippiens parviennent à vivre en harmonie les uns avec les autres.

 

Cette Église presque parfaite avait un défaut : les chicanes internes. Pour diverses raisons d’ailleurs : rivalités, gloriole (2.3), mécontentement (2.14), opinions divergentes (3.15).

 

Paul encourage les Philippiens à faire mieux dans ce domaine ; dans le même contexte, il explique qu’il vise lui-même la perfection (3.12-14) en cherchant la ressemblance avec le Christ (v. 17). S’ils deviennent imitateurs de Christ avec Paul5,  les frères et les sœurs de Philippes, qui sont déjà des adultes sur le plan de la foi en Christ (v. 15a), seront alors capables d’« avancer ensemble », de vivre cette unité spirituelle en Christ qui est source de joie.

 

Le premier verset du chapitre 4, qui clôt cette exhortation, la résume en un mot : demeurez fermes dans le Seigneur, fermes dans la communion avec le Christ ; là est le secret de l’unité.

 

Dans le même ordre d’idée, les Philippiens sont exhortés à recevoir Epaphrodite « avec une joie entière » (2.29) : auraient-ils un esprit critique à son égard, se méfieraient-ils de ce frère qui revient prématurément à la maison au lieu d’accomplir son service auprès de Paul ?6  Ils devraient au contraire « se réjouir de le revoir » (2.28) et l’honorer. Un peu plus de confiance leur permettrait de dépasser un manque d’information et de communication.

 

d) L’assistance de ses frères est aussi une source de joie pour Paul ; il en mentionne plusieurs aspects :

 

– l’intercession des frères (qui lui est un facteur de « salut » : 1.19)7 ;

 

– la prise en charge de ses besoins matériels (source d’une « grande joie » : 4.10) ;

 

repas– les relations sociales et affectives avec les frères.

 

L’apôtre n’est pas un être désincarné, un ascète fanatique, pour lequel les sentiments ne sont que faiblesse. Loin de là ! Paul peut être très triste, et sent le besoin d’être rassuré (2.28) : il l’est lorsqu’il reçoit de bonnes nouvelles de ses amis. Il souffre de solitude morale quand il ne peut partager ses soucis avec, un frère compréhensif (2.20). Il est sensible à la consécration et au dévouement d’un frère (2.22).

 

Il est plein de tendresse8 (1.8).  Et même s’il a appris à vivre de très peu (4.12), il éprouve « une grande joie » à constater l’intérêt des Philippiens pour lui (4.10), en clair à recevoir un don en argent pour ses besoins personnels (cf. 2.25 et 4.16). Le grand apôtre était un être sensible comme nous le sommes tous.

 

Et comme le sont nos conducteurs spirituels aussi : prenons-nous du temps pour prier pour eux ? Prenons-nous du temps pour parler avec les membres de l’Église qui souffrent de solitude ? Ce serait une façon de faire éclore la joie. Savons-nous, à l’aide de quelques billets, et avec discrétion, procurer « une grande joie » à ceux qui sont dans la difficulté ?

 

Souvenons-nous que c’est « très éprouvés par des tribulations, dans une pauvreté profonde » que les Philippiens étaient capables de « produire d’abondantes libéralités » (2 Co 8.1-5)9.  Être artisan de joie est à la portée de tous. .

 

e) Les Philippiens eux-mêmes sont la joie de Paul (4.1) : ils sont le fruit de son ministère. Les chapelles, les écoles, les hôpitaux que nous avons édifiés peuvent être confisqués, brûlés, rasés ; il restera pour le jour de Christ les vies transformées par la grâce, les croyants renouvelés par Christ ; ils témoigneront de l’utilité de notre service. Ainsi les membres de l’Église de Philippes seront-ils ce Jour-là la « couronne » de Paul (4.1, cf. 2.16).

 

f) Mais Paul se réjouit aussi de pouvoir souffrir pour le Seigneur (2.17) : et les mots qu’il emploie pour définir ce genre de service ne sont pas sans poids. Il use d’un langage sacrificiel : libation (vin ou sang répandu lors de l’offrande d’un animal), sacrifice, service cultuel ou offrande (2.17a).

 

Et ce ne sont pas des métaphores sans fondement : Paul est en prison à Rome, ville dont l’empereur depuis huit ans s’appelle Néron. Beaucoup pensent que Paul envisage ici éventuellement le martyre. Comment peut-il se réjouir d’une telle éventualité ?

 

 

3. L’apprentissage de la joie

 

Nous avons trouvé un certain nombre de circonstances heureuses dans lesquelles tout naturellement la joie se manifeste : communion fraternelle, succès de l’Évangile et résultat positif d’un ministère, progrès des jeunes chrétiens dans la foi, réception d’un secours matériel bienvenu…

 

Nous avons vu que Paul mentionne d’autres circonstances où il ne nous paraît pas naturel du tout qu’il puisse se réjouir ; il le fait pourtant : en prison, dans les chaînes (1.13-14), dans les « combats » (1.30), quand il ne voit pas « clair dans sa situation » (2.23) : et quand il faut bien envisager comme issues possibles la mort aussi bien que la libération (1.20 et 2.17). A ce stade-là, il n’est vraiment plus naturel pour l’homme de se réjouir.

 

Et il y a aussi ces persécutions plus sournoises et cachées que sont les critiques et les malveillances des frères (1.15), ou les simples difficultés de la vie comme la solitude (2.20), la maladie d’un collaborateur (2.27), la déception, l’échec (3.18) ou le manque de moyens, voire la faim (4.12).

 

Or cette épître où il mentionne tout cela est imprégnée de joie.

 

A regarder le texte de plus près, on s’aperçoit que Paul ne lie pas prison et joie, ni souffrance et joie avec une relation de cause à effet. Mais au sein de la souffrance et dans la prison, il peut se réjouir pour d’autres raisons.

 

Paul a appris un certain nombre de choses :

 

a) A se contenter de ce qu’il a (4.12)

 

On a taxé Paul de stoïcisme à cause de cette parole. Comme s’il avait recours à une force intérieure acquise par sa sagesse et sa philosophie de grec cultivé. C’est sortir ce paragraphe de son contexte que d’en tirer cette conclusion. Paul a un autre appui :

 

b) Il a appris à bien placer sa confiance :

 

Non dans « la chair », c’est-à-dire dans ses propres forces, ses avantages sociaux, religieux ou matériels ; et pourtant, comme il le dit lui-même, il aurait eu logiquement de bonnes raisons de le faire (3.3b et ss).

 

Mais dans le Seigneur qui achèvera l’œuvre commencée10 (1.6).  Lorsque Paul fait des projets, il les fait « dans le Seigneur », ce qui lui permet ainsi non seulement « d’espérer » leur réalisation, de les entrevoir comme réalités futures (1.19 ; 2.24), mais aussi de pouvoir dire qu’« il sait » qu’ils se réaliseront (1.25) ; il affirme même qu’ « il est juste » qu’il ait une telle assurance au sujet du progrès de ses frères (1.6-7a) !

 

Ni sa propre situation, ni son avenir, ni celui des Philippiens ne dépendent des aléas de la vie, du bon vouloir de Néron ou de sa garde prétorienne, mais de Dieu. De Dieu entre les mains duquel il s’est confié, et de sa grâce souveraine (1.7b).

 

 

 

c) Il a appris qu’il n’est jamais livré à lui-même :

 

L’assistance de Jésus-Christ lui est acquise par la présence de l’Esprit (1.19)11  jusqu’au fond de sa prison.

 

Et même si certains de ses collaborateurs le trahissent, il lui reste aussi de vrais amis à Philippes, des « bien-aimés » (2.12a), qui lui manifestent leur affection pratiquement.

 

 

 

d) Paul a aussi appris que si croire en Christ est une grâce, souffrir pour lui en est une aussi (1.29). Dieu a un objectif : il veut être glorifié par l’attitude de son serviteur (Phil 1.20) ; il veut que les frères de Rome soient eux-mêmes encouragés par son exemple à se confier en Christ et à témoigner avec hardiesse (1.12-14).

 

Les autres apôtres tiennent un même langage : de l’épreuve acceptée avec joie naît la patience, écrit Jacques (Ja 1.2-3). Souffrir en faisant le bien, c’est une grâce, car c’est marcher sur les traces du Christ, dit Pierre (1 Pi 2.20-21), et il ajoute qu’il faut se réjouir de ces souffrances-là à cause de l’allégresse qui s’en suivra au jour de Christ (4.13).

 

Voilà pourquoi Paul ressent de la joie quand il est durement éprouvé, et même parce qu’il est éprouvé.

 

On comprend mieux aussi pourquoi il précise plusieurs fois aux Philippiens : c’est dans le Seigneur qu’il faut se réjouir (3.1 ; 4.4), c’est dans le Seigneur qu’il faut tenir ferme (4.1). Il regarde avec sa foi plus haut et plus loin que la difficulté présente (Héb. 11.1). Il est ancré en celui qui ne déçoit jamais. C’est là tout le secret de la joie dans cette épître.

 

On peut tout de même se poser une dernière question : comment la joie se manifeste-t-elle dans la tristesse et dans les larmes (3.18)?

 

 

4. L’expression de la joie

 

C’est bien un paradoxe que la joie puisse s’exprimer à travers la tristesse et la souffrance. L’on s’imagine mal Paul sautant de joie et battant des mains au fond de sa prison à la pensée de son martyre éventuel et de la distance qui le sépare de ses chers Philippiens.

 

Souvent la joie s’extériorise par des chants, des éclats de rire, des danses peut-être. Mais joie n’est pas toujours synonyme d’exubérance. Xavier Léon-Dufour définit aussi la joie comme « un sentiment de plénitude et de bien-être12 » ;  et c’est ce sentiment qui habitait l’apôtre, et qu’il souhaitait pour les Philippiens.

 

Ce sentiment de plénitude est possible même dans le besoin, car en tout instant, le Seigneur est proche, écrit Paul. C’est Dieu lui-même qui est à l’écoute de nos appels (4.5b-6). Par voie de conséquence, la paix avec Dieu, qui surpasse toute intelligence sera avec nous (v. 7).

 

Cette joie est la tranquille certitude de la bonté de Dieu qui permet d’espérer quelles que soient les circonstances (2.24) ; c’est un bonheur intérieur, confiant, une sérénité heureuse que n’entament ni l’adversité ni les pleurs. C’est cette joie-là que ne peuvent nous enlever les difficultés de la vie.

 

C’est pourquoi Paul peut affirmer : Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur !Et la paix de Dieu gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus.

 

J-P.B.

 


 Bibliographie

 

– Calvin Jean, Commentaire sur l’Épitre aux Philippiens.

 

– Bonnet Louis, Bible annotée (St Légier, Suisse, Éd. Emmaüs, collection « Perle », NT 3).

 

– Léon-Dufour Xavier, Dictionnaire du Nouveau Testament (Paris, Éd. du Seuil, 1978), 584 p. (auteur catholique donnant des explications claires et précises à partir du vocabulaire grec ; en édition de poche, prix raisonnable).

 

– Maillot Alphonse, Aux Philippiens d’aujourd’hui (Labor et Fides, 1974), 148 p.

 

– Morlet Rose-Marie, L’Épitre de Paul aux Philippiens (Vaux-sur-Seine, Edifac, coll. « Commentaire Evangélique de la Bible », 1985), 160 p. (très bon commentaire bien documenté).

 


 NOTES

 

 

1. Professeur à l’Institut Biblique de Nogent.

 

2. Le vocabulaire grec de la joie : Les mots les plus courants sont les substantifs chara : joie, 61 fois ; le verbe chairo : se réjouir, être joyeux, 73 fois ; et sunchairo : se réjouir avec, 7 fois. Il s’agit de la joie dans son sens le plus général, de la joie humaine, naturelle (ce sont ces termes uniquement que Paul emploie dans sa lettre aux Philippiens). Il existe d’autres racines : euphraino dont les dérivés sont employés dans les mêmes sens que ci-dessus (16 fois) : Le 15.24 ; 2 Co 2.2 ; etc. Et agalliao, dont les dérivés sont employés 16 fois aussi, mais pour exprimer la joie religieuse, l’exultation mystique, l’allégresse extatique : Le 1.44 et 47 ; 1 Pi 1.8, etc. Hèdonë : plaisir, est employé 5 fois mais uniquement pour signifier les plaisirs, les passions de la chair, de la débauche, par ex. : Lc 8.14 (W.E. Vine Expository Dictionnary of N.T. Words ; H. Cremer,Lexicon of N.T. Greek).

 

3. Dans sa conjugaison, le grec emploie le temps présent pour exprimer une situation qui dure ou un état permanent, et le temps aoriste pour exprimer une action ponctuelle ou unique. Exemples : croire, au présent, signifie : être croyant ; croire, à l’aoriste, c’est exercer sa foi à une occasion donnée. Servir, au présent, c’est être un serviteur, un esclave ; et à l’aoriste, c’est plutôt rendre un service. Pécher, au présent, suggère l’idée d’être pécheur ; et pécher, à l’aoriste, de commettre un péché (Dana et Mantey, Manuat Grammar of the Greek N.T.,p. 199).

 

4. La répétition est d’ailleurs un de ses principes pédagogiques ; c’est « une sécurité » (3.1b) pour une bonne assimilation !

 

5. Le texte grec dit : devenez mes co-imitateurs.

 

6. Cf. A.M. Morlet, L’Épître de Paul aux Philippiens, p. 122.

 

7. « Cela tournera à mon salut » : il ne s’agit pas ici bien sûr du salut éternel de Paul, ni même de sa libération puisqu’il envisage quelques lignes plus loin aussi bien la mort que la vie. A.M. Morlet (op. cit., p. 74) fait remarquer qu’ici Paul cite textuellement la traduction grecque de la LXX de Job 13.16 et propose l’explication  suivante :   « Comme   Paul,  Job  était contesté par ses amis, mais il attendait sa justification de Dieu. De même, quelle que soit l’issue du procès, tous ses frères verront que Dieu soutient Paul. »

 

8. Littéralement : il a les mêmes entrailles que le Christ Jésus.

 

9. Philippes était une des principales villes de Macédoine.

 

10. Le verbe peitho est employé 6 fois dans l’épître aux Philippiens (1.6,14,25 ; 2.24 ; 3.3,4). Il signifie généralement à la forme active : persuader, convaincre, apaiser. Mais à la forme particulière à laquelle il est employé les 6 fois dans cette lettre (appelée le parfait second intransitif), il a le sens de avoir confiance en quelqu’un ou quelque chose, être persuadé de quelque chose, avoir l’assurance de quelque chose. Les diverses traductions rendent ce verbe de façons variées, mais surtout par la première expression : avoir confiance.

 

11. Ce verset, comme le souligne bien Calvin, ne met pas sur le même plan les prières des chrétiens et l’assistance de l’Esprit : « Je sais que tout ceci me tournera à salut par l’aide et l’intervention de l’Esprit, moyennant aussi vos prières : tellement que cette intervention de l’Évangile est la cause efficiente, et l’oraison est l’aide inférieure » (Commentaire sur l’Épitre aux Philippiens, chapitre 1, v. 19).

 

12. Xavier Léon-Dufour, Dictionnaire du Nouveau Testament (Paris : Éd. du Seuil), article « joie ».

 

*****

 

 

 LA JOIE DANS L’ANCIEN TESTAMENT

 

Quoique le dictionnaire hébreu soit relativement pauvre, les mots exprimant la joie sont nombreux : le Dictionnaire de la Bible de Vigoureux en relève au moins 14. Et il souligne que la joie est appelée le « bien du cœur » (Es 65.14 : cf traduction « La Colombe » et note), et ceux qui sont « joyeux » sont parfois appelés « bons de cœur ».

 

L’A.T. recommande fréquemment de se réjouir ; le psalmiste et les prophètes font l’éloge de la joie. Dieu est le « Dieu de la joie et de l’allégresse » (Ps 43.4) ; et la joie est un don de Dieu (Eccl 2.26).

 

Ainsi Dieu se réjouit (de la création : Ps 104.31, de son peuple, de Jérusalem : Es 62.5 ; etc.) et il veut que l’homme en sa présence soit dans l’allégresse et le serve avec joie (Ps 100.1-2).

 

Raisons de se réjouir en Dieu :

– sa grandeur et sa sainteté : Ps 97 ;

– sa bienveillance et ses bienfaits : Ps 100.1-5 ;

– sa loi et ses promesses : Ps 119.14 et 111 ;

– et surtout la venue du Messie : Es 9.1-2ss.

Les joies naturelles ne sont pas exclues (Dt 30.9), mais même dans ce domaine, la vraie joie est celle du juste (Pr 21.15 ; cf Ps5.12 ; Zach8.19).