Pourquoi je préfère l’interprétation

 

« dispensationnaliste » 

 bandeau-ciel

par Pierre WHEELER

 

 

Quelques préliminaires

 

 

Le terme « dispensations » fait référence à la manière dont Dieu a agi vis-à-vis des hommes pendant certaines périodes. Tous les chrétiens reconnaissent au moins trois « dispensations » :

 

a) avant la loi de Moïse,

 

b) le temps de la loi mosaïque,

 

c) le temps de la grâce depuis Jésus-Christ.

 

Mais il existe des ultra-dispensationnalistes qui divisent et subdivisent l’histoire des opérations divines. Personnellement, je me trouve parmi les « dispensationnalistes modérés »1.

 

– Dans le livre de F. Buhler (Centre de Culture Chrétienne, Mulhouse) plusieurs schémas eschatologiques2 sont présentés. Le schéma qui est pour moi le plus biblique est sur les pages 22 et 23. Je me trouve en bonne compagnie ; celle de J-M. Nicole, de C.H. Spurgeon et de quelques Pères de l’Eglise, dont Justin Martyr, Irénée et Tertullien, etc., qui ont la même position.

 

– En termes eschatologiques, je suis « pré-millénariste3 » et très probablement « post-tribulationiste4 ». Très probablement ? Oui, car personne ne connaît le moment exact du retour du Seigneur au milieu des événements futurs dont la Bible fait état.

 

 

 

Voici quelques éléments qui m’ont conduit à accepter cette position

 

Problèmes :

 

Tous les schémas concernant la fin des temps présentent des problèmes. Je me suis permis de choisir le schéma où j’en trouve le moins …

 

 

La période désignée par les expressions en Daniel et l’Apocalypse : un temps, des temps et la moitié d’un temps : ou 42 mois : ou 1260 jours

 

La « vision » de Daniel (ch. 9) me convainc le plus. Un septennat d’années y est prévu, à ce moment-là encore futur. Je le « retrouve » dans l’Apocalypse. La seconde moitié du septennat reçoit déjà dans Daniel (ch 7,8, 9 et 12) une attention particulière. Puis l’Apocalypse (ch 11,12 et 13) en parle de nouveau. Or, dans Daniel 8, cette période est littérale. L’histoire d’Antioche Epiphane (la petite corne) le confirme. Ce roi est une préfiguration de l’antichrist. Aussi cette même période de Daniel devrait-elle être littérale dans l’Apocalypse5. Elle est encore future.

 

 

L’interprétation « littérale » de l’Apocalypse

 

Cette interprétation facilite la compréhension de l‘Apocalypse, oui, malgré les visions symboliques. Plusieurs chapitres (ch 6 à 22), sont en ordre chronologique – 7 sceaux, dont le 6ème est les 7 trompettes, et ensuite, les 7 coupes remplies de la colère et des jugements divins déjà évoqués dans l’A.T. et dans Matthieu 24. Mais sceaux, trompettes et coupes sont « entrelacés » d’autres visions, des « parenthèses », où l’ordre chronologique n’est pas nécessairement respecté car certaines visions ont une base historique6.

 

 

Israël, le « peuple élu »

 

L’A.T. et le NT. sont remplis de promesses, et d’avertissements, adressés à tous ceux qui se confient en Dieu quelle que soit la dispensation dans laquelle ils vivent. « Toute l’Ecriture est profitable… » (2 Tm. 3 :16). Cependant, beaucoup de promesses de l’A.T. s’adressent particulièrement au peuple d’Israël. Or certains chrétiens croient que l’Israël terrestre s’est privé de sa place dans le plan de Dieu (principalement par le rejet de Jésus-Christ). Aussi les promesses d’autrefois sont-elles maintenant pour l’Eglise, le peuple de la nouvelle alliance. On appelle cette interprétation : la « théologie de remplacement » : l’Eglise a remplacé la nation d’Israël.

 

Au moins deux aspects semblent le contredire :

 

a) La promesse, inconditionnelle, du pays donné à Abraham et à sa postérité. N’est-ce pas la raison évidente pour laquelle l’Israël terrestre est aujourd’hui dans son pays ?

 

b) Si les bénédictions promises à Israël sont caduques et sont maintenant pour l’Eglise, alors les jugements prononcés contre Israël seraient aussi pour l’Eglise. Les partisans de la théologie de remplacement n’en parlent pas, que je sache.

 

 

Le discours de Christ en Matthieu 24, Marc 13 et Luc 21

 

Aux 3 questions (littérales) des 4 disciples :

a) A quel moment ne restera-t-il plus pierre sur pierre du temple ?

 

b) Quel sera le signe de l’avènement de sa présence ?

 

c) Quel sera le signe de la fin de l’âge ?

 

Jésus répond clairement d’une manière « littérale7 » même si notre Seigneur utilise quelques métaphores.

 

Le Seigneur précise alors que son retour et l’enlèvement de l’Eglise (Mt. 24 : 29 à 31) seront après la période de grande tribulation (mettre ces versets de Matthieu en parallèle avec Ap. 11 : 15 à 18). La colère de Dieu, un déluge (v. 37 et suivants), mais plutôt de feu, versé des coupes, vient après (Ap. ch 15 et 16).

 

 

Le millénium

 

Le « Jour de l’Eternel »de jugements et de bénédictions, annoncé par les prophètes de l’A.T. doit bien arriver… un jour ! L’Apocalypse décrit ce jour en partie, jugements et bénédictions. La grande bénédiction à la fin sera le règne de Jésus-Christ sur la terre pendant 1000 ans. Cette victoire finale du « second Adam » signifierait que Jésus-Christ aura « rattrapé » sur la terre ce que le premier Adam a perdu. Pour cela, il est « nécessaire » que Jésus règne visiblement et en gloire là où il a été rejeté, bafoué et mis à mort d’une manière si exécrable. Seul un tel règne peut montrer au monde entier que Jésus est vraiment victorieux.

 

Dire que le règne de 1000 ans est l’actuelle dispensation de l’Eglise est pour moi une contradiction flagrante du texte : « Le monde entier est sous la puissance du malin » (1 Jean 5 : 19). Il dévoile aussi pour moi une vue plutôt béate de l’histoire de l’Eglise confessante, le vrai peuple du Seigneur, et de ses peines et souffrances depuis 2000 ans.

 

P.W.

 


 NOTES

 

 

1. Je voyais déjà la position « dispensationnaliste modérée » comme la plus juste quand je suis arrivé en France en 1951. Mais j’avais décidé que jamais ma compréhension de l’eschatologie ne deviendrait un problème avec mes frères qui croiraient autrement. J’avais bien saisi « qu’il y avait d’autres chats à fouetter » – surtout l’évangélisation. Mais mes conversations sur ce sujet, avec les frères qui voient les événements futurs d’une autre manière, ont toujours été stimulantes et édifiantes.

 

2. « Eschatologie » est un terme plutôt technique qui veut dire l’étude des derniers événements avant le retour de Jésus-Christ.

 

3. « Prémillénariste = avant le millénium, (un règne de Christ sur la terre pendant 1000 ans. Voir Ap 20)

 

4. « Post-tribulationiste », c’est-à-dire que Jésus-Christ reviendra après le temps de tribulation (épreuves et persécutions) qui sera programmée par l’antichrist contre Juifs et chrétiens.

 

5. Le nombre de jours est peut-être arrondi.

 

6. Dans le chapitre 12, l’enfant mâle (Christ) enfanté (l’Incarna-tion) est enlevé vers Dieu (l’Ascension). Cela appartient forcément au passé.

 

7. C’est notre responsabilité de « faire nos devoirs » et trouver dans ce seul discours rapporté par les évangélistes les réponses mélangées ensemble.