Science et Création

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par John Lennox interrogé par Reynald Kozycki

 

 interview

 

 

Le mathématicien John LENNOX, actuellement professeur à l’Université d’Oxford en Angleterre, spécialiste de la théorie de groupes en algèbre a été orateur au congrès national des CAEF en 1998, et au camp de familles au Centre des Jeunes à St-Lunaire en 2002. C’est là que R. Kozycki l’a interrogé pour les lecteurs de Servir en L’attendant.

 

 

 

dialogue-2John, voyez-vous des parallèles entre la logique des mathématiques et la logique de la foi ?

 

En science, on observe certains phénomènes et on en tire certaines déductions. Dans ce processus, chaque scientifique se base sur des axiomes – des vérités ou des évidences qui sont généralement admises sans pouvoir être toujours démontrées. On construit de façon logique à partir de ces axiomes. Il n’est pas vrai que la foi s’applique seulement dans le domaine religieux : elle se trouve aussi dans le domaine scientifique.
 

dialogue-2Sur quels points la foi biblique apporte-t-elle des réponses à l’athéisme ?

 

Il n’y a, au fond, que deux visions du monde : le théisme et l’athéisme. On croit en un Dieu créateur, ou on n’y croit pas. En tant que scientifique, on doit se poser la question : laquelle de ces deux visions du monde répond le mieux à ce que l’on observe ? L’essor des sciences aux 16e et 17e siècles a été le fait d’hommes tels que Kepler et Newton qui croyaient en un Dieu créateur.
 

Ils s’attendaient à trouver des lois dans la nature parce qu’ils croyaient en une personne qui avait inscrit ces lois dans sa création. La science est possible parce qu’il y a de l’ordre dans l’univers, et à mon avis cet ordre trouve son origine dans un Dieu d’ordre. Intellectuellement, je ne peux pas croire à une rationalité qui proviendrait de l’irrationnel.
 

L’intelligence et la moralité ne viennent pas de la simple matière, et il incombe aux scientifiques athées de démontrer que leurs théories des origines donnent une explication à la façon morale et intelligente dont nous vivons.
 

Mieux nous comprenons la complexité de la structure atomique, la nature de la vie, ou de la marche des galaxies, plus nous trouverons de raisons de nous émerveiller devant les splendeurs de la création divine.

 

Wernher VON BRAUN (1912-1977), ingénieur allemand II mit au point les fusées V2, puis participa à la création des lanceurs spatiaux aux Etats-Unis.

 

dialogue-2Que dire de la théorie de l’évolution ?

 

Deux choses :

 

1) La théorie de l’évolution ne permet pas en elle-même de déduire de manière logique que Dieu n’existe pas. L’évolution – même si elle est vraie – nous propose un mécanisme de sélection et de mutation naturelles. Supposons que ce mécanisme existe : cela n’empêche pas l’existence d’un agent qui a créé le mécanisme.
 

A l’époque de Darwin, un de ses plus grands supporters aux Etats-Unis était chrétien évangélique. Il s’appelait Asa Gray, et il croyait – comme beaucoup le croient de nos jours – que Dieu a utilisé dans la création le mécanisme de l’évolution. En croyant à ce mécanisme complexe, on trouve probable aussi qu’à l’origine du mécanisme il y a une intelligence complexe.
 

2) Dawkins et d’autres scientifiques athées répondraient qu’en parlant ainsi nous n’avons pas compris l’évolution. Ils diraient que le mécanisme de l’évolution peut de lui-même produire l’ordre et la complexité que nous observons, sans impliquer l’existence d’un être intelligent à l’origine de tout. Nous devons leur poser la question : le mécanisme de l’évolution peut-il supporter tout ce qu’on fait dépendre de lui ? Ici, il convient de distinguer entre la micro-évolution et la macro-évolution :
 

La micro-évolution n’est pas contestée. Il s’agit de petites modifications au sein d’une espèce qui permettent de s’adapter aux modifications de l’environnement : l’allongement du bec de certains oiseaux, par exemple, pour permettre à ceux-ci de chercher plus loin leur nourriture quand le climat devient plus sec. Ce sont des changements limités qui ne nécessitent pas de nouvelles informations, seulement la modification des informations qui sont déjà là.
 

La macro-évolution implique des modifications fondamentales qui changeraient radicalement une espèce, elle est beaucoup moins certaine. Les mutations qu’on a pu constater sont très limitées, et vont souvent dans le sens d’une dégradation au lieu de contribuer à une amélioration. Le hasard et la nécessité ne semblent pas pouvoir fournir l’augmentation d’informations requise pour entraîner des mutations importantes. Il n’y a aucune évidence qui permette de croire que des processus naturels puissent eux-mêmes produire la vie.
 

La Bible parle peu du comment de la création. Par contre elle a beaucoup à dire au sujet du par quoi et du par qui. Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, elle insiste sur le rôle de la Parole dans ce processus : Dieu a parlé, il a fourni de nouvelles informations, et les choses et les êtres ont été créés.
 

 

Traduit et transcrit par A.Kitt