La Bible au lycée

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Laurence BELLING interrogée par Annick WAECHTER

 

 

questionsServir : Bonjour, Laurence ! Pourriez-vous nous dire où vous passez une grande partie de votre temps ?

 

Laurence : Aux alentours des lycées.

 

questionsS. Mais nous n’avez plus l’âge, me semble-t-il, d’y suivre les cours ; êtes-vous enseignante ?

 

L. Non, ni lycéenne, ni enseignante ! Je suis responsable des CBL à la Ligue pour la Lecture de la Bible.

 

questionsS. Que se cache-t-il derrière ce sigle ?

 

L. Les Clubs Bibliques Lycéens. Ils existent en France depuis une trentaine d’années à l’initiative de quelques lycéens chrétiens. Depuis, le mouvement s’est structuré et les CBL sont devenus l’une des activités de la Ligue pour la Lecture de la Bible. Ils ont évolué dans leur forme, mais la vision reste la même : lire la Bible entre lycéens et témoigner en faisant découvrir la Bible à ses copains.

Devant le renforcement d’une certaine idée de la laïcité, beaucoup de CBL sont contraints de se réunir en dehors des lycées aujourd’hui (salle d’Eglise, salle culturelle). L’une des particularités de ces clubs est que les lycéens animent eux-mêmes les réunions qui se déroulent pendant le temps scolaire, généralement à la pause de midi. Ceci pour inviter plus facilement des amis.

 

questionsS. En quoi consiste votre travail ?

 

L. C’est un travail de coordination qui s’articule essentiellement autour de deux axes : l’accompagnement des lycéens, puis des adultes qui les soutiennent au niveau local, les aînés.

Beaucoup de jeunes pensent être les seuls chrétiens de leur établissement ; en fait, il y a souvent d’autres croyants, mais venant d’Eglises différentes, et ils ne se connaissent pas. Dans ce cas, il s’agit de les mettre en contact les uns avec les autres, puis de voir avec eux s’ils souhaitent créer un CBL. Ensuite, nous les aidons à rédiger une lettre pour obtenir une salle auprès de l’administration du lycée. Si celle-ci refuse, nous essayons, avec les aînés, de trouver des locaux proches du lycée.

Notre travail est aussi de les soutenir par la prière et moralement dans cette belle entreprise, parce que ce n’est pas toujours facile lorsqu’on a 16 ans !

Une autre facette du travail est de faire connaître la « formule » CBL auprès des groupes de jeunes et des Eglises, de faire partager cette vision aux adultes qui pourront suivre les lycéens de leur ville ou de leur Eglise. Quelquefois une équipe d’aînés se crée dans une ville, et organise très ponctuellement des soirées pour les « CBLiens ».

 

questionsS. Ce doit être passionnant de rencontrer des personnes de tous horizons. Avez-vous une anecdote à nous raconter ?

 

L. Je suis souvent stupéfaite des réunions d’aînés. Prises au dictaphone, cela ressemblerait un peu à ceci : « II y a 6 lycéens du lycée Y qui aimeraient se retrouver tous les jeudis. Ils n’ont qu’une heure de 12h à 13h, et pas de salle ! – Tiens, je vais le dire à Amélie, c’est son lycée. – Moi, un membre de mon Eglise connaît bien le frère du responsable du centre culturel du quartier. C’est à 5 minutes à pied du lycée, je peux essayer de lui en parler. – Dans tous les cas, il faut appeler les lycéens pour leur dire qu’on tente de trouver une solution. – Oui, et il faut prier aussi ! » Les aînés, en se regroupant, permettent d’établir des liens entre des jeunes venant d’Eglises différentes, et multiplient les solutions par le foisonnement des idées.

 

questionsS. Qu’essayez-vous de transmettre aux jeunes ?


L. En premier lieu, nous essayons de leur donner le goût de la Bible et de les encourager à « fonder leur vie sur la Parole de Dieu ». C’est déjà tout un programme ! Ce n’est pas toujours facile de vivre en phase avec son temps et d’être fidèle à ce que Dieu désire pour soi. Nous voulons aussi les aider à vivre leur foi là où ils vivent et maintenant !

Nous les encourageons bien évidemment à « rendre compte de l’espérance qui est en eux ». Le témoignage CBL se fait autour de la Bible et il y a en quelque sorte un duo de témoignages : celui du lycéen et celui de la Parole. Et je vous garantis qu’il se produit des choses réjouissantes dans le secret des coeurs (et dans le ciel) !

Le CBL est aussi une école de dialogue et un bon moyen d’apprendre à formuler sa foi en répondant aux copains qui posent toutes sortes de questions. Beaucoup y apprennent à « argumenter la foi » en respectant le point de vue des autres (exercice toujours difficile).

 

questionsS. De quel matériel disposez-vous ?


L. La Ligue édite bon nombre d’ouvrages pour mieux comprendre la Bible. Dans ce sens, les CBL ont édité un « Canevas d’études bibliques » et un petit manuel d’animation biblique comprenant 10 méthodes simples à mettre en œuvre pour étudier la Bible en groupe, « Etudes et Variations ». Il existe également un petit journal de liaison entre les clubs : Aimant. Il contient chaque trimestre 6 études bibliques animées et un thème à aborder en groupe.

 

questionsS. Quelle méthode utilisez-vous pour familiariser les lycéens à l’étude de la Bible ?


L. L’amitié et la participation. L’étude de la Bible passe par le plaisir que l’on peut y trouver. Lire la Bible en groupe apporte bien des échanges, bien des rires parfois et le bonheur de découvrir la pensée de Dieu.ire du journal Aimant sera envoyé gratuitement à toute Eglise

On fouille le texte ensemble, on l’observe de différentes manières puis on cherche à faire le lien avec ce que nous vivons aujourd’hui. Le principe se veut simple, concret et dynamique.

 

questionsS. Est-ce que vous opérez un suivi des groupes CBL, un accompagnement des jeunes qui ont pris plus particulièrement en charge un groupe ?


L. Oui, bien sûr. Ils animent eux-mêmes les clubs, mais nous les suivons par téléphone, par courrier, et nous leur rendons visite. J’essaie, avec un objecteur de conscience basé dans l’Est, de voir tous les clubs durant l’année. Les aînés eux aussi accompagnent les lycéens, c’est même leur première raison d’être !

Les CBL organisent également des week-ends régionaux et des camps nationaux pour qu’ils puissent se retrouver.

Les camps BAC se déroulent au mois d’avril et alternent révisions studieuses avec des professeurs chrétiens, détente, et temps spirituels. Puis fin août, le camp Form’Action permet aux jeunes de se former durant quinze jours à l’animation biblique et au témoignage, sans oublier les temps sportifs, artistiques… Un temps riche en échanges et en bénédictions spirituelles.

 

questionsS. Quand le temps du lycée est terminé, gardez-vous le contact avec certains jeunes touchés par les CBL, « formés » à la lecture de la Bible ?


L. Le temps du lycée passe vite. Ce qui nous fait toujours plaisir, c’est d’entendre des jeunes regretter le temps du lycée à cause du CBL. Je vous assure que cela arrive ! Plusieurs anciens lycéens rejoignent les équipes d’aînés et « parrainent » les jeunes de leur ancien établissement.

Nous les retrouvons souvent aussi au GBU, parfois dans les instituts bibliques ou facultés de théologie… Certains sont responsables de groupes de jeunes, responsables d’Eglises.

 

questionsS. Pour l’année scolaire 98/99 en cours, pouvez-vous nous donner quelques chiffres quant au nombre de groupes CBL existant, au nombre de jeunes participants… ?


L. A l’heure où j’écris ces lignes, plus de quarante clubs fonctionnent, et une douzaine d’autres sont sur le point de démarrer (dès qu’ils auront trouvé une heure commune pour se réunir, et/ou une salle d’accueil). Ils sont entre 2 et 20 jeunes à se réunir selon les clubs, et 250 jeunes à se retrouver chaque semaine (voire deux fois par semaine) pour lire la Bible sur leur lieu de vie.

 

questionsS. Laurence, nous êtes convaincue de l’impact du CBL. En avez-vous profité vous-même lors de vos années au lycée ?


L. Intriguée par la Bible à 16 ans, mais n’y connaissant presque rien, j’ai assisté « par hasard » à une réunion CBL dans mon lycée. J’ai acheté une Bible, j’ai écouté durant plusieurs mois ce qui se disait au CBL, sans être toujours d’accord d’ailleurs ; j’ai lu la Bible par moi-même, j’en ai parlé avec une amie, et Dieu a fait le reste. C’est essentiel d’avoir des lieux de témoignage accessibles aux lycéens. Le CBL en est un.

 

questionsS. Est-ce que l’on peut encore être concernés par les CBL quand on a quitté le milieu de l’enseignement depuis longtemps ?

 

L. Prier pour les adolescents et les jeunes. S’intéresser à leur vie au lycée. Les encourager à rechercher d’autres chrétiens. Devenir leur « aîné » et les aider à créer un groupe biblique.

 

 

Annick WAECHTER.

 

 

Rencontre

 

 

UN CBL POUR QUOI FAIRE ?

 

questionsSERVIR : Salut, Jérémy, connais-tu les CBL ?

 

JEREMY : Oui. Je suis en terminale S au lycée Kléber (Strasbourg) et je vais au CBL depuis 5 ans.

 

questionsS. As-tu un rôle dans ce club ?


J. Depuis la 1ère ma participation est plus active : préparation d’études bibliques, d’affiches. L’année dernière nous avons mis en place une deuxième réunion par semaine.

 

questionsS. Quel est le contenu d’une réunion type ?


J. Une réunion normale CBL chez nous, c’est un partage d’opinions autour d’un texte biblique qui dure entre 30 minutes et 1 heure. Il s’agit en fait d’une étude biblique où le but est que le plus de gens s’expriment. Et puis il y a les « avant » et « après-réunions », pendant lesquels les CBLiens discutent encore entre eux (des gâteaux font quelquefois leur apparition).

 

questionsS. Comment présenterais-tu les CBL ?


J. Le CBL est un lieu où se rencontrent des jeunes de toutes confessions ou même sans. Le CBL n’est ni protestant, ni catholique. C’est cette richesse dans le CBL qui permet de comprendre mieux ce que pensent les autres et nous permet aussi de voir et d’écouter des gens qui n’ont pas les mêmes opinions que nous. Le fait d’ouvrir la Bible au lycée donne l’occasion de montrer aux autres ce qu’elle est vraiment, et ce qu’on y apprend.

 

questionsS. Est-ce qu’un tel groupe n’est pas un peu lourd à faire fonctionner parallèlement aux cours ?


J . Même si nous sommes entre jeunes au sein du Club, il y a souvent une équipe d’aînés qui nous aide à l’extérieur du lycée ; et si nous n’avons pas de base pour faire une étude biblique, il y a en plus un camp en été qui s’appelle Form’Action, qui nous motive pour l’année et nous donne plein de trucs et d’astuces pour préparer une étude biblique.


questionsS. Merci Jérémy, et bon courage pour la suite de l’année !

 

Propos recueillis par A. Waechter