Découvrir et vivre la volonté de Dieu1

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par Benoît DIEBOLD

 

 

 

Nous voulons tous connaître et ensuite réaliser dans nos vies, la volonté de Dieu. Nous en faisons même une certaine recherche, et nous prions de tout notre cœur « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Est-ce que la volonté de Dieu se manifeste en dehors des grands événements de nos vies ? Comment la trouver ? – dans nos vies, aujourd’hui ?

 

Regardons d’abord dans l’Ancien Testament. La première personne qui me vient à l’esprit est Jacob.

 

 

Jacob

 

à l’inverse d’Abraham, ne me semble pas avoir une stratégie générale pour sa vie. Sa vision n’était pas de partir, de fonder une nation ; il exploita plutôt, me semble-t-il, les circonstances de sa vie au jour le jour. Malgré cela, Dieu lui accorda deux moments extraordinaires où il n’hésita pas, mais au contraire, avança avec assurance. Le premier événement se lit en Genèse 28.

 

Dieu lui-même se révéla dans une vision, et fit à Jacob une promesse merveilleuse : « La terre où tu es couché, je la donnerai à toi et à tes descendants … à travers toi et tous tes descendants, je bénirai toutes les nations de la terre… je suis avec toi, et je te protégerai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays. Je ne t’abandonnerai pas, je ferai tout ce que j’ai promis. » C’est à ce moment-là que Jacob prit sa décision : « Le Seigneur sera mon Dieu ».

 

L’autre grand événement toucha sa vie privée. Une nuit, alors qu’il était seul, Dieu, en forme humaine, se présenta à lui. Ce fut à Péniel que Jacob « vit Dieu face à face ». Jacob porta dans son corps, pendant toute sa vie, les traces de cette rencontre.

 

En dehors de ces deux rencontres, la vie de Jacob est un mélange de bien et de mal, de folie et de sagesse, de ruse et de générosité.

 

 

Abraham

 

à nos yeux humains, semble un homme plus sage, plus courageux, plus équilibré. Lui ne manquait pas de stratégie, d’organisation ! Pourtant, Abraham lui-même s’est laissé faire par sa femme, et malgré toutes les promesses de Dieu, a choisi une solution humaine à son problème, au lieu de faire confiance à Dieu ! Est-ce une question de tempérament, une question de circonstances ? une question de temps ou de fatigue ?

 

A l’inverse de son grand-père Abraham, homme de stratégie, bien organisé, Jacob apparaît plutôt opportuniste, sans ligne directrice pour sa vie. Son propre père Isaac ne valait guère mieux : homme d’intérieur (souvent dans la tente avec sa mère), calme et tranquille, il accepta qu’on lui « arrange » son mariage … Et pourtant Dieu le bénit.

 

 

Moïse

 

quant à lui, « l’ami de Dieu », parlait « face à face » avec Dieu, sortait de leurs rendez-vous le visage transformé, rayonnant. Moïse avait entendu Dieu lui dire « Je suis l’Eternel, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte, pour être votre Dieu, et pour que vous soyez saints, car je suis saint » (Lv 11.45). Combien de fois lisons-nous : « L’Eternel parla à Moïse » ! Dans son cas les directives étaient détaillées et complètes, touchant à chaque domaine de la vie : sa vie privée, et la vie de la nation.

Passons au Nouveau Testament pour voir si cette question de tempérament joue encore.

 

 

Pierre

 

si sûr de lui, ne semble pas avoir de doutes ; si prêt à affirmer sa fidélité, mais si curieusement absent à certains moments cruciaux…

 

 

Jean

 

le bien-aimé, calme, paisible, près de son Maître.

 

 

Thomas

 

plein de doutes, à qui Jésus pense spécialement, à qui il donne la preuve de sa résurrection. Chacun a son caractère propre, chacun a son dialogue avec Dieu, chacun gère son temps et ses responsabilités.

Je reviens à ma question : comment connaître la volonté de Dieu dans ma vie, comment la vivre ?

 

 

Paul

 

peut-il nous aider ? Le chapitre 16 des Actes nous décrit comment l’apôtre choisit Timothée comme compagnon. Paul semble avoir lui-même pris sa décision. Les frères sur place disaient du bien de Timothée, et Paul agit. Il imposa son choix aux autres. La suite donna entièrement raison à Paul, même s’il n’y avait eu aucune voix du ciel pour confirmer le choix, aucune mention du Saint-Esprit ! Par contre, quand Paul voulut aller en Asie pour annoncer l’Evangile (but honorable s’il en fut I) c’est le Saint-Esprit qui l’en empêcha, et « l’Esprit de Jésus » ne le laissa pas aller en Bithynie. (Ce voyage devint possible par la suite ; ce n’était pas encore le moment de Dieu).

 

Il faut souligner un autre point : ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que tous nos désirs sont justifiés et légitimes. Paul souligne ce fait très sérieusement en Galates 5.13-15, en nous demandant de ne pas faire de notre liberté « un prétexte pour vivre selon les désirs de notre propre nature », et il continue au verset 16 : « Laissez le Saint-Esprit diriger vos vies… car notre propre nature a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit a des désirs contraires à ceux de notre propre nature : ils sont complètement opposés l’un à l’autre… »

 

Satan lui-même est capable de susciter en nous des désirs contre la volonté de Dieu. Il peut citer des versets bibliques, utiliser les opinions des autres, nous donner des prétendues « convictions ». Paul termine ce chapitre en disant : « Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont fait mourir leur propre nature, avec ses passions et ses désirs. L’Esprit nous a donné la vie ; il faut aussi qu’il dirige notre conduite. Ne soyons pas orgueilleux, abstenons-nous de nous irriter les uns les autres, ou de nous envier les uns les autres ».

 

Un dernier mot de Paul, au sujet de la volonté de Dieu… : « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, car Dieu agit continuellement parmi vous, pour vous rendre capables de vouloir et d’accomplir ce qui est conforme à son propre plan » (Ph 2.13).

 

***

Savoir et pratiquer la volonté de Dieu n’est pas toujours facile ! Il faut lui remettre nos plans. Il n’est pas toujours indispensable d’avoir de grands projets, d’attendre de grandes révélations. Il faut par contre accepter d’être remis en question, il faut accepter que le Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus, s’oppose à nos projets. Dieu ne dit pas tout par de grandes révélations, mais II donne « le vouloir et le faire ». Il est grand, plein de grâce, et prend en compte nos tempéraments. Il utilise nos circonstances. Il sait même que, dans des conditions variées, nous réagissons différemment aux mêmes données.

 

A travers nos vies, II est libre d’agir comme II l’entend. Quelquefois la grande révélation vient au début de notre vie chrétienne – quelquefois, comme pour Jean, elle arrive à la fin, comme une couronne ! Sachons toujours, et en toutes circonstances, nous appliquer à découvrir et à interpréter dans notre vie quotidienne, sa volonté divine.

 

B.D.

 


NOTE

 

1. : Message donné par le Dr Benoît Diébold lors du Culte du 28 mai 1995 à l’Eglise Evangélique des Gobelins à Paris dont il est l’un des anciens. Le style parié a été conservé.