Tous enseignés de Dieu

 

 Jesus-enseignebible1

par Francis Bailet

 


 

« Ils seront tous enseignés de Dieu » (Jn 6.45). C’est la promesse, pleine d’espérance, que Dieu avait déjà donnée par le prophète Jérémie, qui écrivait près de six siècles avant la venue de Jésus-Christ : « Ils n’auront plus besoin de s’enseigner l’un l’autre, en répétant chacun à son compagnon ou son frère : II faut que tu connaisses l’Eternel ! Car tous me connaîtront » (Jr 31.34, Bible du Semeur)

 

C’est à peine nécessaire de souligner l’importance de l’enseignement. Il faut pourtant constater qu’il est aujourd’hui négligé. On privilégie l’expérience au détriment de la doctrine. Aussi, les chrétiens sont-ils mal préparés à faire face aux difficultés. « Beaucoup sont encore des enfants. Ils manquent de discernement et se laissent facilement égarer par toutes sortes d’enseignements. Ils sont devenus lents à comprendre, et au lieu d’être des maîtres dans les choses de Dieu, ils ont encore besoin qu’on leur enseigne les rudiments des paroles de Dieu » (Hé 5.12, Bible du Semeur).

 

Un autre enseignement

 

Notre société est en crise. Nous sommes dans un monde où les références fixes ont disparu. Tout est remis en question, rien n’est considéré comme valeur sûre.

 

Une nouvelle manière d’envisager la vérité influence de plus en plus l’homme moderne. Le philosophe allemand Friedrich Hegel a ouvert la voie en proposant de ne plus raisonner sur le principe de la thèse et de l’antithèse, mais par le biais de la synthèse. Autrement dit, et plus simplement: il n’y a plus le vrai et le faux, ni le bien et le mal. Tout est à la fois vrai et faux, bien et mal. Ainsi, il n’y a plus de vérité absolue. On abandonne la logique classique, la réflexion rationnelle pour se tourner vers l’irrationnel. On aboutit à la philosophie de l’absurde de Jean-Paul Sartre et d’Albert Camus qui a marqué si profondément toute une génération. Roquentin, le héros de la Nausée, a transmis son désespoir à beaucoup d’autres.

 

Puisque la vie n’a pas de sens, c’est par un acte délibéré que nous devons chercher à nous accomplir. C’est par ce que je fais que je deviens ce que je suis, peu importe ce que je fais. Cette nouvelle façon d’envisager la vérité ouvre la porte à toutes sortes de débordements. L’art et la musique modernes, la nouvelle morale comme l’engouement pour les diverses techniques de développement du potentiel humain qui nous sont aujourd’hui proposées pour nous permettre de nous réaliser, en sont l’évidente démonstration. La Bible enseigne autrement. Elle fait appel, aussi, à notre raison et à notre bon sens. Elle ne nous propose pas un saut aveugle dans l’irrationnel. Certes, elle demande la foi, mais une foi solidement fondée, sur une vérité absolue clairement révélée.

 

L’enseignement qui se répand de plus en plus aujourd’hui a pour base un relativisme doctrinal. Toutes les doctrines se valent, c’est-à-dire ne valent rien. Aucune ne permet d’accéder à une vérité totale et certaine. Alors l’accent est mis, non sur la doctrine, mais sur l’expérience. « Peu importe ce que vous croyez, du moment que cela marche. » « C’est vrai si tu le crois. » Et aussi, plus que jamais :

 

« Vous avez raison puisque vous êtes sincère ». Ainsi, on apprend par l’expérience et non par la doctrine. Il faut « connaître plusieurs doctrines afin de dégager l’essentiel de chacune». « Tout peut réussir » déclare-t-on. On aboutit alors à un savoir sans doctrine qui conduit vers une divinité sans nom et sans visage. « La doctrine est un savoir de seconde main, un danger. Si tu rencontres le Bouddha, tue-le. Ne t’empêtre dans aucun enseignement. »1

 

La pensée existentialiste et athée conduisait vers l’absurde et le néant. La pensée spiritualiste nouvelle apporte un faux remède. Elle séduit l’homme moderne parce qu’elle apporte l’espoir d’un changement en déclarant : « Tout peut être autrement ». Marilyn Ferguson écrit: « II nous faut pénétrer dans l’inconnu. Le connu n’a déjà que trop failli aux espoirs que nous y avons fondés2 ». Elle montre ainsi un autre chemin qui est en réalité celui de l’occulte. Un chemin qui conduit vers l’illusion, le mensonge et la mort. Beaucoup se perdent aujourd’hui sur les sentiers non balisés de l’irrationnel et de l’étrange.

 

Cette nouvelle manière de penser peut s’exprimer sous des formes très diverses et les chrétiens eux-mêmes pourraient être séduits. Eux aussi sont en recherche. Ils ont soif de changement, le miraculeux et le spectaculaire les attirent. Ils ont besoin de discernement pour ne pas s’égarer.

 

Dieu est lumière et nous appelle à sortir de l’ombre. Il ne veut pas nous laisser dans le flou. Il a parlé pour se faire connaître et son message est clair. L’expérience du chrétien est fondée sur une vérité clairement énoncée, l’enseignement de Dieu.

 

 

L’enseignement de Dieu

 

– Une parole : Dieu a parlé par un livre, la Bible.

 

– Une personne : Dieu s’est montré en Jésus-Christ.

 

– Une puissance : Dieu vient habiter en nous par le Saint-Esprit.

 

L’enseignement de Dieu est révélé dans un livre qui est la Parole de Dieu

 

Dieu a parlé de plusieurs manières et à plusieurs reprises par les prophètes, les apôtres et par Jésus-Christ. Poussés par le Saint-Esprit, des hommes ont parlé de la part de Dieu. La Bible est Parole de Dieu. Une parole vivante, agissante dans le coeur de celui qui la reçoit.

 

La Parole écrite, inspirée de Dieu, est le fondement de notre foi. En matière de foi, nos certitudes viennent de l’Ecriture. Elle est notre seule autorité. Le catéchisme de l’Eglise catholique réaffirme, dans sa toute récente édition, que « Tradition et Ecriture Sainte sont reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux jaillissent d’une source divine identique, ne forment pour ainsi qu’un tout et tendent à une même fin ». Et encore : « L’Eglise ne tire pas de la seule Ecriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation »3

 

Nous ne pouvons souscrire à une telle déclaration qui est contraire aux enseignements du Christ et de ses apôtres pour qui l’Ecriture avait toujours la première place, une place unique (Mt 15.2-3 ; Mc 7.3, 9, 13 ; Ga-1.14 ; Col 2.8). Le « II est écrit » de Jésus-Christ est aussi notre force pour triompher de tous les combats. Le temps vient « où les hommes ne voudront plus rien savoir de l’enseignement véritable… Ils détourneront l’oreille de la vérité pour écouter des récits de pure invention ». Il est donc essentiel aujourd’hui de demeurer fermement attaché à tout ce qui a été écrit.

 

Il faut cependant souligner que la Parole écrite n’est pas lettre morte. Le Saint-Esprit qui l’a inspirée autrefois, l’anime encore aujourd’hui. Aussi n’est-elle pas figée dans les pages d’un livre. Elle est vivante, « Esprit et vie » et agit dans le coeur de celui qui la reçoit. C’est pour cela qu’elle est la révélation de Dieu pour les hommes de tous les temps. Le Saint-Esprit l’applique à la situation et aux besoins de tous les hommes. Dieu s’est incarné dans un livre comme il s’incarnera plus tard dans un homme.

 

La Parole que Dieu nous a transmise par ce livre n’est pas théorique. Elle nous fait connaître les pensées de Dieu mais aussi sa personne même. Ainsi la communication de Dieu avec les hommes devient communion de Dieu avec les hommes. La Parole de Dieu est une personne.

 

L’enseignement de Dieu est manifesté dans la Personne de Jésus-Christ

 

Au-delà des mots et du message lui-même, l’Ecriture nous révèle une Personne, la Personne même de Dieu et nous invite à vivre avec lui une relation privilégiée. « Ils seront tous enseignés de Dieu » signifie en réalité : « Tous me connaîtront, car je pardonnerai leurs péchés ». « La Parole s’est faite chair et a habité parmi nous pleine de grâce et de vérité. » Dieu est venu à la rencontre des hommes. En Jésus-Christ Dieu s’est montré. La plénitude de Dieu habite en Lui. « Nous avons tout pleinement en Lui. »

 

Après avoir nié Dieu au nom de la Raison et de la Science, on déclare aujourd’hui : « Dieu est désormais sensible, repérable, presque visible dans le fond ultime du réel que décrit le physicien4 ». Mais le Dieu des philosophes et des savants n’est qu’une idée. « Ce n’est pas un Dieu intérieur, c’est un Dieu du dehors, un Dieu du bout du monde, un Dieu du fond de l’univers, indifférent, austère, énigmatique.5 »

 

Dieu, le grand refoulé de notre culture, revient. Mais c’est un Dieu de tous les visages, c’est-à-dire sans visage. Il est « la somme de la conscience existant dans l’univers », « le silence duquel proviennent tous les sons ». Energie diffuse, il n’a pas de nom, car il peut avoir tous les noms.

 

Le Dieu de Jésus-Christ, au contraire, est une Personne. Jean, l’apôtre bien-aimé en a rendu témoignage : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie… nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous soyez en communion avec nous » (1 Jn 1.1 -2).

 

La vie véritable se trouve dans une relation privilégiée, une communion avec la personne même de Dieu. Cette communion, Jésus-Christ l’a rendue possible par sa venue au milieu des hommes.

 

L’enseignement de Dieu est une puissance, car Dieu vient habiter en nous par le Saint-Esprit

 

L’enseignement de Dieu est aussi une puissance. Dieu a donné sa Parole. Elle est parfaite. « Tant que le ciel et la terre resteront en place, ni la plus petite lettre de la Loi, ni même un point sur un i n’en sera supprimé jusqu’à ce que tout se réalise » (Mt 5.18). Il nous faut plus que jamais rester attachés à l’enseignement de l’Ecriture. Mais cet enseignement ne peut rester théorique. La lettre tue si elle n’est pas vivifiée par l’Esprit. Le miracle de Dieu s’accomplit dans le croyant. En effet, la Parole vient de s’inscrire dans le coeur même de celui qui croit. C’est l’essence même de la nouvelle alliance annoncée par le prophète Jérémie : « C’est ici l’alliance que je ferai en ces jours-là dit l’Eternel ; je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur coeur et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jr 31.33).

 

Enseignement dans le coeur, secret d’une vie de plénitude, à la gloire de Dieu. Enseignement qui vient de l’onction de l’Esprit: « Son onction vous enseigne toutes choses ». Enseignement qui s’inscrit aussi dans nos mains et nos pieds pour accomplir toute la volonté de Dieu. Ainsi, la Parole n’est plus seulement une voix à nos oreilles qui murmure : « Tu dois », mais une voix dans le, coeur la voix de l’Esprit qui nous permet de dire : « Je peux… je peux toutes choses en Celui qui me fortifie ».

 

L’enseignement de Dieu ne peut être une théologie de salon, c’est une théologie tout terrain. La Parole de Dieu n’est pas une « lampe de chevet », mais une « lampe tempête ». Lampe à nos pieds, lumière sur notre sentier.

 

Les temps sont difficiles. Demain, ils le seront davantage encore. L’apôtre Jean sait que c’est la dernière heure et que plusieurs cherchent à égarer les croyants (1 Jn 2.18-19, 26). Il écrit pour affermir l’Eglise dans la Foi, la Vérité et l’Amour.

 

« Vous avez tous reçu l’onction de la part de celui qui est saint et vous avez tous de la connaissance. Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père, L’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne. Son onction vous enseigne toutes choses » (1 Jn 2.24, 27).

 

L’enseignement de Dieu est trinitaire. Il nous fait demeurer dans le Père et le Fils par la puissance du Saint-Esprit.

 

La victoire est pour ceux qui s’attacheront fermement à cet enseignement.

 

F.B.


NOTES

 

1. Les enfants du Verseau, Marylin Ferguson, Calman Lévy, p.2.

 

2. Op. cit., p. 282.

 

3. Catéchisme de l’Eglise catholique, Mame/Plon, p.31-32.

 

4. Dieu et la science, Jean Guitton, Grasset, p. 23.

 

5. Dieu qui est-il ?, A. Frossart, dans Paris Match, 1991.