Temoignage

 

Paroles de jeunes

 

 

Par Marie-Christine Fave

 

 

Ils s’appellent Dérek, Thibaut, Jean David, Natana, Raphaël ainsi que Yasmine, Clémentine, Naomi, Débora, Priscilla, Anouck, Jennifer et Aurélie. Ils viennent des Alpes, de l’Alsace, du Sud ou du Nord de la France, et même de Madagascar. Ils font part de leurs réflexions et de quelques pages de leur vie. Un grand merci à chacun pour ces partages à coeur ouvert.

 

 

D’abord, qu’est-ce qui t’a aidé dans ta vie chrétienne ?

 

« Les camps, répond spontanément Aurélie. On est avec des amis chrétiens, on partage vraiment, on se sent bien. »

 

Des amis chrétiens

 

« C’est super de parler ensemble : on a les mêmes questions, les mêmes problèmes, ajoute Thibaut. Comme je ne voyais pas beaucoup de chrétiens de mon âge dans l’année, les camps chrétiens ont été pour moi une mine d’or. » Pour Priscilla, c’est le groupe de jeunes (GDJ) qui l’a aidée. Cependant, la raison estsimilaire : « avoir des amis qui vivent les mêmes choses. » Et « dans mon GDJ, souligne Jennifer, on se soutenait, on grandissait ensemble dans la foi. »

 

Des modèles qui donnent envie

 

La majorité des réponses concernent l’impact laissé par des personnes (amis, exemples).

Ce qui m’a aidé, c’est :

• Le soutien de mes parents, leur encouragement. (Clémentine)

• Ma famille, mes parents par leur exemple, leur témoignage dans la vie quotidienne. (Naomi)

• Mes parents, mes grands frères et soeurs, des gens que je regardais en pensant : j’ai envie d’être comme cela. Quand je vois ces bons modèles, je me dis que je suis en chemin pour devenir comme eux. (Jennifer)

• L’exemple de frères jeunes qui vivent leur foi dans la simplicité. (Dérek)

• De bonnes influences, des personnes assez proches pour me dire quand ce que je fais n’est pas acceptable. (Priscilla)

 

«Ce qui m’a aidé, c’est de voir la passion de Dieu chez quelqu’un. »

 

Le vécu

 

« J’ai grandi au Maroc, explique Yasmine. Je me suis retrouvée toute seule en venant faire mes études. Cela m’a poussée à dépendre de Dieu, à lui faire davantage confiance. » De son côté, Jean David confie : « Ce qui m’a aidé, c’est de ne jamais être seul, de savoir que Dieu est là. » Pour Raphaël, ce qui a compté, ce sont les formations, ces temps mis à part. Il a participé à 2 micromissions humanitaires et spirituelles. Elles restent pour lui des expériences très enrichissantes. Quant à Jennifer, l’été dernier, elle se dirige vers l’Albanie dans le cadre d’une courte mission. Et là, en observant le GDJ engagé dans l’Église, elle est interpellée personnellement : « J’allais à l’Église, mais je n’étais pas forcément impliquée. Maintenant, je suis engagée à l’école du dimanche et j’essaye d’apprendre à connaître les nouvelles personnes à l’Église. Même si je suis ado, je suis responsable face aux filles plus jeunes. »

 

 

Moi et l’Église… Réflexions ouvertes

 

Raphaël et Natana constatent eux aussi une évolution personnelle. « Quand j’étais petit, je ne connaissais pas vraiment les gens, reconnaît Raphaël. Alors l’Église me paraissait distante. » Et Natana de compléter : « On ne se sentait pas vraiment concernés. On ne savait pas pourquoi on allait à l’Église. Maintenant, je n’ai plus d’obligation des parents (ils sont loin). C’est à moi de choisir et je le vis comme un engagement envers Dieu. »

 

Se sentir à l’aise, intégré ?

 

« Cela dépend du chemin parcouru avec Dieu, affirme Jonathan. Quand j’avais entre 12 et 15 ans, je ne me sentais pas inclus dans l’Église. J’avais l’impression que les autres étaient des extraterrestres. Quand on avance avec le Seigneur, on s’incorpore tout naturellement à l’Église. » « On se sent à l’aise quand on s’implique, quand on n’est pas simplement spectateur », ajoute Yasmine. Un avis repris par :

Débora : Je fais partie d’un groupe de musique régional. Cela m’a permis de m’intégrer et cela me fait plaisir de voir que je peux apporter quelque chose.

• Thibaut : M’investir dans la louange a favorisé des liens plus étroits et mon intégration. Je ne suis plus spectateur au culte, mais acteur. Le service pour Dieu devient concret.

 

La plupart des jeunes interviewés ont affirmé se sentir à l’aise dans leur Église. Selon Dérek, qui a visité et fréquenté plusieurs Églises, « on n’est pas du tout dans la mentalité : les jeunes au fond ! J’ai l’impression que nous sommes pris en compte en tant qu’adultes. »

 

Paroles d’étudiants

 

D’après Raphaël et Jean David, « une vie d’Église, c’est compliqué quand on est étudiant ». Ils ne peuvent pas s’engager autant qu’ils le souhaiteraient à cause de la double vie : semaine/weekend dans 2 villes différentes. Faut-il s’attacher à un lieu ?

 

« J’hésite à m’investir dans un endroit, confie Anouck, car je sais que je vais partir. » Un raisonnement semblable freine aussi Raphaël. Pour Natana, loin de son pays, la situation s’avère bien différente. Il a opté pour une ville universitaire où on lui avait recommandé une Église. La question de comment entretenir sa vie spirituelle a primé dans son choix.


« On veut toujours l’Église qu’on n’a pas »

 

ajoute Dérek en mettant en garde : « on peut passer trop de temps à comparer avec d’autres Églises, notamment sur le temps de louange. » L’Église n’est évidemment pas parfaite et les manques ou erreurs se produisent parfois. « Il faut faire attention à ne pas casser la motivation ». « J’avais 14 ans, se rappelle Clémentine, et j’étais à fond quand on a parlé d’une campagne d’évangélisation. Le responsable du GDJ m’a expliqué qu’on ne s’y investirait pas, car les grands n’étaient pas prêts. » Clémentine voit aussi le besoin « d’avoir un référent adulte à qui parler, une personne de confiance externe à la famille. » Yasmine constate également ce manque : « Entre jeunes, on vit un peu les mêmes choses et donc on n’a pas toujours les réponses pour s’aider. »

 

Pour eux, l’Église, c’est…

 

• Là où on se ressource, où on fait des projets ensemble, où on est dépendants les uns des autres. (Dérek)

• Une grande famille très hétérogène avec un point central : l’amour de Dieu et pour Dieu. J’aime bien cette diversité. (Jonathan)

• Un milieu où on se sent accepté tel qu’on est, où je vois de la compassion dans certains regards. Cela m’a toujours touchée. (Naomi)


 

Les copains

 

« Si on a vécu quelque chose avec Dieu, explique Débora, on ne peut pas le partager avec des amis non chrétiens. On ne peut pas parler avec eux comme avec des amis chrétiens. » « Au collège, mes camarades ne comprenaient pas mes choix », souligne Jennifer. Pour elle et Clémentine, les années collège représentent la période la plus difficile. « À cet âge, argumente Clémentine, on est facilement dans le rejet de l’autre. En classe de quatrième, tout le monde se moquait de moi. Je n’étais certes pas très bien dans ma peau, mais aussi je refusais de suivre le mouvement quand il s’agissait de certaines blagues ou de jeux bizarres. Au lycée, les jeunes réfléchissent davantage et sont moins dans le jugement. »

 

Pour d’autres, comme Dérek, le moment le plus délicat arrive au lycée : « On commence à être adulte, à profiter de la liberté et on ne sait pas très bien la gérer. »

 

Sortir ? Faire la fête ?

 

« Certains copains me déçoivent dans les soirées. Comment se comporter ? se demande Thibaut. Rigoler avec eux ou oser parler ? Ils se vantent d’avoir bu tant de verres. J’essaie de ne pas plaisanter sur ce sujet. Je ne me sens absolument pas exclu pour autant. Je suis rarement le seul à rester sobre dans les soirées. Et même si j’étais le seul, j’assumerais. » Quand Clémentine est invitée à une soirée, si elle s’y rend, ce sera avec « le bon groupe de personnes. En effet, c’est plus ou moins facile selon les jeunes qu’on côtoie. » D’une manière générale, Aurélie constate : « J’ai toujours choisi mes copines et c’est important. »

 

Les filles…

 

« Pas de problème avec l’alcool, la drogue ou les soirées, affirment deux des jeunes, mais la relation avec les filles, c’est plus dur ! C’est difficile d’avoir des ami(e)s », avoue l’un. Et l’autre reconnaît : « Je sais que c’est une faiblesse pour moi, une lutte au quotidien. Je me remets à Dieu. C’est grâce à lui que j’arrive à résister. Maintenant je comprends le verset qui déclare : quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Co 12.10)

 

Les 2 Jonathan

 

« J’étais partagé entre la manière de vivre pour Dieu et celle du monde. J’avais l’impression qu’il y avait le Jonathan du collège et celui du week-end (samedi au GDJ, dimanche au culte). Environ un an après avoir fait un pas vers Dieu, j’ai fini par comprendre qu’il fallait un seul Jonathan et donc choisir. »

 

Oser se positionner

 

Chacun chemine à son rythme et les années collège, lycée, université varient des uns aux autres. Priscilla décrit son parcours : « Au collège, je m’assumais très bien en tant que chrétienne. Au lycée, je ne le disais pas haut et fort. J’essayais de garder mon petit groupe d’amis sans être trop différente. Une situation nouvelle arrivait avec le début des études. C’était pour moi l’occasion de changer. J’ai commencé en disant directement que j’étais chrétienne. C’est plus facile de témoigner à l’université qu’au lycée. » Naomi constate effectivement une curiosité par rapport à la religion chez ses amies. « Les discussions avec mes camarades m’ont remis en question et m’ont incité à approfondir ma foi. Au final, cela a développé en moi l’envie de mieux connaître Dieu. »

 

Se positionner reste un défi, comme l’exprime Thibaut : « Certains de mes copains savent que je suis chrétien. C’est comme un poids sur mes épaules. Mais j’ai envie d’être un modèle et de refléter l’image de Christ. »

 

« Le défi, c’est d’être soi-même dans un monde qui te pousse à ressembler à tout le monde. »

Une citation qui a aidé Clémentine

 

 

M-C.F.


NOTE

 

1. Débora, Thibaut et Jennifer ont 17 ans. Clémentine vient de finir ses études et les autres sont étudiants.