interview

 

Paroles de lecteur

 

Interviews réalisés par Marie Christine FAVE

 

parole-lecteurComment lisent-ils la Bible ? Quelles difficultés rencontrent-ils ? Quels challenges ? Leur lecture a-t-elle évolué selon les périodes de leur vie et comment ? Christian Deswaerte (Montpellier), Sylvain Flahaut (Grenoble), Célia Michel (Marseille) ainsi qu’une jeune maman (M.) et une étudiante (E.) font part de leurs réflexions et de leur vécu sur ces questions. Tous sont engagés dans des églises CAEF.

 

« La lecture de la Bible évolue au fur et à mesure de la vie », affirme M. « Cela dépend des périodes, constate Sylvain, et de la motivation… » « J’ai utilisé le Guide1, puis j’ai trouvé que ce n’était pas assez, confie E. En décembre 2010, après mon baptême, j’ai décidé de lire davantage. Et début 2011, je me suis dit : Franchement, vas-y. »

 

 

Un avant et un maintenant…

 

Les années précédentes, Sylvain lisait 1 ou 2 chapitres de la Bible chaque jour. Il choisissait un livre au hasard avec une alternance N.T./A.T. « En ce moment, explique Sylvain, je lis 4 chapitres par jour en suivant un plan de lecture1. Cela m’amène à parcourir la Bible en un an. J’arrive à m’y tenir, mais je ne ferai pas cela toute ma vie. La lecture est moins profonde que si on décortique un chapitre. » Approfondir le texte lu, c’est le choix de Célia après un an en Institut biblique : « Je cherche le contexte du passage, les coutumes du lieu. Je compare différentes versions. J’en ai 4. C’est tellement riche. » Avant, elle avait adopté le plan de lecture précédemment cité2 : « Cela me donnait un équilibre entre N.T. et A.T. En effet, encore avant, je m’éparpillais. Je commençais dans un livre, puis je continuais dans un autre. »

 

Piocher à droite et à gauche dans la Bible pour étudier des points précis et particuliers, Christian l’a fait pendant des années, et parfois encore maintenant. Récemment à la retraite, Christian dispose de plus de temps. « Je lis ma Bible en prenant de grands passages, ajoute-t-il. Cela me donne un point de vue plus global. Je peux désormais lire un livre entier en moins de temps : ainsi ma mémoire n’a pas oublié le début. J’aimerais aujourd’hui suivre des cours bibliques décentralisés. Je ressens ce besoin d’approfondir. »

 

Approfondissement, c’est bien un mot important pour cette jeune maman (M.). « Il y a eu une évolution dans ma lecture de la Bible, constate-t-elle. Pendant longtemps, j’ai eu des objectifs de quantité : tant de chapitres par jour. Je lisais beaucoup, mais je retenais peu et ne comprenais pas toujours. Quand j’ai diminué la quantité, j’ai vu une réelle différence. Je mets plus de temps pour lire l’ensemble de la Bible, mais c’est plus efficace. Je préfère maintenant essayer de rentrer dans le texte plutôt que de lire en masse : cela imprègne davantage ma vie, mon coeur. Lire la Bible quotidiennement reste un objectif pour moi, mais je suis en paix avec cette notion de quantité. »

 

 

Lire la Bible… des difficultés ?

 

parole-lecteur 2« Trouver le temps dans nos vies : ce n’est pas simple, confie M. Depuis que je reste à la maison pour élever mes enfants, je ne lis pas plus ma Bible mais je médite davantage. En effet, un vrai temps calme avec de jeunes enfants n’existe pas toujours. Cependant, comme j’ai moins de vie sociale, j’ai développé le tête-à-tête avec le Seigneur. »

 

« Depuis mes études en Institut biblique , j ’ai pris plus conscience du privilège de lire la Parole de Dieu, assure Célia. Je me dis : Profites-en plutôt que de traîner. Lire la Bible n’est plus une obligation pour moi. Mais j’ai eu des périodes où je me comparais à d’autres chrétiens. Je pensais alors : Tu ne lis pas assez. Je m’efforçais de faire comme eux, mais cela ne durait pas. Je culpabilisais un peu. »

 

Cette culpabilité, M. et Sylvain l’ont connue aussi. « Je me suis souvent mise dans l’échec quand je me fixais des objectifs en début d’année, confie M. Je culpabilisais vis-à-vis de moi et des autres. Depuis que j’ai arrêté de me mettre la pression, je lis plus ma Bible ». « Quand j’étais adolescent, se rappelle Sylvain, j’ai eu des périodes de motivation et des moments de grand creux et là je culpabilisais. Jusqu’à l’âge de 17 ou 18 ans, j’ai eu du mal à être régulier ».

 

De son côté, E. vit cet te régularité. « J’aime beaucoup lire la Bible, affirme E. Ce n’est pas dur de m’y mettre, car j’ai acquis un rythme. Je lis ma Bible à heures fixes : au réveil et au coucher. »

 

 

Lire la Bible… un challenge à plusieurs

 

Depuis mars 2011, E. et une amie se fixent une trentaine de chapitres à lire par semaine. Elles s’organisent un rendez-vous hebdomadaire où elles discutent de « leurs expériences spirituelles et un peu de leur lecture. Ce groupe de croissance marche bien », souligne E. De son côté, Sylvain participe à un tel groupe avec un aîné dans la foi : « On rebondit sur nos lectures, les applications. On se pose sur un texte. » Célia, quant à elle, s’est engagée dans un groupe de croissance suite à la demande d’une amie. Celle-ci se sentait stimulée de lire à deux. « Je lui prépare des questions. Cela m’oblige à m’en poser à moi-même », constate Célia.

 

 

Lire la Bible pour les autres…

 

« Ce qui m’apporte énormément, explique M., c’est de préparer les études pour d’autres. C’est un moyen de passer du temps dans la Parole ». « Mes responsabilités (groupe de jeunes), ajoute Sylvain, m’incitent à une discipline plus forte pour vivre et encourager les autres. Plus on lit, plus on se rend compte qu’on a besoin de lire pour appliquer les versets bibliques. » « C’est comme du ping-pong, souligne Christian. Ma lecture m’amène à une idée. Je décide de prêcher sur ce sujet et je développe alors cette question et je lis davantage. »

 

 

Lire la Bible pour ma vie…

 

« Quand je recherche la volonté de Dieu sur un point précis, je vais chercher dans ma Bible, assure Célia. Avant, j’ouvrais directement un livre qui l’abordait. J’essaye aussi de mettre en pratique la Parole de Dieu. Et je ressens de la satisfaction quand j’y arrive. » « La Parole de Dieu, affirmait Calvin, n’a pas été donnée pour nous apprendre à babiller, pour nous rendre éloquents ou subtils, mais pour réformer nos vies. »

 

 

5 vécus… et 1 Bible

 

Merci à chacun pour ces partages. Pour lire la Bible, ils s’y prennent chacun selon leur personnalité, leurs expériences passées, leurs objectifs, leurs circonstances de vie… Mais ils sont tous convaincus de l’importance et de la pertinence de la lecture de la Parole de Dieu. Et comme l’exprime tout simplement Sylvain : « Je vois la différence entre un matin où je lis et je prie et celui où je suis en retard. »

 

Florilège…

« Il ne suffit pas d’un jour pour que la Parole nous maîtrise. Il ne suffit pas de toute une vie pour que nous maîtrisions la Parole. »

(Watcyn JAMES, Société biblique, Pays de Galles)

 

Interviews réalisés par Marie Christine FAVE


 NOTES

 

1. Le Guide – aide de lecture biblique pour adultes, Editions LLB, parution trimestrielle

 

2. Proposé par Don CARSON dans « Le Dieu qui se dévoile »